Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

SFFF - Page 2

  • Les chroniques des féals - Mathieu Gaborit

    chronique-feals-bragelonne.jpgBien des légendes courent sur cette Tour Ecarlate qui domine un petit village au coeur de l'Empire de Grif', mais aucune n'approche la réalité de cette guilde qui au sein de ces murs comme dans d'autres tours consacre ses forces aux Phénix. C'est là que Januel a trouvé refuge. Jusqu'au jour où son talent lui vaut d'être choisi pour faire renaître le Phénix de l'empereur et le met au centre d'une guerre sans merci contre la Charogne, royaume des morts qui veut rien moins que conquérir le monde des vivants...

    Les chroniques des féals font partie de ces romans de fantasy qui me donnent envie de bougonner. Oui, bougonner (j'ai un doctorat en bougonnage et un master en soupir) . Parce qu'ils fourmillent de très bonnes choses, de belles trouvailles, de grands moments, mais malheureusement aussi de faiblesses qui les empêchent d'être de vrais bijoux du genre. La trame est certes classique, mais comment reprocher cela à Mathieu Gaborit quand 95% du temps, le lecteur se retrouve face à une jeune garçon/jeune fille aux talents hors du commun propulsés dans une ou des quêtes qui les dépassent un tantinet ? Ce n'est pas là-dessus que se portera l'expression de mon (très relatif) mécontentement. Je dirais même que l'auteur se tire avec les honneurs et un scénario qui ne manque pas d'originalité de l'exercice, mêlant zombies, créatures légendaires et magie en une histoire qui recèle quelques morceaux de bravoure, voire de la poésie. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé les chemins que s'ouvrent les morts et leur royaume. Mais... On voit les ficelles et la narration, même de plus en plus maîtrisée est heurtée. Des éléments se dévoilent à des moments peu opportuns sonnant par là même artificiels, certains rebondissements semblent tomber du ciel... Quant à la naïveté du personnage principal, elle donne envie de hurler jusqu'à ce qu'on comprenne le pourquoi du comment et il ne laisse guère de place aux autres. Ceci dit, je râle, mais j'ai lu les 597 pages de l'intégrale avec plaisir et... il faut bien dire que le grand âge m'atteignant, je suis un chouilla pénible, voire pénible patentée! Aucune raison, donc, de se priver d'une tranche d'aventure!

    Elbakin en parle.

    Gaborit, Mathieu, Les chroniques des féals, Bragelonne, 2006, 597p., 3/5

  • Succession - Scott Westerfeld

    pocket05855-2006.jpg

    Amis de la baston décérébrée, passez votre chemin, Succession, ou plutôt la succession de Les légions immortelles et Le secret de l'empire ne joue pas dans cette catégorie quand bien même les scènes de batailles à coups de canons laser ne manquent pas. Le fait est que j'aime Scott Westerfeld d'amour depuis V-Virus, et encore plus depuis Leviathan. Le fait est aussi que je n'avais jusqu'alors pas eu l'occasion de me pencher sur ses oeuvres pour les grands (après tout, s'il faut remplir une déclaration d'impôt, il faut aussi quelques compensations, et les oeuvres pour les grands de Westerfeld ainsi que le blouson en cuir de Gaiman et les serviettes en font partie, mais je m'égare). C'est chose faite.

