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  • Le combat d'hiver

     



    Quatre adolescents évadés de leur orphelinat prison reprennent le combat perdu 15 ans plus tôt par leurs parents contre la barbarie de la dictature. Milana à la voix d’ange, Bartoloméo le charismatique, Milos et Helen les courageux. Poursuivis par une phalange sûre de son impunité, ils vont devoir se battre pour leur vie, leur liberté et celle des autres. Un combat perdu d’avance ? Peut-être, mais un combat qu’il faut mener.
     
    Mourlevat offre avec Le combat d’hiver un excellent roman de politique fiction pour adolescents comme pour adultes. Dans le combat qu’ils découvrent et reprennent, les quatre adolescents dont Mourlevat a fait ses héros perdent leur naïveté, leur innocence, leur regard d’enfant sur le monde. Ils avaient 17 ans, vivaient des choses dures dans leur orphelinat, mais en en sortant, ils découvrent que conserver sa liberté signifie parfois se salir les mains, risquer de perdre son âme. Ils découvrent la complexité. Car si la phalange est parvenue au pouvoir, c’est que la population l’a voulu, et si elle s’est maintenue au pouvoir, c’est que personne n’a plus eu le courage de se dresser ouvertement contre elle. Ils découvrent que la différence entre la vie et la mort tient parfois aux concessions et aux compromissions que l’on est prêt à faire.
    Les thèmes abordés tout au long de ces pages sont traités de manière approfondie et sans céder à la facilité. Mourlevat n’hésite pas à décrire la peur, la panique, les interrogations morales. Il n’hésite pas à décrire le sang qui coule. Il allège le tout avec deux belles histoires d’amour sans pour autant sombrer dans le sentimentalisme. Car tout ne finit pas bien. Et c’est bien justement, car c’est ainsi que va la vie. Ce faisant, il met en valeur la courage la loyauté, l’amitié, l’amour, le désir de liberté et la force de combattre pour ses idéaux. J’ai aimé le rôle qu’il donne à l’art, à la musique. Par le chant, un peuple trouve le courage de se battre, par la musique vient la pensée et la révolte.
    Ce qui est extraordinaire c’est la résonance que l’auteur parvient à donner à son intrigue. En utilisant des références à l’Antiquité, des paysages typiques de l’Europe de l’Est, il amène à penser au passé européen. Les systèmes décrits, notamment politiques ne sont pas inconnus. C’est avec une petite touche semi-fantastique qu’il construit un univers bien particulier.
    De la grande littérature « jeunesse ».
     

     

    Jean-Claude Mourlevat, Le combat d’hiver, Gallimard Jeunesse, 2006, 330 p.
  • Zoli

     

    Née en Tchécoslovaquie dans les années 20, la petite Zoli va connaître un destin extraordinaire. Elle grandit dans une communauté tzigane encore nomade, vivant selon des traditions ancestrales. Ayant appris à lire et à écrire dans un communauté qui se méfie du papier, chanteuse et poète, elle va devenir l’égérie du parti communiste, précipiter à son insu la sédentarisation forcée de son peuple, aimer un gadjo, être trahie par lui, être bannie par son peuple, connaître l’exil avant que d’atteindre à l’amour et l’apaisement.
     
