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Littératures françaises - Page 13

  • La promesse

     

     Fedia et Vania sont apprentis mécaniciens de la marine soviétique. L'amitié profonde qui les lie, scandée par les dimanche passés dans une anse face à la mer leur permet de garder intacte un peu d'innocence et de rêve. Jusqu'à l'affectation, l'inévitable séparation, et l'oubli. Jusqu'à la rupture de la promesse qu'ils s'étaient fait.

    Cette promesse faite par deux garçons à peine sortis de l'enfance est celle de ces amitiés éternelles que l'on peut nouer parfois à l'adolescence, avec le sentiment que rien ni personne ne pourra  jamais les briser. Une amitié absolue, profonde, viscérale, au point que l'on se demande à quel point ce n'est pas un amour contrarié par le poids du regard de l'institution militaire et de la société. L'histoire de ces quelques mois de formation, de cette amitié, le lecteur la découvre à travers les souvenirs de Fedia qui remonte vers la source d'un lac, puis vers la source de la rivière qui alimente le lac. Ce temps de navigation, à la rame, au moteur avec les rencontres de hasard que l'on fait aussi sur l'eau est l'occasion pour lui de se remémorer cette amitié brisée il y a si longtemps et qui n'a plus aucune chance de revivre puisque Vania est mort. La symbolique est forte: ce trajet que fait Fedia est une remontée physique, mais aussi mentale vers vers l'événement fondateur de son passage à l'âge adulte. Fedia cherche l'endroit parfait pour répandre les cendres de son ami, celui qui le renverra en écho à cette anse où il se reposait autrefois avec lui. Une manière de renouer les fils de son histoire, et de guérir cette vieille blessure qui, on le devine, a fini par tuer Vania. De reprendre le cours d'une vie emplie d'un enfant et de ses jeux.

    Hubert Mingarelli offre à ses lecteurs le portrait de beaux personnages en quête d'eux-mêmes et de superbes paysages dans une langue sobre, épurée mais poétique et évocatrice. Le lire, c'est un peu entrer en ascèse. Il se passe peu de choses, il y a peu de mots, pas de lyrisme. Ce n'est pas nécessaire pour aller au fond des êtres et des choses. Hubert Mingarelli n'a pas besoin de grand chose pour faire voir et sentir les berges de la rivière, la sérénité et la peur qui se dégagent d'un lac la nuit, la douceur de la lumière filtrée par le feuillage des arbres, la douleur du souvenir et l'envie de vivre. C'est entre les mots, dans ce qui n'est pas écrit et qui n'a jamais été dit par Fedia et son ami que l'essentiel se joue et se laisse deviner.

     C'est un  roman, pudique, qui attrape mine de rien le lecteur dans ses filets et l'emmène faire un beau voyage immobile.

    L'avis de Cathe, de Martine Laval.

    Hubert Mingarelli, La promesse, Seuil, 2009, 3.5/5

  • La petite cloche au son grêle

    Un jour Marcel Proust entre dans la vie d'un adolescent de 13 ans et de ses parents, bouleversant la vie du café de la famille et de tout un village du Nord de la France.

    Une bulle de savon. C'est ce qui me vient à l'esprit quand je repense à cette lecture. Légère, trop légère au départ, et puis si jolie qu'on la regarde s'envoler toute irisée avant de la voir éclater avec tristesse. Voilà. Bon, je ne suis guère douée pour la métaphore et vais donc revenir à un langage plus terre à terre. Je l'admet, le début de ce roman ne me convainquait pas. Un je ne sais quoi dans les dialogues, dans les personnages, dans le décor qui ne parvenait pas tout à fait à éveiller mon attention. Et puis, insidieusement, le charme a fait son effet, jusqu'à me donner envie, à moi, grande réfractaire à Proust devant l'Eternel, d'aller faire un tour du côté de chez Swann et d'aller admirer Cabourg un jour d'été. Bravo monsieur Vacca, c'est un tour de force! La petite cloche au son grêle raconte comment la littérature peut s'introduire dans une vie comme une voleuse. Il suffit d'un rien, d'un béguin d'adolescent, d'un livre oublié dans l'herbe dont les pages retiennent un parfum, de l'amour d'une mère pour que soudain, Proust devienne le compagnon de route de tout un village et ensoleille le malheur qui vient toujours briser la vie des gens heureux. Sans doute pour qu'ils aient une histoire.

    C'est une belle histoire débordante d'amour et de vie, de nostalgie aussi. J'ai aimé faire un bout de chemin avec cet enfant qui devient adulte, avec ce couple à l'amour débordant, avec cette famille et je les ai quitté le coeur serré par l'émotion au son de la petite cloche.

    « Un soir, tu entres dans ma chambre alors que je me suis endormi. Le livre m'a échappé des mains et gît sur ma descente de lit. Tu t'en saisis, comme s’il s’agissait d’un miracle.

