Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 3

  • Livresquement votre

    ce week-end, j'ai fait une bonne action. Oui, une bonne action. J'ai enfin lu un des ouvrages lâchement abandonnés sur ma PAL! Victoire, chants de gloire et de soulagement. Bref!

    Il s'agit de la suite d'un livre que j'avais, à la lointaine époque où je ne tenais pas encore ce blog, beaucoup, beaucoup, beaucoup aimé. D'où une petite séquence nostalgie (je laisse la bande son à votre libre appréciation).

     

     

    L'affaire Jane Eyre: Thursday Next vit dans un monde où la littérature est presque une religion. Où rien n'est plus important qu'une pièce de Shakespeare, où les plagiats font scandale. A tel point qu'une brigade spéciale des Op-Specs a été créée pour s'occuper des affaires littéraires! Accessoirement, il y a également dans ce monde: des gens capables de voyager dans le temps, des dodos ressucités, des vampires, des multinationales prêtes  à tout pour dominer le monde, et des individus bizarres dont font partie la plupart des membres de la famille Next. Papa, voyageur du temps est censé ne plus exister, oncle Mycroft invente des machines étranges qui permettent de rentrer dansles livres et je vous en passe. C'est d'ailleurs à cause d'une de ces machines bizarres qu'Achéron Hadès, le Mal, kidnappe Jane Eyre. Heureusement, Thursday est là pour prendre les choses en main entre deux verres, trois souvenirs, un certain nombre de tasses de thé et quelques déboires sentimentaux.

     

     

     

     

    Délivrez-moi: où l'on retrouve Thursday mariée, enceinte et menant une vie toujours trépidante. Son nouveau statut de sauveuse de Jane Eyre ne la met pas à l'abri du retour de la vengeance des méchants du premier tome. Son tendre époux éradiqué, les tentatives de meurtres sur sa personne, le chantage et un logeur agaçants vont mettre le feu aux poudres.

     

    Bon, aucun des deux tomes de cette série n'est facile à résumer. A la base, c'est la quatrième de couverture du premier tome qui m'a convaincue: uchronie déjantée, roman policier, lecture jubilatoire. Bon, bon, bon... Qui aurait résisté??

    Et je n'ai pass été déçue du voyage! De décalage en décalages avec notre réalité, Jasper Fforde invente un monde presque complétement différent.  On y découvre des inventions burlesques, une nouvelle religion totalement déjantée avec des saints aux noms imprononçables, des lobbies pro-Shakespeare à l'influence politique énorme, des intégristes littéraires, des gravitubes qui permettent de traverser le centre de la Terre, des migrations de mammouths et un certain nombre d'autres choses.

    S'y ajoute un sens du rythme, du suspense et de l'action, un humour jouissif et un sens de la répartie qui laissent pantois le lecteur qui a eu l'heureuse idée d'ouvrir ces pages.

    Le meilleur reste quand même l'immense amour de la littérature, des livres et de la lecture qui irrigue ces pages. L'idée qu'il est possible de rentrer dans les livres, de rencontrer leurs personnages et de discuter avec eux est proprement génial. L'esquisse de cet univers amorcée dans L'affaire Jane Eyre est développée dans Délivrez-moi. Et c'est le bonheur. On découvre la Jurifiction, police interne des livres, on passe de l'autre côté du rideau, pour apprendre ce qu'il se passe à la fin des chapitres, on tremble face aux virus orthographiques, on est intrigué par les nouvelles technologies comme le transfert par ISBN, on communique par note de bas de page. Et on fait la connaissance de personnages savoureux, les personnages de Fforde lui-même bien sur, mais aussi ce qu'il fait de ceux de Dickens, de Jane Austen, de Lewis Carroll. Je ne me suis pas encore remise du Chat du Cheshire en bibliothécaire! Et d'une scène de solde dans une librairie digne des LCA!

     

    Vous l'aurez deviné, j'aime Japser Fforde! Et j'ai bien du mal à faitre passer tout ce que contiennent ses histoires. Ses livres me mettent la patate et le sourire aux lèvres! Fortement conseillé!

     

    "Ce n'étaient pas simplement des mots assemblés sur une page pour créer une impression de réalité - chacun de ces volumes étaient la réalité. Ces livres-là ressemblaient à ceux que j'avais lus chez moi comme une photographie ressemble à son sujet. Ces livres étaient vivants!"

     

    "Je m'arrêtai de lire lorsque je fus certaine que j'étais complétement dans Raison et sentiments et écoutai Marianne achever son monologue:

    ... insensible aux changements chez ceux qui se promènent dans votre ombrage! Mais qui sera là pour en profiter?"

    Elle poussa un soupir mélodramatique, joignit les mains sur sa poitrine et saglota sans bruit une minute ou deux. Puis elle enveloppa du regard la grandemaison à la façade blanche et se tourna vers moi.

    - Bonjour! fit-elle d'un ton amical. Je ne voux ai encore jamais vue par ici. Vous travaillez pour la Juri-machin-truc?

