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  • Drôle de temps pour un mariage

     

    Dolly se marie. Elle est non seulement morte de peur mais doit en plus subir une famille des plus excentriques et un prétendant, Joseph,  qui n’a jamais osé se déclarer. Par cette froide journée de mars, la maisonnée va vivre de drôles de moments.
     
    Une journée, une courte journée pour un roman. Le parti pris de l’auteur, Julia Strachey donne un cachet supplémentaire à la petite histoire qu’elle raconte avec une ironie follement anglaise. Il faut dire que la matière est riche avec cette bourgeoisie de l’entre-deux-guerres dont tous les traits sont soulignés. Il y a l’insupportable veuve excentrique et tête en l’air, les jeunes filles faussement rebelles et indépendantes, les jeunes gens bons teints, les vieilles dames indignes, les domestiques, les conventions à respecter et sous le vernis, les piques, les mesquineries, les secrets soigneusement dissimulés. Tout ce qui fait ces délicieux romans anglais. Comme d’habitude, sous l’humour, perce la souffrance, le manque affectif, et le côté obscur de cette société si policée et avide de respectabilité. C’est après tout le récit d’un amour manqué entre Dolly et Joseph, et de leur incapacité à prendre la décision qui aurait pu changer leur vie. On les voit partir l’une vers un mariage qui s’annonce en demi-teintes sinon malheureux, et l’autre vers ses chères études à défaut d’avoir conquis son graal.  Bien que je l’ai trouvé un peu rapide, j’ai pris un grand plaisir à cette lecture et aux gags qui se succèdent sans temps mort, à l’amertume qui affleure laissant le lecteur un peu essoufflé mais enchanté de cette virée dans la campagne anglaise.
     
    L’avis de Manu, de Cathulu, Plaisirsacultiver,…

    Strachey, Julia, Drôle de temps pour un mariage, La petite Vermillon, 2009, 3.5/5

  • Yanvalou pour Charlie

     

    Jeune avocat d’affaire dévoré d’ambition, Mathurin D. Saint-Fort a voulu oublier ses origines pour se tenir désormais du meilleur côté possible de l’existence. Jusqu’au jour où fait irruption dans sa vie Charlie, un adolescent en cavale après une tentative de braquage, qui vient demander son aide au nom des attachements à leur même village natal. Débusqué, contraint de renouer avec le dehors, avec la douleur du souvenir et la misère d’autrui, l’élégant Mathurin D. Saint-Fort embarque, malgré lui, pour une aventure solidaire qui lui fait re-traverser, en compagnie de Charlie et de quelques autres gamins affolées, les cercles de la pauvreté, de la délinquance, de la révolte ou de la haine envers tout ce que lui-même incarne »
     
    Première rencontre pour moi avec Lyonel Trouillot, écrivain haïtien engagé qui porte un regard sans concession sur Haïti aujourd’hui mais loin des clichés que nous pouvons avoir en tête sur cette île.
     
    « Sais-tu ce que signifie le mot yanvalou ? Je te salue, ô terre. La terre n’a pas de mémoire. Le sol sec et pierreux ne garde pas souvenir de la bonne terre arable qui descend vers la mer. Seuls les hommes se souviennent. Où qu’ils aillent, où qu’ils restent, peut-être leur suffit-il de saluer la terre pour que leur passage soit justifié. »
     
    C’est pour moi la phrase qui résume le mieux le roman et son thème : celui de l’identité et des origines. La question que pose le personnage de Mathurin est simple : peut-on oublier, effacer ses origines ? Et à quel prix faut-il payer l’oubli ? Lui était prêt à tout pour oublier d’où il venait, la pauvreté, le village au bord de la mer, la faiblesse de son père. Même à quitter Anne, son maie d’enfance, son amante. Mais on ne peut jamais vraiment disparaître, c’est ce qu’il comprend quand Charlie fait irruption dans sa vie, porteur de tout le désespoir d’enfants perdus par la misère et qui persistent malgré tout à espérer une vie meilleure. Mathruin le cynique va  laisser Charlie entrer dans sa vie et tout bouleverser.
    Haïti, on la découvre à travers les voix de quatre personnages : Mathurin, Charlie, Anne et Nathanael. Chacun parle du monde qu’il connaît : celui des riches, celui de la campagne, celui de la rue, celui de la dissidence politique. Leur point commun : la quête de leur étoile, celle qui va leur apporter le bonheur. Les voix se croisent comme les destins en une musique maîtrisée pleinement mais un peu trop lente pour moi. Certes la plume est agréable, la découverte intéressante, mais j’ai eu le sentiment, tout au long de ma lecture de rester en surface, et de deviner bien longtemps avant qu’elle advienne, la fin de l’histoire. On est entre le polar, le roman Yaninitiatique (celui d'un adulte et celui d'un adolescent se mêlant), le tableau social. Un mélange qui n'a pas réellement pris sur moi. Reste des personnages attachants, et un tableau d’Haïti. intéressant.

