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  • Sous la pluie

    Avec ce recueil de nouvelles, Yoshiyuki Junnosuke offre à ses lecteurs deux variations sur le désir amoureux et sexuel. L'averse et La ville aux couleurs fondamentales prennent toutes deux place au coeur des quartiers rouges, au sein des bordels. Là, des hommes lâches et calculateurs, amoureux et insatisfaits, des femmes perdues, en fuite, et parfois calculatrices affrontent la sensualité des corps, le rejet, la souffrance et l'incertitude dans une quête d'amour qui ne peut aboutir.

    Le tableau du monde de la prostitution japonais dans les années 1950 est assez clinique, l'écriture détachée. Le tout est assez fascinant. Je ne peux pas dire pourtant que j'ai beaucoup apprécié ces récits parfois difficiles à suivre, avec une fin qui n'en est pas une (et je pèse mes mots) et qui distillent un sentiment de malaise. La perplexité règne...

    Yoshiyuki Junnosuke, L'averse, Ed. Philippe Picquier, 1995, 122 p.

  • Cracher le feu, enfin peut-être

    Poussée par la même saine curiosité qui ma fait faire les tests des magazines féminins (oui, vous savez, "Testez votre potentiel à faire pousser des plantes vertes en leur parlant", ou "Etes-vous marmotte, carpette ou plante verte", ce genre de chose), j'ai fait le même joli petit test que Cathulu, laquelle avait piqué l'idée chez  Maijo, laquelle avait piqué l'idée chez Lhisbei et ainsi de suite! Ne voulant pas être en rade, j'ai suivi l'exemple d'une grande partie de la blogosphère et cliqué sur le test!

    Après trois tentatives, le verdict semble sans appel! Je suis un gryphon!

     

     



    GRYPHON

    You are the gryphon! A gryphon is a large creature that is half lion and half eage with immense feathery wings. A gryphon is very fierce and loyal; however, a gryphon also symbolizes independence and freedom. The gryphon is actually multi-facted. The lion half represents ultimate courage, honor, and loyalty

     

     

  • Quand les pierres souffrent

    Une jeune femme, à l'aube de son mariage, raconte la vie de sa grand-mère telle que celle-ci et  son entourage la lui ont contée, la vie d'une jeune femme d'une grande beauté à la sensibilité exacerbée, à l'imagination débordante qui rencontre un jour l'écriture dans un monde rural qui supporte mal la différence.

     

     

    Depuis le temps que je regardais avec envie, depuis le temps que je ne lisais que des critiques élogieuses à son sujet, depuis le temps que sa couverture m'attirait l'oeil... J'ai craqué. L'effet TGV, je pense que vous voyez ce que ça peut donner: "Oh! Je suis en avance! Oh! Le Virgin de la gare est ouvert! Oh! Je vais passer 4h coincée dans un wagon! Oh! Et si je m'offrais un bon bouquin??? Non, pas bien, j'en ai déjà trois dans mon sac.... Et puis si, y'a pas de raison!"

    Tout ceci pour dire que le Mal de pierres de Milena Agus a transcendé mon trajet ferroviaire de belle manière! Pourtant, avec tout ce qui en avait été dit, je courrais le risque une fois de plus d'être déçue. Ca n'a pas été le cas, loin de là! Mal de pierres est un roman court, intense, ciselé et dur comme on imagine que peut l'être le soleil de Sardaigne sur la mer et la roche.

    C'est un beau récit sur la folie, la souffrance qu'offre Milena Agus, un beau personnage de femme qui vit à côté de sa vie faute de pouvoir d'adapter au carcan étroit des valeurs de la société dans laquelle elle vit. Si on la dit folle, c'est que sa sensibilité, et sa sensualité mettent en danger la communauté et ses valeurs. Ce qui est différent ne peut être réellement accepté. Et ce qui ne peut être dit finit toujours par être exprimé par des corps qui ont mal. Le mal de pierre de l'héroïne n'est finalement que l'expression physique de ce qu'elle ne peut révéler, de son incapacité à se sentir heureuse alors que pour ceux qui l'entourent, elle a tout pour cela. Il lui manque l'essentiel, l'amour, l'amour qui se dérobe, qui refuse de venir.

    L'imaginaire et sa force sont le filigrane de cette histoire. L'héroïne chute à cause de cet imaginaire, elle survit grâce à lui et fait de lui le centre de sa vie. C'est ce qui la sauve de la médiocrité des jours, de la mauvaiseté de son entourage. Elle modèle le monde et finit par brouiller ses repères et ceux des lecteurs. Où est le vrai, le réel, quelle est la part de l'invention. En sus d'une belle histoire d'amour, on a une toute aussi belle réflexion sur le vrai et l'écriture.

    Le style sobre de Milena Agus rajoute au charme et à la force de l'ensemble. L'apreté du texte va de pair avec une grande tendresse pour ses personnages, principaux comme secondaires, lesquels sont étonnement précis et vivants. Elle décrit le mal-être et la douleur avec pudeur et retenue. Un beau livre.

    "A partir du moment où grand-mère s'aperçut qu'elle était devenue vieille, elle me disait qu'elle avait peur de mourir. Pas de la mort en soi qui devait être comme aller dormir ou faire un voyage, mais elle savait que Dieu était fâchée contre elle parce qu'il lui avait donné plein de belles choses en ce monde et qu'elle n'avait pas réussi à être heureuse, et Dieu ne pouvait pas lui avoir pardonné ça. Au fond, elle espérait être vraiment dérangée car saine d'esprit, elle ne coupait pas à l'enfer."

    De belles choses en sont dites sur Le blog des livres, chez Clarabel, Cuné, Lilly, ...

     

    Milena Agus, Mal de pierres, Liana Levi, 2007, 123 p.

  • Merveilleuse plante

    Le dépressif Tony Sepulveda rumine ses malheurs dans son studio jusqu'au jour où la plante vivace que lui a offert un des ses amis révèle ses secrets. Un gentil couple surgit du feuillage et entreprend de faire sa connaissance. Sous les yeux ébahis de Tony se dévoile alors un monde foisonnant , éclatant et attendrissant.

    C'est un joli petit roman qu'offre William Goyen avec Merveilleuse Plante. Pendant une petite centaine de page, il va célébrer la profusion de la vie avec tendresse et drôlerie, mettant en scène Polly et Henry Cramoisi, étranges petites créatures vertes et leurs amis (et ennemis) insectes. Merveilleuse Plante est un microcosme où l'on retrouve beaucoup du monde "réel" et aussi une touche de Pays des Merveilles avec des absurdités, des non sens, une logique bizarre.  Une belle allégorie de la vie en société, de la force de la vie et de l'amitié. Je crois que je vais essayer d'entamer la conversation avec mon ficus... On ne sait jamais...

    Chimère m'avait donné envie...

    William Goyen, Merveilleuse plante, Actes Sud, 1994, 99 p.