C'est un texte poétique que nous donne Stéphane Audeguy avec son premier roman. Il raconte avec douceur, avec passion par l'intermédiaire d'un vieu couturier passionné, Akira Kumo, la vie de ceux qui ont consacré leur vie à étudier les nuages. Luke Howard le quaker contemplatif, Carmichael, le peintre tourmenté, Richardson le savant maudit et Abercrombie l'homme perdu.
Un peu d'histoire avec la naissance de la météorilogie, un peu de science, une intrigue presque policière avec la recherche du protocole manquant à la collection d'Akira Kumo, une histoire d'amitié entre un vieil homme et une jeune femme, sa bibliothécaire, de l'aventure et de l'amour, on trouve de tout dans ces pages! Les personnages sont attachants. Akira Kumo et son traumatisme, Virginie la bibliothécaire et sa découverte d'elle-même. En tout cas, moi je les ai aimés.
C'est tout simplement très beau la plupart du temps. On part à la découverte des nuages mais pas par un biais scientifique, par des chiffres et des graphiques, par un découpage de plus en plus fin de la matière. On les découvre à travers la vie d'hommes de chair et de sang. Ainsi, Stéphane Audeguy montre qu'étudier les nuages, c'est finalement prendre le risque de se découvrir soi-même, de devoir accepter et assumer ce que l'on est. C'est le cas de tous les précurseurs, comme c'est le cas d'Akira Kumo, qui au fil du temps, retrouve la mémoire de ce que fut son enfance.
Quelque part, ce roman fustige un monde où on a perdu la magie, la poésie, un monde où on ne regarde plus les nuages que pour prédire le temps alors qu'ils sont la vie même dans sa vitalité constamment en mouvement.
"Rien au monde de plus fascinant que les nuages, sinon l'océan; mais là est le danger. Car rien aussi n'est plus vain, plus trompeur, plus stupéfiant que cette matière, toujours renouvellée et que l'on peut si aisément s'épuiser à vouloir décrire, comprendre, dominer."
Stéphane Audeguy, La théorie des nuages, Gallimard, 2005, 289 p.