    Dda a beaucoup, beaucoup aimé. On en parle aussi sur les Chroniques de la rentrée littéraire, sur le blog de la librairie Mollat,...

    Trouillot, Lyonel, Yanvalou pour Charlie, Actes Sud, 2009, 3.5/5
     

  • La petite dame en son jardin de Bruges

     

    Une nuit, Charles Bertin a rêvé de sa grand-mère, morte depuis un demi-siècle. Au matin, son rêve lui apparaît comme le signe incontestable qu'il est temps pour lui de rendre une visite à la petite dame en son jardin de Bruges. Au fil du voyage, il se souvient de cette vieille dame, des longues vacances d'été dans la maison de Bruges, du jardin et de l'amour qui les a lié.

     Il y a parfois des textes qui touchent au coeur et qui laissent rêveur une fois la dernière page tournée. La petite dame en son jardin de Bruges est de ceux-là. Ses pages débordent d'amour, de tendresse, de souvenirs au teintes toujours vives, et de mélancolie. C'est un texte bouleversant.

    Charles Bertin trace à travers ses souvenirs le portrait d'une femme dont la vie s'est déroulée entre 19e et 20e siècle, pauvreté et petite bourgeoisie, entre une famille qu'elle a fuit et celle qu'elle s'est créée. C'est le regard d'un homme vieillissant sur l'enfant qu'il fut et une grand-mère qu'il a follement aimé et qu'il a de plus en plus aimé à mesure qu'il la comprenait mieux en prenant de l'âge.

    " Mais j'ai mis des années à comprendre d'où elle tirait cette extraordinaire force de catactère qui la séparait du commun et faisait d'elle un être dont la vitalité et l'invention paraissaient inépuisables. Je crois qu'elle en devait la plus grande part à cette grâce particulière dont le ciel l'avait auréolée à la naissance: celle de prendre, au sens littéral des termes, ses désirs pour des réalités. Cette orientation de sa nature, qui l'inclinait à la manière des enfants à accorder la prééminence à l'imaginaire sur le réel et la portait la plupart du temps à adopter comme ligne de conduite le contre-pied du convenu, était une source de constantes surprises pour ses proches." Il y a bien sûr dans ces pages une réflexion sur le souvenir, sur le fait de quitter l'enfance, sur la transmission. Mais c'est surtout Thérèse-Augustine qui est au centre de tout: une vieille dame à l'humour dévastateur, à la volonté sans faille, à la fantaisie capable d'illuminer la vie d'un petit garçon. Une vieille dame qui veut que son petit-fils ait une vie exceptionnelle et qui est prête à tout pour cela: lui emprunter en douce ses livres de classes et ses romans, l'emmener dans des promenades historiques sans fin dans Bruges,... Une manière pour elle de prendre sa revanche sur une vie qui l'a contrainte à quitter l'école à 12 ans, à se battre pour quitter la ferme de ses parents, à se faire épouser pour changer de vie. Petit à petit, on voit un lien d'amour exceptionnel se tisser entre la grand-mère et l'enfant, un lien qui se construit sur un passé partagé, un présent partagé dans la tendresse et l'humour. Les souvenirs qu'évoque Charles Bertin sont les fils de ce lien: "C'est à la lumière de souvenirs comme celui-là que je comprends aujourd'hui pourquoi je l'ai tant aimée."

