Rares sont mes échecs de lecture dont je parle dans ce blog. Tout simplement parce qu’en général je n’ai pas envie d’en parler. Mais Le ciel de Bay City fait partie de ces rares romans qui m’ont tellement agacée que je ne les ai non seulement pas terminés, mais qui m’ont aussi laissée en colère.
Même en frôlant l’overdose de récits sur la Shoah et ses conséquences sur les victimes et descendants de victimes, je n’avais pas franchement d’a priori en commençant ce roman. Je manquais d’un peu de motivation, mais rien d’insurmontable. Je m’attendais en fait à un texte fort, empreint de noirceur. Le hurlement de souffrance d’une jeune femme portant sur ses épaules le destin d’une famille en grande partie décimée dans les camps de concentration. C’est exactement ça : Amy raconte les quatre jours qui ont précédé l’incendie de la maison familiale, et la mort de ce qui lui restait de famille, elle raconte l’enfance entre une mère qui ne l’aime pas et une tante qui en fait une sainte, la difficulté de se construire, l’impossibilité de sortir du désespoir malgré l’ivresse et l’amour. C’est un long monologue, répétitif, glauque, où il est difficile de faire la part du vrai, du fantasmé, des hallucinations. Je l’ai trouvé insupportable. Il est vrai que le style de l’auteur est étonnant, maîtrisé, mais il n’a pas fonctionné sur moi et m’a mené à l’écoeurement. Je ne pouvais plus supporter cette image du ciel dont les couleurs défilent et dont le vide devient une sorte de symbole du vide intérieur de la narratrice et de l’impasse dans laquelle elle se trouve. J’ai malgré tout parcouru les dernières pages : l’espoir renaît dans une certaine mesure sans que le mal ait disparu pour autant.
L’avis de Venise, Martine Laval, Papillon, Lucie Renaud a aimé et donne pléthore de liens intéressants, Marielle en fait une analyse intéressante.
Mavrikakis, Catherine, Le ciel de Bay City, Sabine Weispiser, 2009, 2/5