Aya grandit heureuse jusqu'au drame qui déchire sa famille.L'incendie criminel, la mort de son père, de sa petite soeur sont le point de départ d'une série d'épreuves et de deuils qu'affrontent ceux qui restent. Avec pour faire face, le danbé, la dignité en malinké, règle de vie et de conduite de Massiré, la mère d'Aya, qui inculque à ces enfants cette discipline. Affronter les épreuves, les surmonter, c'est ce que fera Aya, encore et encore.
Je l'avoue d'entrée de jeu, en général les témoignages ne sont pas ma tasse de thé. Vous comprendrez donc que j'ai retenu une grimace en voyant arriver dans ma boîte au lettre ce petit ouvrage, fruit d'un collaboration entre Aya Cissoko et Marie Desplechin. Mais si je ne connaissais alors pas Aya Cissoko, il y avait au moins Marie Desplechin dont j'apprécie en général beaucoup la plume... Au moins une bonne raison d'attaquer le livre qui était entre mes mains, ce que j'ai fait sans trop de réticence à défaut d'enthousiasme. Or donc, le destin est farceur comme diraient certains puisque c'est au final un coup de coeur, et pas un petit. A côté duquel je serais passée.
Danbé est un récit intelligent, plein de vie, porté par la plume de Marie Desplechin, qui n'occulte rien du plus dur, mais transmet la voix d'Aya Cissoko, une voix toujours digne et humble et qui jamais ne se pose en exemple, malgré un parcours qui force le respect et l'admiration non pas parce qu'il est celui d'une jeune femme « d'origine immigrée » comme on dit si bien de nos jours, mais parce que c'est celui de quelqu'un passé par des drames et des épreuves qui en auraient laissé plus d'un sur le carreau.
Alors oui, c'est effectivement le témoignage de la vie d'un enfants « français d'origine ». Aya Cissoko raconte les immeubles surpeuplés, vétustes, la violence, le racisme. L'ordinaire, révoltant, qui précise l'origine des « presque » français, et celui qui tue par sa bêtise. Elle raconte aussi la solidarité, l'amitié, les moments de bonheur, les rencontres qui changent une vie. Le poids des communautés, des traditions qui perdurent. Danbé, c'est une petite porte qui s'ouvre vers le Mali et ceux qui venus de là-bas, vivent en France. C'est une porte qui s'ouvre aussi vers le Paris populaire, métissé. C'est surtout, entre anecdotes et vie quotidienne, l'occasion de réflexions sur l'immigration à travers l'histoire des parents d'Aya, sur ce que signifie être un « français d'origine », sur la manière dont se forge une culture métissée, entre celle des ancêtres et celle de lieu où l'on vit. Comme celle que se crée Massiré, sa mère, qui se révolte contre la tradition tout en élèvant ses enfants de le danbé et reconquiert doucement sa place dans le groupe. Une mère dure, mais qui donne à sa fille la liberté nécessaire pour tracer son propre chemin. Ne serait-ce qu'en lui permettant de boxer malgré les reproches des voisins et de la famille. Sans édulcorer ses relations parfois difficiles avec elle, Aya Cissoko trace de sa mère un portrait à la fois terrifiant et superbe. L'histoire d'Aya Cissoko est forte, d'autant plus forte qu'elle n'édulcore rien de ses échecs, de ses luttes contre les autres et contre elle-même, et rien de ses victoires, dont les moindre ne sont pas de se relever toujours, d'affronter les difficultés, les drames, le regard des autres et les préjugés.
On n'oublie jamais, au fil des pages, que la voix qui se fait entendre est celle d'une jeune femme bien vivante, qui continue à tracer sa route. Danbé est bien un témoignage, mais un grand et beau témoignage, d'une admirable tenue littéraire. C'est un récit fort, honnête, touchant, dense et complexe sous son apparente simplicité qui mérite bien son titre.
Cissoko, Aya, Desplechin, Marie, Danbé, Calmann-Levy, 2011, 182p., 5/5
"Lorsqu’il avait été enfin seul, et libre, en descendant de l’autocar qui l’avait emmené du sud de l’Espagne au nord de la France, Samba avait regardé autour de lui et c’était la France, c’était Paris, alors il avait marché, marché le long des bâtiments du passé. Ses chaussures étaient minables et trouées, mais le ciel était jaune, les murs brillaient dans la lumière du soleil qui tombait, et il était au centre du monde. Il savait que cela ne durerait peut-être pas, mais il était heureux d’être là, et cela rendait ces minutes encore plus précieuses.
Quand Chéri rencontre Léa, il a tout juste vingt ans. Elle, a largement passé la quarantaine. Quand Chéri quitte Léa pour se marier, il a vingt-cinq ans, elle, cinquante, et plus rien ne va de soi, même pas la fin cette relation qu'ils croyaient sans conséquence...
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