    Zoli est un magnifique portrait de femme libre, indépendante, et pourtant enfermée dans l’amour qu’elle porte à son peuple, dans des traditions et des lois dont elle a besoin pour respirer et que pourtant, elle transgresse. Elle va tout supporter pour apprendre à lire et à écrire : la méfiance des siens, les quolibets à l’école, les préjugés des instituteurs. Mais elle va aussi se marier selon les traditions, voyager avec les siens. Elle suit en cela un grand-père communiste qui transporte dans sa poche Le Capital caché sous la couverture d’un missel et dont la roulotte est décorée par un portrait de Lénine soigneusement dissimulé sous la Vierge Marie. Celui-ci est un personnage extraordinaire, brut de décoffrage, plein d’humour, de philosophie, de force. Il lui en faut d’ailleurs pour survivre dans une Europe de l’Est en proie au démon du fascisme puis à l’invasion des armées nazies.
    Le grand talent de Colum McCann est de faire vivre ses personnages principaux, mais aussi ses personnages secondaires. Avec son écriture sobre mais sensuelle, il fait passer une foule d’émotions, d’odeurs, de sons, d’images.
    Il décrit avec talent un peuple qui fait peur. Ces tziganes que l’on perçoit comme voleurs, sales, rusés ont une culture complexe, riche, des us et des coutumes incompréhensibles pour les gadjé et les sédentaires. L’enfance de Zoli, sa vie de femme mariée donnent des pages d’une intensité folle. Et surtout, elle montre l’impasse où se trouve ce peuple. A la fois nomade dans l’âme, farouchement libre, mais poussé à la sédentarisation, aux démons de la modernité et aux idées des bonnes âmes. Un peuple en butte à un monde qui le refuse et le hait, sans doute pour la liberté qu’il prend même quand on la lui refuse. Un peuple qui, quand il ne le hait pas, ne le comprend pas. Le point de vue de Stephen Swann que l’on suit pendant toute une partie le montre bien. La diversité culturelle, l’ouverture à l’autre n’est pas chose si facile, et elle peut difficilement être imposée. L’échec du parti communiste en est la preuve : il a tenté d’intégrer le peuple tzigane mais en lui faisant perdre son âme et sans que la manière dont il est considéré soit réellement changée. D’ailleurs, la situation actuelle des tziganes n’a pas tant changé. A la différence que c’est le peuple tzigane, ou une partie du peuple tzigane qui cherche à affirmer politiquement, artistiquement et socialement son existence, à s’intégrer sans s’acculturer. Une autre reste dans une misère noire.
    Pourtant, tout n’est pas noir dans ce monde. S’il y a la haine, il y a aussi la bonté de gens rencontrés au passage, l’amour de certains, un amour qui n’est pas destructeur comme celui de Swann pour Zoli. Et la bêtise est présente des deux côtés. McCann ne donne pas dans l’angélisme.
     
    « Je n’arrive pas à expliquer pourquoi, si nombreux, ils nous ont détestés avec tant de ferveur et pendant tant d’années. Et si j’y arrivais, ça leur rendrait les choses encore bien trop facile. Ils nous font taire en nous coupant la langue, ensuite ils viennent nous demander les réponses. Ils refusent de penser par eux-mêmes, et ils méprisent ceux qui ont des idées. Ils ne se sentent bien qu’avec un fouet au-dessus de la tête et, la plupart du temps, notre arme la plus dangereuse n’est qu’une chanson. Je suis pleine du souvenir de ceux qui ont vécu et de ceux qui sont morts. Nous avons aussi nos couillons et nos démons, chonorroeja mais la haine des autres, autour et partout nous rassemble. Montre-moi un seul coin de terre dont nous ne sommes pas partis, d’où nous ne partirons pas, un seul endroit qu’il n’a pas fallu éviter. Si j’ai maudit beaucoup des nôtres, nos supercheries, notre double langage, ma propre vanité et ma propre bêtise, le pire d’entre nous ne s’est jamais retrouvé avec les pires d’entre eux. Ils nous appellent leurs ennemis pour n’avoir pas à se regarder. Ils retirent la liberté de l’un pour la donner à l’autre. Ils transforment la justice en vengeance mais continuent à l’appeler justice. On attend de nous qu’on lise l’avenir, ou du moins qu’on lui vide les poches. Ils nous rasent la tête, nous traitent de voleurs, de menteurs, d’ordures, et nous demandent ensuite pourquoi in ne ferait pas comme eux. »
     
    Ce qui est aussi magnifique dans ce roman, c’est l’amour des mots, de la musique, de la musique des mots mis les uns après les autres, avec les autres. Zoli écrit comme elle respire, comme elle chante. La musique est sa vie, celle de son peuple. J’ai eu envie de réécouter des chants tziganes après les dernières lignes époustouflantes que nous offre Colum McCann.
    On peut reprocher quelques longueurs à ce roman, mais il donne envie de mieux connaître les tziganes et leur situation aujourd’hui.
     

