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Chiff' - Page 61

  • Le livre des choses perdues - John Connolly

     

    Il était une fois David, un garçon de 12 ans qui vient de perdre sa mère et qui voit son monde basculer une fois de plus, une fois de trop quand son père se remarie avec Rose et qu'arrive dans cette nouvelle famille le petit Georgie. Mais David n'est pas n'importe quel garçon: il entend les livres murmurer et sa mère l'appeler, il voit un étrange bonhomme biscornu apparaître et disparaître. Et une nuit, alors qu'il vient de trouver un passage caché au fond du jardin, il découvre un drôle de monde, peuplé de personnages de contes et de monstres. Seul sésame pour en sortir, Le livre des choses perdues, conservé par le vieux souverain de cet étrange royaume. La quête de David va être longue.

    Parfois, on tombe sur une de ces petites perles qui non contentes d'être follement enthousiasmante sur le principe, le sont aussi sur le fond. On aimerait d'ailleurs que ça arrive plus souvent, mais ceci est, comme dirait l'autre, une autre histoire. Revenons à notre Livre des choses perdues. L'univers créé par John Connolly est une jolie et terrifiante métaphore du chemin que tout être humain doit affronter en devenant adulte. David est encore un enfant quand sa vie bascule et qu'il doit affronter non seulement la maladie de sa mère, mais aussi le deuil, la culpabilité de ne pas être parvenu à aider sa mère à guérir, la colère de voir son père se remarier, la rancoeur et la jalousie quand arrive le petit Georgie. Les réactions et les souffrances de David sont décrites avec finesse et a propos, sans exagération ni misérabilisme.

    C'est petit à petit que les choses dérapent. D'abord, il y a ces livres qui murmurent, puis la voix de sa mère qu'il entend, puis cette créature qui rôde dans la maison... Un autre monde se laisse entrevoir, dans lequel David va se retrouvé piégé. Un monde dangereux et cruel dans lequel la méfiance est encore le meilleur moyen de survivre. De fil en aiguille, David va faire la connaissance d'un garde-chasse, de Roland le chevalier en quête, croiser la route des Sire-Loups, plus tout à fait animaux et pas franchement humains, être piégé par une chasseresse cruelle, être mis dans le secret des sept nains et vivre pléthore d'aventures. Chaque rencontre, chaque mésaventure est une épreuve qui fait grandir l'enfant. Il apprend petit à petit à maîtriser sa colère,  à accepter la différence, le changement, la mort, il apprend la méfiance, mais aussi la confiance... Jusqu'au choix final qui va décider de son avenir. Céder à la rancoeur ou résister, deux chemins de vie différents symbolisés par le vieux roi et David. Le personnage du Bonhomme Biscornu, connu sous des noms divers est assez fascinant à sa manière. C'est une sorte de mauvaise conscience, un être qui joue sur les désirs secrets et inavouables et est, de ce fait, effrayant.

    Tout cela sous-tend un récit passionnant où l'on retrouve au fil des pages les figures et décors des contes anciens. Pas les versions Disney où tout se finit bien, mais les cruels, les terrifiants, où les parents abandonnent les enfants, tentent de les tuer, où les sorcières mangent de la chaire humaine, où les maléfices provoquent les morts les plus atroces. Et puis il y a aussi les matérialisations des terreurs de David, la bête qui dévore tout sur son passage, les Sire-Loups... On frémit pour David et ses alliés. Mais l'humour n'est pas absent pour autant! Croiser la route de sept nains marxistes jusqu'au trognon et opprimés par une Blanche-Neige ébouriffante laisse un sacré souvenir et le sourire! Bref, John Connolly parvient à créer une ambiance et un univers très réussis. Le récit initiatique gagne à sa confrontation aux contes et rappelle par la même occasion le rôle initial des contes populaires et des versions des frères Grimm, de Perrault et de leurs contemporains et successeurs: métaphoriser les peurs et les dangers encourus par les enfants et les adultes. J'ai du coup bien envie de reprendre la lecture de Bettelheim et de relire ces contes que j'avais vraiment découvert à l'adolescence (Seigneur, La belle au bois dormant, je n'en ai pas dormi pendant une semaine!).

