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Littératures anglo-saxonnes - Page 2

  • La dame en noire - Susan Hill

    La-Dame-en-Noir-Susan-Hill.jpgQuand Arthur Kipps, jeune notaire londonien est envoyé dans le nord de l'Angleterre pour assister aux funérailles d'Alice Drablow et s'occuper de sa succession, il est loin de se douter que ce voyage va changer jusqu'à sa perception du monde. La faute à une femme vêtue de noire qui va croiser sa route... Une vingtaine d'années plus tard, il se décide enfin à raconter cet épisode de sa vie.

    Ce n'est pas que je n'ai pas aimé, bien au contraire. J'ai même bouquiné avec grand plaisir ce roman qui se lit presque tout seul. Mais quand on me parle sur la quatrième de couverture de chef d'oeuvre de la littérature anglaise, et bien... Je me mets à avoir des attentes. Or, il n'y a rien de très original dans La dame en noir. On y retrouve les ingrédients traditionnels, à commencer par le fantôme, la lande, les marais, des villageois taiseux et un jeune homme très sûr de lui. Pour tout avouer, j'avais deviné le pourquoi du comment à la moitié de ma lecture.

    Ceci dit, c'est aussi un roman qui a de franches qualités, à commencer par une histoire plutôt bien troussée, en tout cas parfaitement maîtrisée, et surtout une ambiance toute de brouillards soudains et d'angoisse qui est fort réussie. A défaut d'être surpris, on est saisi par l'humidité de cette vieille maison isolée dans laquelle se retrouve le jeune Arthur. C'est d'autant plus agréable que Susan Hill ne donne pas dans la surenchère et sait parfaitement où et comment s'arrêter pour ne pas plonger son lecteur dans des abîmes d'ennuis.

    Efficace donc, et parfait pour un dimanche sous la couette.

    A noter, l'adaptation filmographique sort le 14 mars.

    Cachou dont je partage à 100% l'avis, Mango, Karine :),... 

    Hill, Susan, La dame en noir, Ed. de l'Archipel, 2012, 220p.

  • Chocolat - Joanne Harris

    9782912517135FS.gifQuand Vianne Rocher s'installe à Lansquenet-sur-Tannes, petit village du sud-ouest de la France, elle apporte avec elle la couleur, la magie... et le chocolat. De quoi révolutionner la vie tranquille de ce petit coin de terre, quitte à dresser le village en deux camps.

    Chocolat je le lorgnais depuis que le film éponyme avec Juliette Binoche et Johnny Depp avait fait mon bonheur de midinette. Un film doudou à se repasser aux jours difficiles (ou pas), bien au chaud sous une couette avec une bonne tasse de chocolat. Ou un thym-romarin-citron.

    Las, le roman n'a pas tenu ses promesses. J'ai aimé les personnages, Armande surtout, la vieille dame indigne. Vianne aussi et sa petite Anouk. J'ai aimé la tolérance que défend ceux que Vianne n'effraie pas. Les descriptions de cuisine et de pâtisserie, toutes de gourmandise.

    Mais pour le reste... si on en croit les indices semés au fil du texte, nous devrions être au début des années 90... avec une ambiance qui ressemble à un chromo des années 50. Non pas que je n'aime pas les anachronismes, mais bon... Quand au prêtre... Et à ses dames patronnesses... Bref, je ne suis pas parvenue à y croire une minute. Comme quoi, le mélange de chocolat, de magie et de bons sentiments ne donne pas toujours un résultat très digeste même si sympathique.

    Tant pis! Je vais retourner au film!

    Mango a aimé, Manu est plus dubitative... Et elles donnent toutes deux des liens vers d'autres avis

    Harris, Joanne, Chocolat, Quai Voltaire, 2000, 333p.

  • Scintillation - John Burnside

    Scintillation.jpegSur une presqu'île, une ancienne usine chimique, une forêt empoisonnée, une ville où les gens meurent à petit feu et où des adolescents disparaissent sans que personne n'interroge la version officielle. Sauf Léonard, quinze ans qui n'y croit pas et dont l'existence partagée entre baise et littérature va prendre un tournant radical.