    Colum McCann, Zoli, Belfond, 2007, 328 p.

     

  • Culture ou kulture?

    Mon petit organisme fragile a été mis à rude épreuve ce week-end! Youpala étant venue faire des siennes de par chez moi, nous avons écumé les musées, les boutiques et le salon du chocolat. Oui, me direz-vous, c'est beau l'abnégation!

    Bref, je en suis pas là pour m'envoyer des fleurs et lui en envoyer, nous avons fait ça très bien sur le canapé! Je suis là pour vous parler un peu de musées que j'aime beaucoup et d'une exposition très sympathique!

    Le
    musée Carnavalet pour commencer! Imaginez deux fondues d'histoire lachées dans le musée consacré à l'histoire de la ville, et vous commencerez à avoir une idée de la tornade qui s'est abattue sur cette vénérable institution! La non historienne du lot a dû entendre des "enfoirés" vipérins adressés aux vandales révolutionnaires par des personnes par ailleurs farouchement républicaines. Lesquels, morts et enterrés depuis des lustres n'en avaient évidemment plus rien à cirer. Mais on n'a pas idée aussi de casser les vieilles pierres et de brûler les vieux livres! Pamoison devant la représentation de la Bastille sculptée dans une pierre de la Bastille, bouche ouverte devant les quelques possessions de la famille royale rescapées du désastre, tableaux divers et variés, quelques pirogues néolithiques, des cailloux taillés et autres. On trouve de tout dans ce musée! Même la reconstitution de la piaule de ce vieux Marcel! Marcel, oui, Proust bien sûr! Et puis aussi celle d'Anna de Noailles! D'où un écrasement de larmes! J'en avais gardé l'image d'un musée assez poussiéreux, mais en fait non! C'était sympathique comme tout! Nous avons fini par lézarder au soleil dans les jardins du musée! Une épreuve puisqu'il a fallu, comme dans Lara Croft, vaincre une gardienne revêche avant d'atteindre l'Eden!
    Pour en savoir plus sur cette vénérable institution et les magnifiques batiments où sont présentés ses collections, allez donc voir
    !


    Un de mes musées préférés ensuite, le musée de Cluny! Dans un magnifique hôtel particulier, on passe de vitraux en épées, de cotes de mailles en manuscrits. Au détour d'une vitrine on tombe sur des miniatures en ivoire, une statue de la Vierge, des enseignes de pélerin. Il faut d'ailleurs se méfier puisqu'entre deux enseignes religieuses se trouvent quelques petites choses assez paillardes.
    Mais surtout, surtout, il y a les magnifiques tapisseries de la Dame à la Licorne. Six pans de tapisserie tissées entre 1584 et 1500. Inspirées d'une légende allemande, du 15e, elles sont une allégorie des cinq sens. Les couleurs, la finesse du tissage, la beauté des motifs en font une merveille devant laquelle je tombe chaque fois en pamoison. Pour la petite histoire, c'est Georges Sand qui aurait signalé l'existence de la tapisserie au Père Prosper.
    Et au sous-sol, le visiteur trouve les vestiges des thermes de Cluny et du pilier des Nautes, une colonne érigée par une confrérie de personnels navigants en l'honneur de Jupiter. 
    Bref, de quoi rester béat pendant plusieurs heures avant que d'aller se reposer dans les jardins aménagés à l'arrière, armé d'un gobelet de ce liquide chaud et de couleur relativement noire qu'affectionne Fashion qui est vendu dans un troquet assez connu!


