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Littérature pour "Adolescents" - Page 9

  • La beauté ne se mange pas en confiture. Enfin, c'est ce qui se dit...




    J'avais été enthousiasmée par ma lecture de V-Virus du même auteur. C'est donc avec curiosité et quelques trépignements que j'ai piqué son exemplaire de l'oeuvre à Mimine frangine.

    Bien, résumé: Tally Youngblood va fêter ses seize ans dans quelques mois. Et comme tous les adolescents, elle va subir le jour de son anniversaire l'intervention médicale qui la changera d'Ugly en Pretty. De laide parce que normale, elle deviendra un être conforme aux critères de beauté. Mais avec sa nouvelle amie, Shay, un monde nouveua s'ouvre à elle. Un monde où la laideur est acceptée, voire revendiquée. Un monde où certains savent que sous la volonté de rendre tout un chacun beau se cache une manipulation politique et totalitaire.


    J'ai eu un peu de mal à rentrer dans le récit, mais je me suis finalement laissée faire avec plaisir, et je lrai avec un grand plaisir les deux tomes à venir. Ce roman est finalement bien plus profond que les premières pages ne peuvent le laisser penser. Sous des dehors simples, c'est à une réflexion intéressante que l'auteur se livre, et sur des thèmes importants: la beauté et l'esthétique, les systèmes politiques, l'écologie, le poids des conventions sociales, la science. 
    Il montre comment l'éducation peut influencer un individu au point de fausser son regard sur lui-même et sur le monde qui l'entoure. Les adolescents qui vivent toutes ces folles aventures sont persuadés pour la plupart qu'ils sont laids, gros, difformes quand ils sont tout simplement normaux. Cela m'a rappelé (un peu facile, je sais) tous les débats qui ont eu lieu récemment sur l'impact des photos de mode et de magazines sur un grand nombre d'adolescentes. On voit aussi à quel point il est facile de passer d'une utopie à une utopie totalitaire, et à quel point il est facile de manipuler les foules. La philosophie n'est jamais très loin. Même si la démonstration est parfois un peu lourde, elle est convaincante. Le récit bien mené, le suspense soutenu et les personnages attachants font le reste. 

    La critique du Cafard Cosmique, l'avis de Chrestomanci.


    Scott Wersterfield, Uglies, Pocket Jeunesse, 2007, 432 p.

  • Quatre à cinq

     

     

    J'étais dubitative, et j'avais tort. "Quatre tomes de romans ados, sur des soeurs, aïe, aïe, aïe, j'en ai assez au domicile familial", me suis-je dit!! Et puis j'ai été emportée et ébouristiflée par la saga de la famille Verdelaine.

     

    Soit cinq soeurs, Charlie, Geneviève, Bettina, Hortense et Enid. Cinq soeurs dont les parents sont décédés et qui tentent de surnager dans la grande maison du bout du monde, là-bas en Bretagne. Entre deuil, peines de coeur, disputes et réconciliations.

     

    Il y a les soeurs évidemment, Basile le docteur amoureux de Charlie, spécialiste és couscous. Les cousins: Désirée, serial killeuse de poireaux, Harry qui copine avec cafards et rats. La tante Lucrèce et son Delmer. Tancrède et ses fioles. Augustin et ses moineaux. Et une foule d'autres personnages hauts en couleurs qui peuplent les pages de ces romans pleines d'émotion et de rire. On suit avec plaisir d'abord, intérêt ensuite, passion pour finir, l'évolution de cette fratrie malmenée par la vie et solidaire, aimante, adorable. C'est léger, drôle et en même temps assez profond.  Par la bande, Malika Ferdjoukh parle d'amour, de plaisir, de haine, de racisme et de tolérance, et de toutes les petites choses de la vie qui font le désespoir et le bonheur. J'ai pris un imense plaisir à suivre Bettina qui découvre que belle figure ne rime pas avec bel esprit, à suivre Enid dans ses conversations avec le Gnome des Toilettes et dans sa tentative désespérée pour sauver Swift la chauve-souris. Hortense et son amie malade, ses premières règles. Charlie et ses atermoiements amoureux, sa lutte de chaque instant pour garder ce qui reste de sa famille intacte. Geneviève, ou l'eau qui dort et ses mystères.

    Ce n'est jamais niais, jamais téléphoné (enfin, peut-être parfois un peu, mais on ne va pas chipoter), jamais pénible. Je me suis sentie proche de Charlie, statut de grande soeur oblige. En tout cas, de la grande soeur que j'aimerais avoir été et être encore, avec son amour absolument abyssal pour ses emmerdeuses de frangines. Sans la tendance à tomber de haut à chaque tournant de la vie et du toit.

