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  • Crépuscule d'acier - Charles Stross

    mnemos-icaressf55-2006.jpg"Une petite voix commença à parler:

    - Bonjour? Tu veux bien nous distraire?"

     Pour la planète Rochard, satellite de la très conservatrice Nouvelle République, c'est le début de la fin: le Festival, civilisation vivant de l'information la survole et fait pleuvoir sur elle des téléphones un brin particulier: en échange d'une histoire, tous les voeux peuvent se réaliser. Autant dire que la révolution ne se fait pas attendre. Pas plus que la réaction de l'empereur qui envoie une flotte bouter l'envahisseur hors du système avec la ferme intention au passage de bousculer quelque peu la Loi de L'Eschaton sans avoir l'air d'y toucher. Ce que ne peuvent évidemment pas laisser faire Rachel Mansour, mandatée par l'ONU de la vieille terre, et Martin Springfield, ingénieur de son état, mais pas que.

    Tout bien considéré, Crépuscule d'acier est un joyeux foutoir incluant une hutte à patte de poulet, des vaisseaux spatiaux dont l'équipage utilise un jargon proprement incompréhensible, une civilisation un chouilla victorienne, une malle aux ressources insoupçonnées, une entité mystérieuse, des bestioles bizarres, un amiral grabataire... J'en oublie, mais que voulez-vous, Charles Stross offre à ses lecteurs un univers pour le moins foisonnant, distillant petit à petit les informations nécessaires à sa compréhension, ce qui a provoqué chez moi, soyons honnête, quelques froncements de sourcils typiquement maiskeskyracontejcomprendsrien au départ. Et puis de fil en aiguille, je me suis laissée embarquer dans une histoire qui mêle avec bonheur l'aventure et une réflexion politique qui aborde des thèmes d'une actualité brûlante.

    J'ai particulièrement apprécié la charge symbolique contenue dans la confrontation d'une entité totalement structurée par l'information et ses flux avec une société tentant de contrôler toutes les informations circulant en son sein. Non seulement Charles Stross sait tourner avec humour le choc qui en résulte, mais on perçoit en plus, sous-jaçente, la référence à Internet aujourd'hui. Ceci dit, Crépuscule d'acier ne se réduit pas à cela. Au travers de la Nouvelle République, c'est aussi l'occasion pour l'auteur de parler des révolutions, des sociétés réactionnaires, des régimes autoritaires, des conditions du changement mais sans jamais oublier de rendre les aventures de Rachel Mansour et de Martin Springfield savoureuses, tout comme celles qui attendent les révolutionnaires de planète Rochard. Tous ces personnages sont plutôt bien campés, et on prend plaisir à les suivre dans leurs aventures. Dommage que quelques petites longueurs émaillent l'ensemble, mais il n'y a là pas de quoi bouder le plaisir de découvrir un space opera haut en couleurs.

     

    Le jeudi c'est citation.gif" Comme il voyageait en hutte à patte de poulet dans une contrée sauvage qui était récemment passée d'un féodalisme bucolique à un post-humanisme transcendant sans étape intermédiaire, Burya Rubinstein laissait ses pensées dériver en un rêve empli d'empires effondrés."

    (La liste des participants est toujours par !)

     

     

    Des avis sur Noosfère.

    Stross, Charles, Crépuscule d'acier, Mnémos, 2006, 422p., 3.5/5

    Et de deux contributions au challence Summer Star Wars du RSF blog!

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  • L'amour est à la lettre A - Paola Calvetti

    9782264051011FS.gifEmma, la cinquantaine, décide de lâcher son métier de traductrice et d'ouvrir à Milan une librairie spécialisée, Rêves et Sortilèges, consacrée aux histoires d'amour, les merveilleuses, les tragiques, les juste tristes, les passionnées, les sans espoirs, les douces, et les autres. Or, à flirter avec l'amour, on risque de le voir surgir, ou ressurgir dans sa vie: Frederico, l'amour d'autrefois réapparait, bouleversant les certitudes et les habitudes d'Emma.

