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Chiff' - Page 105

  • Blog & Pause

    Je m'envole demain matin pour... Devinette!!

    1) Un des pays d'origine de ce plat international que l'on trouve dans n'importe quelle ville

    2) On y trébuche sur les vieux cailloux

    3) On y chanta les héros et les batailles

    4) Les lieux ressemblent à ceci:


    (http://www.folp.free.fr/Search.php?getTheme=GRECE)


    Je ne vais pas exactement là, mais vous devriez avoir deviné: la Grèce! D'abord l'île de Paros, puis Athène et ses environs!

    Vous aurez donc de mes nouvelles dans une quinzaine de jours!!

    A bientôt!

  • Bonne à rien faire?


     

    J’ai lu Le diable s’habille en Prada et Le journal de Bridget Jones, mais mes connaissances en chick-litt et affiliés s’arrêtent là. Preuve en est que je n’ai même pas regardé Sex and the City et que la bande annonce du long-métrage m’a laissée froide ! Oui, je sais, le cas est grave !

     

    Pourtant, les dieux de la littérature seuls savent pourquoi, je me suis emparée de ce roman sur une étagère de la bibliothèque. Un besoin de lecture facile et légère sans doute après une série de lectures pour le moins pesantes ! J’ai regardé la quatrième de couverture, constaté que je ne savais certes pas qui était l’auteur apparemment connu de L’accro du shopping et décidé de me lancer dans l’histoire de Samantha !

     

    Samantha donc, avocate d’affaire qui ne vit que par et pour son boulot est mise à la porte après une énorme boulette de cinquante millions de livres. Hagarde, elle monte dans le premier train et échoue dans la demeure d’un riche couple qui l’embauche comme gouvernante. Seul problème : Samantha ne sait pas faire cuire un œuf, ne sait pas plus à quoi ressemble un aspirateur et ne parvient pas à lire le mode d’emploi de la machine à laver le linge.

     

    Que dire… Une lecture facile, agréable, qui ne me laissera pas un souvenir impérissable… Quoique… La partie de jambes en l’air potagesque et framboisesque est bien trouvée et les aventures culinaires de l’héroïne fort agréables ! Et je dois admettre sans fausse honte que j’aurais bien fait mon quatre heure de son compagnon !

    Bref, de la drague, des rebondissements, de l’amour et de l’amitié, le cahier des charges semble rempli ! On ne parvient pas à oublier la fin promise (ils se marièrent et 1) eurent beaucoup d’enfants 2) N’eurent pas d’enfants et préférèrent faire le tour du monde à cloche-pied 3 divorcèrent avec un fracas dont les tabloïds ne se sont pas remis), mais on va quand même au bout.

    Avec tout de même une interrogation : quelle est l’image de la femme que ce genre de roman est sensé véhiculer ? Qu’il vaut mieux une vie épanouie qu’une ambition démesurée ? Qu’à chacun son choix de vie ? Je me pose encore la question. A tort sans doute puisque ce roman ne se veut rien d’autre qu’un divertissement, ce qu’il est sans aucun doute !


    Sophie Kinsella, Samantha bonne à rien faire, Belfond, 2007, 425.

  • Battement d'aile

     

     

    Quelque part sur la côte de Sardaigne, une maison surplombe la mer. Elle appartient à Madame, dernier rempart au bétonnage touristique. Car Madame refuse de vendre. Et en plus de refuser de vendre, elle est étrange, décalée dans ses robes coupées dans de vieux tissus, férue de magie, solitaire malgré ses amants et ses amis. Elle dérange et bouscule tout le monde sauf la narratrice, adolescente de 14 ans qui va raconter l’étrange histoire de cette femme dans les pages de son journal.

     

    Ce n’est un secret pour personne que j’avais beaucoup aimé Mal de pierre. Aussi, c’est avec impatience et un brin d’inquiétude que j’attendais de lire ce second opus de Milena Agus.

    Inquiétude en partie justifiée, et impatience de même ! Je m’explique. On retrouve bien dans ces pages le style de Milena Agus, sa manière très sensuelle d’écrire qui donne l’impression d’être soi-même dans le maquis, d’en sentir les odeurs, de sentir la brûlure du soleil et d’entendre les vagues se brisé sur la grève. On y trouve aussi de l’humour, du piquant et des situations drôles et atypiques. Cela, je l’ai apprécié.

    J’ai apprécié aussi ces personnages aux marges. Milena Agus a un don pour faire apparaître ces fêlés ordinaires que l’on regarde d’un sale œil parce qu’ils ne font rien comme les autres. Ceux qu’on taxe si vite de fous alors que ce qu’ils expriment est leur souffrance et leur volonté de vivre leur vie comme ils le veulent.