    - On ne doit pas faire attention à ce qu'on dit? balbutiai-je en regardant nerveusement autour de moi.

    - Ciel, non! s'exclama Marianne avec un rire enchanteur. Le chapitre est termijné, et puis ce livre est écrit à la troisième personne. Nous sommes libres de nos faits et gestes jusqu'à demain matin, quand nous partirons pour le Devon."

     

    L'avis de Flo, de Lou, d'Allie, de Lilly. Certaines ont aimé, d'autres moins! Je vous laisse juges!

  • Balade pour un père oublié

    Une fois n'est pas coutume je vais parler d'une déception. Moi qui suis plutôt bon public (sauf pour Marc Lévy mais ceci est une autre histoire), et qui ai aimé Le magasin des suicides, je suis contrainte d'admettre que je n'ai pas aimé ce opus de Jean Teulé.

    Un jeune homme part à la rencontre de dix femmes qu'il a connu dans divers sens du terme, dix femmes qui ne le reconnaissent pas. Tel un petit prince couvert de nuit et d'étoiles, il est à la recherche de son identité.

    La construction est intéressante, le propos prometteur. Que devient un homme lorsqu'on ne se souvient pas de lui, losrqu'il est tellement banal et transparent que même celle qui lui a donné la vie ne se souvient ni de son visage, ni de son nom. Mais l'étrangeté des personnages ne fait pas mouche. Le fantastique qui s'instille laisse de marbre. Je me suis ennuyée. Certains passages m'ont laissée perplexe tant par ce qu'ils disent des relations humaines et amoureuses que par leur aboutissement. Voler un bébé, entrer par effraction dans un domicile, agresser... C'est un conte cruel, certes, mais qui contrairement à ce qui était annoncé en quatrième de couverture, ne m'a pas fait rire du tout. La légereté et l'ironie qui faisant la saveur du Magasin des suicides n'a pas fonctionné pour moi dans ce cas.

    Yue Yin n'est pas de mon avis, Livrovore non plus.

    Jean Teulé, Balade pour un père oublié, Julliard, 1995, 168 p.

  • Où sont les adolescents, lalalala

    En guise de clôture d'une journée pourrie (reprise de la formation, vol de carte bleue, sandales cassées, boutons en tout genre, etc.), je me suis offert une virée à la bibliothèque et la lecture de quelques bons romans ados. Dont acte, du plus drôle au plus dépressif.

      Marie Desplechin, Jamais contente - Le journal d'Aurore: le journal intime d'une adolescente comme les autres, Aurore, 15 ans. Elle n'aime pas écire, elle n'aime pas lire, elle n'est jamais contente. Et c'est terriblement drôle. On se croirait revenu au temps de l'acné, des abominables parents et du collège. Avec des exagérations, quelques clichés, mais c'est bon pour le moral.

    Extrait: "C'est clair: tout le monde écrit son journal, spécialement les filles, spécialement les filles moyennes. Je le sais. Moi aussi je passe par le rayon livre en entrant au supermarché. Le plus dingue, c'est que les bouquins sont publiés. Les filles en question ont des prénoms américains impossibles, type feuilleton pour gnomes sur M6 - en version française apparemment on en vendrait moins. Le français est juste la vieille langue déprimante, je regrette mais c'est la conclusion universelle. Passez du rayon livres au rayon film, et là, tapez-vous la tête contre les murs: il y a des types pour en faire des films! Dans mon intérêt personnel, je en vois pas pourquoi je lirais les journaux des autres. Moi aussi, j'ai une vie. Je me demande quel genre de film on peut faire avec une vie où il ne se passe rien. Genre la mienne. Une sorte de documentaire animalier, j'imagine. La vie du rat-taupe sur les plateaux d'Abyssinie. En moins palpitant.

      Olivier Adam, Sous la pluie: la mère d'Antoine est belle, elle est adorable, mais elle est étrange, un peu folle. Et usante pour ceux qui vivent avec elle au quotidien. Le regard éperdu et ensible d'un petit garçon perdu sur sa mère et le couple qu'elle forme avec son père. Les peurs, les doutes les angoisses d'un enfant qui gradit, qui tombe amoureux et qui est confronté à la cruauté du monde des enfants. C'est un beau texte.

      Arnaud Cathrine, La vie peut-être: Florian ne se remet pas de la mort de Sofia son amie, sa soeur, sa moitié, son tout. Il refuse, il se perd lui-même et cherche à aller jusqu'au but de son deuil, quitte à se faire enfermer dans l'hôpital psychiatrique où Sofia est morte. C'est là que contre toute attente, il va reprendre goût à la vie.

    Un texte magnifique sur l'amitié, la mort, la solitude, sur cet absolu qui existe parfois dans les relations humaines. Juste des mots crus et forts qui essaient de dire la souffrance. Je ne connaissais Arnaud Cathrine que par sa réputation et ses textes pour les plus petits,et j'ai été impressionnée par ce texte. Dur, mais vraiment très beau.