    John Connolly n'est pas le premier à avoir raconté les aventure d'un enfant ou d'un adulte perdu dans un autre monde, pas plus qu'il est le premier à user du principe du conte détourné. On pense par exemple à Narnia, pourquoi pas à Pierre Bottero plus près de nous, à Orson Scott Card pour les adultes, et j'en oublie. Mais ce n'est pas parce que le principe est connu qu'il est impossible d'en faire un roman enthousiasmant et c'est que prouve John Connolly avec brio et originalité. Dommage cependant que la chute soit un peu facile et fasse retomber dans un univers cartésien... Mais bon, même Alice est rentrée à la maison, et Peter Pan n'est pas totalement parvenu à ses fins non plus... A moins que je confonde version Disney et textes originaux!

     

    L'avis de Leiloona, celui de Fashion, de Cathulu, de Karine:), Cuné, Malice,...

     

    Connolly, John, Le livre des choses perdues, L'Archipel, 2009, 4.5/5 

  • Fleep - Jason Shiga

    « Un personnage se réveille d’un évanouissement, bloqué dans une cabine téléphonique inexplicablement entourée de béton. Armé de sa seule intelligence – il est visiblement très doué en mathématiques – ainsi que des quelques objets plus ou moins mystérieux présents dans la cabine, il tente d’élaborer un plan pour se sortir de là. Mais tout d’abord, où se trouve-t-il donc ? »
     
    Fleep est une drôle de bande dessinée et un huis clos à la fois angoissant, absurde et réjouissant. Le personnage principal, Jimmy, pénètre de manière tout à fait anodine dans une cabine téléphonique, décroche, passe un appel, et se retrouve coincé dans une autre cabine, laquelle est entourée de béton… Ce n’est pas la seule bizarrerie : au bout du fil on parle une langue bizarre, l’annuaire et la monnaie ne sont plus les mêmes… Et pourquoi diable a-t-il un roman en russe dans sa poche alors qu’il ne parle pas un mot de russe ? Rien qui empêche notre héros de trouver petit à petit des solutions en utilisant trois pièces de monnaie, deux stylos bille du fil dentaire, une montre, des origamis en papier et quelques calculs.

    C’est totalement improbable et pourtant, ça marche grâce à la logique sans faille dont fait preuve Jimmy et qui le fait aboutir à une chute inattendue. Une jolie preuve que la logique peut mener à tout !
    J’avoue apprécier le style épuré et tout en rondeur de l’auteur qui excelle dans le dessin comme dans la construction de ses pages et rend parfaitement le sentiment d’enfermement et d’angoisse que peut éprouver ce pauvre Jimmy. C’est tout simple, court, en noir et blanc, c’est un bel objet et c’est excellent ! 

    Shiga, Jason, Fleep, Cambourakis, 2008, 4/5

  • Dracula l'immortel - Stoker/Holt

     

    « En 1888, un groupe de six intrépides a réussi à détruire Dracula aux portes de son château de Transylvanie. Vingt-cinq ans plus tard, ils se sont dispersés mais le souvenir de cette périlleuse aventure où l’un d’eux a laissé sa vie les poursuit. Combat quasi mystique contre les forces du mal, vengeance d’amoureux endeuillés ou inextinguible jalousie : les raisons mêlées de leur acte continuent de perturber leur existence et la disparition du prince des ténèbres n’a pas apaisé leurs tourments. Une mort inexpliquée devant un théâtre parisien et un deuxième assassinat d’une effroyable cruauté au cœur de Londres vont réveiller la peur. Du Quartier latin à Piccadilly Circus, l’ombre de Dracula semble à nouveau planer… Les héros d’autrefois devront faire face à un ennemi insaisissable aux attaques sournoises ou d’une violence inouïe, mais aussi à leurs propres démons. De quoi brouiller les pistes et troubler les esprits, dans une intrigue menée avec maestria qui ressuscite le fantasme et la malédiction de l’immortalité. »


