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  • Succession - Scott Westerfeld

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    Amis de la baston décérébrée, passez votre chemin, Succession, ou plutôt la succession de Les légions immortelles et Le secret de l'empire ne joue pas dans cette catégorie quand bien même les scènes de batailles à coups de canons laser ne manquent pas. Le fait est que j'aime Scott Westerfeld d'amour depuis V-Virus, et encore plus depuis Leviathan. Le fait est aussi que je n'avais jusqu'alors pas eu l'occasion de me pencher sur ses oeuvres pour les grands (après tout, s'il faut remplir une déclaration d'impôt, il faut aussi quelques compensations, et les oeuvres pour les grands de Westerfeld ainsi que le blouson en cuir de Gaiman et les serviettes en font partie, mais je m'égare). C'est chose faite.

    Pour ceux que je n'ai pas encore perdus, un bref résumé de l'intrigue: un empire, un empereur immortel qui récompense les bons et loyaux services en octroyant l'immortalité dont il a percé les secrets, des opposants politiques qui n'aiment guère le pouvoir des morts, des adversaires dont le but est de répandre dans l'univers les pocket05902-2007.jpgconsciences composites (autrement dit, les IA), une prise d'otage, une guerre, un commandant promis à l'immortalité amoureux d'une sénatrice qui se bat contre l'immortalité, une révolution en gestation et j'en passe. Pas forcément très alléchant à vue de nez, mais Scott Westerfeld marie avec talent deux histoires d'amour et une guerre avec une intrigue qui fait courir ses ramifications du côté des intelligences artificielles, des dérives du pouvoir, des luttes politiques,  de la définition de l'humain quand il se marie avec l'artificiel. C'est un roman riche de ses personnages et de sa réflexion de fond, qui n'oublie pas l'action, bien qu'on puisse regretter quelques descriptions de batailles longuettes. Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'un peu plus d'humour aurait allégé l'ensemble, j'aurais aimé que ce fameux secret qui fait courir les héros soit un peu plus fouillé, mais ne vous y trompez pas, j'ai beaucoup aimé (et je vais me jeter sur l'IA et son double. Ah zut, oublié sur un coin de mon bureau. Ben ce sera pour demain alors).

    Nevertwhere,...

    Westerfeld, Scott, Succession, Pocket, plein de pages mais pas tant que ça, 3.5/5

    65254762.jpgAh oui, et ça compte double (ou pas) pour le Summer Starr Wars!

  • La citation du jeudi: Extrêmement fort et incroyablement près

    "Rien n'est à la fois beau et vrai."

    9782879294810.gif4e de couv.:Oskar Schell est inventeur, entomologiste, épistolier, francophile, pacifiste, consultant en informatique, végétalien, origamiste, percussionniste, astronome, collectionneur de pierres semi-précieuses, de papillons morts de mort naturelle, de cactées miniatures et de souvenirs des Beatles. Il a neuf ans. Un an après la mort de son père dans les attentats du 11 septembre, Oskar trouve une clé. Persuadé qu'elle résoudra le mystère de la disparition de son père, il part à la recherche de la serrure qui lui correspond. Sa quête le mènera aux quatre coins de New York, à la rencontre d'inconnus qui lui révéleront l'histoire de sa famille. Après le choc de Tout est illuminé, cet étonnant objet littéraire et typographique explore à nouveau, mais sur un autre registre, les chemins d'une mémoire à jamais perdue. Quand tout a été oublié, il ne reste plus qu'à inventer.

     

     

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    La liste des participants.

  • La garden-party - Katherine Mansfield

    garden_party.jpgCe n'est pas que je veuille pas faire plaisir à mon lectorat en délire, mais le problème fondamentalement fondamental avec les recueils de nouvelles, c'est qu'ils sont un brin compliqués à résumé sauf à se taper un passage en revue de la table des matières aussi exhaustif qu'enquiquinant . Or donc, s'il m'arrive et me plaît parfois d'être enquiquinante, il m'arrive tout aussi bien d'être paresseuse magnanime.

    Bref. La Garden Party, Katherine Mansfield. Qu'en dire. Ce sont des nouvelles. En même temps, vous deviez commencer à vous en douter. Est-ce que c'est bien? Ma foi oui. Mais. Car il y a toujours un mais. J'admire totalement, et sincérement l'art de Katherine Mansfield de croquer les moments de vie, les petits riens qui font basculer une existence entière. A cette aune, la nouvelle éponyme est un petit chef d'oeuvre où, sans qu'il se passe grand chose à part l'excitation qui peut précéder une garden-party dans un milieu bourgeois, c'est toute la confrontation d'une jeune fille avec le poids des conventions et des classes sociales qui est décrite avec acuité. Cet art, on le retrouve dans toutes les nouvelles, toutes allant au coeur de moments de vie sur un ton que je qualifierai presque de serein... voire anodin. Autant le dire, je n'ai pas été frappée par le style de Mansfield, que j'ai trouvé un peu plat en dehors des moments de grâce où elle parvient avec quelques mots à brosser un paysage, une sensation. Mais elle parvient toujours à atteindre le coeur de la vie, la violence des relations humaines, l'amour et la douceur, l'ambivalence des sentiments au point qu'il est difficile de ne pas avaler ces quelques nouvelles.

    Une belle découverte.

     Liza Lou en parle. Isabelle aussi.

