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Bulles - Page 8

  • "Jamais Kiki ne fera la même chose trois jours d'affilée, jamais, jamais, jamais ! "

     

     
     
    La petite Alice est une bâtarde qui grandit dans un village, élevée par sa grand-mère. Jusqu’au jour où sa mère se met en tête e la ramener vivre avec elle à Paris. Commence alors l’aventure de cette jeune fille qui, jetée à la porte par sa famille, va devenir le modèle des plus grands peintres sous le nom de Kiki de Montparnasse. Destin fait de bonheurs, d’amours, de joies, mais aussi de solitude, de drames et de déchirements.
     
    La magnifique bande dessinée que voilà ! Casterman a certes l’habitude de publier des œuvres de qualité, mais j’ai été particulièrement séduite par Kiki ! Le dessin en noir et blanc ramène à une atmosphère de vieux films, le scénario qui décrit la vie de Kiki de sa naissance à sa mort est passionnant. Il faut dire que la matière était dense ! Une jeune fille quasi illettrée qui devient par hasard presque l’égérie des grands peintres de Montparnasse, qui va devenir elle-même une artiste et vivre une vie de femme libre et entière, sûre de sa séduction et d’elle-même ! Un destin hors du commun et, surtout, une histoire d’amour hors du commun avec Man Ray le photographe qui va l’immortaliser. Elle va vivre Kiki, malgré les conventions, elle va voyager, elle va se soûler, se droguer à en mourir. 
    On la voit d’abord devenir le modèle de peintres sans le sou. Soutine par exemple, qui va la recueillir avec une amie alors qu’elles sont à la rue, partager avec elles le peu de pain qu’il a et casser ses quelques meubles pour les réchauffer. Foujita, Kisling, Modigliani. Puis, ces peintres devenant de plus en plus connus, on la voit accéder, elle aussi, à la célébrité et au confort matériel. Puis chuter d’autant plus durement qu’elle avait vécu sous les feux de la rampe.
    Une vie passionnée qui dissimule mal ses souffrances d’enfant mal aimée et abandonnée, de femme aimant à la folie un homme qui lui refuse un enfant. Une vie de femme qui cache ses larmes et ses drames pour affronter ce que la vie lui donne de meilleur, mais aussi de pire.
    Un roman, mais en images et des plus belles.
    J’ai envie depuis de mieux faire sa connaissance. Ce qui tombe bien puisque ses mémoires ont été retrouvées et publiées.
     

    Catel, José-Louis Bocquet, Kiki de Montparnasse, Castmerna, coll. Ecritures, 2007, 374p.
  • Dans la peau d'un jeune homo

     
     



    Hugo a 14 ans et commence à comprendre qu’il n’est pas comme les autres garçons. Peut-être parce qu’il ne comprend guère leurs rites. Ou parce qu’il préfère lire. Ou parce qu’il aime des choses étranges pour un adolescent. Mais de là à accepter et à affirmer qu’il est homosexuel… Le voilà parti sur un long chemin. Est-il vraiment gay ? Mais d’abord, qu’est ce que c’est un gay ? Et comment sait-on qu’on en est un ? Est-ce que ça va lui passer ? Et à qui peut-il bien en parler ?
     
    Une bande dessinée drôle et assez fine sur la découverte de son homosexualité par un adolescent. On suit Hugo dans sa vie quotidienne : collège puis lycée, famille, ami(e)s, etc., et surtout dans ses questionnements intérieurs. Et comme Hugo ne manque pas d’humour sur tout ce qui l’entoure et sur lui-même, le récit ne manque pas de saveur. On le voit partir à la découverte de ses fantasmes, sortir avec une fille très garçonne qui le fait penser à un garçon quand elle est de dos, lire tous les dossiers traitant d’homosexualité, essayer de faire passer le message à une mère fermement décidée à ne rien voir et rien entendre.
    C’est souvent assez bien vu dans les comportements adolescents, dans une partie des réactions de son entourage. J’ai apprécié le fait que l’attitude des milieux religieux soit abordée avec un personnage de prêtre certain de pouvoir guérir ce penchant. Qu’il y ait un brin d’« histoire » sociale de l’homosexualité. Et aussi que l’hypocrisie douce de ceux qui acceptent l’homosexualité sans l’accepter ne soit pas passée sous silence.
    Malheureusement, on tombe parfois un peu dans le convenu : le happy end avec une famille relativement tolérante et le premier grand amour, le personnage du père ayant eu des relations homosexuelles dans sa jeunesse (hérédité ? Voilà qui renvoie quelque peu à certains débats) par exemple. Et la question de l’homophobie est un peu trop survolée.
    Le tout reste néanmoins agréable à lire. Le grand atout de cette bande dessinée est sans aucun doute de s’adresser à de jeunes adolescents homosexuels ou s’interrogeant sur leur sexualité, sans provocation et avec humour. Le récit est d’ailleurs servi par un dessin sobre en noir et blanc et un style qui ajoute au charme de personnages beaux et moches comme dans la vraie vie et à la drôlerie des situations.
    Une belle découverte.
     
    Hugues Barthes, Dans la peau d’un jeune homo, Hachettes littératures, 2007, 94 p.

     

  • Là où vont nos pères

    Coup de cœur. Cet album est une pure merveille et un bel OBNI (objet bédéphorme non identifié). Un père de famille part un jour vers une mystérieuse destination pour continuer à nourrir les siens.
    C’est une remarquable fable sur l’immigration, rendue universelle par le monde onirique qu’invente l’auteur et par l’absence de parole. C’est en effet une des principales caractéristiques de cette œuvre : pas de bulles ! L’exercice était casse-gueule mais on peut reconnaître à Shaun Tan sa maîtrise de la narration. Et un talent immense pour l’illustration. Certaines des planches laissent muet d’admiration. J’en suis restée baba et toute émotionnée!
    En plus de ça, pas de pessimisme, pas de drame, juste l’espoir. Tout est bien qui finit bien, ce qui permet de s’évader un petit peu d’un monde où les expulsions commencent à la sortie des écoles. Le tout sans démonstration pesante : le lecteur doit deviner, ressentir. Et c’est là une des principales forces de cet album : la moindre vignette est un monde en elle-même.
     
    Là où vont nos pères, Shaun Tan, Dargaud, Long courrier, 2007.

  • Le photographe

    Coup de cœur BD. Enfin, si l’on peut encore parler de BD devant ce mélange réussi de photographies, de texte et de dessin. Le photographe est le récit de voyage de Didier Lefèvre, photographe engagé pour suivre une missions de MSF en Afghanistan en pleine guerre contre l’URSS. C’est une chronique de la préparation de la mission, du voyage clandestin et dangereux, des interventions médicales et chirurgicales d’un groupe d’hommes et de femmes qui ont foi en ce qu'ils font.
    Le témoignage est précieux, précis. Il n’épargne rien, au point que certaines photos laissent au bord de la nausée. Une œuvre difficile, mais à mon avis essentielle pour se souvenir du travail que font les humanitaires.
    Guibert, Lefévre, Lermercier, Le photographe, t. 1 et 2, Dupuis, Aire Libre, 2003 et 2004

  • Le cabinet chinois

    Un Belle et la Bête revisité qui m’a laissé froide. L’histoire est décousue, les personnages peu attachants, la fin arrive comme un cheveu sur la soupe. Mais comme finalement le tout était un cheveu sur la soupe… Ajouter au tout un graphisme que je n'aime pas et la coupe est pleine. Avec ma maladresse habituelle, je la renverse. Oups!
     
    Nancy Pena, Le cabinet chinois, La boîte à bulle, Contre-jour, 2003.