    Je ne peux pas en dire autant du récit en lui-même. Bien sûr on s’attache à Madame, à sa souffrance de femme. On s’attache au grand-père, à la narratrice et à sa folle famille, aux autres voisins. On s’attache même un peu aux promoteurs immobiliers. Mais on se perd dans les méandres de la folie de Madame. On se lasse un peu de ses lubies et des ses trouvailles. On se lasse un peu parce qu’on a l’impression de rester en surface tout du long.

    Restent la folie douce, la ferrarina, la poésie et un beau portrait de femme.

     

    L'avis de Papillon

    Milena Agus, Battement d’ailes, Liana Levi, 2008,153 p.

  • Ouvre-toi!!!!


    Ouvre-toi !


    Je vais commencer par un mea-culpa : j’ai tardé dans ma lecture, avancé à petits pas, ce qui est bien mal remercier Magali Duez qui dans son infinie bonté m’a envoyé l’anthologie Ouvre-toi ! Le pire dans tout cela, ce n’est pas que mon allure d’escargot est due au fait que je n’aurais pas aimé !! Non, loin de là et bien au contraire ! Démonstration !

     

    A ma droite, seize nouvelles qui parlent de portes ! Portes en pierre, portes en bois, portes de l’esprit, portes de la perception, portes de l’hallucination, portes du monde des dieux, portes… Bref, de portes ! A ma gauche seize auteurs talentueux ! Résultat du combat, une anthologie de très bonne tenue !

    Je trouve déjà le thème de départ intéressant : j’ai lu et vu des anthologies sur les fées, sur la nature, sur des créatures diverses et variées, de fantasy urbaine, de fantastique entre autre. Mais partir de ce « Ouvre-toi » qui renvoie aux Mille et une Nuit, à des crises de nerf devant des portes ou des objets réfractaires m’a surprise et enchantée ! Je partais donc avec un a priori positif !


    D’ailleurs, la première nouvelle, Réhabilitation de Nathalie Salvi m’a confortée : une belle histoire qui m’a rappelé dans le fond le propos de Pennac. Ce n’est pas les enfants qui n’aiment pas lire, mais leur entourage qui, en voulant bien faire ou en ne faisant pas, les coupe de l’objet qui devient ennemi, et d’un contenu qui n’est plus accessible. Seulement, là où Pennac utilise les armes de l’humour, Nathalie Salvi offre un récit tout en douceur qui ressemble à un conte. Un livre qui s’ouvre et c’est le monde qui s’illumine.

     

    « L’enfant avait été frappé par une évidence ; la lecture n’est pas un totem, mais une paire d’ailes, une soucoupe volante, une machine à explorer le temps… »

     

    Deuxième nouvelle, deuxième bonheur : Nathalie Dau et Le goût du miel. D’accord j’aime particulièrement le miel et les usages que l’on peut en faire en cuisine ou sur une tartine ! Mais ce n’est pas seulement pour cela que j’ai été séduite par ce personnage d’apiculteur bougon et malheureux qui va être contraint de s’ouvrir au monde et à l’amour par la grâce d’une petite fée mutine à la robe verte ! Une histoire originale, des personnages peu ordinaires, et la preuve qu’il faut parfois un sacré choc pour accepter d’être touché par les personnes qui nous entourent.

     

    Voyons voir… Partie comme je le suis, je ne vais pas pouvoir m’empêcher de papoter sur chacune des nouvelles ! Tant pis pour vous ! Les plus impatients n’auront qu’à aller directement à la conclusion !

     
    Troisième nouvelle, Antoine Lencou et Ah, la porte, ou un monde où les humains sont servis par des objets parlants et pensants. Enfin, servis… Surveillés plutôt ! Rien de très original dans le principe, mais un récit percutant qui fait froid dans le dos ! Finalement, trop de confort tue le confort !

    Loïc Henry, Les graines perdues : un très beau texte sur l’importance de la diversité des langues, ces petites graines qui nous rendent différents les uns des autres et qui font la diversité de l’humanité plus que la couleur de la peau. Et sur la bêtise humaine qui en cherchant l’efficacité détruit la beauté.

     Li-Cam, La petite fille au cœur de marbre : un texte sur l’autisme vécu de l’intérieur et de l’extérieur. Je n’ai malheureusement pas réussi à entrer complètement dans cette nouvelle que j’ai trouvée simplement intéressante. D’autres l’ont trouvée bouleversante, et elle a de plus le mérite de parler de manière différente de cette maladie.

     Saholy Gonga, Les larmes rouges : une des nouvelles que je n’ai pas apprécié, mêlant esclavage moderne et fantastique d’une manière brouillonne. Pour moi, un texte incompréhensible à l’ambiance malsaine. Dommage parce que le sujet de l’esclavage moderne et de l’hypocrisie de nos démocraties et de nos sociétés méritait qu’on s’y arrête !

