Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 3

  • Gloriana - Michael Moorckock

    gloriana.jpgHonte sur moi pour quelques générations (ou pas), je n'avais jamais lu Michael Moorcock. Une lacune qui ne pouvait rester impunie, mais voilà, devant la multitude de cycles en quarante-mille-douze tomes commis par le grand homme, je me sentais prise de faiblesse. Heureusement, la Grande-Science-Fiction est pleine de bienveillance, c'est un one-shot qui a atterri sur ma PAL. Et y est resté un sacré bout de temps.

    Gloriana est un étrage objet littéraire. Écrit dans une langue précieuse, construit comme un conte cruel qui se moquerait des impératifs du genre dont le moindre n'est pas le fameux "Ils vécurent heureux", c'est une variation sur le thème du pouvoir, image déformée de l'histoire d'Elisabeth I d'Angleterre.  où Henry VIII est transformé en ogre avide de sang, où Arioch est invoqué à tout bout de champ, où la reine incarne une ère de paix et de prospérité, dont la fragilité se révèle au gré des intrigues de cour et des complots qui la minent. C'est brillant, inutile de le nier: Michael Moorcock se livre à une exploration intelligente des multiples visages du pouvoir et des passions humaines, qui n'édulcore rien de ce que les sens peuvent causer comme désastres. Les personnages sont pour la plupart superbes, à la fois archétypaux et complexes, des vieux conseillers à l'espion en passant par une reine déchirée entre son devoir et ses drames de femme. Les descriptions du palais et de ses habitants emportent dans un luxe et une magnificence qui se font au détour d'une salle inquiétants, morbides, voire sordides. Dommage que le récit soit plombé par des longueurs et par un style par moment trop travaillé.

    J'en retire un sentiment étrange, fait d'admiration, et d'un léger ennui, et en tout cas la contentement d'avoir enfin découvert un petit bout de l'oeuvre de Moorcock.

    Moorcock, Michael, Gloriana ou la reine inassouvie, Folio SF, 2000, 569p., 3.5/5

  • Au nord du monde - Marcel Theroux

    aunorddumonde.jpgAu Nord du monde, dans la petite ville d'Evangeline, le sherif Makepeace continue à surveiller, solitaire, les rues désertées, sauvant ce qui peut l'être des ruines qui l'environnent, se défendant parfois contre les quelques hommes et femmes qui passent, survivants de moins en moins nombreux de la catastrophe qui a dévasté le monde.  Mais au coeur de ces terres abandonnées, les preuves de la survie de l'humanité se multiplient, poussant Makepeace à prendre la route.

    Il va être atrocement difficile de parler de ce superbe roman sans dévoiler les surprises qui en font le sel, mais en matière de roman post-apocalyptique, Marcel Theroux a su tirer son épingle du jeu de belle manière.

    Des catastrophes qui ont dévasté le monde, provoqué des mouvements de population massifs, des guerres et la chute de la civilisation, le lecteur ne saura pas grand chose, juste ce que Makepeace peut en raconter, vu de sa ville du bout du monde. Réchauffement climatique, montée des eaux, ce n'est pas tant cela qui importe que ce que devient alors l'humanité tous ses instincts tournés vers la survie. Pas besoin de partir explorer le vaste monde, Evangeline vaut exemple de ce qui a du se produire partout, quand la morale, les lois, la foi même vacillent, à plus forte raison que c'est à l'effondrement d'une utopie que Makepeace a assisté, celle d'une colonie fondée par des Quakers, attachée à des valeurs de fraternité et de paix, à une foi, et dont il ne reste finalement qu'une coquille hantée par son shérif.

    Personnage magnifique que Makepeace dont on découvre petit à petit l'histoire, plein de surprises, attachant jusque dans ses failles, pris au piège d'un monde bien plus violent que la nature aride qui l'entoure. On suit son voyage avec la peur au ventre, on sursaute, on frémit, pris par ce mélange étrange de western, de science-fiction mâtiné de nature writing parfaitement maîtrisé et mené qui mène le lecteur dans une exploration sans pitié de la nature humaine.

    Un texte fort, magnifiquement écrit (et magnifiquement traduit), profond, qui devrait faire le régal aussi bien des amateurs de science-fiction que des autres.

     

    « Étrange, à quel point l’homme n’est jamais plus cruel que quand il se bat pour une idée. »

    Tout est de la faute de Cuné, Keisha a aimé (et donne plein de liens vers d'autres billets)...

    Theroux, Marcel, A Nord du monde, Plon,  2010, 296p., 5/5

  • Jeunes femmes en uniforme - Tereska Torrès

    9782752905154.jpgNous sommes en 1940, des français déterminés à continuer la lutte contre ceux qui ont envahi la France affluent à Londres. Parmi eux, des femmes qui vont intégrer le corps féminin des Forces Françaises libres. C'est la voix de ces femmes que fait entendre Tereska Torrès.

    Jeunes femmes en uniforme un texte inédit en français, qui à sa parution en 1948 aux États-Unis a fait scandale pour sa description sans fard de la vie au sein d'une groupe de femmes venues d'horizons différents. Relations sentimentales et sexuelles, parfois lesbiennes, ennui, disputes, alertes aériennes, difficultés matérielles,Tereska Torrès n'édulcore effectivement rien de ce dont elle a été témoin, au point qu'il faut attendre fort longtemps pour une traduction et une parution en France, l'auteur ayant craint semble-t-il de choquer ses compatriotes, ce qui peut se comprendre tant elle s'éloigne de la geste de la Résistance telle qu'elle a pu s'écrire dans l'immédiat après-guerre. En effet, plutôt que de se pencher sur le spectaculaire, les combats, c'est le quotidien qu'elle décrit, la routine d'une caserne, dans tout ce qu'elle peut avoir d'ennuyeux, les bombardements et leur lot de drames, les longues factions, le travail de secrétariat... En cela, c'est un texte indispensable, voire incontournable pour qui s'intéresse à cette période de l'histoire.

