Et bien il semblerait que je sois en passe de guérir d'une de mes maladies: l'incapacité chronique de lire de la poésie. Comment définir cela... Une résistance à toute épreuve aux vers... Des crises de fou rire à la lecture de Lamartine... Des éruptions de boutons avec Hugo... C'était sans aucun doute que je n'étais pas encore tombée sur un poète capable de me toucher. Ceci dit, la guérison se faisait sentir. Mon cas n'était pas désespéré!
C'est pour cela que j'ai été touchée et fascinée par Philippe Jaccottet. Cahiers de verdure, suivi de Après beaucoup d'années est un recueil de poèmes et de courts textes qui parlent de la nature, de la montagne, et de l'amour de Jaccottet pour ces lieux. Il dit, avec des mots très simples et très beaux le soleil qui se couche, les arbres et les fruits, les combes et les torrents. Et c'est fou, on sent, on entend, et on revit des soirs d'été que l'on a vécu.
Une magnifique découverte.
"Comme quand traine un peu de brume sur une source qui a pris la couleur des plantes qui l'abritent, un trouble embué. Le voile qui amortit et qui aiguise la violence montée des profondeurs.
Des êtres jamais vus, comme assis sous des nuages dont le bord serait argenté par la lune.
Avant que tu ne passes une bonne fois au nombre des fantômes, écris qu'il n'y a pas de plus haut ciel que cette source couleur d'herbe."
Philippe Jaccottet, Cahiers de verdure, suivi de Après beaucoup d'années, Poésie/Gallimard, 2003, 197 p.