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Scènes

  • Hamlet

    Il n'y a pas à barguigner, les voies de la culture son impénétrables. Ma vie étant tout à fait fascinante, comme il se doit, je vais commencer par vous infliger quelques souvenirs de mes jeunes années d'adulte, certes pas bien éloignées comme certaines mauvaises langues ne vont pas manquer de le faire remarquer, mais néanmoins jeunes. Des souvenirs que je n'ai pas encore révélé dans quelque tag que ce soit et dont vous allez avoir la primeur. Je sens que votre curisité est en éveil, si, si, ne le niez pas!

    Bref, moi et Shakespearedonc. Une vieille histoire d'amour comme il se doit. Oui, vieille! Il aurait fallu que vous me voyiez visionnant pour la quarantième fois sous l'oeil fatigué de ma petite famille le monologue de la bataille d'Azincourt joué par Kenneth Branagh dans Henri V, frémissant aux vilenies de Richard III, écrasant ma larme à la mort de Roméo, frétillant d'aise à la chute de Beaucoup de bruit pour rien, hurlant de rire devant une mise en scène enthousiasmantede La nuit des rois avant de bailler devant un atroce Richard III. Sans compter Orson Welles dans Othello et Macbeth, Le songe d'une nuit d'été et une Pléiade débarquée fort opportunément dans ma vie un matin! Ceci dévoilé, il ne m'était jamais arrivé de lire Shakespeare dans le texte ce qui était un sérieux manque à ma culture et ne devait pas rester en l'état. Aussi, l'occasion faisant le larron, l'arrivée dans les pénates de Fashion de certaine adaptation de certaine célèbrissime pièce jouée par certain sublimissime acteur (quoi que puisse dire certaine blogueusede fort mauvais goût par ailleurs) a marqué le début d'une nouvelle expérience autour d'Hamlet. Après un faux départ du à la mauvaise volonté manifeste d'un environnement inapteà reconnaître la qualité exceptionnelle de David T., j'ai passé trois heures enchanteresses, enfin, nettement plus, à bouquiner Hamlet en anglais et en français avant que de visionner l'adaptation RSC/BBC de 2009 en frémissant/jubilant/riant/écrasant une larme.

    Hamlet, j'en gardais un souvenir finalement assez vague, le plus récent étant son utilisation drôaltique par Jasper Fforde dans Sauvez Hamlet!, quatrième volet fort réussi des aventures de Thursday Next. Aussi, le plaisir que j'ai pris à la lecture de la pièce était presque celle d'une découverte. Quelque soient les souvenirs que j'en gardais, ils ne rendaient aucunement justice à la richesse du texte. Shakespeare est un magicien. D'une presque banale histoire d'adultère et de vengeance, il tire une pièce qui détourne les canons du genre sans presque en avoir l'air. Maisavant toute chose, un court résumé pour ceux qui n'auraient jamais entendu parler de ce brave vieux Hamlet et de ses mésaventures.

    "Something is rotten in the State of Danmark". Claudius a succédé sur le trône à son défunt frère dont il a épousé la veuve, Gertrude. Les rumeurs de guerre se précisent. Hamlet, lui, pleure la mort de son père jusqu'à la sombre nuit où le fantôme de ce dernier lui apprend qu'il a été assassiné par son propre frère et lui demande de le venger. Le voilà déchiré entre son devoir, son indécision et la nécessité de feindre la folie pour détourner les soupçons de Claudius

     A la lecture, on pense évidemment au théâtre antique, aux Atréides, avant que les préfaces des divers éditions n'apprennent que Shakespeare s'est inspiré de pièces existantes, et surtout de la geste danoise médiévale. Histoire banale, Hamlet l'est d'une certaine manière: un homme assassine son frère par soif de pouvoir, jalousie, désir de posséder sa femme. Un fils cherche à venger son père comme son devoir filial le lui impose, reproche à sa mère son remariage trop rapide et son bonheur manifeste. Le personnage de la reine Gertrude m'a rappelé celui de Clytemnestre dans l'Electre de Giraudoux. Je me souviens de l'indignation qui avait saisie l'adolescente que j'étais devant les fautes de cette mère, puis la prise de conscience de du déchirement qu'avait dû subir cette femme quand son époux et son roi avait sacrifié sa fille aux dieux et des raisons des actes que lui reprochait Electre, si pénétrée de ses certitudes et de la légitimité de sa vengeance. Gertrude est un peu le même type de personnage: femme qui se trouve aux prises avec une sensualité et des besoins que la décence lui impose de ne pas, ne plus ressentir, épouse qui n'a sans doute pas choisi son époux et ne s'est pas trouvée si mal de sa mort, mère aussi et presque avant toute chose. C'est un personnage magnifique, autant que celui d'Hamlet. Bien sûr tout a déjà été dit et fort bien par les universitaires et autres spécialistes, mais quel merveille quand même! Ce prince qui doit se venger, simule la folie, manque y sombrer sous la pression des exhortations contraires de son devoir et de sa nature! On dirait que Shakespeare se plaît à en faire un anti-héros dont la vengeance s'accomplit presque malgré lui et qui broie dans ses tentatives et ses ruses la femme qu'il aime et sa mère. La tragédie réside finalement plus dans son échec que dans la vengeance en elle-même.