    Reste que j'y ai trouvé des longueurs, un style un peu fade, l'impression de rester en surface de ce qui aurait pu se révéler passionnant avec un peu plus, non pas de romanesque, mais de souffle. Loin de moi l'idée saugrenue de nier le caractère extrêmement intéressant de Jeunes femmes en uniforme, mais force m'est de reconnaître que ce fut une lecture déçevante

    L'avis de Tamara, , Brize,...

    Torrès, Tereska, Jeunes femmes en uniforme, Phébus Libretto, 2011, 187p., 2/5

  • La voie des furies - David Weber

    LaVoieDesFuries.jpgLes pirates qui ont attaqué Mathison ne savaient pas que s'y trouvait l'ex-capitaine Alicia de Vries, commando de choc du Cadre Impérial. Grosse erreur. Laissée pour morte après qu'elle ait abattu ceux qui avaient massacré sa famille, elle survit, sauvée par Tisiphone, l'une des trois Erinyes qui jure de l'aider à accomplir sa vengeance en échange de son âme. C'est le début d'une quête qui va mener la jeune femme au coeur d'un complot qui menace rien moins que l'Empire.

    Amis de la finesse et de la délicatesse, passez votre chemin. Autant le dire immédiatement, La voie des furies joue dans la catégorie gros-rouge-qui-tache du Space Opera. Ce n'est donc pas là qu'il faut chercher un décryptage des luttes de pouvoir interstellaires, une étude des arcanes politiques assaissonnée d'analyse psychologique. Ce n'est pas pour autant que ce n'est pas bon, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Il y a des aliens, de la baston, des guets-apens, du trafic, de l'arnaque à revendre, un univers plutôt pas mal conçu et aucune raison de bouder son plaisir. D'autant que la relation entre Alicia de Vries, l'Erinye qui a élu domicile sous son crâne et, plus tard une I.A. pas piquée des hannetons est plutôt réjouissante. Imaginez donc une minute une créature mythologique confrontée au nec le plus ultra de la technologie et évoluant au fur et à mesure qu'elle se frotte à une jeune femme dont la force d'esprit va de pair avec quelques solides valeurs morales laquelle fusionne avec ce qui se fait de mieux comme I.A.. David Weber développe en tout cas suffisamment son, ou plutôt ses personnages principaux pour qu'on s'y attache un minimum et qu'on voit s'esquisser une réflexion qui si elle n'a rien de révolutionnaire, a le mérite d'exister sur la justice et la vengeance. Même si au final les méchants sont bien les méchants, et les gentils, les gentils et que c'est par les armes que la paix et la sérénité seront rendues aux braves habitants de l'univers.

    Bref, un bon roman d'action, qui ne foule pas un neurone, mais n'est pas non plus fait pour et ne ment pas sur la marchandise. C'est un peu Expendables au pays des étoiles, et ceux qui me connaissent devinent, arrivés à ce point, que j'ai, bien évidemment, beaucoup aimé (oui, je sais, je sais).

     

    Ceci est ma première contribution au Summer Star Wars du RSF blog!

    65254762.jpg

  • L'héritage d'Esther - Sandor Marai

    lheritagedesther.jpgUne femme déjà vieillissante voit soudain ressurgir dans sa vie le seul homme qu'elle ait jamais aimé, l'homme qui l'a presque ruinée avant de disparaître. Et qui vient achever ce qu'il avait si bien commencer vingt ans plus tôt.


    A lire L'héritage d'Esther sans connaître le reste de son oeuvre, je me suis dit que si Sandor Marai excellait, c'est dans l'art de fouiller jusqu'au plus sordide les relations humaines. Pas de regrets, d'envolée lyriques, d'anathème jeté sur le vil séducteur, non, mais une description presque clinique encore que faite par les yeux d'Esther des mécanismes d'une journée qui va la voir perdre le peu qui lui restait. Pourtant, tout le monde connaît Lajos, à commencer par elle, par ce qui reste de sa famille, ses amis, qui tous ont eu à souffrir de ses menées. Mais tous, comme avant, vont retomber dans le même piège, céder devant l'insidieuse séduction de cet homme et son aplomb. 

    Au fil de cette journée, on voit se mettre en place les mécanismes qui vont permettre à Lajos de repartir victorieux. Chaque page distille une violence sourde, glaçante, les détails sordides du passé qui se dévoilent au gré de conversations et des confrontations. On ne peut pas dire que le tout soit follement enthousiasmant, et emporte le lecteur, mais difficile de laisser avant sa chute prévisible cette histoire à l'atmosphère étouffante, ces personnages pris dans l'ennui ou la résignation, dans les certitudes vacillantes d'une bourgeoisie qui perd son rang et son influence. Sans doute parce que le talent de Marai lui permet de rendre palpable cette fin d'un monde, celui d'Esther comme celui de sa famille, la tension entre passé et présent, les ressorts d'une manipulation et d'une capitulation.

    Qu'en dire de plus... Je ne hurle pas au chef d'oeuvre, j'avouerais même m'être parfois un peu ennnuyée, mais il est indéniable que ce court récit m'a donné envie de découvrir les autres oeuvres de Sandor Marai.

    Marai, Sandor, L'héritage d'Esther, Le livre de poche, 2003, 155p., 3/5

    1718394131.jpg