Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • La citation du jeudi: D'où je suis je vois la lune

    "Assise sur un banc du square avec Comète à mes pieds qui fait semblant de dormir, je regarde le temps passer. Une bloned fait pisser son caniche et un chauve à lunettes lit un bouquin sur le banc d'en face, bien en vue pour que je remarque la couverture. D'abord je tilte pas. Ces temps-ci je suis un peu dans la lune, avec ma main posée sur le téléphone. Mais mes yeux ne peuvent pas s'empêcher d'y retourner, il sont repéré la couleur: c'est un bouquin de la mannequin. Un bouquin tout neuf que le type lit fiérement en croisant les jambes et en mouillant son index pour tourner la page. Il fronce les sourcils, il sourit, il repose son bouquin à plat sur ses genoux et regarde dans le vague avec un air absent. Je suis en plein dans sa ligne de ire mais il ne me voit pas, il regarde au large. Ça me donnerait presque envie de lire, je savai pas que des mots pouvaient ouvrir l'horizon. Sa sévérité s'est transformée en sér&énité. D'un coup je me sens fière, je me dis que peut-être, moi aussi, je suis une adoucisseuse de visages, une sorte d'esthéticienne de l'âme.

    Son téléphone sonne, il ne répond pas. Je lâche le mien des mains et je continue de l'observer, cet homme immergé dans l'imaginaire d'un autre."

     

    9782234062610-G.jpgQuatrième de couverture: Moon a choisi la rue parce qu’elle a décidé d’être « elle-même dans ce monde où les gens sont devenus des

    autres ». Elle ne fait pas la manche, elle vend des sourires, et observe avec malice le manège des gens pressés.
    « Je dis : Avec cinquante centimes d'euros, qu'est-ce qu'on achète à notre époque ? J'insiste, il accélère, petite pirouette : Non sans déc’, à ce prix, franchement, tu trouves des trucs intéressants à acheter ? Le type finit par s'arrêter, il se demande où je veux en venir, et c'est là que je sors le grand jeu, tutti et compagnie, je dis : Un sourire à ce prix-là, c’est pas cher payé ! Et j'attends pas qu'il accepte, je lui refourgue un petit sourire façon majorette à dentelles, épaules en arrière et tête haute. Le type soupire, il pense qu'il se fait avoir. Il n'a que dix centimes mais je lui fais quand même le sourire en entier. Je suis pas une radine. »

    Autour d’elle, il y a Michou et Suzie avec leur Caddie, Boule, son crâne rasé et sa boule de billard à dégainer en cas de baston, les kepons migrateurs avec leurs crêtes de toutes les couleurs, et surtout, il y a Fidji et ses projets sur Paname. Pour lui, elle a décidé d’écrire un roman, un vrai. 
    Et il y a Slam qui sort de prison, Slam qui aime les mots de Moon et a une certitude : un jour, elle décrochera la lune…

     

    775617785.gif
    Cliquez pour la liste des participants
  • La citation du jeudi, clap!

    Et bien c'est Jeudi qui est content! Il ne s'attendait pas à avoir autant de fan le pauvre gars! Enfin, un peu volages, mais nul n'est parfait et surtout pas l'initiatrice du bazar!

    Le jeudi c'est citation.gif

    Alors, parmi les amoureux du Jeudi (mais pas que), nous comptons:

    aBeiLLE

    Amanda

    Ankya

    Anne

    AnneLaureT

    Aurel

    Bookworm

    Caro[line]

    Cathulu

    Chocoladdict

    Choupynette

    Chrys

    CKan

    ClaudiaLucia

    Constance93

    Cricri S.

    Cuné

    De lives et d'eau fraîche

    Delphine

    Don Lo

    Doriane

    Emma

    Fanny

    Fashion Victim

    George

    Grillon

    Herisson08

    Irrégulière

    Isa

    Juliette

    Kali

    Katell

    Khatel

    La femme coupée en deux

    La froguette

    La Trace

    Lenemae

    Le nirvana

    Lhisbei

    Liceal

    Liza Lou

    Lucie

    Lune

    Lystig

    Mademoiselle

    Maijo

    Mango

    Marie

    Marie L.

