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SFFF - Page 7

  • Chien du heaume - Justine Niogret

    Cuné m'ayant très justement fait remarquer que nous étions déjà le 16 et que j'avais annoncé mon retour dans le monde merveilleux de la blogosphère pour le 15, je me suis jetée, toute contrite, sur mon clavier, atterrée de ne pas avoir entendu les avertissements de ma montre de gousset et la petite voix sur mon épaule me susurrant: "Mais par mes moustaches, tu es en r'tard!". Et me demandant au passage si j'allais encore savoir écrire un billet. Suspense. Angoisse intense. Sueurs froides. Tremblements convulsifs. Mon Dieu mais de quoi vais-je bien pouvoir parler? Du roman que tu as terminé ce midi patate! Ah, oui, c'est vrai, un roman. C'est que j'avais perdu l'habitude de ces petites choses là moi! Bon, roman sous le coude, check, clavier opérationnel, manifestement puisque je suis en train de taper des idioties, porte-clé muffin, accroché au porte-clé, le Doctor, à son poste, couinement,... Mais je m'égare. Quoi que le roman dont je vais bien finir par vous parler mérite quelques petits couinements. Parce que raconter comme ça le Moyen-Âge, j'affirme que cela mérite un, voire deux couinements. Là. Ca, c'est dit! Comment ça ce n'est pas suffisant? Ah bon? Bon, alors place à Chien du Heaume!

    book_cover_chien_du_heaume_46787_250_400.jpg

    Chien du Heaume, c'est le nom qu'a gagné la mercenaire sans nom au fil de ses combats. Un nom qui ne remplace pas celui dont elle ne se souvient pas, celui qu'elle a perdu en suivant sur la route son père, celui qu'elle cherche désespérement pour enfin retrouver une identité, une existence, pourquoi pas une famille qui se souviendra d'elle après sa mort. Mais si la quête d'un nom n'est pas si facile, elle peut amener aussi amener à des rencontres qui changent une vie. Comme celle du chevalier Sanglier en son castel de Broe, celle de Regehir le forgeron, celle d'Iynge, et celle de Noalle la cruelle.

    Une légende, de celles qu'on raconte au coin du feu un soir d'hiver. C'est un peu ce à quoi fait penser l'histoire pleine de sang et de douleur qui est celle de Chien. Parce qu'il y a ce Moyen-Âge froid et violent, brûlant des passions humaines, un monde en transition qui voit les derniers mystères s'effacer devant le Dieu chrétien. Parce qu'il y a la voix du conteur aussi qui parfois se fait entendre. Parce qu'il y a, comme dans les légendes, des combats, des souffrances, de folles amours. C'est peu de dire que j'ai aimé cette très belle histoire. D'abord pour ses personnages en fait. Chien la première, laide, ronde, experte dans le maniement de cette hache qui ne l'a jamais quittée depuis la mort de son père. A la fois mercenaire sans foi ni loi et capable du plus grand dévouement et du plus grand amour, souffrant de son identité perdue et prête à tout pour retrouver son nom et ses racines. Derrière elle Bruec, le chevalier Sanglier et son ost, Regehir le forgeron, un peu conteur, un peu menteur, virtuose du métal, Iyinge le beau, trop tendre pour le métier des armes, et les autres: Bréhyr le faucon incarnée en femme, Noalle et ses yeux verts et trompeurs, La Salamandre et les mystères que cache son armure.Tous trop complexes pour jamais devenir des héros. J'ai aimé découvrir leurs failles, leurs secrets, leurs souffrances cachées, j'ai aimé les voir grandir peu à peu, et mourir parfois. J'ai aimé leurs relations d'amour, d'amitié, de loyauté ou de haine, le tout étant mêlé parfois.

    A travers eux, on plonge dans un Moyen-Âge saisissant, une atmosphère de brumes, d'hivers glacés, d'étés brûlants qui happe. C'est à la fois intensément poétique, crûment réaliste, d'une grande justesse jusque dans la langue, travaillé avec juste ce qu'il faut de ce qui sonne à nos oreilles comme des archaïsmes pour sonner vrai sans alourdir le récit. Il est vrai que ce récit pêche un peu par moment: un peu trop long par ci, un peu trop rapide par là,, une chute un brin décevante. Mais toujours cette ambiance fabuleuse qui fait tout oublié et me donnait envie de retrouver Chien et les autres et de ne plus les laisser aller.