    - Mais tu lis, mon chéri ! souffles-tu en remerciement au ciel.

    Incrédule face à ce prodige, craignant quelque mirage, tu palpes l’objet. Non, tu ne rêves pas : ton fils lit.

    Intimidée, tu ouvres le livre, fascinée à ton tour… »

     

    Les avis de Cuné, de Cathulu, de Bellesahi, de Florinette, Amanda, Lily, Caro|line], Sybilline...

     

    Paul Vacca, La petite cloche au son grêle, Philippe Rey, 181 p., 2008 3.5/5  

  • Oedipe sur la route

    Oedipe le parricide, le fils incestueux, l'aveugle dont les enfants sont promis à un sombre destin. Ce personnage antique, nous le connaissons par le fameux complexe que Freud a mis en lumière et qui a connu une postérité telle qu'on en parle aujourd'hui à presque toutes les sauces, en oubliant un peu vite qu'Oedipe est aussi, et avant tout un personnage littéraire, une figure tragique d'une rare envergure, le personnage  principal d'une pièce superbe et le père d'une fille dont le nom est aussi célèbre que le sien. Cet Oedipe tragique, j'en garde un souvenir lointain, brumeux, celui d'un homme fait d'une pièce, jouet des dieux qui se soumet à son destin. Henry Bauchau lui, en a fait plus qu'un homme. Sous sa plume, Oedipe devient un être humain dans le parcours duquel tout le monde peut se reconnaître.

     Coupable, Oedipe l'est sans aucun conteste. Il est même LA figure de la culplabilité. Mais responsable du drame qui a ruiné sa vie, celle de femme et mère, celle de ses enfants et frères et soeurs, il ne l'est pas. La culpabilité qu'il ressent et qui le pousse à se crever les yeux avant de partir sur la route est celle d'avoir été aveugle toute sa vie à ce qu'il était et à ce qui l'entourait. En s'aveuglant et en s'exilant, il part d'abord vers l'anéantissement. Puis, sous l'influence d'Antigone qui l'a suivi magré tout, et sous celle de Clios le bandit qui va devenir l'ami et le frère, il va se revenir vers la vie et commencer à parcourir le long chemin intérieur qui va le mener vers la connaissance de soi et l'acceptation de ce qu'il est et de ce qu'il a fait.

    A travers Oedipe, Bauchau raconte le parcours de tout homme et de toute femme qui décide de faire face à ses démons et parle de l'aide que peut apporter l'art dans ce parcours, et de l'importance des rencontres, de l'entourage. Clios qui maintient en vie, protège , Diotime la guérisseuse qui ouvre la voie vers la guérison, Calliope qui jalonne le chemin, Constance qui raconte, ... Une galerie de personnages lumineux, qui deviennent des compagnons.

    Au fil des pages, le long voyage d'Oedipe et Antigone se confond avec le voyage intérieur d'Oedipe en un récit au temps suspendu. L'errance dure des années que le lecteur ne voit pas passer. Les indications de temps sont rares. On se sait en été, en hiver, en automne, au printemps, à l'aube, au coeur de la nuit. Rien de plus et c'est bien ainsi. L'important n'est pas le temps que prend le chemin, mais le visage de ce chemin, les paysages de Grèce, les éléments que Bauchau parvient à faire sentir au lecteur en peu de mots. L'histoire et les légendes aussi sont au centre. L'histoire des personnages, et à travers eux de la Grèce. Quand cela devient nécessaire, Bauchau se fait conteur comme Oedipe l'aède. Des histoires dans l'histoire émaillent le récit, l'aèrent, l'enrichissent. La parole de Constance par exemple, qui dit l'histoire des hautes colline a les résonnances d'un mythe fascinant.

    Le chant, le conte, l'art quel qu'il soit est de toute manière au centre de l'oeuvre de Bauchau. Il est moyen de la connaissance de soi, de la catharsis. Oedipe s'exprime à travers la sculpture et le chant. Symboliquement, sa voix lui revient au fil du travail qu'il accomplit sur lui-même. Antigone, elle, sculpte et file, danse et combat. Clios danse et exprime dans cette danse tout ce qu'il est, il va rencontrer la couleur, la peinture. L'art, s'il vient du fond du coeur et de l'âme est essentiel. Peu importe qu'il survive à celui qui a créé: Oedipe abandonne ou détruit ses oeuvres, et rien n'est plus éphémère qu'un chant ou une danse. Ce n'est pas important. L'art est simplement, et justement ce qui permet d'exister et c'est bien. La vague est un chapitre particulièrment impressionnant par la démesure de l'oeuvre accomplie et par la symbolique forte de cette vague sculptée dans une falaise qui menace d'engloutir une barque qui pourtant la surmonte. Oedipe sculpte, et il sculpte d'autant mieux que ses mains traduisent totalement et pleinement ce qu'il est et ce qu'il est en train de devenir. Oedipe sculpte parce qu'il est aveugle et parce que dans le noir, il devient totalement et pleinement conscient de ce qu'il est et de l'essence de ce qui l'entoure. La vague, il la dompte avant qu'elle ne retombe et n'engloutisse tout sur son passage. Et ainsi, il se sauve et sauve Antigone, Clios et ceux qui l'entourent. Au terme de sa route, Oedipe s'est trouvé, mais il a aussi permis à Antigone de devenir Antigone, à Clios d'être Clios, à Calliope de trouver sa voix.