    Il y avait de quoi avoir peur, mais cette suite au Dracula de Stoker se révèle être finalement une réussite. Dacre Stoker et Ian Holt ont fait plusieurs choix intelligents qui leur ont permis de rester relativement fidèles à l’œuvre originale tout en écrivant un roman qui ne se contente pas de rejouer les aventures de Van Helsing et de ses amis mis à la sauce 21e siècle.
    - Première bonne idée, jouer le décalage avec Dracula et faire apparaître Bram Stoker dans le récit. Oui, oui, vous avez bien lu ! Bram Stoker est un des personnages secondaires de l’intrigue ! Celui qui en écoutant un des héros de 1888 a écrit un roman intitulé Dracula… Et qui dit roman, dit petits arrangements avec la réalité ! Du coup, le champ est libre : ce qu’on vécu les Harker, Arthur Goldaming, Jack Seward et Quincey Morris avec le docteur Van Helsing n’est pas tout à fait ce que l’on a pu lire dans Dracula. Avantage de la manœuvre et non des moindre, les personnages se font d’une certaine manière plus complexes. Sans doute parce qu’on les retrouve après une vie et loin de ce que l’on pouvait attendre pour eux. Dracula lui-même n’est pas le monstre décrit par Bram Stoker mais une créature bien plus complexe. J’ai vraiment apprécié la manière dont les événements du roman original sont vu sous un angle nouveau, la manière dont les personnages apparaissent. Là où ils étaient sujets au doute, à la souffrance amoureuse ou physique, au scepticisme, mais étaient quelque part moralement irréprochables, Dacre Dtoker et Ian Holt laissent la place à l’humain avec ses failles, ses ambiguïtés, ses rancoeurs sans être infidèles à ce qu’ils étaient plus jeunes. A cet égard, Mina est superbe, tout comme Seward d’ailleurs.
    - Deuxième bonne idée, le récit n’est pas centré sur Dracula mais sur Elisabeth Bathory, autre personnage historique à la réputation sulfureuse. La dame est en effet connue pour s’être baignée dans le sang de jeunes femmes pour garder la jeunesse éternelle. De là à en faire un vampire, il n’y avait plus qu’un pas qui est allégrement franchi et qui évite de jouer au retour de la menace du grand ténébreux!
    - Troisième bonne idée, choisir Londres comme cadre et de nouveaux personnages comme l’inspecteur Cotford (présent dans les notes de Bram Stoker) et Quincey Harker, devenu adulte et insupportable dans les certitudes de sa jeunesse.


    L’intrigue se tient, et si on peut reprocher aux deux auteurs un style assez plat et quelques facilités (je dois dire que la brume rouge de Bathory m’a fait sourire plus que frémir), les 500 pages s’avalent sans coup férir et le suspense est bon. On peut évidemment regretter les infidélités à l’œuvre originale, le retour à un récit linéaire loin du choix épistolaire de Dracula. On peut également regretter avec un petit pincement au cœur ce côté roman gothique et victorien si savoureux. Il n’en reste pas moins que Dracula l’immortel est dans sa catégorie un bon roman qui se lit avec plaisir et qui sera peut-être un brin plus accessible à ceux que la littérature classique rebute. Le ton et la manière d'aborder les événements et les personnages sont résolument de notre temps. Mina Harker devient une suffragette rangée par exemple, la sensualité est plus clairement affirmée, voire affichée que dans la version 19e qui restait dans le non-dit. A mon sens cependant, ce n’est pas réellement une suite de Dracula, mais un roman de vampire différent dans le ton, reprenant les personnages de Stoker. On est un peu dans le même genre de démarche que les suites à Autant en emporte le vent et autres grands romans, pas mauvaises, qui reprennent les personnages et le fond du premier roman mais qui ne sont évidemment pas du même tonneau que les originaux! Ceci dit, aucune raison de ce priver de ce bon moment de lecture!

    Emmyne a aimé, Tamara aussi, c'est un peu plus mitigé par-là et par-là! Le site officiel est !


