Juste histoire de balader un livre plus léger que ma lecture en cours, je me suis lancée dans Soie d'Alessandro Baricco. Et je n'ai pas été déçue du voyage. Car il y a bien voyage dans ce court roman. Dans les années 1860, Hervé Joncourt entreprend une série d'expéditions au Japon dans le but d'en ramener des oeufs de vers à soie sains, la France étant touchée par une épidemie. Ce qu'il vit, plus qu'un dépaysement ou un choc des cultures, est une histoire d'amour et de passion sans parole et sans issue.
Cette belle histoire, servie par une plume légère et musicale m'a touchée et laissée un instant rêveuse. Un beau moment de lecture, jalonnée de petites phrases qui restent longtemps en tête. On pense presque à un poème, ou à un chant avec les répétition qui scandent le déroulement des chapitres jusqu'à un dénouement qui surprend et serre le coeur. J'ai aimé.
Et j'ai particulièrement aimé ces mots, tirés d'une des plus belles déclarations d'amour que j'ai pu lire jusqu'à aujourd'hui, empreinte d'une charge émotionnelle et d'un érotisme forts: "Reste ainsi, je veux te regarder, je t'ai tellement regardé,mais tu n'étais pas pour moi et à présent tu es pour moi, ne t'approche pas, je t'en prie, reste comme tu es, nous avons une nuit pour nous seuls, et je veux te regarder, jamais je ne t'ai vu ainsi, ton corps pour moi, ta peau, ferme les yeux, et caresse-toi, je t'en prie [...].."
Alessandro Baricco, Soie, Gallimard Folio, 2001, 142 p.