Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Comme de la soie

    Juste histoire de balader un livre plus léger que ma lecture en cours, je me suis lancée dans Soie d'Alessandro Baricco. Et je n'ai pas été déçue du voyage. Car il y a bien voyage dans ce court roman. Dans les années 1860, Hervé Joncourt entreprend une série d'expéditions au Japon dans le but d'en ramener des oeufs de vers à soie sains, la France étant touchée par une épidemie. Ce qu'il vit, plus qu'un dépaysement ou un choc des cultures, est une histoire d'amour et de passion sans parole et sans issue.

    Cette belle histoire, servie par une plume légère et musicale m'a touchée et laissée un instant rêveuse. Un beau moment de lecture, jalonnée de petites phrases qui restent longtemps en tête. On pense presque à un poème, ou à un chant avec les répétition qui scandent le déroulement des chapitres jusqu'à un dénouement qui surprend et serre le coeur. J'ai aimé.

    Et j'ai particulièrement aimé ces mots, tirés d'une des plus belles déclarations d'amour que j'ai pu lire jusqu'à aujourd'hui, empreinte d'une charge émotionnelle et d'un érotisme forts: "Reste ainsi, je veux te regarder, je t'ai tellement regardé,mais tu n'étais pas pour moi et à présent tu es pour moi, ne t'approche pas, je t'en prie, reste comme tu es, nous avons une nuit pour nous seuls, et je veux te regarder, jamais je ne t'ai vu ainsi, ton corps pour moi, ta peau, ferme les yeux, et caresse-toi, je t'en prie [...].."

     

    Alessandro Baricco, Soie, Gallimard Folio, 2001, 142 p.

  • Oh My God!!!

    Il y a peu, j'ai découvert les Lecteurs Comulsifs Anonymes. Hilare, j'ai constaté que les symptômes correspondent:

    - noter tous les titres qui font envie: j'ai noirci un certain nombre de cahiers, élaboré des listes en veux tu en voilà au point que la brouillonne que je suis s'est récemment organisée avec un Carnet de lecture, des pitits tableaux et lorgne vers Acces. Mon Dieu, deviendrai-je rationnelle?

    -Je ne peux pas m'empêcher de tanguer vers les vitrines des librairies, même dans des pays étrangers quand, techniquement, il y a peu de chances que je comprenne un traitre mot de ce qu'il y a marqué sur les couvertures. Et quand je rentre dans une librairie... Il y a censure. Il m'arrive de sortir aux moments les plus improbables "il faut que j'achète des livres".

    - J'adore parler de mes lectures. En même temps, si ce n'était pas le cas, je n'aurais pas monté ce blog. Nier ne sert à rien!

    - J'achète et note plus de livres que je ne pourrai jamais en lire. En fait j'ai dempuis longtemps dépassé la frontière de la décence en la matière!

    Illustration: je m'enfonçais il y a quelques jours dans un doux ennuis alors qu'un intervenant certes sympathique, mais soporifique parlait, quand le Malin me fit cliquer successivement sur Google (oui, je sais, pas bien), Fnac (oui, je sais, Satan), Léa Silhol, rechercher....."Quoi? Mais il est sorti?? Mais il devait sortir vendredi???". Oui, son nouveau roman à Léa Silhol, celui que j'attends dans un état proche de l'hystérie. Le LCA est sujet au syndrome groupie aussi. De fait, je voulais être au 20 avril depuis l'annonce du début de l'écriture de l'Oeuvre (ça fait un moment). La vie est dure, et loooooooongue des fois. Et voilà que le Graal sort en avance! Je me jette sur d'autres sites, constate qu'ils en parlent aussi et passe deux heures dans les affres du désespoir. Je ne peux pas être dans une librairie maintenant, juste maintenant. A ma grande honte, j'ai plaqué la conférence dun monsieur trrrèèèèès important et un certain nombre d'autres choses tout aussi importantes pour me précipiter, animée d'un violent désir, vers la Fnac la plus proche (oui, je sais, pas bien, mais pas le choix). Libération à 5h, plongeon impeccable sur l'objet de tous mes désirs à 5h15. Je me suis ensuite dirigée vers la caisse en le serrant contre moi, lu la préface avec un sourire béat dans la queue. Le pire, le pire, c'est que je ne vais PAS avoir le temps de le lire avant un moment... Mais ce n'est pas grave. Il est là. Je peux le regarder, le bichonner, le caresser.

    Damned, c'est vraiment grave docteur. Et je crois que les conseils avisés de Flo ne peuvent plus rien pour moi.

  • Le plus violent désir

    Non, il ne s'agit plus du drame du LCA. En fait, j'ai fait une tentative de désherbage de ma bibliothèque personnelle. Bien sûr, ça n'a pas marché, mais j'ai retrouvé au hasard des étagères La Princesse de Clève. Et à force de le feuilleter, j'ai fini par le relire. Bon, il faut dire que les souvenirs que j'en gardais, dix années s'étant passées étaient flous, et que finalement, c'est comme si je l'avais lu pour la première fois.

    Résumons: Mlle de Chartres épouse sans plus l'aimer que cela M. de Clèves. Elle, vertueuse, intelligente, sensible, qui se croyait à l'abri des passions va pourtant connaître un amour dévorant pour un autre, M. de Nemours. Et va précipiter le drame par cet amour et l'aveu de cet amour à son époux.

