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Les hommes sirènes - Fabienne Juhel

9782812601453FS.gifAntoine a quarante ans, une femme, un petit garçon et un caillou au coeur. Un Défense de déposer des ordures sur une palissade au hasard d'une rue et il abandonne tout derrière lui pour aller voir la mer, et essayer de se réconcilier avec lui-même.

Les hommes sirènes est un roman qui distille une petite musique insidieuse, comme un conte de fée cauchemardesque où les ogres et les bonnes fées ne sont que trop réels et dissimulés sous l'apparence presque toujours innocente de gens bien comme il faut. Pourtant, tout commence dans un univers familier: un bar, une maison, une famille, une ville de province qu'on devine un peu grise, en tout cas tranquille. On voit se dessiner une histoire somme toute banale de quadragénaire un peu perdu qui abandonne tout avec l'option enfant adopté. Je dois d'ailleurs l'avouer, au départ, la quatrième de couverture m'avait un peu échaudée: adoption, rescapés de camps de la mort, homme en décalage... Rien de bien alléchant si ce n'est la plume de Fabienne Juhel, qui m'a immédiatement séduite et m'a poussée à poursuivre ma lecture.

Or, très vite, le roman surprend et déstabilise. Dès qu'Antoine revient sur son enfance en fait. Enfant indien adopté, ou faut-il dire acheté, par un frère et une soeur ayant survécu aux expérimentations médicales nazies, il grandit dans une atmosphère étrange, malsaine, malgré l'apparent bonheur que peuvent amener richesse, confort et éducation. Mais dans la maison aux 113 fenêtres, c'est une violence sourde qui règne, malgré la présence d'Eugénie la cuisinière dévote et du rebouteux, étrange vieil homme vivant dans une cahute au fond des bois, impuissants à compenser totalement  une éducation menée par deux "parents" qui ne connaissent pas l'amour, les sentiments et qui façonnent l'enfant pour accomplir une tâche qu'on ne fait longtemps que deviner. Le drame d'Antoine, on le découvre au fil des pages, de son errance vers la mer et des rencontres faites sur la route, qui petit à petit vont le révéler à lui-même, lui permettre de réunir les pièces de son identité et d'accepter ses actes.

On est pris dans les rets d'un récit où les moments de grâce, les petits bonheurs, l'espoir alternent avec l'horreur et la violence, ou la beauté, la poésie de la langue sortent renforcés de leur confrontation avec ce que l'humain a de plus sombre. Avec toujours, cette part de rêve, d'onirisme parfois qui donne le sentiment par moment de lire un conte où les loups ne sont pas toujours ce que l'on croit. Magistral donc, et très fortement conseillé.

Clara, Pascale en parlent.

Les hommes sirènes faisait partie de la sélection du Prix Landerneau.

Juhel, Fabienne, Les hommes sirènes, Ed. du Rouergue, 304 p. 4.5/5

Commentaires

  • Je viens de terminer le dernier roman de Fabienne Juhel (pas encore de billet) et je suis encore envoutée par cette magnifique écriture.

  • @ Fransoaz: c'est une plume qui ne laisse pas indifférent!

  • Fabienne Juhel éblouie tjrs par ses écritures. je ne laisserai pas passer cet œuvre sans le lire!!

  • @ Perles: j'avoue que je vais guetter son prochain roman!

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