    Et enfin, j'ai été trainé mes guêtres du côté de l'exposition Arcimboldo au musée du Luxembourg! Courte, elle n'en est pas moins intéressante. 
    Arcimboldo est surtout connu pour ses personnages constitués de fruits, mais il a fait bien d'autres choses

    Ce fils de peintre milanais né en 1527 a été un peintre de cour assez extraordinaire! Et il a fait un travail proche de celui des naturalistes qui est époustouflant! Autant ses personnages faits de fruit ou de bois sont intriguants et agréables, autant ceux qui représentent le genre animal  sont à la limite de l'angoissant. En tout cas, ils m'ont mis assez mal à l'aise!
    Ce qui m'a le plus époustouflée est une toile appelée Le bibliothécaire! Je n'aurais pas été là où j'étais, j'aurais juré de me trouver devant un Picasso! De loin je vous l'accorde, mais on comprend mieux en voyant cette toile et celles qui sont moins connues pourquoi il a inspiré les surréalistes notamment!

    Bref, une exposition à voir! Et comme Overblog refuse de mettre en ligne des images, vous n'en aurez pas!

     

  • Il est arrivé!!

    Il faut voir la scène... Moi, en tong et chaussettes, un vieux tee-shirt, les fringues en vrac, les cheveux assortis au tee-shirt... Oui, il y a des jours et des heures où je suis au top de la glamouritude! Remontant l'escalier... Non je ne vous raconterai pas ce que je fichais dans les escaliers avec les cheveux en vrac un lundi matin! Toujours est-il que j'ai récupéré sous mon paillasson lui aussi glamourissime une enveloppe avec marqué: "Vous avez un colis"! J'ai aussi sec fait demi-tour, tongs et cheveux au vent, un grannnnnd sourire aux lèvres! Et l'air totalement démente si j'en juge par le mouvement de recul du voisin croisé! 
    J'avais raison d'avoir l'air démente, il s'agissait bien de mon colis swap!! Je suis remontée ventre à terre, en glissant dans les virages, je suis entrée en mistral dans mon terrier, et j'ai ouvert mon paquet! Celui-ci!



    La gentille expéditrice est Katell Chaperlipopette!! Et elle m'a gâtée comme une reine!!

    J'avais plein de petits paquets!! C'était comme Noël! J'ai arraché le papier avec violence et passion!!


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    Comme Noël je vous dis!

     

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    La dame dans son jardin de Bruges, La Horde du Contrevent, deux sachets de thé Mariage, un pot de gelée de thé cru 2007, une soucoupe, une carte à tomber et des marques pages! Je vais me régaler! Je pense déjà à ces dimanches après-midi d'hiver...

    Un grand merci Katell! Et merci à Loutarwen, notre grande organisatrice pour ce grand plaisir!!

     

  • Des lentilles! Mais bien sûr mon cher Watson!

    Et oui, il y avais longtemps!! Ce n'est pas que j'ai été inactive sur le front culinaire, mais j'ai été tout aussi active sur le front littéraire! Du coup j'aurais bien des choses à vous faire partager, mais je me suis décidée pour mon dernier test! Comme d'habitude, facile! Si, si!

    Pour 4 convives, il vous faudra donc:

    -  250 g de letilles corail, des lentilles toutes roses et rigolotes pour les filles (et les garçons aussi après tout ils ont le droit d'aimer le rose eux aussi)
    - 4 tomates et environ 100 ml de coulis de tomate
    - 2 oignons jaunes
    - une gousse d'ail
    - des filets de poisson blanc (j'ai utilisé du merlu)
    - 10 cl de lait de coco
     - un citron vert
    - un baton de canelle ou une cuillère à café de canelle moulue
    - une cuillère à café de curcuma
    - une demi-cuillère à café de cumin
    - six gousses de cardamome (si vous en avez)

    Rincer les lentilles, les mettre dans une marmite avec ail, oignon, tomates, coulis et épices. Ajouter 50 cl d'eau (plus si vous avez tendance à tout faire brûler comme moi), faire mijoter une vingtaine de minutes. Quand les lentilles commencent à faire la tête, enlever cardamome et canelle, mixer.
    Pendant ce temps, vous aurez fait cuire les filets de poissons. Les émietter dans le mélange, rajouter le lait de coco, le jus de citron, faites rechauffer un brin et dégustez!!