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Chiff' - Page 107

  • Lucie in the city

     

    Lucie trente ans, un chat, célibataire et parfois heureuse de l’être.

     

    Entre crises de fous rires et crises de larme, on suit la petite vie quotidienne de cette trentenaire célibataire. D’aventures sans lendemain en coups de cœur voués à l’échec pour des garçons qui préfèrent les garçons, Lucie travaille dur à trouver une âme sœur qui se dérobe. On trouve dans ce joli album tous les clichés de la trentenaire célibataire active, mais des clichés qui ont une couleur de vérité qui les rend à la fois drôles et un brin amer pour toute lectrice approchant doucement de la trentaine et n’ayant toujours pas trouvé l’âme sœur. On se retrouve de toute manière un peu dans ce personnage de fille qui doute, qui reprend sa vie en main avant de la laisser échapper aussi vite. Parce qu’elle pleure, parce qu’elle angoisse, qu’il lui arrive d’être odieuse et jalouse de ces copines à qui, en apparence au moins, tout réussi. Bon, il faut admettre que c’est surtout valable pour une célibataire vivant en milieu urbain, voire dans certaine grande ville que je ne citerais pas, mais je ne vois aucune raison de bouder son plaisir !

     

    Et puis… Qui n’a pas eu ces copines qui essayent désespérément de vous caser !

    Catel et Grisseaux, Lucie s’en soucie, Les humanoïdes associés, 120 p.

  • Au plus profond du monde des rêves

     

    Il était une jeune fille qui souhaita bonne nuit à sa famille. Et qui ne se réveilla pas. Partie au plus profond d’un rêve.

    Là où les rêves se créent, dans un konbini où les livreurs de rêves viennent faire leur course, en compagnie du patron et de Satoru, elle va vivre le temps des rêves.

     

    J’ai eu un peu de mal à démarrer la lecture de ce seinen. Le dessin un peu fouillis, un peu rond et un peu pointu, un scénario abracadabrant m’ont un peu refroidie. Une petite fatigue aussi, admettons le. Et puis la magie a opéré. On retrouve dans ce manga l’ambiance du Voyage de Chihiro dans ce manga. L’héroïne se retrouve dans un lieu hors du temps et de l’espace. Un endroit plein de mystère et de poésie où passent ceux qui sont endormis, ou morts quand ils ont trop de regrets pour entrer sereinement dans la mort. Pourtant, elle n’est pas morte. Pas physiquement. Mais doutant de ses sentiments, de son être, elle s’est petit à petit effacée. Elle s’est adaptée à ceux qui l’entouraient au point de disparaître.

    Elle va trouver au pays des rêve ce dont elle a besoin : un espace pour s’exprimer, pour aimer, pour jouer, pour se trouver enfin. Et c’est un bel endroit que cette épicerie. Tenue par un chien qui porte un bonnet, elle est emplie de marchandises mais aussi de bouteilles et de canettes où sont conservés les sentiments de ceux qui sont passés par là pour s’en libérer. Une dimension triste, presque philosophique contrebalancée par un humour omniprésent : le Bon Dieu attaque des paquets de biscuits qu’il laisse ouverts dans les rayons, les autres patrons sont autant d’animaux vêtus de tabliers et costumes… Le trait assez étrange transcrit à merveille les sentiments des personnages, la couverture superbe et colorisée dans des teintes douces rend justice au contenu.

    C’est beau, c’est doux et tendre : cet univers entre deux monde devient une scène où l’humain trouve à s’exprimer dans tous ses aspects. On en sort le cœur léger et l’âme sereine, avec le sentiment d’avoir fait un beau voyage.

     
    Hisae Iwaoka, Yumenosoko, Au plus profond des rêves, Kana, 2007, 186 p.

  • Diamonds are women's best friends

     

    Ce que je croyais être un roman est en fait une nouvelle. Une centaine de page pour un personnage haut en couleur, la magnifique et inénarrable Holly Golightly. Pour qui n’aurait pas vu ce petit chef-d’œuvre de Blake Edwards avec Audrey Hepburn, je résume l’intrigue :

    Le narrateur, au tout début de sa carrière d’auteur aménage dans un immeuble où loge également une cover-girl, Holly Golightly. Belle, mystérieuse, fantasque, la jeune femme va l’entraîner dans une amitié pleine de heurts et de surprises et lui faire découvrir un univers qu’il ne soupçonnait pas.

