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Littérature pour "Adolescents" - Page 6

  • Breaking down

    Je pourrais faire passer ça pour un talent inné de l'a-propos, pour la volonté sans faille de ne pas parler avant que les lieux de perdition que sont les librairies ne soient approvisionnées en version française, mais force m'est de reconnaître que je suis juste en retard, la faute à une flemmingite aigüe, aux vacances et à un rhum. Ben oui! Et pourtant, pourtant, je l'ai lu en anglais mesdames et messieurs! Une performance que tout ceux qui connaissent mon niveau d'anglais jugeront à sa juste valeur! Une folie qui dit assez à quel point j'avais envie d'en savoir plus!

    Bref. Revenons à nos vampiresmoutons. Edward veut Bella, Bella veut Edward. Seule condition posée par notre vampire préféré pour transformer Bella, un mariage. Une demande à genoux, une bague et un consentement paternel plus tard, nos tourtereaux repartent vers de nouvelles aventures.

    Stephenie Meyer's Breaking Dawn

     

     Je ne sais pas trop quoi dire que Fashion n'ait pas déjà dit. Le moins qu'on puisse dire est que Stéphanie Meyer remplit amplement son contrat. Ce quatrième tome attendu par des hordes de fans en folie tient toutes ses promesses! Pas de spoiler ici, je ne tiens pas à mourir dans d'atroces souffrances, mais je pense pouvoir tout de même écrire que rien n'est épargné aux héros et aux lecteurs. Plutôt que de choisir une veine guimauve du genre "il vécurent heureux et chassèrent plein de pumas dans la montagne", Stéphanie Meyer surprend et brode à merveille sur le thème qu'elle a choisi, continuant par ailleurs de tirer les ficelles de ce qu'elle a mis en place dans les trios tomes précédents sans les perdre. Et quand je dis qu'elle surprend, elle surprend (même s'il y a certaines choses que j'ai senti venir ce qui m'a éviter de hurler)! Je trouve même à titre personnel que ce qu'elle met en place en terme de mythe vampirique ouvre des perspectives intéressantes. Elle n'hésite pas à parler galipette, relations familiales, amicales, tolérance tout en parvenant à garder le rythme et le suspense. Chose appréciable, on ne reste pas dans le huis-clos de la famille Cullen, mais on découvre de nouveaux personnages avec leurs pouvoirs, et d'autres que l'on connaissait moins, comme Leah, finalement bien plus attachante que ce que l'on aurait pu croire.

    L'alternance des points de vue Bella-Jacob-Bella donne une dynamique intéressante au récit et permet, avec le changement de regard sur les événements de creuser mieux la psychologie des personnages. Et ce qui ne gâche rien, Jacob fait un narrateur hilarant, fascinant, attachant et touchant. Edward est fidèle à lui-même et toujours aussi fabuleux! On a les réponses aux questions que l'on pouvait se poser, l'univers de Fascination s'étoffe et prend de l'ampleur, tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes! Seul regret sur la fin, la tension retombe un peu comme un soufflé. Ceux qui ont déjà lu sauront de quoi je parle!

     En attendant de pouvoir vérifier quelques petites choses en VF, j'ai relu les trois premiers tomes histoire de confirmer mon avis sur le tout... On ne se refait pas! Et mon avis sur le tout? Une sacrément bonne série malgré quelques grosses ficelles et un style parfois un peu trop simple!

    L'avis de Karine:), de Stéphanie, de Maijo

  • Et tu te soumettras à la loi de ton père




    " La foi, entre les mains d'un homme comme toi, c'est une arme de poing. Une arme blanche. Elle fait infiniment plus de mal que de bien."


    Une famille si bien comme il faut, terrorisée par un père fanatique. Les mots d'une enfant, cinglants, vivants, rendus lumineux par la force d'une révolte qui ne peut encore dire son nom mais qui lui permettra, un jour, de dépasser le désamour de son père, la soumission de sa mère, le silence qui pèse sur une maisonnée en suspens.
    Marie-Sabine Roger offre un texte d'une force abasourdissante. A travers sa narratrice, elle démonte les rouages d'une destruction systématique de la beauté, de la joie, du bonheur.  Ce père, aigri par ses échecs a basculé de la foi au fanatisme, oubliant ce que signifie la compassion, la charité, l'amour de son prochain. Il cache ses doutes, ses mauvaises pensées, ses failles sous des citations, une austérité, des contraintes, utilisant la seule arme à sa disposition pour exercer son pouvoir sur ceux, plus faibles qui l'entourent, maintenir sa femme enfermée, étouffer ses enfants, détruire encore et encore. Une arme qui ne résiste pas au fait que ses enfants grandissent et échappent peu à peu à son influence. Le récit est celui de la prise de conscience progressive d'une enfant de l'anormalité, de l'injustice de ce qu'elle subit au quotidien. Ce n'est pas la religion, la foi qui est mise en accusation, mais l'utilisation qui en faite, l'intolérance qui la prend pour caution. Si c'est le catholicisme qui est au coeur du récit, ce pourrait aussi bien être les orthodoxies de tout poil, et toute les croyances et idéologies qui font oublier à ceux qui les suivent leur liberté et leur humanité.