    Hamlet est aussi une pièce profondément politique, qui montre les conséquences de la soif de pouvoir, les causes des guerres, les ruses et les manipulations, comme celle dont est victime Ophélia, les meurtres. Mais ce que j'ai préféré, c'est sans aucun doute la manière dont Shakespeare utilise les mises en abyme pour accentuer l'effet de jeu de dupes et de faux-semblants auxquels se livrent ses personnages dans leur confrontation mortelle. Pièce de théâtre dans la pièce de théâtre où les comédiens rejouent le meurtre du roi, Hamlet jouant la folie, courtisans jouant l'amitié, au final, le lecteur se laisse emporter dans ces jeux de miroir et cette comédie qui n'est pas sans humour. Le tout est servi par une langue superbe, poétique, rythmée,... et difficile! Il ne faut pas se le cacher, lire Shakespeare dans le texte n'est pas franchement facile, d'où l'intérêt d'une édition bilingue! Mais quel plaisir de découvrir ces magnifiques monologues en version originale et de goûter à la musique de la langue anglaise! J'en ai même déclamé certains passages à voix haute dans mon canapé!

     Au passage, mention spéciale à la traduction de François Maguin dans l'édition bilingue de Garnier-Flammarion. Fidèle à l'original, elle est aussi un bonheur de lecture et une aide précieuse à qui découvre cet anglais ancien, parfois difficile à saisir dans ses expressions et ses tournures. Pouvoir lire Shakespeare dans le texte sans en perdre le sens, merci monsieur Maguin!

     

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    Bref, vous l'aurez compris, j'ai été conquise et même plus par cette lecture en bilingue. Mais quid de l'adaptation? Oh que non! C'est une petite merveille. Pourtant, pendant le première demi-heure, j'ai été un peu destabilisée par le parti pris de la mise en scène, qui mêle costumes modernes, décors sobres, utilisation de caméras de vidéo-surveillance pour ne citer que cela. Puis, petit à petit, la magie a opéré. A mon sens, ce choix, sans nuire au texte, permet de souligner l'actualité des thèmes de Hamlet. Sans compter que le fait de tourner la pièce comme un film et non de capter la pièce sur scène comme cela se fait parfois permet une mise en scène fluide et des effets intéressants même si cela se fait au prix de quelques libertés prises avec le texte: inversion des scènes, tirades tronquées, voire coupées. Tout s'enchaîne avec justesse. L'utilisation des caméras permet un effet de mise en abyme intéressant qui sert l'atmosphère étouffante et paranoïaque de la pièce, sans compter les jeux de miroirs: fêlés, sans tain, ils sont omniprésents.

    Le jeu des acteurs quand à lui est proprement incroyable. Tennant le premier, pour ne pas le citer: il fait sentir toute l'ambiguité du personnage de Hamlet. Fou lucide, enfant trahi par sa mère et refusant la mort de son père, amoureux cruel, tous les registres sont parfaitement maîtrisés. Son interprétation des monologues est impeccable. Il excelle aussi bien dans la part de comédie et de ridicule que recèle la pièce que dans la tragédie pure. Son jeu, d'une rare intensité est parfaitement soutenu par celui des autres acteurs. Ce qui donne à ressentir la violence, la souffrance incroyable que recèle le texte. Il y a des passages hallucinants comme celui où il s'oppose à sa mère, où cette scène incroyable où Ophélia, complétement égarée, des fleurs plein les bras. Ou... Il y en a tellement qu'il devient difficile de tous les citer. L'ensemble est prenant et passionnant, recommandé à ceux qui veulent découvrir Hamlet loin des costumes d'époque et de la déclamation.

     

     

    Fashion fut complice dans le crime, voire instigatrice du crime dans ce cas, mais comme lui en vouloir n'est-ce pas?

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  • Du vagin et autres histoires

    Il y a déjà un certain temps de ça, j’ai pu accompagner Caro[line] et d’autres blogeuses à la représentation de la pièce d’Eve Ensler, Les monologues du vagin. Sur scène, Micheline Dax, Maïmouna Gueye et Gabou allaient nous parler pendant plus d’une heure de ce mystérieux vagin, l’invisible, le caché.

    Je ne savais guère à quoi m’attendre et je ne m’attendais surtout pas à ce choc qui m’a pris aux tripes, qui m’a fait rire, sourire, frémir, pleurer presque. Le lendemain, j’ai filé acheter le texte de la pièce pour garder auprès de moi ces mots qui avaient su me bouleverser.

     

    Eve Ensler a parcouru le monde, interrogé des femmes, les a suffisamment mises en confiance pour qu’elles acceptent de raconter leur rapport avec elles-mêmes et réuni dans le texte de sa pièce quelques un de ces témoignages. C’est sa force ce témoignages. Parce que ce que racontent les femmes qui parlent à travers les actrices, est universel. Elles parlent de la peur, de la douleur, de la joie et du plaisir aussi. Il y est question d’amour, d’orgasme, de naissance. Et aussi de viol, de déchirure, de mutilation, de frigidité.

    C’est tout simplement beau et salutaire. Parce que c’est immensément pudique malgré la crudité des mots et vibrant de passion. 

     

    Une vidéo pour vous donner une petite idée…

     

     

  • La part du loup

    Hier soir j'ai rêvé, j'ai frémi, j'ai tremblé, je sursauté. Hier soir j'ai été au cirque! Si, si, ce n'est pas une blague!! Mais attention, pas le cirque traditionnel avec les clowns à gros nez et les numéros d'animaux dressés! Aérien, fin, alternativement violent et tendre, le spectacle raconte sans paroles les relations humaines, la part sombre qui est en chacun de nous, la naïveté, la tendresse et la découverte de soi et des autres.



    Au trapèze, à la corde, au mat chinois, en équilibre sur un fil, dansant au sol ou jouant de divers instruments, les 9 élèves de la promotion dégagent une énergie et un bonheur communicatifs!

    Ils sont à La Villette jusqu'au 16 août.