Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

trois portes

  • Ouvre-toi!!!!


    Ouvre-toi !


    Je vais commencer par un mea-culpa : j’ai tardé dans ma lecture, avancé à petits pas, ce qui est bien mal remercier Magali Duez qui dans son infinie bonté m’a envoyé l’anthologie Ouvre-toi ! Le pire dans tout cela, ce n’est pas que mon allure d’escargot est due au fait que je n’aurais pas aimé !! Non, loin de là et bien au contraire ! Démonstration !

     

    A ma droite, seize nouvelles qui parlent de portes ! Portes en pierre, portes en bois, portes de l’esprit, portes de la perception, portes de l’hallucination, portes du monde des dieux, portes… Bref, de portes ! A ma gauche seize auteurs talentueux ! Résultat du combat, une anthologie de très bonne tenue !

    Je trouve déjà le thème de départ intéressant : j’ai lu et vu des anthologies sur les fées, sur la nature, sur des créatures diverses et variées, de fantasy urbaine, de fantastique entre autre. Mais partir de ce « Ouvre-toi » qui renvoie aux Mille et une Nuit, à des crises de nerf devant des portes ou des objets réfractaires m’a surprise et enchantée ! Je partais donc avec un a priori positif !


    D’ailleurs, la première nouvelle, Réhabilitation de Nathalie Salvi m’a confortée : une belle histoire qui m’a rappelé dans le fond le propos de Pennac. Ce n’est pas les enfants qui n’aiment pas lire, mais leur entourage qui, en voulant bien faire ou en ne faisant pas, les coupe de l’objet qui devient ennemi, et d’un contenu qui n’est plus accessible. Seulement, là où Pennac utilise les armes de l’humour, Nathalie Salvi offre un récit tout en douceur qui ressemble à un conte. Un livre qui s’ouvre et c’est le monde qui s’illumine.

     

    « L’enfant avait été frappé par une évidence ; la lecture n’est pas un totem, mais une paire d’ailes, une soucoupe volante, une machine à explorer le temps… »

     

    Deuxième nouvelle, deuxième bonheur : Nathalie Dau et Le goût du miel. D’accord j’aime particulièrement le miel et les usages que l’on peut en faire en cuisine ou sur une tartine ! Mais ce n’est pas seulement pour cela que j’ai été séduite par ce personnage d’apiculteur bougon et malheureux qui va être contraint de s’ouvrir au monde et à l’amour par la grâce d’une petite fée mutine à la robe verte ! Une histoire originale, des personnages peu ordinaires, et la preuve qu’il faut parfois un sacré choc pour accepter d’être touché par les personnes qui nous entourent.

     

    Voyons voir… Partie comme je le suis, je ne vais pas pouvoir m’empêcher de papoter sur chacune des nouvelles ! Tant pis pour vous ! Les plus impatients n’auront qu’à aller directement à la conclusion !

     
    Troisième nouvelle, Antoine Lencou et Ah, la porte, ou un monde où les humains sont servis par des objets parlants et pensants. Enfin, servis… Surveillés plutôt ! Rien de très original dans le principe, mais un récit percutant qui fait froid dans le dos ! Finalement, trop de confort tue le confort !

    Loïc Henry, Les graines perdues : un très beau texte sur l’importance de la diversité des langues, ces petites graines qui nous rendent différents les uns des autres et qui font la diversité de l’humanité plus que la couleur de la peau. Et sur la bêtise humaine qui en cherchant l’efficacité détruit la beauté.

     Li-Cam, La petite fille au cœur de marbre : un texte sur l’autisme vécu de l’intérieur et de l’extérieur. Je n’ai malheureusement pas réussi à entrer complètement dans cette nouvelle que j’ai trouvée simplement intéressante. D’autres l’ont trouvée bouleversante, et elle a de plus le mérite de parler de manière différente de cette maladie.

     Saholy Gonga, Les larmes rouges : une des nouvelles que je n’ai pas apprécié, mêlant esclavage moderne et fantastique d’une manière brouillonne. Pour moi, un texte incompréhensible à l’ambiance malsaine. Dommage parce que le sujet de l’esclavage moderne et de l’hypocrisie de nos démocraties et de nos sociétés méritait qu’on s’y arrête !