    Difficile de résister à Cryssilda quand elle se met à claironner sur tous les toits qu'elle aime John Burnside d'amour. Alors quand en plus Cuné parle d'un roman "totalement envoûtant"... et bien il ne reste plus qu'à céder.

    Sans aucun regret d'ailleurs vu la force de ce texte, sa noirceur sans concession, son humour glaçant. C'est que l'Intraville est un endroit empoisonné, une terre morte sur laquelle des hommes et des femmes agonisent à petit feu, abrutis par la télévision et ces maladies étranges qui se déclarent parmi la population, maintenus sous la coupe de ceux de l'Extraville, les riches, les puissants dont l'intérêt n'est certes pas que les choses changent. Pourtant ce n'est pas l'intelligence qui manque dans l'Intraville. Il y a Léonard par exemple, et les autres, chacun à leur manière. Mais il faut de la force pour en pas sombrer dans la violence ou la déraison, ne pas vivre comme un fantôme ou disparaître sans laisser de traces.

    Roman politique, Scintillation l'est à sa manière quand il parle des relations de domination, de la corruption, de la nature empoisonnée au sein de laquelle prolifèrent des monstres.L'Intraville est un de ces mouroirs dont on entend parfois parler au gré des scandales écologiques qui émaillent l'actualité: un monde pourri où l'exaltation du progrès a été remplacée par la pauvreté, la déliquescence, la violence ou l'abrutissement si tant est que l'un ne suive pas l'autre de près. On voit des adultes qui ont depuis longtemps perdu leur âme, la petite flamme qui les animait jeunes. On voit des adolescents qui tentent de vivre le plus intensément possible puisque le destin de ceux de l'Intraville est de mourir jeune. C'est poisseux, dérangeant, désespérant, et pourtant par moment d'une grande beauté, comme l'usine abandonnée, comme la nature telle que la voit et la décrit Léonard, drôle et amer à l'image du regard que porte Léonard sur le monde qui l'entoure.

    Scintillation, ce sont aussi des pages merveilleuses sur les livres. Un pas de côté qui petit à petit brouille les frontière entre le réel et un monde dont on ne sait pas s'il est celui de la folie, de la drogue ou autre chose dans quoi se perd Léonard. Un beau personnage d'ailleurs, magnifique adolescent en révolte, bouillonnant des possibles d'un avenir qui lui est refusé et prêt à tout pour vivre, se sortir de ce marasme, lutter contre l'inéluctable puisque l'occasion lui en est donnée.

    Bref, incontestablement une de mes plus belles lectures de l'année.

    Sylvie a aimé, Clara aussi,...

    Burnside, John, Scintillation, Métailié, 2011, 283p.

  • Quelle époque! - Anthony Trollope

    Quelle époqie!.jpgLondres, années 1870. Lady Carbury espère percer dans le monde littéraire. Son objectif, subvenir aux besoins de son fils, Felix, qui a déjà dilapidé son héritage. Si par le plus grand des hasards elle parvenait à le marier à une riche héritière, son bonheur serait parfait. Une héritière comme Marie Melmotte, fille de ce mystérieux homme d'affaire devenu en quelques mois la coqueluche de Londres malgré sa réputation sulfureuse. Et si seulement sa fille Hetta acceptait d'épouser sir Roger Carbury son cousin, c'est ni plus ni moins la félicité qui serait atteinte.

    Mais Hetta n'aime pas Roger, en tout cas, pas de cet amour-là. Elle aime Paul. Paul qui est en affaire avec Melmotte. Melmotte qui soutient un projet titanesque, vaste toile d'araignée qui prend petit à petit au piège l'aristocratie anglaise dont Felix qui souhaite épouser Marie, qui doit épouser un beau parti...

