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Chiff' - Page 9

  • La citation du jeudi: Chocolat

    "Quant aux enfants... des copeaux de chocolat, des pastilles de chocolat blanc ornées de vermicelles de couleur, des pains d'épice à bordure dorée, des fruits confits dans leurs nids de papier plissé, des pralines, des rochers, des craquelins, des assortiments de débris dans des boîtes d'un de mi-kilo... Je vends des rêves, de menues consolations, d'exquises tentations inoffensives pour qu'une multitude de saints dégringolent de leur piédestral et viennent se fracasser au milieu des noisettes et des nougatines."

     

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    4e de couverture: "Lansquenet est un petit village au coeur de la France où la vie s'écoule, paisible et immuable. L'arrivée d'une mystérieuse jeune femme, Vianne Rocher, et de sa fille, Anouk, va tout bouleverser. D'autant qu'elle s'avise d'ouvrir une confiserie juste en face de l'église, la veille du carême ! Dans sa boutique, Vianne propose d'irrésistibles sucreries. Et beaucoup succombent à son charme et à ses friandises... Car le chocolat de Vianne soigne les espoirs perdus et réveille des sentiments inattendus. Tout cela n'est pas du goût du comte de Reynaud et du curé, convaincus tous deux que les douceurs de Vianne menacent l'ordre et la moralité... En tout cas, la guerre est déclarée. Deux camps vont s'affronter : les partisans des promesses célestes et ceux des délices terrestres."

     

     

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    Oui, j'ai poussé le vice jusqu'à lire ce roman le 1er janvier.

    Et à en faire une citation du jeudi juste avant l'Epiphanie.

    Vous avez le droit de me détester.

    Mais ça me semblait, pour moult raisons, d'actualité.

     

    Sinon, la liste des participants est , et elle s'est etoffée! Bienvenue à tous!

  • Boneshaker et Clementine - Cherie Priest

    boneshaker.jpg1880, la guerre civile fait rage depuis vingt ans aux États-Unis, la compétition entre les nations a amené dans son sillage des avancées scientifiques et technologiques qui sont autant de révolutions ou de désastres. Seattle est un de ces désastres: dévastée par un gaz mortel libéré par la machine créée par le Dr Blue, la ville est vidée de ses occupants et parcourue par des morts-vivants affamés.

    Quand son fils passe le mur dans l'espoir de réhabiliter son père Briar Wilkes, veuve Blue n'a plus d'autres choix que de le suivre pour le sauver.

    Des dirigeables, des machines incroyables, de l'aventure, de la baston, des morts-vivants, voilà du steampunk qui dépote et qui se laisse lire. Dans ce premier tome de la trilogie du Siècle Mécanique, Cherie Priest joue avec le huis-clos étouffant d'une ville morte disputée par les trafiquants, un savant fou, quelques fous vivant encore là, tout ce petit monde tentant vaille que vaille d'éviter d'être mordu par un de ces corps infectés par le gaz qui noie tout. Avec ce cadre, elle transforme une finalement banale histoire de passage à l'âge adulte et de révolte en une aventure qu'on prend plaisir à suivre de la première à la dernière page. L'aventure continue d'ailleurs dans le second volet, Clementine. On suit un des personnages secondaires dont on a fait la connaissance, capitaine de dirigeable et trafiquant, mais en ce concentrant cette fois-ci sur un chassé-croisé de pirates et d'espions qui dévoile un peu plus de l'épopée de la guerre civile.

    Annoncé comme une trilogie, il semble que Le siècle mécanique voit se profiler un quatrième volume, ce qui je dois le dire, me rend assez curieuse de voir si, et comment l'auteur va développer cet univers qui, frustration, est finalement seulement esquissé dans ces deux premiers opus, au profit de l'aventure pure et dure. Non pas que ce soit rhédibidoire, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, mais j'ai eu l'impression d'effleurer la surface de quelque chose qui aurait pu, et pourrait bien devenir absolument passionnant. Sinon, et bien restera de bons bouquins à lire au coin du feu pour satisfaire une envie de steampunk sans se fouler un neurone.

    L'avis d'Alias, que je partage en grande partie. Lhisbei n'a pas du tout aimé (elle donne pléthore de lien merci à elle de me permettre de donner libre court à ma flemme)

     Priest, Cherie, Boneshaker, Clementine, Eclipse, 2011

  • Les amandes amères - Laurence Cossé

    Amandes amères.jpgEdith est interprête et traductrice, épouse et mère heureuse, aisée. Fadila, elle est marocaine, âpre et femme de ménage. Quand Edith se rend compte que Fadila ne sait pas lire, elle lui propose de lui apprendre. Sans réellement réaliser qu'elle s'engage sur un chemin qui ne sera pas de tout repos.