     

    A aucun moment ou presque le rythme ne faiblit. On a toujours envie de savoir ce que vont devenir les soeurs, et à la dernière page du dernier tome, c'est avec un pincement au coeur que je me suis dit que je devais les quitter. Un livre à offrir aux petites, de 11 ans à 77 ans presque. Je vais l'offrir à ma petite frangine en tout cas. Pour ne pas la laiser passer à côté de ce plaisir. Et le conseiller à celles qui me demanderont ce qu'elles peuvent bien lire.

     

    Bravo et merci à Mme Ferdjoukh en tout cas. Je vais aller creuser du côté de ses autres écrits maintenant. Avec l'espoir avoué de retrouver un peu de cette magie.

     

    Un petit extrait, histoire de vous appater, un parmi tant de ceux qui m'ont fait sourire, ou rire aux éclats: "Elles opinèrent. Terrassées. Songeant qu'avec une nature qui l'avait faite chapeautée, déclamante et emmerdeuse, Mme Bouin n'était vraiment pas rancunière."

     

    Kalistina a aîmé, Laure aussi, et Clarabel.

     

    Malika Ferdjoukh, Quatre soeurs (Enid, Hortense, Bettina, Geneviève), Médium de l'Ecole des loisirs

  • Plus rouge que le sang

    Enfin, jeunesse... Depuis le temps qu'on m'en parlait, depuis le temps qu'il était sur les étals des libraires avec la mention coup de coeur, il fallait bien que je finisse par céder!

    Siggy et Signy sont jumeaux. Ils sont les enfants de Val, un des chefs de clan qui se partagent Londres et ses environs en un 22e siècle fort sombre. Leur destin sera sanglant, de l'étoffe dont on fait les légendes.

    Et en effet, Melvin Burgess s'est inspiré d'une ancienne saga pour écrire ce roman qui n'a de jeunesse que le qualificatif. C'est sombre, sanglant, extrêment violent. Pour plus de 15 ans sans aucun doute. Les hommes qui ont manipulé le vivant sont à leur tour manipulés. Par qui? C'est une bonne question: les dieux de retour? Leurs propres créatures? Leurs semblables? Les réponses ne sont pas données et Melvin Burgess se plaît à entretenir le doute, permettant une réflexion approfondie sur la notion de destin, la folie, l'acceptation. C'est aussi une histoire d'amour et de haine. Amour puis haine d'une Signy adolescente, mariée, ou plutôt vendue au rival de son père pour signer une paix qui n'est que chimère et qui découvre qu'aimer et haïr ne sont parfois que les deux faces d'une même médaille en même temps que la fugacité et la fragilité de la liberté. Amour et haine de jumeaux perdus dans une histoire qui les dépasse et qui ne se comprennent plus. Il y a encore beaucoup à dire tant se roman se révèle au final dense et riche. Pourtant, au départ, j'ai été agacée par un pseudo langage adolescent. Que ce soit un choix ou un problème de traduction, cela ne m'a pas aidée à entrer dans le récit. Puis j'ai finalement été happée. Une expérience, et aussi, un bel exemple de cette littérature que l'on dit ado et qui s'adresse, à tous ceux qui acceptent de la lire.

    "C'en est une qui vie depuis des années enfermée dans une cellule. Sa vision du monde extérieur se réduit aux arbres derrière sa prison. C'en est une dont la seule amie est une créature sans apparence et sans âme. C'en est une dont le coeur est habité par l'amour et la haine qui finiront par ne faire qu'un. C'en est une dont l'âme revetira les atours de l'amour pour mieux se venger."

    Melvin Burgess, Rouge Sang, Gallimard Jeunesse, 2000, 382 p.

  • Où sont les adolescents, lalalala

    En guise de clôture d'une journée pourrie (reprise de la formation, vol de carte bleue, sandales cassées, boutons en tout genre, etc.), je me suis offert une virée à la bibliothèque et la lecture de quelques bons romans ados. Dont acte, du plus drôle au plus dépressif.

      Marie Desplechin, Jamais contente - Le journal d'Aurore: le journal intime d'une adolescente comme les autres, Aurore, 15 ans. Elle n'aime pas écire, elle n'aime pas lire, elle n'est jamais contente. Et c'est terriblement drôle. On se croirait revenu au temps de l'acné, des abominables parents et du collège. Avec des exagérations, quelques clichés, mais c'est bon pour le moral.