    Stoker, Dacre, Holt, Ian, Dracula l'immortel, Robert Lafon, 2009, 3.5/5

  • Dracula - Bram Stoker

     

    Cela ne devait être qu’une mission professionnelle, exotique, certes, puisque l’emmenant dans les Carpates, mais sans rien de particulier. Pourtant, au fur et à mesure qu’il se rapproche du château du comte Dracula, Jonathan Harker est pris d’un étrange sentiment d’angoisse. La faute sans aucun doute aux superstitions locales, à la peur manifeste des autochtones, à l’étrangeté du château du comte et à celle de son hôte qui se révèle petit à petit jusqu’à l’emmener aux portes de l’horreur et de la folie.
    Pourtant, Jonathan survit et retrouve sa fiancée, Mina Harker qu’il épouse, sans savoir que dans son entourage, d’étranges événements sont survenus et ont touché son amie intime, Lucy. Gravement atteinte par une mystérieuse maladie, celle-ci décède sans que son fiancé Arthur Goldming, les amis de celui-ci, le docteur Jack Sewald et Quincey Morris, ni le célèbre professeur Van Helsing à qui il avait été fait appel en dernier recours puissent faire quelque chose. Mais Van Helsing sait ce qui a tué Lucy et va emmener Goldaming, Seward, Morris et les Harker sur la piste de quelque chose qui n’est pas censé exister : un vampire.
     
    Si Bram Stoker n’a pas inventé le vampire, il n’en reste pas moins celui qui a créé, à partir du riche terreau antérieur (folklore, superstitions, travaux scientifiques et philosophiques, et oui), le mythe moderne du vampire. Et avec Polidori, LeFanu, et quelques autres, le père d’un genre dont le succès ne s’est jamais démenti. Autant dire que pour les amateurs de littérature vampirique, c’est un indispensable ! Vous me direz, il s’avère parfois que les indispensables sont diantrement enquiquinants pour ne pas dire littéralement soporifiques. Certes. Mais Dracula n’est pas seulement un indispensable. C’est aussi un très bon roman d’aventure.
    Pour construire son intrigue, Stoker n’a pas utilisé un récit linéaire des événements, mais un ensemble d’échanges épistolaires, d’extraits de journaux intimes qui lui permet de croiser les points de vue de manière fluide et de donner un tableau progressif et complet des événements dont nos héros sont les témoins et les acteurs. Plus que cela d’ailleurs, c’est l’occasion d’une plongée dans leurs pensées intimes qui se révèle assez passionnante. Il faut dire que Stoker a choisit ses personnages : un futur lord ayant vécu moult aventures, un pistolero américain, un psychiatre, une jeune femme à l’intelligence acérée, un clerc de notaire qui cache sous des abords conventionnels un courage sans faille ! Et que dire du professeur Van Helsing et de ses connaissances pour le moins approfondies du monstre qu’ils traquent pour venger la pauvre Lucy.
    Il est vrai cependant que le roman est empreint des conventions littéraires et sociales de son époque. Il n’est qu’à voir la place donnée à Mina Harker et la manière dont son intelligence est considérée comme masculine par ces messieurs… Et que Bram Stoker ne s’est pas franchement encombré de petites choses comme la cohérence. J’ai remarqué plusieurs petites bizarreries dans l’enchaînement des événements, et dans le comportement des personnages mais comme rien de tout cela ne nuit au plaisir de la lecture, ce n’est pas fondamental ! D’autant que ces quelques petites incohérences ne sont rien face au travail de titan accompli par l’auteur !
     
    Mais revenons au vampire lui-même. Là où Stoker a fait date, c’est en fixant pour les siècles à venir les caractéristiques principales de ce monstre. Quelque part, quand on dit aujourd’hui qu’un roman réinvente le mythe du vampire, c’est au mythe version Stoker qu’on fait référence : le mort-vivant qui se nourrit du sang des vivants,  ne meurt pas, dont le pouvoir cesse au lever du soleil, qui peut se rendre maître de certains éléments, se faire obéir de certains animaux, se rendre immatériel, se grandir ou se rapetisser… Bon, autant mettre un extrait !
     