    Si je dois reconnaître une qualité au dernier roman de Laurence Cossé, c'est de rappeler que ce qui nous paraît si facile, tellement évident n'est jamais que le fruit d'un apprentissage, d'automatismes tellement bien enracinés qu'ils semblent naturels. La manière de relier les lettres, d'agencer les chiffres, de manier des abstractions, autant de choses qui sont profondément culturelles, parfois générationnelles, souvent sociales et qui mettent en lumière le fossé entre ceux qui savent manier les mots et les concepts et ceux qui ne le peuvent pas faute d'avoir appris suffisamment tôt. C'est le cas de Fadila, et d'autres.

    Les amandes amères est une histoire forte, grâce à Fadila, tour à tour crispante, admirable, attendrissante, exaspérante, dont on découvre au gré des découvertes d'Edith la vie peu commune. Un beau personnage qui n'a pas suffit à mon grand regret à faire pour moi de ce roman autre chose qu'un pensum heureusement vite terminé. Quelque chose n'a pas fonctionné: le personnage d'Edith, leur amitié, les interminables considérations techniques, le style, la fin au goût de déjà lu baclé de surcroît. L'ennui m'a gagné quand j'aurais aimé être emportée par l'émotion comme avec Au bon roman. A mon sens, mieux vaut lire sur le thème le superbe B.a.-B.a. de Bertrand Guillot.

     

    Cathulu a aimé, comme Antigone, des avis sur Lecture/Ecriture. Hydromielle n'a pas aimé.

    Cossé, Laurence, Les amandes amères, Gallimard, 2011, 218 p.

  • Scintillation - John Burnside

    Scintillation.jpegSur une presqu'île, une ancienne usine chimique, une forêt empoisonnée, une ville où les gens meurent à petit feu et où des adolescents disparaissent sans que personne n'interroge la version officielle. Sauf Léonard, quinze ans qui n'y croit pas et dont l'existence partagée entre baise et littérature va prendre un tournant radical.

    Difficile de résister à Cryssilda quand elle se met à claironner sur tous les toits qu'elle aime John Burnside d'amour. Alors quand en plus Cuné parle d'un roman "totalement envoûtant"... et bien il ne reste plus qu'à céder.

    Sans aucun regret d'ailleurs vu la force de ce texte, sa noirceur sans concession, son humour glaçant. C'est que l'Intraville est un endroit empoisonné, une terre morte sur laquelle des hommes et des femmes agonisent à petit feu, abrutis par la télévision et ces maladies étranges qui se déclarent parmi la population, maintenus sous la coupe de ceux de l'Extraville, les riches, les puissants dont l'intérêt n'est certes pas que les choses changent. Pourtant ce n'est pas l'intelligence qui manque dans l'Intraville. Il y a Léonard par exemple, et les autres, chacun à leur manière. Mais il faut de la force pour en pas sombrer dans la violence ou la déraison, ne pas vivre comme un fantôme ou disparaître sans laisser de traces.

    Roman politique, Scintillation l'est à sa manière quand il parle des relations de domination, de la corruption, de la nature empoisonnée au sein de laquelle prolifèrent des monstres.L'Intraville est un de ces mouroirs dont on entend parfois parler au gré des scandales écologiques qui émaillent l'actualité: un monde pourri où l'exaltation du progrès a été remplacée par la pauvreté, la déliquescence, la violence ou l'abrutissement si tant est que l'un ne suive pas l'autre de près. On voit des adultes qui ont depuis longtemps perdu leur âme, la petite flamme qui les animait jeunes. On voit des adolescents qui tentent de vivre le plus intensément possible puisque le destin de ceux de l'Intraville est de mourir jeune. C'est poisseux, dérangeant, désespérant, et pourtant par moment d'une grande beauté, comme l'usine abandonnée, comme la nature telle que la voit et la décrit Léonard, drôle et amer à l'image du regard que porte Léonard sur le monde qui l'entoure.

    Scintillation, ce sont aussi des pages merveilleuses sur les livres. Un pas de côté qui petit à petit brouille les frontière entre le réel et un monde dont on ne sait pas s'il est celui de la folie, de la drogue ou autre chose dans quoi se perd Léonard. Un beau personnage d'ailleurs, magnifique adolescent en révolte, bouillonnant des possibles d'un avenir qui lui est refusé et prêt à tout pour vivre, se sortir de ce marasme, lutter contre l'inéluctable puisque l'occasion lui en est donnée.

    Bref, incontestablement une de mes plus belles lectures de l'année.

    Sylvie a aimé, Clara aussi,...

    Burnside, John, Scintillation, Métailié, 2011, 283p.