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  • Prodigieuses créatures - Tracy Chevalier

    prodigieuses-creatures-184x300.jpgSi Mary Anning a bien une particularité, c'est son amour des curios, ces fossiles qu'elle ramasse sur la plage et qui permettent de nourrir un peu mieux sa famille. Si Elizabeth Philpot fait une découverte en venant s'installer avec ses deux soeurs dans le Dorset, c'est celle des fossiles qu'elle ramasse sur la plage. Tout les sépare: âge, classe sociale, éducation, mais c'est ensemble qu'elles vont bousculer le monde scientifique.

    Je dois dire qu'à priori, les fossiles n'ont pas grand chose pour éveiller mon intérêt. Par contre, si on me dit Angleterre du 19e siècle, assez étrangement, vous me verrez lever le nez, l'oeil luisant. Autant dire que ce n'est guère que pour cette raison que j'ai ouvert le dernier roman de Tracy Chevalier dont les oeuvres ne m'avaient pas jusqu'alors attirée. Enfin, comme dirait l'autre, il faut une première fois à tout pour autant qu'on l'ose.
    C'est un très beau roman à deux voix qu'offre Tracy Chevalier, Elizabeth et Mary racontant chacune son tour une partie de leur histoire commune. A travers leurs voix, on découvre donc le monde scientifique du 19e siècle, ce temps où les théories de l'évolution allaient à l'encontre des dogmes et où l'on tentait de donner leur place aux fossiles de créatures qui apparaissaient comme autant de curiosités. Ce temps où la science appartenait aux hommes quelles que soient les connaissances et les compétences acquises par les femmes, où le respect chèrement acquis par ces dernières pouvait être perdu pour un mot ou une ligne, où leurs découvertes étaient minimisées ou leurs étaient arrachées sans vergogne. Ce monde où aller à l'encontre des conventions faisait de vous objet d'admiration et de rejet. C'est assez fascinant de rencontre Mary Anning et son amie, deux femmes assez fortes et passionnées pour assumer de dépasser les bornes assignées à leur sexe. Pour elles, pas de destin d'épouse, de mère ou de vieille fille tristement banale.
    15mary.jpgOn les écoute se raconter, raconter leur monde avec humour, tristesse, colère parfois, chacune marquée par son éducation et ses espoirs, ses révoltes et ses renoncements et le prix à payer pour les miettes de liberté et de reconnaissances qui leur échoient.
    Tracy Chevalier est parvenu à donner vie à ces deux femmes devenues quelques lignes dans les dictionnaires et les encyclopédies avec une certaine finesse psychologique et une grande cohérence, et à brosser un tableau prenant de la société anglaise. Tout juste regretterais-je le style que j'ai finalement trouvé assez plat, et quelques longueurs rapidement oubliées pour savourer un récit haut en couleurs et le cheminement dans un monde scientifique en ébullition, à l'orée de révolutions qui vont forger notre monde.


    Pour en savoir plus sur Mary Anning c'est par ici!

    Pour la petite histoire, Lyme Regis est aussi un des décors de Persuasion, sans doute mon roman préféré de cette bonne vieille Jane à laquelle il est fait allusion. On peut d'ailleurs en admirer certains paysages dans la très sympathique adaptation ITV.

    cobb_lyme_regis.jpg


    Leiloona en parle, Lou aussi. D'autres avis sur A propos de livres, et chez Alwenn.




    Chevalier, Tracy, Prodigieuses créatures, La Table Ronde, 2010, 377 p., 4/5

  • La citation du jeudi: Blaguàpart, Suzanne on line

    "Laisse-moi parler, la voix ! Dieu, c'est pour les prières, le salut du monde, tout ça. Il fait un peu peur, surtout Celui sur sa croix, mais Il rassure aussi. Une sorte de papa qui meurt pas vraiment, qu'on voit pas, mais qui fait chaud quand on y pense. On voudrait pas qu'il gronde si jamais il revient, alors on fait gaffe à pas trop faire de bêtises. Bref, Dieu, Il est dans l'église quand je veux lui parler, pas dans ma tête quand ça lui chante, non mais ! Vous me voyez courir la campagne à dire au pauvre monde que j'entends Dieu sans écouteurs ? C'est des coups à se faire appeler Jeanne ! Non, non. Moi je crois en un seul Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, bien haut hors d'atteinte de nos méchancetés. Il y a des règles à suivre quand même !"



