Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Littérature pour "Adolescents" - Page 2

  • Vango - Thimotée de Fombelle

    51500619.jpgParis, Notre-Dame, avril 1934. Sur le parvis,  Vango Romano s'apprête à être ordonné prêtre lorsque tout bascule: la police tente de l'arrêter, un mystérieux tueur lui tire dessus. Le jeune homme prend la fuite sans savoir que c'est le début d'une course-poursuite qui va l'amener à savoir enfin, qui il est et d'où il vient.

    Foisonnant, enthousiasmant, passionnant sont quelques uns des termes qui me viennent à l'esprit quand je repense à Vengo. Rien que ça oui. Et plus encore en fait. Vengo est un roman extrêmement riche qui campe des personnages attachants et tire parti de la période de l'entre-deux-guerre pour construire une intrigue passionnante et qu'on devine devenir de plus en plus dense, complexe, et fascinante. A priori pourtant, rien de très original puisqu'il s'agit d'une quête des origines. Déjà vu, déjà lu. Mais Thimotée de Fombelles entremêle le destin de son personnage principal avec les drames européens du début du 20e siècle, de la Première guerre mondiale en passant par la montée du nazisme, le stalinisme sans jamais oublier qu'avant tout, il raconte une histoire d'aventure. C'est du coup bourré de rebondissements et de changements de point de vue qui rendent le tout dynamique et permettent de s'attacher aux divers personnages. Il faut dire que de Vengo à Ethel l'écossaise, en passant par le moine Zefiro, Eckener et les autres, il y en a pour tous les goûts. Tout ce petit monde se croise, se recroise, se perd, fuit, court, grimpe, vole, ça n'arrête jamais pour le plus grand plaisir du lecteur qui a bien du mal à lâcher son bouquin. Et visite au passage une bonne partie de l'Europe tout en révisant sans en avoir l'air son histoire du 20e siècle.
    Sans vouloir avoir l'air d'être dithyrambique, je me permets de souligner au passage que l'intrigue, policière mais pas que se tient parfaitement et que le tout est servi par un style fluide, soutenu sans jamais paraître précieux et qui sonne juste, fait de chaque personnage bien plus qu'une ombre de papier, même ceux qui ne font que passer. On suit avec passion cette quête des racines qui rappelle, en filigrane, l'importance de savoir d'où l'on vient et qui l'on est, pour grandir.

    Il n'y a pas à dire, Vengo est porté par un sacré souffle. Vivement la suite!

    Au passage, j'aimerais bien rencontrer Mademoiselle moi!
     

    "Mademoiselle était une magicienne de la cuisine.

    Sur son petit fourneau de pierre, au bord de cette île perdue en Méditerranée, elle faisait chaque jour des merveilles qui auraient fait pleurer les gastronomes des plus grandes capitales. Au fond de ses poêles profondes, les légumes faisaient une danse ensorcelante dans des sauces dont l'odeur montait à la tête et à l'âme. Une simple tartine de thym devenait un tapis volant. Les gratins vous tiraient des larmes alors que vous n'aviez pas encore passé le pas de la porte. Et les soufflés... Mon Dieu. Les soufflés seraient allés se coller au plafond tant ils étaient légers, volatils, immatériels. Mais Vango se jetait dessus avant qu'ils s'évaporent.

    Mademoiselle préparait des soupes et des feuilletés impossibles. Elle faisait lever à la main des mousses aux parfums interdits. Elle servait le poisson dans des jus noirs au goût d'herbes inconnues qu'elle trouvait entre les pierres.

    Vango avait cru longtemps qu'on mangeait ainsi dans toutes les maisons. Il n'avait d'ailleurs jamais rien goûté en dehors de chez lui. Mais, depuis le jour où l'on avait fait venir le docteur pour une pneumonie du petit garçon, quand il avait cinq ou six ans, il avait compris que Mademoiselle n'était pas une cuisinière comme les autres."

    Fombelle, Thimotée de, Vango, Gallimard Jeunesse, 2010, 370p., 5/5

     

  • Les étranges talents de Flavia de Luce - Alan Bradley

    9782702435038-G.jpgUn manoir, un colonel veuf, trois filles, l'Angleterre d'après-guerre. Classique? Pas tant que ça quand on creuse un peu: le jardinier a des crises étranges, la cuisinières mitonne des tartes de destruction massive, le colonel sombre dans la philatélie et Flavia, la plus jeune des filles est une chimiste hors pair fascinée par les poisons qui, lorsqu'elle découvre un cadavre parmi les concombres du potager se lance dans une enquête rocambolesque. D'autant plus motivée que son père est le principal suspect et qu'elle n'a pas l'habitude de se mêler de ses affaires...
     