    Lire Bauchau, c'est prendre un risque à chaque fois. C'est en tout cas ce que je ressens chaque fois que je termine une de ses oeuvres. On peut ne pas être sensible à ses écrits. En ce qui me concerne, ses mots résonnent, rencontrent un écho. Comme Antigone, Oedipe sur la route est un roman fort, plein de la lumière et des senteurs de la Grèce, plein des drames et du cheminement d'hommes et de femmes en quête d'eux-même.  

     

    Les mots d'Erzébeth, ceux de Dda

    J'ai retrouvé l'article qui m'avait amenée à Henry Bauchau et son Antigone... Erzébeth, soit mille fois remerciée pour cette belle rencontre.

     

    Henry Bauchau, Oedipe sur la route, Actes Sud, Babel, 1992, 410 p., 5/5

  • Zénith

    Le narrateur travaille dans un entrepôt, à l'expédition des colis. Une vie en demi-teintes marquée par les visites à sa mère et l'amitié qui le lie à un de ses collègues, Del Roulio, un passionné de montres. Un jour, celui-ci lui offre une montre, une Zénith toute simple, au fond de laquelle est gravé:  «Témoignage de reconnaissance Grande Bacnure - À M. Louis Cabolet - Juin 1949.»

    Il ne se doute pas alors que cette montre va l'amener à remonter le fil d'histoires familiales marquées par le secret et la souffrance, dont la sienne.

     Zénith est un roman d'initiation doux-amer qui explore avec une certaine force les thèmes de la paternité, de la transmission et du souvenir, mais aussi de la découverte de soi. De chapitres en chapitres, on suit le cheminement mental du narrateur, sa curiosité qui s'éveille devant le mystère de Louis Cabolet., l'obsession qui l'étreint. Ce qui commence comme une interrogation amusée sur l'identité de cet homme dont la montre est parvenue jusqu'à lui devient rapidement l'occasion pour lui de s'interroger sur la mort et sur le souvenir. Parce qu'une montre gravée comme l'est la Zénith est un objet de famille, un de ceux qui passe de père en fils ou de père en fille, un objet intime qui a marqué l'écoulement d'une vie et qui la résume en quelque sorte. Et que pour Louis Cabolet, la chaîne a été rompue.

    Le narrateur va chercher à renouer le fil du souvenir. Son enquête va le mener au coeur de la communauté des amateurs de montre, puis en Belgique dans une ancienne ville minière, et finalement, sur les traces de sa propre histoire. Chaque rencontre, chaque étape franchie le ramène à son enfance, à son adolescence et au suicide de son père, aux prémisses de sa vie d'adulte avec cet échec amoureux qui a conditionné sa vie. Petit à petit, il va apprendre à faire face à ses démons intimes. Zénith, c'est finalement l'histoire d'un tout petit objet qui change une vie. L'histoire de Louis Cabolet va faire émerger une histoire familiale marquée par le secret, et renouer les fils d'un lien père-fils qui a été brisé par le suicide du père. Symboliquement, c'est avec une autre montre que se clôt l'histoire, une montre qui rattache enfin le narrateur au passé qu'il fuyait et lui permet de regarder enfin vers l'avenir. En soldant les comptes de sa propre filiation, il peut enfin s'autoriser de désirer une vie de famille et un enfant.

    De manière assez tendre, Zénith montre aussi de quelle manière nous reproduisons les schémas de l'histoire familiale, quand bien même ils sont restés de nombreuses années sous le sceau du secret. Il montre aussi à quel point nous connaissons peu ceux qui nous ont donné la vie et de toute manière, ceux que nous aimons et pensons connaître. Et comment l'ignorance de cette méconnaissance creuse les fossés de l'incompréhension et de la peur. La découverte progressive que fait le narrateur de son entourage, mais aussi les personnes qu'il va rencontrer au fil de son enquête donne une galerie de personnages complexes et attachants dans leurs failles et leurs faiblesses, celui du narrateur, écrivain en devenir, n'étant pas la moins fascinante..

      

     Le site de Jean Grégor.