    Encore un roman lu il y a quelques mois, un roman dont j'ai envie de parler maintenant, un roman pour la plage, pour le voyage, pour paresser au fond d'un jardin, ouà  trimballer au fond d'un sac à dos. Un roman qui ne fait certes pas l'unanimité, mais que j'ai aimé, parce qu'il parle d'amour, parce qu'il parle de littérature, et qu'il m'a donné envie, s'il en était besoin, de lire encore et encore. L'amour à la lettre A, c'est un roman épistolaire, deux personnages, pas toujours réalistes, pas toujours sympathiques, parfois un peu ennuyeux, une plume inégale, mais beaucoup de plaisir à évoquer les récits d'amour, la vie d'une librairie et de ses habitués, l'Italie, l'inventivité d'Emma, son envie d'aimer. Si je sais avoir survolé certaines lettres, un peu soupiré par moment il me reste aujourd'hui le souvenir de ce lieu qui, certainement, existe sous une forme ou une autre quelque part, porté par un ou une libraire passionnée, et celui d'un agréable moment de lecture. Et rien que pour cela, L'amour à la lettre A vaut le détour.

    Cuné, Ori, Pimpi, Fashion, Carnet de lecture, Mango, Karine:), Aifelle, Stephie,...

    Calvetti, Paola, L'amour est à la lettre A, 10/18, 2010, 470p.

  • Cuisine et correspondance. Une amitié en 82 recettes - Andrea Israel et Nancy Garfinkel

    book_cover_cuisine_et_correspondance_182095_250_400.jpgLily et Val approchent de la cinquantaine, elles se sont aimées passionnément, comme s'aiment les amies d'enfance avant de se déchirer et se séparer. Avec une colère que presque trente ans de silence n'ont pas réussi à calmer mais que la cuisine, leur passion commune, va peut-être parvenir à guérir.

    J'aime la cuisine, j'aime les romans épistolaires, j'aime les histoires d'amitiés, Cuisine et correspondance me paraissait fait pour moi. Ce qui n'était pas tout à fait une erreur puisque j'ai découvert avec plaisir les lettres de Val et Lily, leurs recettes qui sont autant d'échos aux événements de leurs vies. Elles sont mignonnes ces deux petites filles, puis ces adolescentes qui découvrent la vie, qui s'éloignent, se chamaillent, se rabibochent, se font mal mais n'arrivent pas pour autant à se séparer. On s'y retrouverait un peu même, avec ou sans la cuisine! Dommage que la psychanalyse s'en mêle plus tard, le récit se concentrant finalement sur les blessures provoquées par un secret de famille et le lent chemin vers l'acceptation. Le tout aurait sans doute gagné à un peu plus de finesse dans l'analyse, à un peu moins de guimauve sur la fin, mais c'est malgré tout un bon moment de lecture, une belle histoire d'amitié et un roman qui va gagner sa place du côté de ma cuisine, quelques recettes ayant chatouillé mes spatules!

    Cuné dont je partage en partie l'avis, Aurélie de Secrets de filles a eu un coup de coeur,...

    Garfinkel, Nancy, Israel, Andrea, Cuisine et correspondance, une histoire d'amitié en 82 recettes, Fleuve Noir, 2011, 342p.

  • Marie-Claire, suivi de L'atelier de Marie-Claire - Marguerite Audoux

    2246169143.01._SX140_SY225_SCLZZZZZZZ_.jpgQuand la petite Marie-Claire perd sa maman, elle ne comprend pas ce qui se passe autour d'elle, pas plus qu'elle ne comprend pourquoi, avec sa soeur ainée, elles sont laissées dans un orphelinat tenu par des soeurs. Il y a soeur Marie-Aimée, et la classe, les amies qui lui font, somme toute, une enfance heureuse qui se termine brutalement quand, enjeu d'une lutte qui la dépasse, elle est envoyée dans une ferme. Mais la vie est ainsi faite que l'orpheline devenue bergère deviendra un jour couturière à Paris...