    Ou comment plonger dans la campagne anglaise des années 50. Pour son premier roman, Alan Bradley installe une ambiance délicieusement surannée qu'il s'emploie ensuite à dynamiter dans les règles de l'art avec sa miss Marple transformée en fillette dégourdie. Flavia fait un peu penser à d'autres héroïnes de la littérature policière pour la jeunesse, comme Enola Holmes par exemple. Elle en a l'indépendance, la volonté, le goût du risque. Mais elle a son petit caractère  bien trempé, son insolence, sa naïveté parfois et ses réparties, ses relations pas piquées des hannetons avec ses soeurs, sa fidèle monture et son imagination débridée. De quoi charmer le lecteur quelque soit son âge qui la suis, parfois un peu agaçé, parfois souriant. J'avoue avoir été amusée par l'approche sympathique de la chimie qu'elle permet avec ses expériences, son laboratoire et sa fascination pour les chimistes de tout poil auprès desquels elle puise son inspiration: on découvre les poisons, les contre-poisons, les expériences et leur lien avec la biologie, les plantes et un certain nombre d'autres petites choses. Et puis, la bibliothèque du village vaut quand même le détour... Et la philatélie qu'on découvre un peu au passage.
    Pas besoin de se le cacher, l'intrigue est assez simple, mais ce n'est finalement pas le plus important: on prend plaisir à découvrir la famille de Flavia, le village, le manoir. C'est bourré de rebondissements pas toujours très crédibles, plein d'humour et très plaisant à lire. Bref, un bon petit polar pour se détendre à découvrir en version adulte ou jeunesse!
    Bradley, Alan, Les étranges talents de Flavia de Luce, Ed. du Masque, MsK, 2010, 372p., 3.5/5

  • Le journal d'une sorcière - Celia Rees

    journalsorciere.JPG1659 en Angleterre. Une vieille femme est condamnée pour sorcellerie et executée. Sa petite-fille, Mary, est contrainte à la fuite et s'exile en Amérique, accompagnant dans son voyage une famille puritaine. Un interminable voyage commence pour la jeune fille, en butte à la méfiance, à la rigueur des règles religieuses et aux superstitions.
    Ne vous attendez pas à la veine Harry Potter malgré le titre de ce roman jeunesse! Pas de sorts, de baguettes magiques et autres chaudrons dans le journal de Mary, mais le quotidien d'une jeune fille livrée à elle même au milieu du 17e siècle, prise dans les remous d'une époque où les luttes religieuses et la chasse aux sorcière battent leur plein.
    L'histoire de Mary est celle d'une jeune femme que ses dons et ses connaissances mettent en danger, que sa curiosité pour le monde expose au pire. Comme beaucoup de sorcières, comme sa grand-mère, elle connait les plantes, vit en marge, beaucoup trop libre pour une société fermement contrôlée par les églises. Et s'il est question d'apparitions, ou de transformations, ce sont les anciennes croyances qui sont évoquées, celles qui persistent clandestinement.
    De manière intéressante, son journal questionne la place des femmes dans la société  et principalement dans la société puritaine, finalement guère différente des autres: Mary la marginale, sa grand-mère, les femmes de la colonie, filles, épouses, veuves qui grapillent comme elles peuvent des miettes de liberté quitte à utiliser les règles pour se battre. On rencontre les échos de l'histoire de Salem, échos qui disent l'aliénation que représentent les règles puritaines, la folie, la haine et la peur qui en naissent, surtout envers ce qui est différent. La question de l'alterité est au centre du roman: il y a Mary bien sûr, jamais à sa place dans la colonie, mais aussi la confrontation des colons au monde indien, la peur, le mépris et le rejet de ce que les natifs du continent pourrait leur apprendre, le sentiment de supériorité qui mène à tous les excès et annonce les drames à venir. Je n'irais pas jusqu'à dire que Celia Reez évite les écueils d'un certain manichéisme, mais elle parvient à brosser le portrait d'une communauté d'homme dans sa complexité sans éviter d'aborder des questions difficiles et en restant cohérente avec le contexte historique. Tout cela fait de ce journal, présenté comme un document retrouvé un texte d'une grande sensibilité, soutenu, ce qui ne gâche rien, par une belle qualité d'écriture. A déguster sans aucune restriction dès 10 ans!
    Prix sorcières 2003.