     Heureusement, après le malaise, l’humour. Noir, certes, mais l’humour ! Don Lorenjy m’a littéralement fait mourir de rire avec son Suzanne on line ! Où ce qu’il arrive quand une croyante pure et dure se trouve connectée directement avec Dieu ! Grinçant, drolatique avec une chute pour le moins surprenante, cette nouvelle est un petit bijou !

     Après le déjanté, le classique ! Nicolas Cluzeau offre avec Tsuyan une histoire de facture familière à qui connaît un peu la fantasy : une quête, des dieux, etc. Mais avec un très beau personnage, des paysages à couper le souffle et le cadre d’une société que l’on connaît finalement assez peu.

     Avec L’apocalypse selon Huxley du à la plume de Jérôme Noirez, le contraste est fort ! C’est une autre des nouvelles que je n’ai pas appréciée ! J’aime bien cet auteur, mais son histoire de junkis perdus sur les routes de l’Amérique m’a laissée complètement froide. Il faut dire que le même sujet traité par Kerouac ou Harrisson n’était déjà pas parvenu à m’arracher plus que la volonté de venir à bout de classiques !

    Miroitements de Michaël Fontayne m’a moins ennuyée, mais ne m’a pas plus accrochée !

    A l’inverse de Jassîm Ibn Menollah victime des statistiques de Timothée Rey qui m’a arraché des hurlements de rire ! Cette variation sur Ali Baba et les quarante voleurs est une petite merveille de dérision et d’humour ! Une de mes préférées.

     La nouvelle qui suit, Cinq fois de Fred Le Berre est totalement différente, mais restera également dans mes annales de lectrice ! Une magnifique histoire d’amour servie par une plume fine et sensible ! J’ai adoré !

    L’autre de Livia Galeazzi m’a également beaucoup touchée. Parce que la tension s’instille progressivement, que l’ambiguïté est forte entre le bien et le mal et que la vision de ce qui pourrait advenir avec les manipulations du vivant est malheureusement réaliste.

    Heureusement, Logique d’ensemble d’Anthelme Hauchecorne vient à point nommé pour alléger l’ambiance ! Cette histoire de gremlin et de pilote de l’armée de l’air américain est savoureuse et vraiment très drôle ! En tout cas, c’est le genre d’humour que je goûte fort !

    Le temps de l’exil de Marie-Lé Camille est de facture plus classique mais le thème écologique et la manière dont il est traité est porteur et touchant.

    Le recueil se clôt sur Dans le noir de Chloé George, élève de terminale S qui fait preuve d’un talent prometteur ! Son texte est tout simplement magnifique !

     

    Magali Duez a donc réuni des textes très divers, certains ancrés dans le réel, d’autres relevant de la fantasy dans son acceptation large (heroic-fantasy, fantasy urbaine,…), d’autres de la science-fiction, d’autres du fantastique. L’avantage est sans nul doute que chacun y trouve son compte et que des lecteurs ne connaissant pas ces genres puisse y trouver une manière d’y entrer en douceur. Après, il est évident que selon les goûts, certaines nouvelles plaisent plus ou moins !

    A noter aussi que l’anthologie en elle-même est un bel objet : la couverture de Maeva Pierre est superbe, la typographie et la présentation des textes agréable, les notes et notices biographiques des auteurs pleines d’humour !

    Une chose est certaine, cette anthologie est une belle réussite ! Et je vais aller voir d’un peu plus près le catalogue de cette jeune et prometteuse maison d’édition !

     

    A noter que Nathalie Dau a reçu le prix Imaginales 2008 pour son recueil Contes myalgiques publié par Griffe d’encre !

     

    Pour prolonger le plaisir, les avis de Flo, de Chimère entre autre!

    Le site des éditions!  

     
    Ouvre-toi, anthologie dirigée par Magali Duez, Griffe d'encre, 2007, 265 p.

  • Baisers de sang




    Le vampire… Grand, maigre, pâle, ténébreux,  beau et vénéneux qu’il soit homme ou femme. Le monde de la nuit et toutes ses transgressions est incarné dans ces créatures sulfureuses, dangereuses que sont les vampires.

    Pourquoi ? Comment ? Alain Pozzuoli commence par l’expliquer dans la passionnante introduction de son anthologie avant de faire entrer le lecteur dans le vif du sujet à travers des textes classiques comme contemporains. Rien de moins que Joseph Sheridan Le Fanu, Eric Von Stenbock, Boris Vian, Francis Lalanne, Jean-Paul Bourre, Gudule, Jeanne Faivre d’Arcier, Robert de Laroche, Serena Gentilhomme, Lawrence Schimel, Tony Mark, Amelia G., Raven Kaldera, Jean-François Patricola, Didier Rouge-Héron, Gautier Map, Sire Cedric, Bernard Jurth, Roland Fuentes et Daniel Walther.

