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Chiff' - Page 100

  • Sans parler du chien... Et du chat... Et de la potiche...

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    Un chat victorien, des essuie-plumes, une potiche, un canot, un professeur amphibie, quelques poissons de collections, des esprits, des bombes incendiaires, tels sont les moyens qu’emploie le continuum pour tenter de redresser la mystérieuse anomalie qui pourrait bien provoquer la fin de l’humanité. Mais est-ce bien la faute de miss Kindle qui a ramené au 21e siècle un chat victorien ? L’intervention de Ned Henry, passablement déphasé par ses sauts en série dans le passé va-t-elle réellement permettre de trouver une solution au problème ? Sans parler du chien… Et de l’obsession de lady Schrapnell pour la cathédrale de Coventry et l’introuvable potiche de l’évêque !

     

    Et bien, voilà un roman qui vaut son pesant de cacahuètes et qui a bien mérité les nombreux prix qui l’ont récompensé ! Connie Willis utilise avec brio le voyage dans le temps pour construire une intrigue foisonnante et drolatique. Rendant un hommage avoué à la littérature anglaise, elle s’amuse à utiliser tous les clichés littéraires et historiques possibles et imaginables pour perdre aussi bien ses personnages que ses lecteurs ! Imaginez donc un instant un voyageur dans le temps complètement épuisé, rendu lyrique par le déphasage induit par les sauts, et perdu dans une Angleterre victorienne dont il ne connaît pas le début des conventions. Continuez avec une historienne trempée et fermement décidée à protéger un chat mangeur de poissons de collection ! L’un adore Trois hommes dans un bateau, l’autre se passionne pour les romans policiers des années 30. Ajoutez encore un professeur d’Oxford excentrique noyé par un collègue suite à une dispute sur les forces qui dirigent l’histoire. Un chien qui grimpe aux arbres. Un majordome lecteur. Une jeune fille totalement écervelée. Une matrone fascinée par le spiritisme. Un chien prénommé Cyril. Secouez bien le tout, soupoudrez de quelques personnages secondaires tout aussi farfelus et vous obtiendrez Sans parler du chien ! Ou comment un minuscule détail peut définitivement faire basculer l’histoire de l’humanité. Vous vous demandiez pourquoi Waterloo ? Et bien vous obtiendrez moult réponses ! Pourquoi la cathédrale de Coventry dû brûler ? Là encore, vous aurez la solution !

    Maîtrisé de bout en bout, ce roman est un petit bijou d’humour anglais jouant sur le décalage entre des voyageurs dans le temps complètement dépassés par les événements et une bonne société victorienne embourbée dans les kermesses, les sels et les séances de spiritisme !.

     

    L'avis de Fashion que je remercie pour le prêt!  

    Connie Willis, Sans parler du chien, J’ai Lu, 2003, 573 p.

  • *Soupir* Ahhhhhhhhh, Jamie......



    Blogueuse, encore suffisamment en forme pour courir par monts et par vaux, nerfs solides, cherche jeune homme, la vingtaine, équipé d’un kilt, d’une épée rouillée mais pas trop, se prénommant Jamie de préférence. Pas sérieux s’abstenir.

     

    Ben quoi !! Je voudrais bien vous y voir moi avec toute cette pression subie de la part de notre glamourous blogueuse herself, ses soupirs, ses regards ardents à la seule mention d’un kilt, ses plaidoyers vibrants !! J’ai fini par craquer : la chair est faible, la LCA encore plus, et quand la providence (ou le petit diablotin sur mon épaule) a mis sur ma route le premier tome de cette série maintenant intergalactiquement connue qu’est Le chardon et le Tartan, je n’ai pas pu résister !

    Et bien m’en a pris : Jamie est définitivement entré au panthéon de mes héros littéraires, à côté de F.D. et de quelques autres ! Il est beau, il est intelligent, il est macho, il est… Jamiesquement glamour même couvert de boue et d’autres trucs crades !  Je ne m’étendrais pas sur le reste de ses compétences, allez donc vous faire une idée ! Et ne venez pas m’accuser si vous rougissez en gloussant stupidement à certains passages !