    Car comme le dit Aristote,  "L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"

    J'ai vibré, presque pleuré, le ventre noué par la force d'un texte intense que j'aimerais entendre lu à voix haute tant il mérite d'être dit, crié.

    "Je suis une enfant. Je te crains.
    Plus grave: je te crois.
    Tout ce que tu me dis est la vérité vraie, si dénuée d'espoir, si souvent déplaisante. Je n'aime pas la vie comme tu la présentes. Tu nous parles douleurs, devoirs et privations. Nous n'avons pas droit au bonheur, acceptons-le s'il nous échoit. Tu ne ris pas. De quoi pourions-nous rire? La vie n'est-elle pas une lutte sans fin? Rendons grâce au Seigneur, cette vallée de larme est notre bien.
    Tu ne souris pas davantage. Tu observes, tu juges. Tu absous rarement.
    Pour te plaire, que faut-il faire? Il faut se taire et garder profil bas. Prier Dieu. Marcher droit.
    Rester grave.
    La gaieté est un des travers de l'enfance. Elle se propage et croît comme un chiendent, pour peu qu'on l'encourage. Chez nous, elle est bridée. Tu la juges stérile, frivole. Dangereuse.
    Ici, on ne rit pas pour rien. La joie, pour s'épancher, a besoin d'une excuse. Et même dans ce cas, il ne faut surtour pas qu'elle dure trop longtemps, ni qu'elle se manifeste de façon complaisante, trop visible, bruyante. Non, elle se doit de rester mesurée.
    Ici, on ne peut être heureux qu'en aparté.

    Le plaisir et un trésor secret, un bien-être qui se resquille.
    C'est du bonheur de braconnier."

    Marie-Sabine Roger, Et tu te soumettras à la loi de ton père, Ed. Thierry Magnier, 2008, 143 p.


    L'avis de
    Goelen

  • The last summer...



    Alice attend Paul sur le quai d'un ferry. Paul, l'ami de sa soeur Riley, le pivot de son enfance et de ces étés sur l'île de Fire Island où les enfants courrent en toute liberté.Paul, son presque frère. Mais tout à changé. Il ont vingt ans, et l'amitié se mêle à l'amour quand ce n'est pas l'amour qui se mêle à l'amitié. Grandir ou mourir, est-ce bien le seul choix?

    Ami lecteur qui passe dans le secteur, dis-toi une chose: le prochain qui vient me dire que la littérature pour "adolescents ", c'est de la daube (je parle comme je veux d'abord), va se faire jeter à coups de tatanes! Et je lui balancerai ce petit moment de bonheur dans les dents pour faire bonne mesure! Non mais!
    Les choses étant dorénavant claires, entrons dans le vif du sujet. Avec Quatre filles et un jean, Ann Brashares avait fait une entrée remarquée dans la chick-litt pour adolescentes: une bande de copines unies comme les doigts de la main, des drames, des amours contratriées, un jean magique et de foles aventures assaisonnées d'humour, elle avait offert une série de romans sympathiques, racontant dans la bonne humeur l'amitié, l'amour et le passage à l'âge adulte. Avec Toi et moi à jamais (je ne sais pas qui a pondu ce titre guimauvesque à souhait... On frôle l'overdose de glucose... Mais bon, je déteste la guimauve, ceci explique sans doute cela... Oui, mon petit coeur est atrocement musclé et dur), elle change de registre en offrant une histoire toute en mélancolie et tendresse.

    Encore une fois il est question du passage de l'enfance à l'âge adulte, de la rupture qui soudain fait grandir même ceux qui ne le voulaient pas. Riley, Paul et Alice formaient un petit groupe en dehors de la norme: des enfants puis des adolescents attachés à la magie du monde qui les entoure, décidés à ne jamais perdre de vue cette magie, à rester campés sur leurs convictions. Mais Alice et Paul ont grandi quand Riley est restée désespérement la même. Or, ce qui ne change pas est condamné. C'est ce qu'il vont apprendre tous les trois en passant par le pire. Cette réflexion sur le changement sous-tend toute l'histoire d'amour passionnée, complexe qui lie Alice et Paul. L'un oscille entre l'envie de céder à cet amour qui l'habite depuis l'enfance et celle de fuir le risque de se voir abandonné par cele qu'il aime comme il l'a été par ses parents. L'autre ne sait que trop qu'elle aime Paul mais l'aimer au grand jour comme en secret revient à trahir sa soeur. Ann Brashares ne cède à aucun moment à la facilité: les aveux, la culpabilité, la "première fois", tout sonne juste. D'autant qu'elle n'hésite pas à porter le même regard tendre sur la manière dont les enfants qui grandissent finissent par changer de regard sur leurs parents et par comprendre leurs blessures.
    C'est un très joli roman qui prend pour décor des paysages naturels et urbains qui ajoutent encore au charme de la lecture. Rien qui n'infirme la très bonne opinion que j'ai d'Ann Brashares.