    Pour ceux que je n'ai pas encore perdus, un bref résumé de l'intrigue: un empire, un empereur immortel qui récompense les bons et loyaux services en octroyant l'immortalité dont il a percé les secrets, des opposants politiques qui n'aiment guère le pouvoir des morts, des adversaires dont le but est de répandre dans l'univers les pocket05902-2007.jpgconsciences composites (autrement dit, les IA), une prise d'otage, une guerre, un commandant promis à l'immortalité amoureux d'une sénatrice qui se bat contre l'immortalité, une révolution en gestation et j'en passe. Pas forcément très alléchant à vue de nez, mais Scott Westerfeld marie avec talent deux histoires d'amour et une guerre avec une intrigue qui fait courir ses ramifications du côté des intelligences artificielles, des dérives du pouvoir, des luttes politiques,  de la définition de l'humain quand il se marie avec l'artificiel. C'est un roman riche de ses personnages et de sa réflexion de fond, qui n'oublie pas l'action, bien qu'on puisse regretter quelques descriptions de batailles longuettes. Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'un peu plus d'humour aurait allégé l'ensemble, j'aurais aimé que ce fameux secret qui fait courir les héros soit un peu plus fouillé, mais ne vous y trompez pas, j'ai beaucoup aimé (et je vais me jeter sur l'IA et son double. Ah zut, oublié sur un coin de mon bureau. Ben ce sera pour demain alors).

    Nevertwhere,...

    Westerfeld, Scott, Succession, Pocket, plein de pages mais pas tant que ça, 3.5/5

    65254762.jpgAh oui, et ça compte double (ou pas) pour le Summer Starr Wars!

  • Les trois vierges - Yslaire, Boccar

    9782723439541_1_75.jpg9782723443173.gifTrois femmes de trente ans, conçues pour ce voyage, partent à la recherche du vaisseau Jupiter 4 parti quelques années auparavant. 50 ans de voyage, le huis-clos, inévitable, devient catastrophique lorsque la mission accumule les problèmes.

    Je suis passée à côté de cette bande-dessinée en deux tomes comme je suis rarement passée à côté d'une bande-dessinée. Que dire... Que le format est intéressant? Indéniablement. Que le dessin est très beau? Aucun doute pour moi. Mais pour le scénario... La situation de départ est intéressante, sans rien de très original, certes, mais j'ai trouvé que de l'absence de vieillissement des trois héroïnes,  à la manière dont petit à petit la machine se détraque, en passant par les rancoeurs qui explosent, la folie qui s'installe,  rien de tout cela n'est exploité jusqu'au bout et les personnages n'ont pas eu à mes yeux suffisamment de substance pour que je prenne un intérêt réel à leur destin. Mais comme je n'ai jamais réussi à rentrer dans les univers développés par Sylaire, ce n'est sans doute pas très étonnant.

    Une grosse déception donc, mais reste la technique, et la beauté de certaines cases, le vaisseau et l'espace.

    Sylaire, Boccar, Trois vierges, t.1 Dyane, t.2 Atena, Glénat

    65254762.jpg

     

     

    Et encore une contribution au challenge Summer Star Wars!

  • Crépuscule d'acier - Charles Stross

    mnemos-icaressf55-2006.jpg"Une petite voix commença à parler:

    - Bonjour? Tu veux bien nous distraire?"

     Pour la planète Rochard, satellite de la très conservatrice Nouvelle République, c'est le début de la fin: le Festival, civilisation vivant de l'information la survole et fait pleuvoir sur elle des téléphones un brin particulier: en échange d'une histoire, tous les voeux peuvent se réaliser. Autant dire que la révolution ne se fait pas attendre. Pas plus que la réaction de l'empereur qui envoie une flotte bouter l'envahisseur hors du système avec la ferme intention au passage de bousculer quelque peu la Loi de L'Eschaton sans avoir l'air d'y toucher. Ce que ne peuvent évidemment pas laisser faire Rachel Mansour, mandatée par l'ONU de la vieille terre, et Martin Springfield, ingénieur de son état, mais pas que.

    Tout bien considéré, Crépuscule d'acier est un joyeux foutoir incluant une hutte à patte de poulet, des vaisseaux spatiaux dont l'équipage utilise un jargon proprement incompréhensible, une civilisation un chouilla victorienne, une malle aux ressources insoupçonnées, une entité mystérieuse, des bestioles bizarres, un amiral grabataire... J'en oublie, mais que voulez-vous, Charles Stross offre à ses lecteurs un univers pour le moins foisonnant, distillant petit à petit les informations nécessaires à sa compréhension, ce qui a provoqué chez moi, soyons honnête, quelques froncements de sourcils typiquement maiskeskyracontejcomprendsrien au départ. Et puis de fil en aiguille, je me suis laissée embarquer dans une histoire qui mêle avec bonheur l'aventure et une réflexion politique qui aborde des thèmes d'une actualité brûlante.