     

    Ceci étant dit, Diana Gabaldon offre un premier tome fort sympathique : plutôt bien écrit, mené tambour battant, passionnant malgré un début qui pouvait laisser craindre le pire. Une infirmière bascule de 1945 à l’Ecosse du 17e  suite à sa collision avec un cercle de cailloux dressés dans les landes du village où elle passe ses vacances avec son époux. Oui. Et pourtant, l’auteur joue avec habilité sur le décalage temporel et le choc culturel que subit son héroïne. Elle y ajoute une bonne louchée d’aventures et de batailles, un méchant très méchant, de l’humour, une héroïne au caractère bien trempé, des cavalcades et des fuites effrénées, quelques dagues et autres objets contondants. De quoi largement remplir un roman divertissant, agréable et finalement assez enthousiasmant !

     

    Je lorgne d’ailleurs dangereusement sur le tome 2 !

     

    L’avis de Fashion dont c’est entièrement la faute !  

    Diana Gabaldon, Le Chardon et le Tartan, Presses de la Cité, 2003, 647 p.

  • Les minutes heureuses

    Je n'ai déjà que trop de retard!! Seulement deux textes pour mon petit défi de l'été! Les deux participantes ont d'ors et déjà gagné un paquet de gourmandises maison et une surprise qui leur seront envoyées!!

    De la plume d'Erzébeth

    Le train arrivera dans douze minutes; il s'agit de ne plus perdre de
    temps, de s'engouffrer dans les toilettes vacillantes, de monopoliser
    l'espace réduit sans se préoccuper de ceux qui tentent d'ouvrir la
    porte, de l'extérieur.
    Un coup d'œil dans la glace pour se concentrer sur l'essentiel. Du
    fard à paupières doré pour faire briller les yeux, une touche de
    parfum dans le cou. Ne pas oublier de démêler les cheveux; ils sont
    toujours plus blonds quand ils sont coiffés. Le train arrivera dans
    dix minutes et le cœur bat fort, je voudrais descendre aux portes de
    la ville, fuir et rentrer chez moi mais le conducteur risque de ne pas
    être sensible à mes plaintes. Il faut sortir de ces toilettes où je ne
    peux pas me cacher éternellement, il faut attraper le sac de voyage et
    respirer, surtout, ne pas oublier de respirer.
    Mes mains tremblent autant que le train quand une voix annonce
    l'entrée en gare, les passagers commencent à descendre, je les suis,
    je n'ai pas le choix, j'avance parmi eux jusqu'à ce que je croise sa
    silhouette qui m'attend au bout du quai, son regard m'aide à oublier
    mes craintes, il me sourit et à cet instant précis, le reste du monde
    n'existe plus.

    De celle d'Yspadadden

    Du temps volé au temps, toutes ces heures qui s’envolent

    De secondes en minutes nous tisserons notre bonheur

    Loin des yeux, loin des leurs.

    Furtifs enlacements, étreintes cachées

    Seules regardent les aiguilles trop pressées

    Près de nous, cette ardeur.

    Pour une minute heureuse, combien de tourments

    A l’aune de mon amour

    C’est je t’aime à chaque instant. 


    Et puis de moi, parce qu'après tout, il était temps que j'essaie!

    La chaleur. Toute la journée le soleil a écrasé le monde alentour. Pierres, arbres, hommes, personne n’a résisté. Toute la journée la tension est montée, les regards se sont faits lourds, les silences trop denses, les soupirs perceptibles. A cette heure où les corps et les esprits se font douloureux de fatigue, enfin la mer. Une crique isolée, des galets blancs. Le maquis autour. Verts intenses contre bleu incendiaire dans la lumière encore écrasante. Je laisse enfin tomber mes vêtements moites, savoure le souffle du vent sur ma peau. Un pied, deux dans cette eau limpide et tiède. Le glissement de l’eau, s’éloigner des bruits, des voix. Et enfin, l’apaisement face à l’horizon, l’odeur de la terre encore, le chant des cigales.