    Et puis dans Chien du Heaume, il y a aussi cette vision d'une femme guerrière loin des clichés du genre, une femme forte, poignante dans ses faiblesses, et sa confrontation avec une autre, tellement différente, annonciatrice d'un monde qui change, d'une religion qui va faire des dames des êtres qui ne trouveront le salut que dans la ruse et la foi. Il y a cette vision d'un monde mourant et les mots poignants d'un homme qui sent son monde s'évanouir. Il y a ces souvenirs égrénés pendant une nuit de garde et les échos d'anciennes batailles. Il y a le souffle des pays lointains et des hommes, des êtres et des choses qui vont devenir la trame des contes et des légendes. Il y a ce nom qui s'échappe et la question lancinante de savoir si ce nom vous définit.

    Au point de se sentir un peu perdue à la dernière page.

    Merci Justine Niogret pour ce roman. Merci aussi pour ce lexique pour le moins décoiffant dont le souvenir me fait encore rire! A très vite j'espère!

    Et billet dédicacé au passage à Mo qui a, comme moi, des réactions couino-manique devant certaine période historique...


    Niogret, Justine, Chien du Heaume, Mnémos, 2009, 205 p., un lexique à ne pas manquer et un prix Imaginales fort mérité!

  • Stalker - Arcadi et Boris Strougaski

    stalker.jpgIls sont venus, ils sont repartis et jamais les hommes n'ont pu savoir ce qu'ils étaient venus faire sur Terre, ni pourquoi ils étaient repartis brusquement, laissant derrière eux des zones contaminées et des objets étranges que les stalkers viennent piller au péril de leur vie et au mépris de la loi des Etats qui préfèrent de loin mettre à profit les avancées technologiques que permettent ces choses. C'est l'histoire d'un de ces stalkers et d'une virée au coeur de la Zone que les frères Strougatski racontent.

    Des fois je fais des choses bizarres. Comme lire de SF soviétique. A ma décharge, j'avais visionné peu de temps auparavant et dans un état, faut-il le préciser, second, le film éponyme de Tarkovski. Du coup, mettant la main sur le roman qui l'avait inspiré, j'ai eu le réflexe limite pavlovien d'aller voir de plus près le lien que les deux entretiennent. Si vous voulez tout savoir: pas grand chose. Là. Et j'ai préféré le roman. Magnifique. Abouti. Percutant. Porté par un style que l'on devine dur, sans concession, sec, parfois difficile, et par des personnages noirs et dépeints sans concession.

    Le lien avec le film de Tarkovski est évident: il y est question d'une quête, quête de soi en même temps que quête d'un objet mythique censé exaucer les voeux. Mais là où Tarkovski livre un film presque contemplatif et centré autour de la quête de soi, la Zone étant le décors étrange qui la met en valeur, les frères Strougaski vont au-delà.Ils parlent certes de cette quête de soi, de ce que l'on pense souhaiter pour soi et pour les autres, de l'inanité de pouvoir réaliser ses voeux par le biais d'un objet ou d'une machine. Ils parlent du chemin à parcourir pour accepter de regarder en soi. Mais ils parlent aussi de l'arrogance de l'humanité et de son rapport à l'altérité. La Visite est une remise en cause de la place de l'humanité dans l'univers. Plus aucun moyen de se penser, de se croire au centre, de se croire l'espèce la plus évoluée. En tout cas pour tous ceux qui pensent, qui conceptualisent. Certains la voient comme un don, d'autres comme une malédiction, les plus cyniques comme un monstrueux hasard qui donne son titre à la précédente édition du roman. Un Pique-nique au bord de la route dont les hommes glaneraient les miettes comme les fourmis glanent les miettes des hommes malgré le danger. Une pensée glaçante, dérangeante, qui n'éclaire pas, loin de là, un monde en déliquescence où la convoitise et la volonté de posséder des armes plus puissantes que ses voisins donne lieu à une course absurde et dangereuse.

    Dans cet univers, le Stalker, le Rouquin puisque tel est son surnom, est celui qui marche au coeur du danger. La question est de savoir pourquoi il continue à aller dans la Zone, à l'explorer et l'utiliser: pour le danger? par par appât du gain? pour autre chose? Le Rouquin est un personnage complexe, qui élève son métier au rang d'art, qui le possède, et qui est possédé par lui, par sa profonde humanité et son envie d'aider ceux qu'il aime: sa fille, sa femme, Kirill, etc. Autour de lui d'autres stalkers, aux parcours et motivations aussi complexes. Des scientifiques menés par la volonté de trouver la gloire, d'autres qui veulent la connaissance. C'est l'autre aspect fascinant de ce roman: pénétrer dans la Zone, c'est pénétrer dans des terres inconnues de la science et de la connaissance avec tous les dangers que cela implique et la possibilité de se brûler les ailes. Mais aussi le courage de passer outre la peur qui paralyse et agite le monde extérieur pour affronter l'inconnu et la possibilité de ne jamais parvenir à le réduire à quelque chose de compréhensible pour l'humanité. Pénétrer la zone, ça peut aussi être l'expression de la convoitise et de la bêtise. Pénétrer la Zone ça peut être accepter le danger pour le bien de tous. J'avoue ne pas trop savoir par quel bout attraper ce roman et avoir très peur d'en donner une analyse idiote tant il est dense.