    Ces souvenirs sont égrenés les uns après les autres, souvent drôles, parfois douloureux. Presque toujours magiques. Charles Bertin parvient à faire vivre la maison de Bruges, son jardin, la plage du Coq, la ville et ses marchés, le cinéma. Par moment, ce qu'il racontait me ramenait à des épisodes vécus, des sensations à demi oubliées, des petits bonheurs.

    Il y a de plus de très belles pages sur la lecture dans La petite dame en sont jardin de Bruges: l'amour des livres est encore une chose que partagent la vieille dame et l'enfant. L'une a commencé parce que les livres sont sa revanche sur une vie qui l'a forcée à endosser le rôle d'épouse et de mère, l'autre parce qu'il s'évade.

    "Ainsi qu'on pouvait l'espérer, le temps fit son oeuvre dans l'esprit de ma grand-mère. Au fil des mois, la pratique des livres dans laquelle elle n'avait vu à l'origine que le symbole de sa libération et l'instrument d'une revanche sur le destin, finit par se muer en passion toute pure. Elle connut la surprise d'accueillir en elle, avec la violence des tentations majeures, le besoin de dévorer le monde des autres pour en faire sa substance. Mais comme elle ne disposait pas des instruments de mesure qu'une éducation élémentaire aurait pu lui apporter, elle ne parvint jamais à faire la distinction entre le meilleur et le pire: sa disponibilité permanente à l'égard de tous les dépaysmenents de l'imaginaire l'amenait à absorber avec la même avidité Balzac et Paul Bourget, Zola et Paul Prévost, Maupassant et Henry Bordeaux. Chaque lecture lui ouvrait les portes d'un ailleurs fabuleux, étranger aux mesquineries de la vie quotidienne, où tout était signe et couleur, innocence et plaisir. Il était inévitable qu'en me voyant plongé à toute heure du jour dans ces récits d'aventure qui avaient assez d'empire sur mon esprit pour que j'en oublie l'heure des repas, elle en arrivât à s'intéresse elle-même à mes lectures. C'était d'ailleurs tout à fait dans la ligne du plan qu'elle avait conçu à mon sujet. Ce qu'elle n'avait pas prévu, c'est qu'elle se prendrait au jeu, et qu'après avoir dévoré en deux ou trois semaines tout le lot de livres que j'avais apportés dans mes bagages, elle me presserait de l'accompagner à la bibliothèque pour l'aider à en choisir d'autre.

    Pour finir prisonniers du plaisir de lire et de partager leurs lectures. On "voit" Charles Bertin sourire quand il évoque le moment où il s'est aperçu que sa grand-mère lui empruntait la nuit ses romans d'aventure: "Je découvris un jour qu'elle avait pris l'habitude de lire à mon insu les mêmes romans que moi. Un matin, je m'aperçus que le volume abandonné la veille sur mon lit avait disparu dans mon sommeil. Je me disposais à accuser le fantôme de la maison, lorsque j'eus l'idée de confier à ma grand-mère l'étonnement que je ressentais en découvrant sur la table du salon le Jack London ou le Mark Twain sur lequel je m'étais endormi la nuit précédente; elle m'avoua sans se troubler qu'il n'y avait sous notre toit d'autre fantôme qu'elle-même."

     Charles Bertin offre un texte plein de poésie et d'une force évocatrice qui ramène à nos propres souvenirs. C'est un petit bijou, une bulle de plaisir que je vais conserver précieusement et offrir, parce que le bonheur, ça se partage!

     Lily, Malice en parlent.

    Bertin, Charles, La petite dame en son jardin de Bruges, Actes Sud, 1996, 5/5

  • Le ciel de Bay City

     