     Heureusement, après le malaise, l’humour. Noir, certes, mais l’humour ! Don Lorenjy m’a littéralement fait mourir de rire avec son Suzanne on line ! Où ce qu’il arrive quand une croyante pure et dure se trouve connectée directement avec Dieu ! Grinçant, drolatique avec une chute pour le moins surprenante, cette nouvelle est un petit bijou !

     Après le déjanté, le classique ! Nicolas Cluzeau offre avec Tsuyan une histoire de facture familière à qui connaît un peu la fantasy : une quête, des dieux, etc. Mais avec un très beau personnage, des paysages à couper le souffle et le cadre d’une société que l’on connaît finalement assez peu.

     Avec L’apocalypse selon Huxley du à la plume de Jérôme Noirez, le contraste est fort ! C’est une autre des nouvelles que je n’ai pas appréciée ! J’aime bien cet auteur, mais son histoire de junkis perdus sur les routes de l’Amérique m’a laissée complètement froide. Il faut dire que le même sujet traité par Kerouac ou Harrisson n’était déjà pas parvenu à m’arracher plus que la volonté de venir à bout de classiques !

    Miroitements de Michaël Fontayne m’a moins ennuyée, mais ne m’a pas plus accrochée !

    A l’inverse de Jassîm Ibn Menollah victime des statistiques de Timothée Rey qui m’a arraché des hurlements de rire ! Cette variation sur Ali Baba et les quarante voleurs est une petite merveille de dérision et d’humour ! Une de mes préférées.

     La nouvelle qui suit, Cinq fois de Fred Le Berre est totalement différente, mais restera également dans mes annales de lectrice ! Une magnifique histoire d’amour servie par une plume fine et sensible ! J’ai adoré !

    L’autre de Livia Galeazzi m’a également beaucoup touchée. Parce que la tension s’instille progressivement, que l’ambiguïté est forte entre le bien et le mal et que la vision de ce qui pourrait advenir avec les manipulations du vivant est malheureusement réaliste.

    Heureusement, Logique d’ensemble d’Anthelme Hauchecorne vient à point nommé pour alléger l’ambiance ! Cette histoire de gremlin et de pilote de l’armée de l’air américain est savoureuse et vraiment très drôle ! En tout cas, c’est le genre d’humour que je goûte fort !

    Le temps de l’exil de Marie-Lé Camille est de facture plus classique mais le thème écologique et la manière dont il est traité est porteur et touchant.

    Le recueil se clôt sur Dans le noir de Chloé George, élève de terminale S qui fait preuve d’un talent prometteur ! Son texte est tout simplement magnifique !

     

    Magali Duez a donc réuni des textes très divers, certains ancrés dans le réel, d’autres relevant de la fantasy dans son acceptation large (heroic-fantasy, fantasy urbaine,…), d’autres de la science-fiction, d’autres du fantastique. L’avantage est sans nul doute que chacun y trouve son compte et que des lecteurs ne connaissant pas ces genres puisse y trouver une manière d’y entrer en douceur. Après, il est évident que selon les goûts, certaines nouvelles plaisent plus ou moins !

    A noter aussi que l’anthologie en elle-même est un bel objet : la couverture de Maeva Pierre est superbe, la typographie et la présentation des textes agréable, les notes et notices biographiques des auteurs pleines d’humour !

    Une chose est certaine, cette anthologie est une belle réussite ! Et je vais aller voir d’un peu plus près le catalogue de cette jeune et prometteuse maison d’édition !

     

    A noter que Nathalie Dau a reçu le prix Imaginales 2008 pour son recueil Contes myalgiques publié par Griffe d’encre !

     

    Pour prolonger le plaisir, les avis de Flo, de Chimère entre autre!

    Le site des éditions!  

     
    Ouvre-toi, anthologie dirigée par Magali Duez, Griffe d'encre, 2007, 265 p.