    Ils sont tous publiés dans la collection Médium de l'Ecole des loisirs. Par contre, j'ai une question... Pourquoi le happy end est-il la norme dans les romans pour adolescents?

    Extrait: "Les seuls moments où je me suis senti vivant, c'est avec toi. La seule seconde de ma vie où je me suis senti vivant, c'est la longue et géniale éternité que j'ai passé à tes côtés, en quelques années. Il y en a qui disent que l'éternité c'est trop long. Les cons."

  • Dear old Jane

    Séduite par son titre et alléchée (telle le corbeau) par ce que j'ai pu en lire ici ou là, je me suis décidée à me lancer dans Le culb Jane Austen de Karen Joy Fowler.

    De nos jours (ou presque), un club particulier s'ouvre en Californie. Il réunit cinq femmes unies par leur amour de Jane Austen et de son oeuvre, et un homme, qui ne sait guère, le malheureux, où il a mis les pieds. Sur une année, nous allons suivre les péripéties quotidiennes, familiales, amoureuses, professionnelles de ces personnages. Jocelyn et ses chiens, Sylvia et son mari volage, Allegra et ses amours difficiles, Prudie et son français adoré... Toutes et tous cachent des blessures, des amours, un passé dont ils vont se faire l'écho l'un après l'autres. Six livres, six réunions vont scander ces récits de vie.

    Les personnages sont attachants. Il est agréable de les suivre, de découvrir ce qu'ils cachent sous la façade qu'ils présentent au monde, ce qu'ils pensent les uns des autres. Rien de bien particulier ne se passe. C'est vraiment une chronique de la vie quotidienne, rythmée par ces rencontres et ces échanges autour de Jane Austen. Parfois un peu longuette, mais jamais désagréable. On se prend d'amitié pour les uns et pour les autres.

    Il va sans dire que l'auteur apprécie cette vieille Jane. Mais finalement, elle n'est qu'un prétexte. J'ai d'ailleurs été un peu destabilisée au départ. Je cherchais un rapport entre les oeuvres qui scandent le passage du temps et les aventures des personnages, un rapport qui n'existe pas, ou alors que je n'ai pas trouvé. Reste des idées amusantes, des réflexions originales ou pas  sur une oeuvre que j'apprécie, à titre personnel, énormément. Rien que pour se retrouver entre amoureuses de cette oeuvre, cette lecture en valait la peine. Et puis aussi des réflexions sur la lecture, sur le partage. On se retrouve un peu dans ces passionnées qui regardent d'un (assez) sale oeil qui ose profaner l'Oeuvre! Qui n'a pas eu ces marottes un peu exclusives!

    Bref, un roman agréable à lire, qui va tranquillement son petit bonhomme de chemin. Pas nécessaire en plus d'avoir lu Jane Austen pour comprendre, même si je pense qu'il faut  connaître un minimum son oeuvre pour réellement apprécier. Rien d'inoubliable, mais un bon moment de lecture.

    "En fait, c'est Austen qui écrit les livres vraiment dangereux, continua Allegra. Des livres auxquels les gens croient vraiment, même des siècles plus tard. Que le courage sera reconnu et récompensé. Que l'amour prévaudra. Que la vie est une belle histoire d'amour."

    Karen Joy Fowler, Le club Jane Austen, Gallimard Folio, 2007, 374 p.

  • Cahiers de verdure

    Et bien il semblerait que je sois en passe de guérir d'une de mes maladies: l'incapacité chronique de lire de la poésie. Comment définir cela... Une résistance à toute épreuve aux vers... Des crises de fou rire à la lecture de Lamartine... Des éruptions de boutons avec Hugo... C'était sans aucun doute que je n'étais pas encore tombée sur un poète capable de me toucher. Ceci dit, la guérison se faisait sentir. Mon cas n'était pas désespéré!

    C'est pour cela que j'ai été touchée et fascinée par Philippe Jaccottet. Cahiers de verdure, suivi de Après beaucoup d'années est un recueil de poèmes et de courts textes qui parlent de la nature, de la montagne, et de l'amour de Jaccottet pour ces lieux. Il dit, avec des mots très simples et très beaux le soleil qui se couche, les arbres et les fruits, les combes et les torrents. Et c'est fou, on sent, on entend, et on revit des soirs d'été que l'on a vécu.

    Une magnifique découverte.

    "Comme quand traine un peu de brume sur une source qui a pris la couleur des plantes qui l'abritent, un trouble embué. Le voile qui amortit et qui aiguise la violence montée des profondeurs.

    Des êtres jamais vus, comme assis sous des nuages dont le bord serait argenté par la lune.

    Avant que tu ne passes une bonne fois au nombre des fantômes, écris qu'il n'y a pas de plus haut ciel que cette source couleur d'herbe."

    Philippe Jaccottet, Cahiers de verdure, suivi de Après beaucoup d'années, Poésie/Gallimard, 2003, 197 p.