    Rares sont mes échecs de lecture dont je parle dans ce blog. Tout simplement parce qu’en général je n’ai pas envie d’en parler. Mais Le ciel de Bay City fait partie de ces rares romans qui m’ont tellement agacée que je ne les ai non seulement pas terminés, mais qui m’ont aussi laissée en colère.
    Même en frôlant l’overdose de récits sur la Shoah et ses conséquences sur les victimes et descendants de victimes, je n’avais pas franchement d’a priori en commençant ce roman. Je manquais d’un peu de motivation, mais rien d’insurmontable. Je m’attendais en fait à un texte fort, empreint de noirceur. Le hurlement de souffrance d’une jeune femme portant sur ses épaules le destin d’une famille en grande partie décimée dans les camps de concentration. C’est exactement ça : Amy raconte les quatre jours qui ont précédé l’incendie de la maison familiale, et la mort de ce qui lui restait de famille, elle raconte l’enfance entre une mère qui ne l’aime pas et une tante qui en fait une sainte, la difficulté de se construire, l’impossibilité de sortir du désespoir malgré l’ivresse et l’amour. C’est un long monologue, répétitif, glauque, où il est difficile de faire la part du vrai, du fantasmé, des hallucinations.   Je l’ai trouvé insupportable. Il est vrai que le style de l’auteur est étonnant, maîtrisé, mais il n’a pas fonctionné sur moi et m’a mené à l’écoeurement. Je ne pouvais plus supporter cette image du ciel dont les couleurs défilent et dont le vide devient une sorte de symbole du vide intérieur de la narratrice et de l’impasse dans laquelle elle se trouve. J’ai malgré tout parcouru les dernières pages : l’espoir renaît dans une certaine mesure sans que le mal ait disparu pour autant.
     
    L’avis de Venise, Martine Laval, Papillon, Lucie Renaud a aimé et donne pléthore de liens intéressants, Marielle en fait une analyse intéressante.

    Mavrikakis, Catherine, Le ciel de Bay City, Sabine Weispiser, 2009, 2/5

  • Eifelheim

     

    1348 en Forêt-Noire, un astronef s'écrase près du petit village d'Oberhochwald. Des créatures étranges survivent au crash, mettant à l'épreuve les habitants du village et leur pasteur, Dietrich, homme cultivé qui a étudié les sciences et la philosophie.

    1349, le village est rayé de la carte. D'histoires en légendes, il devient Eifelheim, le lieu maudit où le diable s'est établi.

    Aujourd'hui, Tom Schwoering, historien cliologue cherche à comprendre pourquoi Eifelheim n'a jamais repris vie. Ses recherches vont croiser de bien étrange manière celles de sa compagne, Sharon Nagy, cosmologue réputée.

    Soyez d'ors et déjà averti, je vais ici hurler toute ma reconnaissance à Michael Flynn pour m'avoir sortie du marasme dépressif dans lequel m'avait plongé la rentrée littéraire. Tombant de Charybde en Scylla, j'avais ni plus ni  moins l'impression que plus jamais je ne lirais quoi que ce soit susceptible de déclencher chez moi un fol enthousiasme. Erreur de ma part, bien évidemment. Il est vrai, que j'ai l'enthousiasme facile.

    Ceci dit, dans ce cas précis, mon enthousiasme est à mon humble avis, tout à fait justifié. Eifelheim est non seulement un roman original, mais en plus superbement construit et passionnant. Rien de moins.

    Original, il l'est par l'utilisation que fait l'auteur du Moyen-Âge. Habituellement, celui-ci sert d'ingrédient assaissonné à toutes les sauces par la fantasy médiévale. Il est beaucoup plus rarement utilisé par la science-fiction, et encore plus rarement par la hard science-fiction. Or, Michael Flynn parvient de manière étonnante à mélanger le 14e siècle et les technologies de voyage interstellaire tout en offrant au passage de très belles pages sur le choc des cultures, l'acceptation de l'autre, et la vie intellectuelle du Moyen-Âge.

    C'est un roman infiniment intelligent, ne serait-ce que par le tableau qui est brossé du Moyen-Âge. On sent que Michael Flynn s'est documenté sérieusement. Jamais il ne fait de cette période le pseudo-âge de l'obscurantisme qui est un des clichés les plus répandus au sujet de cette période. Non, les hommes du 14e siècles n'étaient pas des barbares incultes et violents. Non, ils n'étaient pas des fanatiques enclins à pousser au bucher tout ce qui n'avait pas l'heur de leur ressembler. Cela, le lecteur le découvre à travers la chronique de la vie quotidienne d'un petit village de la Forêt-Noire, chronique qui aborde bien des aspects de la vie de l'époque: culture des terres, justice, vie religieuse et spirituelle, commerce, loisirs et fêtes, rôle du seigneur des terres... On est littéralement immergé dans la vie de cette communauté, attachante par bien des aspects et on frémit pour eux quand la peste d'invite à la fête. L'identification n'est guère difficile, ces hommes et ces femmes ressemblent par bien des aspects à ceux que nous pouvons croiser tous les jours, avec leur part d'ombre, leur bêtise pour certains, leurs peurs, leurs bonheurs.

