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  • Quand le blues vous tient

    Très agréablement surprise par ma lecture de Strawbery Shortcakes, j'ai décidé de voir un peu ce que donnent ses autres oeuvres. Dont acte, et critique circonstanciée. On rtrouve dans Blue et Everyday le même dessin relativement destructuré un peu destabilisant au départ, avec des gros plans décalés, et ce trait malgré tout agréable. Seul bémol, la difficulté persistante à reconnaître les personnages. Ou alors je n'étais vraiment pas réveillée, ce qui, en l'état actuel des choses, est tout à fait possible!

     

    Blue:chronique de l'amour-passion qui naît entre deux lycéennes. Kiriko Nananan pose un regard toujours sans concession mais tendre sur ces jeunes filles et jeunes femmes qui se cherchent, et sur une jeunesse avide d'expérimenter et sujette aux sentiments les plus exacerbés. Elle traite ici avec finesse de la question de l'identité sexuelle, de l'homosexualité, et interroge son lecteur sur ce qu'est l'amour. Un beau manga.

     

    Everyday: Kiriko Nananan se penche cette fois-ci sur les relations de couple avec l'histoire de Miho et Seiichi. Ils s'aiment, ils vivent ensemble, mais Miho s'interroge: doit-elle continuer à entretenir Seiichi qui tente de percer dans la musique au risque de se perdre elle-même, ou retourner vers son premier amour... On a presque l'impression de se retrouver dans un shôjo à la lecture de ce résumé, mais on en est loin je peux vous le garantir! Prostitution, avortement, mariage, travail, tout y passe! Et les hommes n'ont pas plus le beau rôle avec leurs atermoiements et leurs lâchetés que les femmes amoureuses et faibles. Miho avec ses doutes est ausi insuportable que ses amoureux!

     

    Bref, voilà qui confirme tout le bien que je pense de cette mangaka! Une belle manière de découvrir la société japonaise contemporaine. Avec un petit faible pour Yesterday, plus abordable que Blue ou Strawberry Shortcakes.

    Kiriko Nananan, Blue, Casterman, Sakka, 2004, 232p.

    Kiriko Nananan, Everyday, Casterman, Sakka, 2005, 204p.

     

     

  • Horizons lointains

    Connaissez-vous la meilleure manière de planer dans le métro? Oui, je vous l'accorde, entre le boucan, les odeurs, les gens qui vous tombent dessus, l'harmonieux bip de fermeture des portes, la foule et le reste, ce n'est pas facile. Méthode imparable: dégainer un roman de Haruki Murakami, visser les écouteurs sur les oreilles (je vous laisse le choix de la bande-son, moi en ce moment j'oscille entre Mika et Schubert) et youp là (boum dans mon cas quand je tombe)!

    Alors, Murakami. Et pour être plus précise Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil. J'ai aimé. Ben oui. Dites-moi donc comment vous faites, vous, si vous n'aimez pas Haruki!

    Pitit résumé: enfant unique et solitaire, Hajime rencontre à l'école Shimamoto-san, même âge, jolie et handicapée. Leur amitié, intense, amoureuse, est brisée par un déménagement. Hajime, malgré la souffrance de cete séparation va constuire sa vie: mariage, enfants, travail. Jusqu'au jour où Shimamoto réapparaît et où l'équilibre qui s'était installé est menacé.

     

    Comme d'habitude, Murakami excelle à décrire les affres de l'amour, des premières expériences et de la vie tout court. On trouve de tout dans ce roman. Une description criante de vérité de la solitude et de la psychologie du solitaire, une réflexion sur l'amour et l'insatisfaction, de la musique et cette plume si particulière. Et surtout, surtout, on retrouve cette capacité effarante du bonhomme à instiller tout doucement le doute. Qu'est-ce qui est réel, qu'est-ce qui ne l'est pas, jusqu'au dernières pages qui remettent en question tout ce qu'il vient de se passer. Du grand art.

    C'est un roman étrange qui souffle à la fois le chaud d'une sensualité et d'une sexualité assumée et d'autant plus forte qu'elle a été réprimée pendant une vingtaine d'année, et le froid de ces personalités étranges. Le chaud d'un amour qui se trouve enfin complet et le froid d'une fuite incompréhensible. J'ai aimé son atmosphère particulière, ses personnages qui ne sont pourtant pas sympathiques, la mélancolie et le désenchantement. C'était juste beau!

    Les avis de Papillon, Flo.

    Haruki Murakami, Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil, 10/18, 2003, 223 p.

  • Super-je-mets-les-pieds-dans-le-plat

    Alors ça, c'est vraiment, vraiment drôle.