    « Il est prisonnier, plus qu'un homme condamné aux galères, plus qu'un fou enfermé dans un cabanon. Aller là où il a envie lui est interdit. Lui qui n'est pas un être selon la nature, il doit cependant obéir à certaines de ses lois - pourquoi, nous n'en savons rien. Toutes les portes ne lui sont pas ouvertes ; il faut au préalable qu'on l'ait prié d'entrer ; alors seulement il peut venir quand il le désire. Son pouvoir cesse, comme d'ailleurs celui de toutes les puissances malignes, dès les premières lueurs de l'aube. Il jouit d'une certaine liberté, mais en des moments précis. S'il ne se trouve pas à l'endroit où il voudrait être, il ne peut s'y rendre qu'à midi, ou au lever, ou au coucher du soleil (...). Ainsi, tandis que le vampire peut parfois accomplir sa propre volonté, pourvu qu'il respecte les limitations qui lui sont imposées et se confine dans son domaine : son cercueil à lui, son enfer à lui, ou encore dans un endroit non béni (...) ; et encore ne peut-il se déplacer qu'à des moments bien précis. On dit aussi qu'il ne peut franchir des eaux vives qu'à marée haute ou lorsque la mer est étale. Et puis, il y a des choses qui lui ôtent tout pouvoir, comme l'ail, nous le savons assez ; comme ce symbole, ma petite croix d'or, devant laquelle il recule avec respect et s'enfuit. Il y en a encore d'autres (...) : une branche de rosier sauvage, posée sur son cercueil, l'empêche d'en sortir, une balle bénite que l'on tirerait sur son cercueil le tuerait et il deviendrait alors un mort véritable. Quant au pieu que l'on enfonce dans son cœur, nous savons qu'il lui donne également le repos éternel, repos éternel qu'il connaît de même si on lui coupe la tête. Il ne se reflète pas non plus dans les miroirs et son corps ne fait pas d'ombre. »

    Une bien étrange créature qui donnerait presque (j'insiste sur le presque) envie par certains côtés de goûter à cette vie éternelle et qui reste terrifiant par d'autres. A travers elle, c'est toute un réflexion sur la mort, l'immortalité et la vie éternelle qui attend le lecteur. La non-vie est un état fascinant, d'autant plus fascinant qu'on ne trouve aucune explication à son origine et qu'elle est une figure de la liberté. Je vous rassure, je ne suis pas devenue folle! Il me semble simplement que malgré les limitations que lui impose sa nature, Dracula est plus libre que les humains, dans le sens où il est capable d'accomplir ce qu'il désire, et par là même, est destiné au mal. Plus de moral, plus de barrières sociales ou religieuse: juste la puissance et la force de l'instinct comme porte ouverte à l'horreur (séduction, meurtre, etc.). Le vampire serait presque une sorte de figure repoussoir ou catharsique. Ceci dit, je m'égare sans doute!

    Je m'arrête là! Vous aurez deviné sans peine que j'ai aimé et que je compte bien poursuivre ma découverte de la littérature vampirique, à commencer par ces classiques que je n'ai pas encore lus!

    Au prochain épisode, Dracula l'immortel!

     

    Caro[line] m'a précédé!

     