    Considéré comme le chef d'oeuvre d'Anthony Trollope, Quelle époque! est aussi sans aucun conteste un énorme pavé. Pavé au sens propre, et pavé dans la mare. Sur un millier de pages (oui, le poche fait 821 pages. Jetez un oeil à la police du texte...), Trollope déploit une vaste satire sociale où les faux-semblants, l'escroquerie, le mensonge et la cupidité règnent en maîtres. Autant dire qu'il n'épargne personne, et surtout pas les quelques personnages qui pourraient attirer la sympathie. Prenons Sir Felix Carbury par exemple. Difficile de faire plus antipathique que ce nobliot égoïste, lache, et menteur dont les vices sont encouragés par une société sont les rouages et les règles sont absolument vides de sens. Tout le contraire de son vertueux cousin Roger Carbury, honnête, incapable de mentir, soutien d'une famille dont il ressent comme autant de blessures les compromissions. Et empli comme une outre de ses certitudes morales issues d'un autre temps incapable de la moindre réelle tolérance. Lady Carbury est une insupportable bonne mère et une horrible bonne femme aveuglée par l'ambition. Marie Melmotte est une jeune cruche qui se révélera la digne fille de son père fort heureusement pour son salut. Hetta est amoureuse, ce qui résume la situation. Paul Montague un idiot emberlificoté dans des affaires amoureuses et financières qui le dépassent.

    Le tableau est le même pour tous les personnages, ce qui donne une galerie légèrement désespérante mais profondément humaine puisque du plus profond amour maternel à l'égoïsme le plus crasse en passant par l'ambition, le désespoir, la passion amoureuse, Trollope passe en revue l'ensemble de la gamme des sentiments tout en décryptant le fonctionnement vicié d'une société dont les valeurs sont devenues celles de l'argent et de la réussite mais qui ne pouvait plus avancer sans dépasser le monde ancien des petits et grands propriétaires ruraux.

    Le tout donne un roman fleuve qui offre à la fois des résonances résolument contemporaines et un portrait de l'Angleterre de la fin du 19e siècle percutant, une ironie d'une rare violence et des histoires d'amour et haine dépeintes avec sensibilité. Certes on aimerait parfois que Trollope avance un peu plus vite, mais les fils qu'il tire, la complexité de son récit, sa richesse et l'humour dont en dépit de tout il fait preuve, font de Quelle époque! un roman absolument passionnant.

    C'est une lecture en commun avec Choupynette qui a eu le courage de s'attaquer au monstre en VO. Moi, je vais aller jeter un oeil ou deux, voire trois sur l'adaptation BBC.

    Trollope, Anthony, Quelle époque!, J'ai Lu, 821p., 2011

     

     

     

     

     

     

  • Mille jours à Venise - Mille jours en Toscane - Marlena de Blasi

    Venise blasi.jpgElle est américaine, critique gastronomique et chef, il est vénitien, banquier, et a les yeux bleus. C'est un tel coup de foudre dans ce bar de Venise que Marlena décide de tout quitter pour l'épouser et vivre avec lui à Venise. Leur amour, ils vont le vivre entre canaux, disputes et fous rires. Avant de décider, mille jours plus tard de partir s'installer en Toscane, à San Casciano.

    Oui, c'est un brin fleur bleu. Oui, on n'évite pas quelques clichés deci delà. Sans compter le style que je n'hésite pas à qualifier d'un tantinet plat pour ne pas dire franchement  maladroit par moment dans le premier opus de cette histoire vraie racontée par sa principale protagoniste. A sa décharge, Mille jours en Toscane m'a paru infiniment plus abouti. Ceci dit je dois bien admettre que les démélés amoureux puis conjugaux des deux quadragénaires ne m'ont guère fascinée et que ce n'est, en tout cas pour moi,  pas là que réside l'intérêt de ces deux textes.

    Toscane.gifIl y a Venise. Et la Toscane. Deux endroits que j'ai adoré et dont Marlena de Blasi partage la découverte humaine et gourmande avec enthousiasme. Cuisine vénitienne, cuisine toscane, sont pour elle deux moyens d'apprivoiser des lieux, des gens, un mode de vie et elle n'hésite pas à raconter ses expériences plus ou moins réussies, ses bonheurs, émaillant ses histoires de recettes alléchantes, d'odeurs, de saveurs, de quelques personnages hauts en couleur et d'instants de grâce qui surprenent au détour d'une page.

    J'avoue que j'ai préféré, dans le même genre les romans de Peter Mayle, ou de Frances Mayers mais c'est une sympathique lecture à réserver aux jours de grisaille.

    Aifelle, Ciboulette, ...

     

    De Blasi, Marlena

    Mille jours à Venise, Folio,2011, 27p.

    Mille jours en Toscane, Mercure de France, 2011, 229p.