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folie

  • Finnigan et moi

     

    Quand Anwell rencontre Finnigan, l'enfant perdu et solitaire a enfin le sentiment d'avoir trouvé un ami. Mais très vite, les jeux prennent une tournure étrange: car à Anwell rebaptisé Gabriel a été dévolu le bien et à Finnigan le mal. Leur petite ville australienne va vivre des heures difficiles.

    Voilà un roman dont il va être difficile de parler sans trop en dire. Pour ceux qui voudraient garder le mystère, sachez que c'est un roman complexe, sur le rejet, la différence et la folie qui ne permet au lecture d'assembler les pièces du puzzle qu'à la toute fin. Assez magistral dans sa construction et dans son atmosphère, il vaut le détour.

    Allons-y maintenant pour plus de détails. Je sais, c'est affreux, je ne peux pas m'en empêcher! Finnigan et moi est certes un roman sur le rejet, la différence et la folie, mais c'est aussi et surtout un romans sur l'enfermement. Anwell est un enfant solitaire dont la famille vit en marge de la société de leur petite ville isolée. Double solitude donc: celle d'une ville entourée par les montagnes, celle d'une famille repliée sur elle-même et son "statut". Un père avocat très, voire trop conscient de son importance, une mère étouffante, et un drame, celui de la mort du frère aîné attardé. C'est là que se noue l'intrigue et la rupture pour Anwell: quel que soit la manière dont on a expliqué le décès, lui sait qu'il a voulu, désiré la mort de ce frère tant aimé, qu'il l'a provoquée même dans son désir d'enfant d'avoir enfin la même vie de que les autres. Troisième enfermement, dans la culpabilité cette fois, une culpabilité que jamais son père et sa mère ne vont lui permettre d'oublier.

    C'est une étrage famille que celle d'Anwell, le lieu de toutes les névroses, de toutes les violences et de toutes les indifférences. De fil en aiguille, on voit un petit garçon avide d'amour partir chercher un peu d'affection vers un ailleurs qui s'appelle Finnigan: un enfant sauvage, intrépide, toujours accompagné de son chien Surrender et capable du pire. L'un va se révéler manipulateur, égoïste, assassin, mauvais et libre comme l'air, l'autre incapable de résister à l'ascendant de son ami et constamment déchiré entre son profond besoin d'amour et le sentiment que rien ne va plus.

    Là où Sonya Hartnett se révèle machiévélique, c'est qu'elle construit son roman comme le récit que fait Anwell/Gabriel sur le lit où il est en train de mourir à même pas vingt ans d'une mystérieuse maladie. Un flash-back donc, mais raconté à deux voix, celle d'Anwell cédant parfois la place à celle de Finnigan dans une succession de scènes parfois difficiles à remettre dans l'ordre, d'autant que le présent vient parfois faire irruption dans les souvenirs. Ce désordre, soigneusement construit, perd le lecteur tout en l'orientant tout doucement vers le fondement du récit. C'est une belle mécanique bien maîtrisée et mise en valeur par l'atmosphère étouffante et poisseuse que Sonya Hartnett installe: Finnigan est le grain de sable qui va gripper le mécanisme bien huilé d'une vie familiale et d'une ville. Méfiance, rancoeurs, violence qui explose au grand jour, la tension monte progressivement, le suspense aussi. On cherche à comprendre, on se dit qu'on a trouvé avant de changer d'avis et de tomber des nues quand enfin le pot au rose se dévoile. L'ambiance fantastique n'y est, il faut dire, pas pour rien.

    Une lecture dérangeante, intense, qui parle d'amour, de haine et de culpabilité avec talent.

    L'avis de Lily, Sylire, JoelleHilde, ...

    Merci à Anne de m'avoir permis cette découverte!

    Sonya Hartnett, Finnigan et moi, Le serpent à plume, 209, 3.5/5  

  • Battement d'aile

     

     

    Quelque part sur la côte de Sardaigne, une maison surplombe la mer. Elle appartient à Madame, dernier rempart au bétonnage touristique. Car Madame refuse de vendre. Et en plus de refuser de vendre, elle est étrange, décalée dans ses robes coupées dans de vieux tissus, férue de magie, solitaire malgré ses amants et ses amis. Elle dérange et bouscule tout le monde sauf la narratrice, adolescente de 14 ans qui va raconter l’étrange histoire de cette femme dans les pages de son journal.

     

    Ce n’est un secret pour personne que j’avais beaucoup aimé Mal de pierre. Aussi, c’est avec impatience et un brin d’inquiétude que j’attendais de lire ce second opus de Milena Agus.

    Inquiétude en partie justifiée, et impatience de même ! Je m’explique. On retrouve bien dans ces pages le style de Milena Agus, sa manière très sensuelle d’écrire qui donne l’impression d’être soi-même dans le maquis, d’en sentir les odeurs, de sentir la brûlure du soleil et d’entendre les vagues se brisé sur la grève. On y trouve aussi de l’humour, du piquant et des situations drôles et atypiques. Cela, je l’ai apprécié.

    J’ai apprécié aussi ces personnages aux marges. Milena Agus a un don pour faire apparaître ces fêlés ordinaires que l’on regarde d’un sale œil parce qu’ils ne font rien comme les autres. Ceux qu’on taxe si vite de fous alors que ce qu’ils expriment est leur souffrance et leur volonté de vivre leur vie comme ils le veulent.

    Je ne peux pas en dire autant du récit en lui-même. Bien sûr on s’attache à Madame, à sa souffrance de femme. On s’attache au grand-père, à la narratrice et à sa folle famille, aux autres voisins. On s’attache même un peu aux promoteurs immobiliers. Mais on se perd dans les méandres de la folie de Madame. On se lasse un peu de ses lubies et des ses trouvailles. On se lasse un peu parce qu’on a l’impression de rester en surface tout du long.

    Restent la folie douce, la ferrarina, la poésie et un beau portrait de femme.

     

    L'avis de Papillon

    Milena Agus, Battement d’ailes, Liana Levi, 2008,153 p.