    blaguaparts.jpg"Top, c'est parti. Je suis un recueil de seize nouvelles où la réalité est mise à mal, où le futur comme le passé se prennent quelques séries de baffes monumentales. Je voyage dans l'espace sous forme de cube, sous forme de navette déglinguée, j'ai des potes commandos des frontières de l'infini, d'autres qui ont le tentacule facile. J'aime les enfants, j'aime pas les hôpitaux, j'entends des voix, je chante le Canto-pilote électrique. Quand j'ai créé le monde j'étais un concept, quand je l'ai vu disparaitre j'avais des cors aux pieds. Je suis ... Je suis ...
    - Blaguàparts, de Don Lorenjy !
    - Bravo, vous gagnez une trottinette."

     

     

    Cette semaine, les joueurs sont:

    aBeiLLe

    Cathulu

    Delphine

    Don Lo

    Doriane

    Fashion

    George

    Katell

    Kathel

    La Trace

    Lucie

    Mango

    Martine

    Mirontaine

    Naolou

    Patacaisse

    Séverine

    Stéphanie

    Stephie

    Tinusia

     

     

     

     

     

     

    Pour le reste, voir ici!

  • Blaguàpart - Don Lorenjy

    blaguaparts.jpg"Top, c'est parti. Je suis un recueil de seize nouvelles où la réalité est mise à mal, où le futur comme le passé se prennent quelques séries de baffes monumentales. Je voyage dans l'espace sous forme de cube, sous forme de navette déglinguée, j'ai des potes commandos des frontières de l'infini, d'autres qui ont le tentacule facile. J'aime les enfants, j'aime pas les hôpitaux, j'entends des voix, je chante le Canto-pilote électrique. Quand j'ai créé le monde j'étais un concept, quand je l'ai vu disparaitre j'avais des cors aux pieds. Je suis ... Je suis ...
    - Blaguàparts, de Don Lorenjy !
    - Bravo, vous gagnez une trottinette."

     

    Là, comme je me suis marrée, j'ai embarqué le recueil. Avant de me rendre compte qu'entre lui et moi les choses partaient décidemment très bien. Au sommaire, Suzanne on line. Et le souvenir d'avoir eu mal aux abdos qui remonte soudainement à la surface.

    Il va sans dire que la quatrième de couverture intégralement recopiée (nan ce n'est pas de la paresse, c'est du partage, admirez ma gentillesse et ma bienveillance non mais) qui figure ci-dessus donne le ton du recueil.

    C'est drôle, très drôle. Et en même temps cynique, ironique, décapant, caustique, vous êtes autorisés à ajouter les synonymes que vous voulez.

    Don Lorenjy a l'art et la manière de croquer les travers humains avec un humour qui fait mouche: société de consommation, égoïsme forcené, tendance à entuber le voisin ou à tirer avant de discuter, manipulation tout y passe. Mes amis, l'avenir risque fort de ne pas être rose, mais ce n'est pas une raison pour ne pas en rire.

    Il y a des petits bijoux, comme la fameuse Suzanne dont le dialogue avec Dieu n'est pas piqué des hannetons. Ou Organum aussi joli que drôle. On y apprend des choses sur les bourgeons et le big bang, on réflechit sur l'information et la fin du monde. On fait connaissance d'aliens pas franchement désintéressés et d'une réalité ma foi assez lovecraftienne.

    Et puis on suit 5 snipers de l'espace dans une ambiance très Starship Troopers en plus rigolo. Dans le genre jeu de massacre réjouissant, c'est un grand moment: en fait de héros aux sourires éclantants de blancheur, on se retrouve avec des bonshommes bedonnants, pervers, pas franchement malins et ultra violents qu'on adore détester. Et imaginer atterrir.


    Bref, il y a à boire et à manger dans ce recueil aussi hilarant qu'intelligent. Vivement les prochaines nouvelles du sieur Lorenjy!

     

    Une interview du monsieur. Et l'avis du Dragon Galactique.

    Don Lorenjy, Blaguàpart, Griffe d'encre, 2010, 215 p., une mascotte en super forme, 4/5