  • La part du loup

    Hier soir j'ai rêvé, j'ai frémi, j'ai tremblé, je sursauté. Hier soir j'ai été au cirque! Si, si, ce n'est pas une blague!! Mais attention, pas le cirque traditionnel avec les clowns à gros nez et les numéros d'animaux dressés! Aérien, fin, alternativement violent et tendre, le spectacle raconte sans paroles les relations humaines, la part sombre qui est en chacun de nous, la naïveté, la tendresse et la découverte de soi et des autres.



    Au trapèze, à la corde, au mat chinois, en équilibre sur un fil, dansant au sol ou jouant de divers instruments, les 9 élèves de la promotion dégagent une énergie et un bonheur communicatifs!

    Ils sont à La Villette jusqu'au 16 août.

  • Lady Snowblood

     

     

     


    Emprisonnée à vie Osayo n’a qu’une idée : concevoir un enfant pour tuer ceux qui ont assassiné son époux et son fils avant de la violer. Lorsque Yuki vient au monde son destin est tracé : elle sera l’instrument de la vengeance de sa mère, lady Snowblood tueuse émérite.

     

    Et voilà un nouveau classique du manga !! Publié pour la première fois en 1972, Lady Snowblood a le même scénariste que Lone wold and cub dont je vous ai déjà parlé ici (je suis bloquée au tome 13, et harcèle la bibliothèque pour avoir la suite). Il a inspiré Quentin Tarantino pour le film Kill Bill. Un film que j’adore ! C’est vous dire si je me suis jetée sur le premier tome quand le hasard l’a mis sur ma route ! Et pour situer le niveau, j’ai acheté le deuxième, incapable d’attendre plus longtemps pour connaître le destin de Yuki !


     




    Mais foin de ces considérations oiseusement personnelles ! Passons à la forme et au fond ! Lady Snowblood est comme Lone wold and cub construit sous forme des petites histoires qui se suivent de manière plus ou moins chronologiques et qui permettent petit à petit de découvrir Yuki, ses talents et sa personnalité. On la voit accomplir un à une des contrats, utilisant l’argent et l’influence ainsi gagnés pour se rapprocher de ses proies. Même si les structures des histoires sont relativement répétitives, il y a toujours un élément, un personnage, un événement qui créent la surprise et font déraper l’intrigue. Le trait clair et précis permet d’apprécier au mieux les aventures de l’héroïne et de profiter de décors détaillés. Ceci dit, si ce manga est réservé à un public averti ce n’est pas pour rien. Cette histoire de vengeance est d’une rare violence : les scènes de combat et de massacre sont fréquentes et parfois assez difficile. D’autant qu’il n’est pas rare que le sexe y soit mêlé : que les femmes soient victimes, que Yuki l’utilise comme arme ou qu’elle ait à s’enfoncer dans l’univers de la prostitution, chaque histoire comporte son lot de scènes du genre. Bien que ce ne soit pas vulgaire, les âmes sensibles devraient à mon avis passer leur chemin ! Je m’explique : Lady Snowblood donne aussi une leçon sur le Japon de l’ère Meiji. On y aperçoit des pages d’histoire politique comme d’histoire des mœurs. Et il faut bien dire qu’au Japon comme ailleurs, le sexe était appréhendé de bien des manières ! Mais ce n’est cependant pas le seul aspect de la culture nippone qui soit abordé, et on peut apprendre ainsi par la bande bien des choses !

     

    Quand au personnage lui-même, il est fascinant : au premier abord, Yuki paraît froide, voire insensible. Imperturbable quelque soit la situation, elle fait preuve d’une maîtrise d’elle-même presque psychotique. Puis, petit à petit, on voit apparaître l’enfant blessée, la jeune femme perdue sous la carapace. Un être qui fait preuve de compassion, d’un sens moral étrange certes, mais de sens moral. C’est donc un personnage bien moins monolithique que ce que l’on pourrait penser : oscillant entre folie et lucidité, soif de vengeance et volonté de vivre, talent de tueuse et fragilité.

     

    Je m’arrêterai là et vous conseillant vivement ce classique en deux tomes seulement, ce qui mérite d’être noté !

     

    Kazuo Koike, Kazuo Kamimura, Lady Snowblood, Kana Sensei.

    Tome 1 Vengeance sanglante

    Tome 2 Qui sème le vent récolte la tempête