    Extrait: "C'est clair: tout le monde écrit son journal, spécialement les filles, spécialement les filles moyennes. Je le sais. Moi aussi je passe par le rayon livre en entrant au supermarché. Le plus dingue, c'est que les bouquins sont publiés. Les filles en question ont des prénoms américains impossibles, type feuilleton pour gnomes sur M6 - en version française apparemment on en vendrait moins. Le français est juste la vieille langue déprimante, je regrette mais c'est la conclusion universelle. Passez du rayon livres au rayon film, et là, tapez-vous la tête contre les murs: il y a des types pour en faire des films! Dans mon intérêt personnel, je en vois pas pourquoi je lirais les journaux des autres. Moi aussi, j'ai une vie. Je me demande quel genre de film on peut faire avec une vie où il ne se passe rien. Genre la mienne. Une sorte de documentaire animalier, j'imagine. La vie du rat-taupe sur les plateaux d'Abyssinie. En moins palpitant.

      Olivier Adam, Sous la pluie: la mère d'Antoine est belle, elle est adorable, mais elle est étrange, un peu folle. Et usante pour ceux qui vivent avec elle au quotidien. Le regard éperdu et ensible d'un petit garçon perdu sur sa mère et le couple qu'elle forme avec son père. Les peurs, les doutes les angoisses d'un enfant qui gradit, qui tombe amoureux et qui est confronté à la cruauté du monde des enfants. C'est un beau texte.

      Arnaud Cathrine, La vie peut-être: Florian ne se remet pas de la mort de Sofia son amie, sa soeur, sa moitié, son tout. Il refuse, il se perd lui-même et cherche à aller jusqu'au but de son deuil, quitte à se faire enfermer dans l'hôpital psychiatrique où Sofia est morte. C'est là que contre toute attente, il va reprendre goût à la vie.

    Un texte magnifique sur l'amitié, la mort, la solitude, sur cet absolu qui existe parfois dans les relations humaines. Juste des mots crus et forts qui essaient de dire la souffrance. Je ne connaissais Arnaud Cathrine que par sa réputation et ses textes pour les plus petits,et j'ai été impressionnée par ce texte. Dur, mais vraiment très beau.

    Ils sont tous publiés dans la collection Médium de l'Ecole des loisirs. Par contre, j'ai une question... Pourquoi le happy end est-il la norme dans les romans pour adolescents?

    Extrait: "Les seuls moments où je me suis senti vivant, c'est avec toi. La seule seconde de ma vie où je me suis senti vivant, c'est la longue et géniale éternité que j'ai passé à tes côtés, en quelques années. Il y en a qui disent que l'éternité c'est trop long. Les cons."

  • Aimez-vous les parasites?

    Cal a 19 ans, Cal était étudiants. Il l’était avant que sa route croise celle de Morgane, Morgane qui va faire de lui le porteur d’une maladie étrange.
    Ceux qui en sont atteints ne supportent plus la lumière du jour, aiment le sang et la viande, et particulièrement la viande humaine. Ils sont des vampires. Mais pas ceux que les légendes nous ont appris à connaître, pas les vampires d’Anne Rice, non. Des vampires d’un nouveau genre comme le dit bien la quatrième de couverture.
    Un sacrément bon roman, bien écrit et bien mené. Scott Westerfield présente une nouvelle vision du vampire, plus...biologique. Le responsable de la mystérieuse maladie n'est rien moins qu'un charmant petit parasite, qui fait de certains des parasites du genre humain, lesquels ne sont pas forcément mauvais. C'est en tout cas la morale de l'histoire et des chapitres consacrés avec un humour certain et des informations solides au monde perveilleux des parasites. Autant vous prévenir, un chapitre sur deux vous oscillerez entre nausée et fou rire. Etrange mélange. C'est un petit peu la parasitologie pour les nuls! On en viendrait presque à aimer ces horribles machins. Pour le reste, l'atmosphère est glauque à souhait, le suspense intense. Dommage que la fin soit un peu rapide, mais ce qui se lit avant rattrape facilement ce petit défaut.
     
    « C’est à peine croyable comme la nature peut se montrer abominable. Ignoble, vicelarde, écoeurante. Prenez les trématodes par exemples. » (faudra lire si vous voulez savoir ce que font les trématodes!)
     
    V-Virus, Scott Westerfield, Milan, Macadam, 2007