     

    Jean Grégor, Zénith, Mercure de France, 2009, 3.5/5

  • Le coeur cousu

    Frasuita Carasco a la réputation d'une magicienne, d'une sorcière dans son village du sud de l'Espagne. Sa beauté, son don qui donne la vie aux choses qu'elle coud et brode, son destin de femme trahie et bafouée par son époux, tout la destine à devenir une réprouvée. Jetée sur les routes avec ses enfants, elle va partir à la poursuite de ce que jamais plus elle ne pourra retrouver: l'amour.

    Autant ne pas maintenir le suspense trop longtemps, ceci est un de mes coups de coeur de l'année. Non pas que je sois d'une originalité folle, les billets élogieux ayant fleuris sur la toile, mais de fait, Le coeur cousu fait partie de ces romans qui vous happent et qui chantent longtemps dans la mémoire. Je le définis comme un roman, mais c'est plutôt un conte, un long conte cruel et acéré comme le sont le plus souvent les contes. Un de ceux dont les héros souffrent et ne trouvent pas nécessairement le bonheur. Un de ceux où la Mort prend le visage d'une jeune femme en robe rouge, où les dons sont les pires des malédictions et où les princes charmants apportent le malheur à celles qui ont la malchance d'en être aimées. Un conte foisonnant, où le merveilleux fait irruption au détour d'une ruelle ou dans les méandres d'une caverne.

    Pour moi, Le coeur cousu est avant tout une histoire de femme. C'est, paradoxalement pour un roman, un récit oral. Le style est certes très travaillé, trop parfois peut-être, mais tout tourne autour des traditions orales, des récits des conteuses et de ces histoires racontées dans les cuisines, de ces rites transmis de mère en fille. C'est sa mère qui va initier Frasquita à ses premières règles, en lui apprenant les prières et en lui donnant ce coffre qui, ouvert après neuf mois d'attente, lui révélera son don.Ce coffre, Frasquita le transmettra à ses filles, qui se le transmettront les unes aux autres. Et Soledad, la dernière, racontera l'histoire de sa mère, et en de cette famille. En écrivant, en racontant différemment et en éflechissant aussi sur l'histoire de sa mère, Soledad est celle qui rompt le fil de la tradition, qui tente de donner aux générations de femmes qui vont la suivre une liberté qu'elle même n'a pas connue. La liberté de celles sur qui ne pèsent pas des siècles d'histoires de femmes opprimées ou fortes. Elle apporte la liberté, mais aussi l'absence de cette magie, de cette solidarité qui la lie si fort à ses soeurs.

     C'est une histoire de femme par son personnage central même, Frasquita la solaire, toute de passion et de retenue, avide d'un amour que rien dans son milieu et dans son temps ne peut lui permettre d'obtenir sinon pour son malheur. Une histoire de femmes parce qu'elle dit aussi la difficulté d'aimer pour les femmes leurs époux, leurs amants et leurs fils et la force qu'il faut pour continuer malgré tout à vivre et à tracer sa route.

     Mais ce n'est pas tout. C'est aussi un roman sur la guerre, un roman sur la folie du jeu, un roman sur la figure paternelle, un roman sur la violence, un roman sur l'exil, un roman sur l'amour et la passion. J'ai aimé Anita et son Juan, capable d'attendre quinze années qu'une promesse soit accomplie pour qu'enfin leurs noces soient consommées, Martirio qui va aimer malgré sa peur d'apporter la mort, Clara le papillon attiré par la lumière, Salvador porté par un idéal qui le consume, Angela et le père André...

    Porté par la plume de l'auteur qui sait à merveille donner l'impression de respirer l'odeur du soleil et des oliviers, ressentir la morsure du sable et de la peur, on rit, on pleure et on frémit au récit des destins croisées de Frasquita et de ses filles et on se laisse emprisonner dans les méandres d'un conte d'une rare force.

    "Prisonnière de quelques pages blanches, j'ai davantage rêvé sa vie que la mienne. Je le sais, mais qu'importe. Ce qui devait être rêvé l'a été.

    La boîte ouverte le mois dernier ne m'appartient déjà plus. Demain, Martirio la remettra à Françoise, sa fille aîné pour que se perpétue la tradition. Il ne nous reste qu'une prière du dernier soir, les autres ont été perdues. Une dernière prière, un lien tenu entre nous et l'au-delà.

    L'envie me prend parfois de gaspiller ce sésame, de le dire aux quatre vents pour que les morts ne viennent plus jamais dévorer nos vies. Plus d'héritages. Plus de douleur. Plus d'échos dans nos âmes. Plus qu'un présent étale.

    N'est-ce pas la douleur de nos mères que nous nous léguons depuis la nuit des temps dans cette boîte en bois?"

    L'avis de Florinette, de Sylvie, de Fashion, Emeraude, Leaticia B, Clarabel, Dda, Yohan, Elfique,...

     Carole Martinez, Le coeur cousu, Gallimard, 2008, 5/5