     

     

    J’ai retrouvé dans la nouvelle toute l’ambiance du film, et bien sûr, plus encore. Car Holly Golightly, la jolie fille fantaisiste, frivole et capricieuse acquiert sous la plume de Truman Capote une épaisseur nouvelle. On sent les failles, la fragilité, la souffrance. Ce cirage qui prend quelque fois au ventre et l’oblige à aller chercher le réconfort dans l’univers stable et serein de Tiffany. Ce cirage qu’elle accepte parce qu’elle veut plus que tout vivre intensément, fuir devant la banalité et la routine. Holly est à la fois amorale et pure. Elle dit, admet ce qu’elle ne peut supporter, ne peut faire, ne trompe jamais, préférant la fuite aux compromissions qui seraient pourtant monnaie courante avec son métier. Preuve en est qu’elle essaie toujours d’aimer ceux qui l’entretiennent. Mais son amour de la solitude, de la liberté est toujours le plus fort, la poussant à disparaître quand des liens se créent.

    En même temps, l’humour, l’ironie sont bien présents dans la description de la société new-yorkaise.

    Une trop courte description d’une personnalité attachante et déstabilisante.

     

    S’ajoute à Petit déjeuner chez Tiffany trois autres nouvelles bien plus courtes et tout aussi percutantes

    -         La maison de fleurs, ou l’histoire d’une prostitué qui tombe amoureuse d’un paysan et qui l’épouse. Un récit plein de couleurs et d’odeurs d’épice où le vaudou et les esprits ne sont pas les derniers à se mêler à la partie. Une belle histoire d’amour qui montre à quelles extrémités peut se retrouver une femme amoureuse.

    -         La guitare de diamant : M. Shaeffer purge une peine de prison à vie dans un camp de bûcherons. Il s’accommode de sa situation jusqu’à l’arrivée du jeune Tico Feo. Rapidement, celui-ci le pousse à l’évasion. Une histoire ambiguë d’amour et d’amitié masculine dans un cadre inhabituel. Une fin amère et en demi-teinte.

    -         Un souvenir de Noël : un jeune garçon se souvient des Noëls passés avec la vieille femme chargée de son entretien. Deux exclus, deux solitudes unies dans une vie pleine de chaleur et de tendresse. Ma préférée des trois sans aucun doute pour ce qu’elle révèle de la froideur de l’hiver et de chaleur humaine.

     

     

     

     Truman Capote, Petit déjeuner chez Tiffany, Folio, 1996, 188 p.

  • Chasseur de livre

     

    Imaginez un monde où les crimes commis contre les livres sont l’objet des enquêtes d’une section spéciale, où les technologies les plus pointues sont mises en œuvre pour comprendre, retrouver les coupables et le cas échéant, les punir. C’est le monde de l’agent Bay et de son équipe. Le monde du chasseur de livre.

     

    Voilà une bande dessinée qui commence sur les chapeaux de roues ! Une équipe casquée et armée intervient chez le voleur des 8 exemplaires du « Lobby chinois en Amérique » achetés et rachetés par la bibliothèque d’Oakland. Et ce n’est pas fini. Quelqu’un a volé l’exemplaire de la Bible Caxton conservé à la bibliothèque d’Oakland, un manuscrit qui doit retourner à la bibliothèque du Congrès dans quelques jours.

    C’est le prétexte à une enquête digne d’un croisement entre Les experts, NCIS et les aventures de Thursday Next ! Analyses ADN, tours de passe-passe avec des coffres-forts, combats épiques où les tiroirs des meubles à fiches deviennent autant d’armes, courses-poursuites haletantes en chariots ou en bibliobus tout y est ! Avec en plus des informations complexes et passionnantes sur la reliure, le fonctionnement d’une grande bibliothèque, les systèmes informatiques et le jargon bibliothéconomique des années 70!! Ce qui a provoqué chez moi une franche rigolade et une certaine dose de perplexité à constater que malgré tout, je m’y perds encore !!

    Servi par un dessin tout en rondeurs et dans des teintes de marron qui changent du noir et gris habituel, cette enquête rocambolesque est un pur moment de plaisir qu’il n’y a aucune raison de bouder !

     

    L’album va maintenant rejoindre les étagères de ma bibliothèque ! Merci à Frédéric Cambourakis, l’éditeur qui a été assez gentil pour faire don d’un exemplaire de Bookhunter pour mon plus grand plaisir, et je l’espère, le plus grand plaisir des lecteurs qui viendront traîner dans nos rayonnages !

     

     

     

     Jason Shiga, Bookhunter, Cambourakis, 2008, 147 p.