    Stalker est un roman âpre, profondément pessimiste, mais fascinant, profond. J'ai été totalement happée par cette histoire inépuisable quand le film m'avait laissé assez froide en dehors de ses plans superbes. Une très belle découverte à faire.

    Strougatski, Arcadi et Boris, Stalker, Denoël, 2010, 5/5

     

  • Les soeurs Eden et la marque du dragon - Lyn Gardner

    COUV-SOEURS-EDEN-TOME-2-OK_Mise-en-page-1-245x370.jpgAu manoir Eden, après les péripéties provoquées par le maître des loups, la vie a repris son cours normal entre soucis pécuniaires, madeleines, expéditions en forêts et petites révoltes domestiques. Une existence bien trop routinière pour Alice qui voit avec bonheur une fête foraine s’installer dans les parages : barbe à papa, grande roue, train fantôme, l’endroit parfait pour s’amuser. Mais dans l’ombre des attractions se cache une sorcière déterminée qui veut s’approprier non seulement la flûte, mais aussi le cœur d’Aurore.

    Ou les sœurs Eden sont de retour pour notre plus grand bonheur. Après un premier volume follement enthousiasmant, on pouvait craindre que l’auteur ne parvienne pas à rester à la hauteur, ou du moins à renouveler le terreau sur lequel elle avait bâti les débuts des sœurs Eden. Mais force est de constater que Les sœurs Eden et la marque du dragon est une petite merveille même si l’effet de surprise est passé. Le récit est toujours passionnant et dynamique, le suspense bien présent et le tout agréablement inventif. Si dans le premier volume, Lyn Gardner s’attaquait aux grands classiques des contes, là, elle joue avec les codes, les personnages et les grands récits de la mythologie grecque, avec les contes, toujours (principalement Blanche-Neige d’ailleurs), et avec les classiques de la littérature. On croise ainsi au détour d’une page le miroir de Dorian, la boîte de Pandore, les sept nains qui ont manifestement du se faire arnaquer par Boucle d’Or, une méchante marâtre un peu, voire très sorcière sur les bords, un loup aux dents acérées, Hermès et Prométhé, un dragon affamé, une Nico transformée en grenouille, le baiser de Blanche-Neige et une foule d’autres petites choses. Autant dire que l’intertextualité s’enrichit et rend la lecture d’autant plus intéressante que Lyn Gardner sait parfaitement utiliser tous ces éléments pour les détourner, les combiner, les transformer, voire s’en moquer gentiment. J’ai adoré ce qu’elle a fait du monde des morts avec son métro, sa station thermale et ses gentils organisateurs, significatif de l’humour dont elle fait preuve à toutes les pages, et la gourmandise manifeste dont on se doutait déjà : dans le premier volume on avait une maison d’Hansel et Gretl effrayante mais qui mettait l’eau à la bouche, dans le second, on a des recettes de Mère-Grand et d’Aurore qui donnent l’envie folle de se ruer aux fourneaux ! Surtout pour faire des madeleines au chocolat d’ailleurs !

    Mon seul regret, les personnages semblent répéter à peu de choses près les mêmes erreurs que dans le premier tome. Alice succombe à la jalousie, Aurore à sa naïveté et à ses angoisses, Nico à sa confiance en elle-même. Mais les relations fraternelles sont toujours aussi bien vues et les grands événements de la vie permettent de faire évoluer tout de même les personnages vers l’âge adulte. Et malgré ce tout petit bémol, c’est une jolie manière de parler des difficultés à accepter les changements, de la peur devant l’avenir que tout le monde a connu un jour ou l’autre. Je suis donc toujours aussi enthousiaste et j'attends avec autant d'impatience le troisième volet des aventures des soeurs Eden, en espérant qu'il y en aura un!

    Lael en parle, Emmyne aussi.