    Tom est un humain. Un humain ordinaire, tout bête, avec dix doigts, deux jambes et l'ensemble des accessoires requis pour être qualifié de normal. Sauf que Tom a pour amis, pour ex-petites amies, pour femme et pour meilleurs ennemis des super héros. Et que la vie n'est pas toujours facile, même (surtout) quand on a des super pouvoirs. Parce qu'il y a toujours quelqu'un pour vous pourrir la vie. Par exemple, vous hypnotiser de manière à vous faire oublier l'homme de votre vie le jour même de votre mariage...

    On se retrouve donc dans un texte assez court, facile à lire, avec des héros et super héros tous plus incongrus les uns que les autres; Super-je-tape-l'incruste, Super-Influenceuse, Super-je-tombe-tout-le-temps, Super-amphibien, Super-je-prends-la-faute-sur-moi, je vous en passe et des meilleures (non, ce n'est pas le nom d'un super héros là). Et les pauvres malheureux on finalement des vies bien proches des hommes et femmes normaux. Désespoir amoureux, arnaques en tous genres, jalousie et petites mesquineries.

    La description de leurs pouvoirs est tout simplement hilarante et on se retrouve à se bidonner toutes les deux lignes. Remède bonne humeur garanti! Et en plus c'est assez intelligent. Que demander de plus!

    Je vous ferais volontier un petit florilège, mais il y en a trop et je n'ai plus la force! Peut-être après une bonne nuit de sommeil! Une jolie petite phrase à méditer malgré tout:

    "Il en conclut que tout le monde avait finalement la même quantité d'argent: pas assez."

    Andrew Kaufman, Tous mes amis sont des super héros, Naive, 2007, 111 p.

     

  • Labyrinthes familiaux

    Une fois de plus Heri m'a coiffée sur le poteau mis ça ne va pas m'empêcher de dire ce que je pense de ce roman!

    C'était bien, c'était beau, c'était émouvant et tout et tout. Une vraie belle découverte. Dès l'instant de sa conception, Ruby Lennox raconte sa vie et celle de sa banale famille anglaise. Sauf qu'aucune famille n'est banale et que toutes cachent plus ou moins bien leurs drames, leurs souffrances et leurs déchirures.

    Kate Atkinson entremêle avec une grande habileté passé et présent. Elle raconte la vie comme elle vient avec ses successions de mariages, d'enterrements, de naissances, de rentrées scolaires et de vacances, de fuites et de retrouvailles. Les choses prennent sens chapitres après chapitres, des liens se révèlent entre des personnages qu'à priori rien ne rapproche. C'est fascinant de voir l'histoire de cette famille prendre forme à travers les vies des femmes de la famille. Une bonne centaine d'années d'histoire d'Angleterre et d'Europe, deux guerres mondiales et les transformations de la société par une accumulation de petits épisodes.

    Et s'il n'y avait que ça! La voix de Ruby, toute en clairevoyance, en humour et en amertume distille le rire et les larmes. Son regard sur ce qui l'entoure est absolument sans concession. De la voix de l'enfant à celle de l'adolescente puis de l'adulte, on ne perd jamais ce regard chargé d'une souffrance qui s'ignore. Elle n'épargne rien du poids des bonnes manières et des coutumes d'une classe moyenne qui se veut respectable et qui n'en reste pas moins pitoyablement vulgaire et étroite. Aucune petitesse, aucun ridicule ne lui échappe. Et on rit alors que ces vies qui s'égrennent sont somme toute d'une tristesse insondable.

    J'ai envie de poursuivre ma découverte de cet auteur.

    La belle critique de Kalistina, celle de Cuné, celle de Heri

    Kate Atkinson, Dans les coulisses du musée, Ed. de Fallois, 1996, 348 p.

  • Mille-feuilles à la fraise

    Un bien beau manga que le Strawberry Shortcakes de Kiriko Nananan. En plusieurs chapitres, elle mêle les vies de plusieurs jeunes femmes vivant et travaillant à Tokyo. Elles n'ont rien en commun, l'illustratrice, la prostituée, la petite employée. Sauf qu'elles traversent les même crises sentimentales et existentielles. L'auteur porte un regard tendre mais sans concession sur une jeunesse qui se perd dans l'attente d'un amour idéal, d'une vie meilleure et en oublie de vivre, se complaisant dans la médiocrité, les concessions, les crises de désespoir et les regains d'énergie. Beaucoup de larmes et de désespoir dans ces vies en demi-teinte qui m'ont beaucoup touchée et m'on laissée mélancolique. Peut-être parce que finalement toutes les femmes et jeunes femmes peuvent s'y reconnaître au moins un peu.

    Kiriko Nananan, Strawberry Shortcakes, Casterman, coll. Sakka, 2006, 331 p.