    Par contre, le fait qu'ils fonctionnent selon des schémas mentaux et sociaux qui nous sont presque totalement étrangers est aisément perceptible à travers la rencontre des oberhochwaldois et des extra-terrestres qui seront vite appelés Krenkens. Je parlerais un peu plus tard des tenants et aboutissants de cette rencontre. Elle est en tout cas le point de départ d'une confrontation des points de vue entre les communautés, et surtout, entre le pasteur Dietrich, homme cultivé et scientifique, et les Krenkens. Ce sont deux visions de la nature et de ses mécanismes qui s'opposent, reposant sur des conceptions extrêment différentes du monde, rationnalité scientifique d'un côté, rationnalité scientifico-spirituelle de l'autre, se rejoignant parfois, mais se heurtant souvent à une incompréhension profonde. De mêmes mots peuvent recouvrir des significations et des concepts extrêmement différents. Je rejoins Nebalsur ce point: par moment, les Krenkens nous sont plus compréhensibles que les humains. Preuve en est que bien des siècles plus tard, les humains ont les clés nécessaires (pour certains du moins) pour comprendre ce que les Krenkens ont laissé derrière eux. Eifelheim est un roman fourmillant, qui plonge en profondeur dans les arcanes de la pensée médiévale et de la science qui en découle. C'est passionnant de croiser la route de Buridan, d'Occam, et de voir confronter leurs idées à la conception du monde des Krenkens.

    Le roman est rythmé par les oppositions: opposition entre Oberhochwald et les Krenkens qui s'y sont échoués, opposition entre Tom l'historien et sa compagne physicienne, opposition entre 1348 et nos jours, oppositions dans l'Eglise aussi, opposition entre les religieux et les scientifiques. Ce jeu constant permet d'introduire des éléments de réflexion sur la manière dont nous appréhendons le monde qui nous entoure et l'Autre. J'ai pensé par moment à la controverse de Valladolid qui aura lieu deux siècles plus tard, avec ce questionnement sur l'âme qui obsède Dietrich: lui accepte que ses étranges visiteurs aient une âme, et bien que différents des humains, puissent et doivent être sauvés. D'autres voient en eux des démons. La facilité n'est donc pas au rendez-vous. Les extra-terrestres ne sont pas acceptés si facilement, voire pas acceptés. du tout dans certains cas.  Cela donne à la rencontre un aspect réaliste assez étonnant. Il y a sans doute quelques facilités dans l'aspect des krenkens, dans les technologies utilisées. Mais on voit petit à petit les relations entre les humains et les extra-terrestres évoluer, du rejet et de la peur à l'amitié et la connaissance, ou stagner au stade de la terreur. Aucun sentiment de superficialité ou d'irréalité: les liens se forgent au fil des épreuves partagées, des joies aussi. Et les tensions persistent. Eifelheim, raconte aussi de quelle manière des communautés très différentes peuvent apprendre à vivre ensemble, et combien les liens sont fragiles.

     Seul bémol pour moi, les passages philosophies et scientifiques sont parfois un brin déroutant si on n'est pas en forme. Et la vie de Tom et Sharon bien moins intéressante que ce qu'il se passe en Forêt-Noire, même si j'ai bien compris l'intérêt de ces passages contemporains dans l'intrigue: ouverture sur le future de l'humanité, réflexion sur l'histoire et la manière dont les hommes font l'histoire, découverte du passé.

    En dehors de ça, j'ai passé quelques jours de pur bonheur en Allemagne médiévale. Par pitié, ne vous arrêtez donc pas à la couverture absolument hideuse (encore que finalement assez bien trouvée)! Le contenu vaut la peine de passer outre!

    On en parle sur Sci-Fi Universe, sur le Cafard Cosmique, sur ActuSF, chez Manu qui n'a pas trop aimé,  d'Angua, chez Nebal, chez SBM.

    Flynn, Michael, Eifelheim, Ed. Robert Laffont, 2008, 5/5