    "Elle s'était toujours dit qu'elle le saurait, quand ça arriveraitn mais là, tut à coup, elle n'en était plus si sûre. Cela pouvait sans doute se produire de mille manières différentes, sans qu'on en soit forcément conscient. Il n'y avait peut-être pas de rupture, pas de fossé à enjamber. On ne s'oubliait pas d'un seult coup. Peut-être qu'un beau jour on regardait autour de soi en se disant: "Tiens!" Et l'on avait franchi le pas." 

    Ann Brashares, Toi et moi à jamais, Gallimard jeunesse, 2008, 331 p.


  • Comme un rond ballon

     


     

    Gabi, seize ans, a du retard. Une petite graine a pris racine au fond de son ventre. Gabi a seize ans mais elle ne veut pas avorter, même si elle sait que ça va être dur. Neuf mois de grossesse où il va falloir affronter le regard des autres, de son frère et de Clara la fiancée, avec pour soutien Ninou sa grand-mère et ses trois copines. Neuf mois entre joie, doute et peurs.

     

    Frédérique Niobey a adopté la forme du journal intime pour cette histoire de toute jeune maman. Les avantages de cette forme sont non négligeables. Elle lui permet d’entrer profondément dans la psyché de Gabi, de lui donner entièrement la parole.  Or, Gabi est une héroïne attachante : une enfant encore, une adulte déjà,  même si elle a seize ans. Elle pose la douloureuse question de savoir si on peut être mère avant d’être femme, mère sans être femme. Pourtant, femme, elle l’est, et pas seulement parce qu’elle va donner la vie. Elle est femme parce qu’elle doute, parce qu’elle souffre, parce qu’elle s’interroge sur sa vie après la naissance, les renoncements, l’amour et bien d’autres choses. Seulement, ces questions sont d’autant plus angoissante qu’elle est jeune.

    Ce qui est intéressant c’est que Gabi choisit cet enfant qu’elle porte : elle se doute bien qu’elle est enceinte, et elle choisit d’attendre ! Si fausse couche il doit y avoir, il y aura fausse couche. Sinon, elle mettra au monde son enfant. Son choix n’est pas compris d’ailleurs. D’autant qu’il n’est pas sans rapport avec la mort accidentelle de ses parents, la solitude.

     

    Mais malheureusement, la psychologie des personnages reste effleurée, les situations caricaturales. Et le choix de phrases elliptiques, saccadées, si elle permet de coller à l’état d’esprit de Gabi devient un peu pénible sur la fin du roman.

    Dommage, ce qui aurait pu être excellent devient juste bien !

     
    Frédérique Niobey, Léonore, Ed. du Rouergue, coll. Doado, 2007, 58 p.

  • Poudre d'or aux yeux

     

     

    Edmée est étrange. Edmée est un électron libre. Elle travaille au laboratoire de l'Observatoire de Paris, y vole des photographies d'étoiles qu'elle reproduit pour en tapisser les murs de son appartement. Puis part vers de nouvelles aventures et la conception de jardins. Mais trop tard. Parce qu'en même tmeps que les étoiles, elle a attrapé le coeur du petit Pierre. Et quand on laisse entrer l'amour dans sa vie, on ne saît jamais vraiment où cela va nous mener.

     

    Marie Desplechin offre là un texte poétique où la magie et l'étrange sont distillés petit à petit, presque sans qu'on les voit venir. Petit Pierre est un enfant perdu. Il n'est pas maltraité, pas vraiment abandonné, mais délaissé par un père totalement absorbé par son travail. En entrant presque de force dans la vie d'Edmée, il va connaître une étrange initiation à la vie. Car Edmée est... On ne sait pas en fait ce qu'est Edmée: un fantôme, la dernière des fées, une sorcière? Pas de réponse! Et finalement quelle importance ce qu'est Edmée puisqu'elle fait entrer le rêve et l'amour dans la vie de Pierre, puisqu'elle va lui apprendre le lien entre les hommes et la nécessité de grandir un jour.

     

    Marie Desplechin offre une sorte de conte détourné avec fée marraine, belle-mère, fugue et un certain nombre d'autres motifs traditionnels dans une langue souple, croisant les points de vue de ses personnages, égarant son lecteur jusqu'à une fin en points de suspensions où Edmée, pour la dernière fois, jette sa poudre d'or aux yeux de ceux qui l'entourent. J'avoue m'être laissée bercer par ce beau personnage et la si jolie plume de Marie Desplechin.

     

     

    Marie Desplechin, Les yeux d'Or, L'école des loisirs, 2008, 195 p.