    C'est une histoire touchante que celle de Marguerite Audoux, la couturière devenue écrivain à succès alors que ses yeux ne lui permettaient plus de gagner sa vie, remportant le prix Femina en 1910, soutenue par Octave Mirbeau. Marie-Claire une histoire d'autant plus touchante que c'est son histoire qu'elle raconte avec finesse et délicatesse. Pas de pathos sous sa plume, mais le récit tout en nuance de l'apprentissage de la vie d'une toute petite fille qui va de déracinement en déracinement et parvient malgré tout à tracer sa voie dans le monde. Autour de Marie-Claire, c'est tout le monde paysan, puis celui des ateliers de couture parisiens qui se déploie, peuplé de personnages attachants ou détestables, animé de mille et une petites histoires sans importance qui donnent corps et intérêt au récit. Avec en filigrane, la condition féminine de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle qui se dessine, sa dureté, ses injustices, mais aussi la solidarité qui transcende les générations comme les coups durs.

    Marie-Claire et L'atelier de Marie-Claire sont des petits bijoux, textes littéraires autant que témoignage, des incontournables portés par une plume dont la simplicité est un enchantement. A lire.

    Audoux, Marguerite, Marie-Claire, suivi de L'atelier de Marie-Claire, Grasset et Fasquelle, coll. Les cahiers rouges, 2008, 414p., 5/5

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  • Juliet, naked - Nick Hornby

    17063.jpgEt dire que je l'ai lu en grand format... Et qu'il est sorti en poche depuis quelques semaines... Enfin, c'est toujours l'occasion, vu la période, de recommander un sacrément bon roman pour les vacances.

    Mais résumons un petit peu ce qui se passe: Juliet, naked, contrairement à ce que laisse supposer le titre, raconte ce qu'il advient d'Annie et Duncan dont la vie s'effiloche à Gooleness, station balnéaire britannique dont la période faste est passée depuis belle lurette. Entre eux, quinze ans d'habitude, de peur de la solitude, pas ou peu d'amour, mais des goûts communs, une même manière de penser... Jusqu'à ce que la sortie d'une version inédite d'un album de Tucker, chanteur dont Duncan est un fanatique révèle le fossé béant qui s'est creusé entre eux... Pour le couple, c'est le début de la fin.

    Crise de la quarantaine, musique, vie de couple, amour et désamour, Nick Hornby brasse quantité de thèmes avec une ironie et un sens de la situation qui ne lui font jamais défaut. J'ai adoré découvrir le petit univers névrotique de Duncan, prêt à tout pour se rapprocher de son idole, adoré détester sa bêtise et son arrogance, pour me découvrir presque triste de le laisser. Quand à Annie, et Tucker qui se révèlent progressivement, ce sont des personnages tout aussi attachants et irritants à leur manière. Voilà donc le lecteur face à un triangle qui se découvre amoureux, rock'n roll en diable, et surtout, face à une analyse au scalpel d'un certain monde musical, d'Internet, des fans, des relations de couple, de la vie de province et j'en passe. Ca pourrait être triste et sordide, mais c'est Hornby et on ne peut pas s'empêcher de sourire, de rire, même si parfois un peu jaune et de savourer chaque rebondissement, chaque invention de l'auteur et la justesse avec laquelle il croque le portrait de gens comme vous et moi, avec leurs passions, leurs manies, leurs questionnements, leurs ridicules.

    Bref, un chouette roman à emporter dans votre valise, ou à savourer au retour pour se consoler!

    Cuné a aimé, Cathulu aussi, tout comme Fashion, Corboland en parle en connaissance de cause, Amanda a recensé tout plein de liens,...

    Hornby, Nick, Juliet, naked, 10/18, 313p., 2010, sortie poche en mai, 4/5