    J'ai particulièrement apprécié la charge symbolique contenue dans la confrontation d'une entité totalement structurée par l'information et ses flux avec une société tentant de contrôler toutes les informations circulant en son sein. Non seulement Charles Stross sait tourner avec humour le choc qui en résulte, mais on perçoit en plus, sous-jaçente, la référence à Internet aujourd'hui. Ceci dit, Crépuscule d'acier ne se réduit pas à cela. Au travers de la Nouvelle République, c'est aussi l'occasion pour l'auteur de parler des révolutions, des sociétés réactionnaires, des régimes autoritaires, des conditions du changement mais sans jamais oublier de rendre les aventures de Rachel Mansour et de Martin Springfield savoureuses, tout comme celles qui attendent les révolutionnaires de planète Rochard. Tous ces personnages sont plutôt bien campés, et on prend plaisir à les suivre dans leurs aventures. Dommage que quelques petites longueurs émaillent l'ensemble, mais il n'y a là pas de quoi bouder le plaisir de découvrir un space opera haut en couleurs.

     

    Le jeudi c'est citation.gif" Comme il voyageait en hutte à patte de poulet dans une contrée sauvage qui était récemment passée d'un féodalisme bucolique à un post-humanisme transcendant sans étape intermédiaire, Burya Rubinstein laissait ses pensées dériver en un rêve empli d'empires effondrés."

    (La liste des participants est toujours par !)

     

     

    Des avis sur Noosfère.

    Stross, Charles, Crépuscule d'acier, Mnémos, 2006, 422p., 3.5/5

    Et de deux contributions au challence Summer Star Wars du RSF blog!

    65254762.jpg

  • Gloriana - Michael Moorckock

    gloriana.jpgHonte sur moi pour quelques générations (ou pas), je n'avais jamais lu Michael Moorcock. Une lacune qui ne pouvait rester impunie, mais voilà, devant la multitude de cycles en quarante-mille-douze tomes commis par le grand homme, je me sentais prise de faiblesse. Heureusement, la Grande-Science-Fiction est pleine de bienveillance, c'est un one-shot qui a atterri sur ma PAL. Et y est resté un sacré bout de temps.

    Gloriana est un étrage objet littéraire. Écrit dans une langue précieuse, construit comme un conte cruel qui se moquerait des impératifs du genre dont le moindre n'est pas le fameux "Ils vécurent heureux", c'est une variation sur le thème du pouvoir, image déformée de l'histoire d'Elisabeth I d'Angleterre.  où Henry VIII est transformé en ogre avide de sang, où Arioch est invoqué à tout bout de champ, où la reine incarne une ère de paix et de prospérité, dont la fragilité se révèle au gré des intrigues de cour et des complots qui la minent. C'est brillant, inutile de le nier: Michael Moorcock se livre à une exploration intelligente des multiples visages du pouvoir et des passions humaines, qui n'édulcore rien de ce que les sens peuvent causer comme désastres. Les personnages sont pour la plupart superbes, à la fois archétypaux et complexes, des vieux conseillers à l'espion en passant par une reine déchirée entre son devoir et ses drames de femme. Les descriptions du palais et de ses habitants emportent dans un luxe et une magnificence qui se font au détour d'une salle inquiétants, morbides, voire sordides. Dommage que le récit soit plombé par des longueurs et par un style par moment trop travaillé.

    J'en retire un sentiment étrange, fait d'admiration, et d'un léger ennui, et en tout cas la contentement d'avoir enfin découvert un petit bout de l'oeuvre de Moorcock.

    Moorcock, Michael, Gloriana ou la reine inassouvie, Folio SF, 2000, 569p., 3.5/5