    Stoker, Bram, Dracula, Pocket, 2002, 4.5/5

  • Kimi Wa Pet

    Sumire est une jeune femme belle, intelligente, active, sexy et froide... Enfin, ça, c'est l'apparence. Journaliste de haut vol le jour, elle est aussi une jeune femme fragile et maladroite en privé. Une facette que Takeshi va découvrir. Enfin Momo puisque c'est ainsi qu'elle va nommer le jeune homme qu'elle découvre dans un carton sur le pas de saporte... C'est le début de bien des aventures...
    J'étais sceptique. Plus que sceptique. Une jeune femme fait d'un jeune homme son animal de compagnie... Moui, moui, moui. Et puis de pages en pages, je me suis surprise à glousser, puis à rire franchement, voire à frémir devant les aventures hautes en couleur de Sumire et de Momo.
    Que dire une fois le dernier tome achevé... C'est une série pleine de tendresse, touchante même, qui aborde avec humour les affres des relations amoureuses et professionnelles pour une jeune femme confrontée à des choix difficiles. Sumire est un personnage attachant: en la suivant dans sa vie professionnelle et privée, on découvre une jeune femme attachante qui manque de confiance en soi mais qui tente vaille que vaille de répondre aux attentes de son entourage. Finalement, la seule personne devant laquelle elle parvient à se montrer naturelle est Momo. Il lui faudra du temps pour s'apercevoir que laisser tomber les masques est le seul moyen d'atteindre le bonheur, en privé, comme en public. Petit à petit, la relation de Sumire et Momo gagne en complexité, en profondeur et permet d'aborder nombre de problèmes sentimentaux rencontrés par les jeunes femmes japonaises, mais aussi occidentales. Kimi Wa Pet parle aussi bien du regard porté par la société sur les relations amoureuses que des choix à faire entre vie professionnelle et familiale, des concessions dans les relations de couple, du déséquilibre social et culturel dans le couple. Et surtout, il montre comment on se laisse parfois aveugler par des exigences quand l'amour peut arriver par les voies les plus improbables.
    Il est amusant de voir les sentiments de nos deux protagonistes évoluer, de voir les triangles amoureux se faire et se défaire au fil des pages et des situations provoquées par leur entourage familial et professionne. Car il n'est pas seulement question d'amour dans ce manga: il parle aussi du monde du travail japonais et de ses dérives, pression, rivalités, harcélement. Il parle du monde de la danse. Il parle de la volonté de se montrer parfait et de la souffrance imposée par les masques que la société impose de porter. Il parle des pressions familiales et des rivalités qui peuvent s'installer entre membres d'une même fratrie.
    Ceci dit, tout cela est entrecoupé par des épisodes très drôles, parfois vaudevillesques, pardois oniriques, qui arrivent toujours à point nommé pour relancer le scénario.
                                            
    Sumire est un beau personnage de femme moderne déchirée entre des aspirations contraires, entre réussite professionnelle et une vie plus traditionnelle incarnée par son amie Yuri.
     
    Porté par un scénario maîtrisé, Kimi Wa Pet est un manga enthousiasmant qui offre une galerie de personnages vraiment attachants et fouillés, et qui cache sous son côté burlesque bien des choses! A déguster sans modération.
    Et parce qu'apparement nous avons le même genre de discussion au Japon et en France, je ne résiste pas au plaisir de vous offrir cet extrait de dialogue qui m'a fiat hurler de rire:
    "-Sumiré: Concentre-toi et imagine. Tu es prêtes?
    Tu as un chien.
    Yuri: oui
    Sumiré:
    Tu adores ce chien. Tu l'aimes tellement que tu préfères le promener au lieu de passer du temps avec ton copain.
    Y: mouiii...
    S: quand un beau jour, ton chien se transforme en prince charmant et là, il te demande en mariage pour...
    Y: Sopt. Arrête, j'ia une imagination limitée!
    S: si c'était un conte de fée, la suite serait facile à imaginer.
    Y: oui, "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants"...
    S: mais est-ce que les princesses ont pu aimer normalement un prince qui a été un chien ou un crapaud...
    Y (à son chien Mick): Mick, tu veux bien te transformer en Viggo Mortensen?
    S: Est-ce que l'on peut si facilement changer ses sentiments à l'égard d'un être? Un prince surgit. Est-ce qu'on ne va pas trop vite en supposant qu'elles tombent amoureuses?
    Y (toujours à son cien Mick): tu deviens Viggo... Tu es Viggo...
    S: Yuri, tu m'écoutes?
    Y: si tu ne peux pas, je peux me satisfaire d'Orlando Bloom..."
    Oui hein...
    Ogawa Yayoi, Kimi Wa Pet, Kurokowa, 14 tomes, série terminée, 5/5
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