    Rees, Celia, Le journal d'une sorcière, Seuil Jeunesse, 267p., 2004, 5/5

  • Les vampires de Londres - Fabrice Colin

    tome-1-etranges-soeurs-wilcox-L-1.jpegLondres, 1888. Amber et Luna se réveillent enterrées vives et se découvrent des pouvoirs pour le moins étranges qui vont les impliqué dans une guerre dont le commun des mortels n’a jamais entendu parler. Et pour cause, elle implique des créatures qu’on pense être des créations d’imaginations surchauffées…

    J’étais, je dois bien l’avouer, quelque peu dubitative pour avoir entendu tout et son contraire à propos des sœurs Wilcox. Quid me demanderez-vous ? Et bien c’est à mon avis un fort bon début de série. Fabrice Colin plonge avec délice dans les rues sombres et brumeuses d’un Londres nocturne qui recèle bien des mystères et crée une ambiance gothique tout à fait agréable pour le lecteur. Sans compter qu’il joue avec bonheur des figures de la littérature de genre. On croise Watson, Holmes, Jack l’Eventreur dont les mystères sont résolus, une ligue qui ressemble fort à la Ligue des Gentlemen Extraordinaires, Dracula, une certaine comtesse Bathory et au détour d’un chapitre, la reine Victoria elle-même. L’hommage, certes un brin appuyé, n’est jamais lourd puisqu’il est parfaitement intégré dans un récit prenant, servi par deux héroïnes auxquelles on s’attache : Amber, volontaire et têtue, parfois trop pour son propre bien, Luna la rêveuse dont les hésitations sont tempérées par  un courage bien affirmé pour son âge. On découvre par petits bouts les créatures qui hantent à l’insu des humains les rues de Londres : terrifiants vampires, goules, fées, faunes et autres bestioles étranges et plus ou moins sympathiques. Le décor et les personnages s’installent petit à petit, et si l’intrigue ne brille pas par une folle originalité, elle promet quelques développements.

    Reste à savoir si la cible principale du roman sera aussi séduite par ces deux héroïnes et les nombreuses références qui parsèment leurs aventures, la plupart nécessitant tout de même quelques connaissances.

    Bref, c’est un roman sympathique, agréable à lire qui promet une série intéressante. Je ne manquerai pas de faire un sort au tome 2, ne serait-ce que pour savoir comment les deux sœurs vont se dépatouiller de leurs problème et ce qu’il va advenir de ce bon vieux Sherlock qui croise décidemment bien souvnt ma route ces derniers temps.

    L'avis de Cathulu, Fashion, Lily, Emmyne...

    Colin, Fabrice, Les étranges soeurs Wilcox t.1, Les vampires de Londres, Gallimard Jeunesse, 2009,283p., 4/5





  • The hunger games - Suzanne Collins

    Autour du Capitole, douze districts soumis par la terreur. Douze garçons et douze filles entre douze et dix-huit ans sont tirés au sort chaque année pour participer aux Hunger Games : lâchés dans une gigantesque arène, confrontés à une nature hostile, ils doivent s’entretuer jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un seul d’entre eux sous le regard d’une population contrainte à suivre ces jeux.
    Dans le District 12, le district du charbon, Katniss, 16 ans, fais survivre sa mère et sa sœur. Quand cette dernière est tirée au sort pour participer aux Hunger Games, Katniss se porte volontaire à sa place et part avec Peeta affronter l’arène et des concurrents décidés à survivre à tout prix.