    Gardner, Lyn, La marque du dragon, Les soeurs Eden t.2, 2010, 4/5

  • L'empire ultime - Brian Sanderson

    766019.jpgDepuis plus de 1000 ans, le Seigneur Maître règne sur le monde par la tyrannie et la terreur. Sous sa férule et celle de ses inquisiteurs, les nobles commercent et pratiquent, pour certains, l’allomancie, les skaas, esclaves, triment jusqu’à la mort. Mais sous les pluies de cendre et dans les brumes, quelque chose se réveille. A commencer par Vin, une jeune voleuse skaa que ses pouvoirs allomantiques hors du commun font remarquer par Kelsier, le plus célèbre voleur de l’Empire, dont le dernier projet n’est rien moins que renverser le Seigneur Maître.


    Comme dirait une de mes connaissances, tout ceci est fort, fort original : imaginez donc, une héroïne/un héros qui se découvre des pouvoirs (rayez la mention inutile)! Fichtre ! Et puis une bande de joyeux aventuriers/voleurs/magiciens (rayez la mention inutile) qui se lance dans une quête/guerre/aventure (rayez de nouveau la mention intuile) !! Et un grand méchant pas beau pourvu de super pouvoirs qui lui permettent de pourrir la vie de tout le monde ! On verrait deux trois créatures bizarres errer dans le coin qu’on ne serait pas surpris. Ah, oui, en fait il y a des créatures bizarres qui errent dans le coin. Original je vous dis, suivez un peu !

    Ca, c’est que j’ai dit en découvrant la quatrième de couverture. Après j’ai pris la mesure de l’objet, soupiré sur la propension des auteurs de fantasy à déverser des torrents de pages sur leurs pauvres lecteurs et la perspective d’une énième trilogie. Avant de gémir en ouvrant la chose et en découvrant des marges réduites, une typo serrée et 600 pages qui me regardaient la bouche en cœur. Et de grogner en revenant sur la couverture pour découvrir un « Vivement recommandé » de Robin Hobb. Je suis comme ça, j’ai mauvais esprit. Et j’aime ronchonner.

    C’était donc assez mal parti entre Brian Sanderson et moi. Mais ça s’est bien, très bien terminé. J’ai eu beau grogner, soupirer, gémir, c’est avec le sourire satisfait et repu de l’amatrice-du-genre-dont-on-ne-s’est-pas-fichue que j’ai terminé L’empire ultime.

    Parce que dans L’empire ultime, vous trouverez :

    - un héros viril qui cache sous son sourire un grand drame et les bobos qui s’y rattachent dont un certain nombre de cicatrices ;

    - une bande de guignols prêts à tout pour le suivre ;

    - une héroïne cruchette mais finalement pas ;

    - un noble aux nobles sentiments, surtout amoureux ;

    - de l’amitié ;

    - de la noblesse et de l’honneur ;

    - de l’amour (une larmichette) ;

    - un grand méchant pas beau esclavagiste et tortionnaire avec des pouvoirs funky ;

    - de la stratégie ;

    - un peu de cuisine ;

    - de la baston enthousiasmante.

    Sans rire, l’empire ultime, c’est de la bonne. Bon, certes, il y a quelques défauts dont je vais parler très vite pour les oublier tout aussi vite puisque j’ai pour projet de hurler mon enthousiasme. D'accord, l’intrigue ne casse pas des briques. Oui, on aperçoit deux ou trois petits bouts de ficelles, par ci par là. Effectivement, c’est par moment un brin longuet. Mais avec tout ça, Brian Sanderson construit un univers politiquement crédible, intéressant et y fait bouger des personnages qui, pour archétypaux qu’ils soient, sont fouillés et deviennent très vite terriblement attachants ou terriblement détestables. Il maîtrise son intrigue de bout et bout, et à chaque fois qu’on pense avoir tout compris, sort un atout d’une manche histoire de brouiller un peu les pistes. Or, s’il y a une chose que j’adore, c’est me faire mener en bateau.

    Mais développons un brin cette analyse de haute volée.