     

    Reprenons. Parler de vampirisme serait donc parler d’érotisme, de sexualité, ne serait-ce que parce que le vampire séduit avant de tuer, ou de transformer et exerce une fascination étrange sur ses proies, entre attirance et répulsion.

     

    Selon Alain Pozzuoli, le premier texte de vampire à connotation érotique et sexuelle est La morte amoureuse de Théophile Gautier où une belle vampire tente de séduire un jeune novice à la veille de prononcer ses vœux. Suit le Carmilla de Joseph Sheridan Le Fanu (1871) où les plaisirs inspirés à l’héroïne Laura par Carmilla sont évoqués ainsi que L’histoire vraie d’un vampire d’Eric von Stenbock, variation masculine de Carmilla. Vient enfin le Dracula de Bram Stoker.

    Mais le passage à un érotisme ouvert et assumé devra attendre les années 1950 et la libération sexuelle. A ce titre, Drencula, extraits du journal de David Benson offert aux foules par Boris Vian est significatif : un avoué en visite dans le château de son client se fait vampiriser par une étrange créature hermaphrodite qui l’envoie au septième ciel (ou huitième cercle de l’enfer si l’on préfère) avant de le dévorer.

    Depuis lors, littérature et cinéma se sont emparés du thème du vampire, donnant le pire, comme le meilleur. 

    Que l’on adhère ou pas, c’est ce qu’il estime être le meilleur qu’offre Alain Pozzuoli à ses lecteurs. Je n’ai pas été déçue du voyage. Découvrir des extraits des textes classiques m’a donné envie de lire les versions intégrales. Quand aux nouvelles ultérieures, elles mettent en scène les situations les plus diverses. Comment devient-t-on vampire ? Comment survit un vampire ? 20 auteurs, 20 réponses.

    On croise aux détours des pages des hermaphrodites, des vampires vengeurs, des écrivains vampirisés par leur inspiration, des prostitués, des vieilles femmes malveillantes, d’anciens espions soviétiques, Théophile Gautier et bien d’autres. On frémit, on sourit, on grimace, mais il est difficile de rester indifférent devant la force souvent sulfureuse et la violence de certains textes, le plus souvent prétexte à dénoncer un monde dans lequel la violence, la transgression individuelle sont les seules réponses possibles à la médiocrité et à la violence des sociétés.

     

    Parmi mes textes préférés dans cette anthologie

    -Drencula par Boris Vian : ou comment un avoué découvre les plaisirs des sens avec une drôle de créature. La naïveté du héros et la plume explicite de Boris Vian en font un monument !

    - Parlez-moi d’amour par Gudule : à vampire, vampire et demi. C’est ce que découvre une jeune femme en pleine dépression amoureuse quand elle se réfugie dans la maison d’hôtes d’une adorable et étrange vieille dame. Pas de sang mais un vampirisme intellectuel et mental dont le résultat surprenant donne un texte tout en nuances et en douceur.

    - Champagne, brute ! par Robert de Laroche : car les vampires ont autant besoin d’amitié que de sang.

    - Dans le tombeau de la comtesse Dolingen de Gratz par Tony Mark : pour la variation sur l’histoire de Jonathan et Mina, les personnages de Bram Stoker.

    - Le beau Gregorio par Didier Rouge-Héron : parce que les vampires sévissent aussi dans de petits villages reculés et ne comptent pas leurs victimes. Un texte où la tension s’insinue progressivement et où le vampire ne fait finalement qu’utiliser une propension humaine à la bassesse et à la violence amplifiée par la petite taille du microcosme humain qu’est un village isolé.

    - Désir par Amélia G. : juste parce que c’est beau les ailes.

    - Muse par Sire Cédric : pour son questionnement sur l’inspiration, la passion amoureuse et sexuelle et la transgression.

     

    Bien sûr, les vampires ne sont pas qu’érotisme. L’article de Jacques Finné dans Fantastique, fantasy, science-fiction, Mondes imaginaires, étranges réalités est à cet égard extrêmement instructif. Il présente le vampire comme la poursuite de deux modes littéraires (le vilain gothique et le ténébreux romantique) et la fusion des trois thèmes les plus riches de la littérature mondiale : le Hollandais volant ou une vie éternelle qui apporte lassitude et détresse, le Don Juan dont l’anthologie qui est le thème principal de cet article donne quelques exemples, et Faust ou la soif de connaissances et le désir de prolonger la jeunesse.  

    En tout cas, me voilà avec l'envie de plonger plus avant dans l'univers vampirique!