    C'est tellement mignon... Cette langue précieuse, élaborée. Cette absence totale d'histoire... En fait, ça me fait un peu penser à Jane Austen pour ce côté. Il ne se passe absolument rien (elle l'aime, il l'aime, elle est mariée, lui non, il lui fait la cour,elle se refuse, etc., etc.) mais on ne décroche pas une minute. Et puis c'est tellement caractéristique de l'époque: vertu austère (je pense au jansénisme, mais je me plante peut-être un tantinet de période là non?) contre moeurs d'une grande liberté, passions dévorantes et maîtrise de soi. Mme de Clèves est un personnage étonnant avec sa logique de confiance, de respect des engagements et de soi-même poussée à de telles extrêmités. Elle en devient effrayante, inhumaine (un peu comme l'Electre d'Anouilh). Comme l'exprime bien son malheureux époux: "Vous avez attendu de moi des choses aussi impossibles que celles que j'attendais de vous. Comment pouviez-vous espérer que je conservasse la raison? Vous avez oublié que je vous aimais éperdument et que j'étais votre mari?"

    Tiens, au passage, je trouve savoureuse la conception du mariage décrite dans ce roman: l'amour n'y a que peu de place (sauf exception), voire aucune. Alliance, jeu de pouvoir oui, mais amour... Ce qui est parfaitement résumé par cette phrase: "On fait des reproches à un amant; mais en fait-on à un mari, quand on n'a qu'à lui reprocher de n'avoir plus d'amour?" D'où sans doute les méli-mélos amoureux sans fins décris par Mme de La Fayette.

    La Princesse de Clèves, Marie-Madeleine Pioche de la Vergne La Fayette (j'adore son nom), J'ai lu Librio, édition antédiluvienne, 159 p.

  • Fin des temps

    Le fruit des mes lectures praguoises!

     

    Haruki Murakami est un vrai magicien. J'avais aimé Kafka sur le rivage, j'ai plus qu'aimé La fin des temps. Il y a comme ça des textes qui vous touchent étrangement et vous laissent pantois une fois la dernière page tournée. Il m'a fallu un après-midi pour me réveiller après ça.

    Dans ce roman à la double structure, le lecteur suit les aventures d'un programmeur au prise avec une étrange cabale informatique, et celles d'un mystérieux personnage qui s'installe dans une ville étrange, totalement fermée. Si à première vue les deux histoires n'ont rien à voir, elles se rejoignent progressivement pour devenir un tout.

    Il est très difficile de savoir ce que Haruki Murakami veut nous dire avec ce roman. Je crois que chacun peut y trouver ce qu'il veut y trouver: une belle réflexion sur la manipulation de l'humain par la science, la liberté de l'esprit et de la pensée, une histoire d'amour, etc. Ce que j'ai particulièrement apprécié, est le fait de ne pas savoir à quoi m'attendre. Et puis j'adore l'humour dont fait preuve Murakami. Le programmeur est un personnage savoureux. Le ciel lui tombe sur la tête, mais il ne peut pas s'empêcher de commenter les événements avec un sens de la dérision et un humour noir à la limite du tordant. A l'inverse les chapitres du "mystérieux personnage"  recèlent une poésie sensible, mélancolique et à la fois pleine d'espoir.

    "J'étais le Prince du Désespoir, enveloppé du manteau des ennuis. Et je resterais plongé dans un profond sommeil tant qu'un crapaud de la taille d'une Volkswagen Golf ne serait pas venu me donner un baiser."

    "Il est une tristesse si profonde qu'elle ne peut pas même prendre la forme des larmes."

    Etrange, déroutant, poétique et drôle, un roman à ne pas laisser passer.

    Haruki Murakami, La fin des temps, Points Seuil, 2001.

    La souveraine par contre m'a laissée souverainement indifférente, n'en déplaise à M. Hubert Nyssen. L'écriture est belle, c'est certain, mais je n'ai pas réussi à m'intéresser réellement aux attermoiements sentimentaux de ce jeune immigré russe qui découvre l'amour dans les bras d'une jeune femme d'une classe sociale plus élevée que la sienne et qui du coup ne voit plus le monde comme avant. Je vais quand même relire L'accompagnatrice qui m'avait laissé un bon souvenir avant de condamner en bloc une Nina Berberova qui ne m'a rien fait!

    Ps: la couverture ne correspond pas à l'édition dans laquelle j'ai lu ce roman, ne m'en veuillez pas.

    Nina Berberova, La souveraine,  Actes sud Babel (2e éd.), 2004, 130 p.

  • Fin du monde bis

    Je pense que je vais maudire ceux qui m'ont lancée sur Twentieth century boys. Bon, ce n'est pas du Murakami, mais c'est très bon aussi dans une autre catégorie!

    En 1969, une bande de gamins comme les autres joue à sauver le monde et à inventer des histoires de super-héros. A la fin du 20e siècle aucun n'a réalisé les rêves de son enfance. Mais leur petite vie tranquille va être bouleversée par les agissements d'un mystérieux personnage qui ne veut rien de moins que provoquer la fin du monde en suivant un scénario qu'ils ont inventé... Difficile de résumer le scénario de ce seinen riche en détails et en rebondissements. Il est resté rivé à mes mains et je bave après les tomes suivants. Merci à Naoki Urasawa!

    20th century boys, Naoki Urasawa, t.1 à 4, Panini Manga

     

    La suite ne concerne pas la fin des temps cette fois-ci, mais la fin de l'enfance. Ai Yazawa nous donne à lire un joli shojô avec Gokinjo. Bête histoire d'amour entre deux amis d'enfance, très tendre, très mignon et très bon pour le moral. Je suis fan.

    Gokinjo, une vie de quartier, Ai yazawa, t. 1 à 4, Delcourt