    Le cadre déjà: celui d’une terre dévastée, d’une tyrannie religieuse à la tête de laquelle se trouve le Seigneur Maître, déifié pour avoir vaincu 1000 ans auparavant l’Insondable, monstre dont on ne saura rien sinon qu’il a manqué détruire la terre. Sous les chutes de cendres et dans les brumes, se dessinent les contours d’un monde désespérant et désespéré où la plus grande partie de la population se contente de survivre et de s’endurcir pendant que les nobles s’adonnent aux intrigues politiques et aux plaisirs de la vie. Ce monde un petit groupe de voleurs, d’aventuriers et de rebelles va tenter de le renverser pour donner, enfin, la liberté aux skaas. Et quel groupe ! Une bande de salauds sans beaucoup de scrupules mais le cœur sur la main et le sens de l’amitié chevillé au corps :: il y a le charismatique Kelsier, Vin, l’adolescente paranoïaque, Sazed l’intendant aux étranges capacités... Leurs aventures m’ont tenue en haleine pendant 600 pages, tant les fils des intrigues et des secrets se croisent et s’entrecroisent. Le tout est saupoudré d’une pincée de découverte amoureuse et de découverte tout court, Vin ouvrant les yeux sur un monde complètement différent de celui dans lequel elle a grandit (coups, faim, trahisons and co, idéal donc) et sur quelques petites choses comme l’amitié, la confiance, le sens d’un engagement, la fascination du pouvoir et de la richesse, la manipulation, l'injustice, et l'allomancie. L'allomancie, autre point fort du roman! Pour une fois, pas de sorts et de contre-sorts, mais un système fondé sur la manipulation des métaux, une faculté étrange mais finalement "naturelle", dévolue à certains. J'ai beaucoup aimé découvrir avec Vin le système de classement des métaux et sa prise de conscience de sa nature de Fille-des-Brume, une des rare personne à pouvoir utiliser tous les métaux, la suivre en train d'en maîtriser les effets, d'en tester les limites.

    J'ai aussi particulièrement apprécié le fait que Brian Sanderson n'hésite pas à malmener ses héros, à les parer de quelques défauts et failles, comme Keslier et sa tendance à classifier le monde en blanc et noir quand il s'agit des nobles, ou Brise et son arrogance... Et qu'au-delà de la quête, on suive surtout la préparation d'un casse hors du commun dans son ampleur et ses ramifications.

    Bref, c'est une bonne histoire, bien écrite (ou plutôt très bien traduite, bravo Mélanie Fazi pour ce travail superbe) et maîtrisée, qui, cerise sur le gâteau, ne se termine pas sur un climax idiot: l'histoire se termine, on devine tout juste les développements que les quelques indices et questions posés au fil des pages laissent augurer.

     

    Sanderson, Brian, L'empire ultime, Fils-des-Brumes t.1, Orbit, 2010, 4/5

  • Les vampires de Londres - Fabrice Colin

    tome-1-etranges-soeurs-wilcox-L-1.jpegLondres, 1888. Amber et Luna se réveillent enterrées vives et se découvrent des pouvoirs pour le moins étranges qui vont les impliqué dans une guerre dont le commun des mortels n’a jamais entendu parler. Et pour cause, elle implique des créatures qu’on pense être des créations d’imaginations surchauffées…

    J’étais, je dois bien l’avouer, quelque peu dubitative pour avoir entendu tout et son contraire à propos des sœurs Wilcox. Quid me demanderez-vous ? Et bien c’est à mon avis un fort bon début de série. Fabrice Colin plonge avec délice dans les rues sombres et brumeuses d’un Londres nocturne qui recèle bien des mystères et crée une ambiance gothique tout à fait agréable pour le lecteur. Sans compter qu’il joue avec bonheur des figures de la littérature de genre. On croise Watson, Holmes, Jack l’Eventreur dont les mystères sont résolus, une ligue qui ressemble fort à la Ligue des Gentlemen Extraordinaires, Dracula, une certaine comtesse Bathory et au détour d’un chapitre, la reine Victoria elle-même. L’hommage, certes un brin appuyé, n’est jamais lourd puisqu’il est parfaitement intégré dans un récit prenant, servi par deux héroïnes auxquelles on s’attache : Amber, volontaire et têtue, parfois trop pour son propre bien, Luna la rêveuse dont les hésitations sont tempérées par  un courage bien affirmé pour son âge. On découvre par petits bouts les créatures qui hantent à l’insu des humains les rues de Londres : terrifiants vampires, goules, fées, faunes et autres bestioles étranges et plus ou moins sympathiques. Le décor et les personnages s’installent petit à petit, et si l’intrigue ne brille pas par une folle originalité, elle promet quelques développements.

    Reste à savoir si la cible principale du roman sera aussi séduite par ces deux héroïnes et les nombreuses références qui parsèment leurs aventures, la plupart nécessitant tout de même quelques connaissances.

    Bref, c’est un roman sympathique, agréable à lire qui promet une série intéressante. Je ne manquerai pas de faire un sort au tome 2, ne serait-ce que pour savoir comment les deux sœurs vont se dépatouiller de leurs problème et ce qu’il va advenir de ce bon vieux Sherlock qui croise décidemment bien souvnt ma route ces derniers temps.

    L'avis de Cathulu, Fashion, Lily, Emmyne...

    Colin, Fabrice, Les étranges soeurs Wilcox t.1, Les vampires de Londres, Gallimard Jeunesse, 2009,283p., 4/5