    Mansfield, Katherine, La garden-party, Folio Gallimard, 2002, 370p., 4/5

    1718394131.jpgEt je joue dans la catégorie Auteur mort avant 35 ans.

  • La citation de jeudi: Le trône de chair

    jl1531-1983.jpg"Chayin rendi Inekte, cahndor de Nemar et co-candhor des terres conquises, fils choisi de Tar-Kesa et dieu lui-même, cessa de me tirer et de me faire glisser sur les roseaux. Des membranes nictitantes s'abaissèrent brusquement sur ses yeux nours. Durant un instant de silence, les regards des deux hommes se rivèrent et il échangèrent ainsi l'équivalent d'un millier de pareles. Puis Chayin hocha la tête et me poussa vers la porte. Ou plutôt vers  le point où elle devait se dresser, derrière un rideau de pluie tellement blanche qu'elle semblait en ébullition [...]."

    J'aimais bien aussi l'histoire de la pluie, du fouet et de l'audace, mais bon, il a fallu faire un choix parmi toutes ces comparaisons et métaphores ébouriffantes et un point de vocabulaire en ces temps estivaux m'a paru de bon ton. Alors? Nictitant? Keskçaveutdire?

    Ben tout bêtement cligner des yeux. Ou alors on parle des batraciens et des reptiles ce qu ouvre un certain nombre de questionnement sur le contenu de ce chef-d'oeuvre absolu de la SF new age dans lequel on chercherait en vain du seske comme qui dirait malgré le titre ma fois fort alléchant de la chose. Y'a tromperie sur la marchandise ma bonne dame. Ou alors je ne suis pas allée assez loin. Mais après m'être endormie trois fois sur la même phrase hein, j'ai renoncé... Faudra voir si Fashion peut nous en dire plus...

    Sinon, c'est un cycle, c'est le troisième tome et l'auteur qui a fait des études scientifiques et d'esthétique fait contrebassiste dans un orchestre de pop musique. Enfin en 1983 pour la traduction française. Et oui, je le garde, la couv est choupitrognon, et un titre pareil sur une étagère, ça en jette des cacahuètes.

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    Et pour les participants, c'est !

  • Chroniques japonaises - Nicolas Bouvier

    NICOLAS-BOUVIER-CHRONIQUE-JAPONAISE.gif Au cours d'un voyage qui l'a mené à Belgrade, Kaboul, en Turquie, au Pakistan, en Inde et en bien d'autres endroits, Nicolas Bouvier aboutit au Japon où il va rester une année, vivant de sa plume, explorant le pays où il reviendra quelques années plus tard avec son épouse et ses enfants. De ces expériences sont nées ses chroniques japonaises publiées en 1970, un des monuments de la littérature de voyage.

    Et dire que j'ai attendu si longtemps pour découvrir la plume merveilleuse de Nicolas Bouvier, le regard aigu, respectueux mais lucide qu'il porte sur un pays étranger au sein duquel il s'immerge autant que le peut un gaijin. Au fil de ses chroniques, il offre à son lecteur occidental l'histoire, et le portrait d'un pays qu'il juge méconnu, et qui l'était sans doute dans les années 1960, caché qu'il pouvait être derrière les clichés sur les "petits hommes jaunes et cruels", les horreurs de la Seconde Guerre mondiale et le déchaînement atomique. Encore qu'on peut se demander aujourd'hui s'il n'est pas encore mieux caché derrière la japan mania qui agite les pays occidentaux...

    Pour cela il remonte aux origines,aux récits mythologiques, aux premières pages de l'histoire agitée de l'archipel, aux collisions et mélanges entre religions et cultures, il raconte la vie quotidienne des plus humbles qu'il partage, le Nô, les traditions populaires dans les campagnes, l'infinie diversité des paysages. Il confronte aussi le Japon des années 1950 qu'il découvre, et celui des années 1960 qu'il retrouve et qui déjà annonce le poids lourd économique. Et tout cela sans jamais sombrer dans le didactisme ou l'arrogance de croire livrer un savoir, toujours avec une pointe d'humour.

    Car les Chroniques japonaises sont avant tout le magnifique témoignage d'un voyageur, de celui qui se confronte à une culture autre, qui ose débarquer dans un pays dont il maîtrise à peine la langue et ouvrir grand ses yeux et son esprit à ce qu'il y découvre. Il y a le vécu de l'homme qui a été et est resté l'étranger, mais qui jette un regard ironique encore que non dépourvu de tendresse sur ces touristes qui veulent comprendre l'âme d'un pays en quelques jours et la ramener en bouteille chez eux, lui qui sait trop bien à quel point la complexité de ce pays empêche même celui qui s'y est immergé de le comprendre. Sa manière de raconter son expérience, avec pudeur, mais lucidité et courage laisse aperçevoir la rare intelligence de cet homme, sa capacité hors du commun à s'ouvrir à l'autre et à laisser autant que faire ce peut tout jugement, tout préjugé pour aller à la rencontre de l'autre. Car finalement, ce sont des rencontres qu'il raconte, rencontres avec des hommes et des femmes, rencontre avec un pays qui lui permettent d'en dresser à sa manière un portrait sensible et qui donne envie de partir comme lui, en oubliant tout ce que l'on croit savoir.

     Un billet ici, Fée carabine en parle.


    Bouvier, Nicolas, Chroniques japonaises, Payot, 2001, 227p., 5/5

    1718394131.jpgNicolas Bouvier est décédé en 1998.