Dolly se marie. Elle est non seulement morte de peur mais doit en plus subir une famille des plus excentriques et un prétendant, Joseph, qui n’a jamais osé se déclarer. Par cette froide journée de mars, la maisonnée va vivre de drôles de moments.
Une journée, une courte journée pour un roman. Le parti pris de l’auteur, Julia Strachey donne un cachet supplémentaire à la petite histoire qu’elle raconte avec une ironie follement anglaise. Il faut dire que la matière est riche avec cette bourgeoisie de l’entre-deux-guerres dont tous les traits sont soulignés. Il y a l’insupportable veuve excentrique et tête en l’air, les jeunes filles faussement rebelles et indépendantes, les jeunes gens bons teints, les vieilles dames indignes, les domestiques, les conventions à respecter et sous le vernis, les piques, les mesquineries, les secrets soigneusement dissimulés. Tout ce qui fait ces délicieux romans anglais. Comme d’habitude, sous l’humour, perce la souffrance, le manque affectif, et le côté obscur de cette société si policée et avide de respectabilité. C’est après tout le récit d’un amour manqué entre Dolly et Joseph, et de leur incapacité à prendre la décision qui aurait pu changer leur vie. On les voit partir l’une vers un mariage qui s’annonce en demi-teintes sinon malheureux, et l’autre vers ses chères études à défaut d’avoir conquis son graal. Bien que je l’ai trouvé un peu rapide, j’ai pris un grand plaisir à cette lecture et aux gags qui se succèdent sans temps mort, à l’amertume qui affleure laissant le lecteur un peu essoufflé mais enchanté de cette virée dans la campagne anglaise.
L’avis de Manu, de Cathulu, Plaisirsacultiver,…
Strachey, Julia, Drôle de temps pour un mariage, La petite Vermillon, 2009, 3.5/5