    Les abominables citations dithyrambiques sur la quatrième de couverture des romans ont le don de m’agacer royalement la plupart du temps, voire de me faire renoncer à une lecture. Que diable ai-je à faire de l’avis soit disant éclairé de Stephen King et Stephenie Meyer sur tel ou tel roman, je vous le demande. Même s’ils ont raison dans ce cas précis : effectivement, impossible de lâcher ce roman. J’admets qu’il me fallait le lire très vite, mais ce qui aurait pu être une obligation puisque je voulais le lire mais pas forcément à ce moment précis (ahhhhh, la volonté illusoire de laisser le coup de feu se tasser), s’est vite transformé en plaisir.
    The Hunger Games est un roman intelligent, et non content d’être un roman intelligent, il a l’immense avantage d’avoir été écrit par un auteur qui sait ce que suspense et rebondissements signifient. On ne pourra à aucun moment nier que Suzanne Collins maîtrise l’art du page turner, ça non !
    Mais venons-en au vif du sujet. Comme dystopie, Hunger Games ne présente pas de réelle originalité. En le lisant on pense à Battle Royale, on retrouve les thème de centre/ périphéries soumises, de contrôle des masse, avec une trame relativement classique de récit initiatique. Mais tout cela, Suzanne Collins le maîtrise et le place dans le contexte de ces jeux qui ne sont pas sans rappeler les jeux du cirque, certaines des coutumes antiques les plus révoltantes et la télé-réalité qui depuis quelques années sévis sur nos écrans et prend des tous de plus en plus trash. C’est le principe de la télé-réalité poussé à l’extrême et utilisé comme instrument par un pouvoir totalitaire qu’utilise l’auteur.
    Elle prend le temps de décrire brièvement, sans doute un peu trop brièvement l’univers de son roman avant de lâcher Katniss et Peeta dans la fosse. On a du coup une impression de survol des ressorts politiques et sociaux de Panem même si le principal est aisément compréhensible et certaines réactions de la population sont un peu difficiles à saisir. Cela n’empêche aucunement l’auteur d’aborder des questions difficiles sur le libre-arbitre, la dignité, l’identité. On peut même dire qu’effleurer l’aspect scientifique, technique (les armes, les moyens de locomotion) permet d’une certaine manière de mieux s’identifier à cet univers pas si différent du notre. On s’attache aux personnages, à commencer par Katniss, bien moins forte qu’elle n’en a l’air, par Peeta moins naïf qu’au premier abord, et tout ceux qui les entourent. L’histoire sentimentale entre les deux jeunes gens, plus complexe que ce à quoi on pourrait s’attendre ne porte à aucun moment préjudice au rythme du récit, mais au contraire, l’enrichit. On voit petit à petit les rouages bien huilés des jeux se grippés sous l’effet d’une situation inédite et les Juges être pris à leur propre jeu par des adolescents qui sans être plus intelligents que la moyenne, ont des moyens inédits à leur disposition pour s’en sortir : la sympathie du public envers une histoire d’amour qu’ils jouent sans la jouer. La perte de contrôle du Capitole, habitué à manipuler le public est intéressante. Avec cela, les affrontements entre les candidats et les menées des Juges sont haletants sans jamais sombrer dans le sanguinolent ou le voyeurisme.
    Je reprocherais tout juste à l’auteur d’avoir relativement épargné son héroïne et d’avoir laissé quelques ficelles un peu épaisses apparentes à un ou deux endroits. Mais vraiment pour trouver quelque chose à critiquer. D’autant que cette première critique est un peu facile : bien sûr les extrêmes auxquels l’instinct de survie peut pousser ne sont pas explorés comme ils ont pu l’être dans Battle Royale, mais il faut rappeler au passage, que celui-ci est plutôt destiné à un public adulte et que le contexte politique décrit n’est pas le même, et que Suzanne Collins a prévu une trilogie. Difficile de la continuer sans ses personnages principaux (certes, GRR Martin ne s’est jamais encombré de ces considérations, mais nous ne sommes pas dans le même type de littérature : il est plus facile de massacrer ses héros quand on déroule son récit sur 14 tomes)… Il semble que davantage d’explications soient prévues dans le tome 2, historiques, sociales et autres, et une chose est certaine, le premier chapitre offert à la fin de ce tome met l’eau à la bouche

    Très belle réussite, Hunger Games se dévore et laisse présager un second et un troisième tomes tout aussi passionnants. Espérons ne pas être déçus !


    D'autres avis: Chrestomanci, Fashion Emmyne, Karine:), Bladelor, Cuné, La soupe de l'espace,...   

    Et dans la catégorie Anticipation, c'est ma première lecture officielle pour le Défi SF de GeishaNellie!

    defiSF2010