    Marine Rose

    Martine

    May

    Minifourmi

    Mirontaine

    Miss Babooshka

    Naolou

    Nanne

    Noukette

    Océane

    Ofelia

    Papillote

    Patacaisse

    Sara

    Séverine

    Shopgirl

    Sofynet

    Stéphanie

    Stephie

    Sylire

    Tanakia

    Thé Citron

    Theoma

    Tinusia

    Turquoise

    Uncoindeblog

    Valérie

    Voyelle

    Yueyin

     

    Mo fait des blagues, elle est inscrite d'office! Emeraude a d'autres perles, n'hésitez pas à aller y jeter un oeil!

    Pour ceux que j'oublie, hurlez!!

    Pour le rappel du principe et le logo, c'est par ici! N'oubliez pas, "as you like it" et faites-vous plaisir!

     

  • Le naufrage de la Vesle Mari et autres racontars - Jorn Riel

    9782847201536FS.gifLe Nord-Est du Groenland, terre de cocagne et de bonheur pour les chasseurs, télégraphistes, et autres bonshommes hauts en couleur qui s'y sont installés et s'y consacrent à chasser l'ours, trinquer avec une boisson d'homme, se raconter des histoires, se battre et se réconcilier. Mais voilà que cette existence paisible est menacée par un infâme bureaucrate et son décret de fermeture des stations de chasse... Une réserve protégée, non mais quelle idée! Retourner à la chaleur du Danemark? Jamais! Chacun va comploter pour échapper à ce triste sort.

    Ahhhh, les racontars de Jorn Riel, ces petites histoires drôles, tragiques, un peu fantastique, souvent extraordinaires, truculentes... Ce n'était pas ma première rencontre avec Walfred, Lasselille et les autres et j'ai été heureuse de pouvoir les retrouver et faire un bout de chemin avec eux dans ces circonstances ma foi difficile de leur existence.

    Comme toujours, Jorn Riel donne libre cours à un talent de conteur d'une grande richesse et raconte, sous les dehors d'historiettes, la vie de ces hommes possédés par le Grand Nord, le choc d'un retour à la civilisation qu'aucun d'eux ne souhaite, la fin d'un monde et de traditions, des anecdotes vécues ou entendues durant la vingtaine d'années qu'il a passé dans cet univers. Du coup, il devient difficile de démêler le vrai du faux et le faux du vrai.

    Ceci dit, ce n'est pas important: à travers ces histoires, Jorn Riel parle de choses universelles, d'amour, d'amitié, de deuil, de peur, de volonté de trouver sa place dans le monde, de liberté et du moteur puissant que ces sentiments sont. Il y a le Capitaine de la Vesle Mari et son naufrage haut en couleur, Doc et Mortensen qui traversent l'Islandis à vélo plutôt que de se soumettre, Lasselille qui se bat contre les esprits., Rasmussen qui doute, et les autres... tous fidèles en amitié, teigneux, têtus et tendres sous leurs abords bourrus. C'est tout un monde d'hommes attachés à leur liberté, à une existence rude et à une nature qu'ils aiment profondément que l'on parcourt. On croise au hasard de ces histoires la culture Inuit, autre thème de l'oeuvre de Riel et de romans magnifiques, des paysages sublimes que Riel sait si bien dérouler sous les yeux de son lecteur et qui donnent envie d'aller faire un tour sur les traces de ces héros et on quitte tout cela à regret.

    groenland_019.jpg

    Ce sont presque les derniers racontars. Les stations de chasse sont fermées, Doc, Mortensen, Lasselille et les autres ont trouvé une nouvelle place dans le monde, où on les devine heureux et prêts à vivre de nouvelles aventures loin de nos yeux. Longue vie à eux!

    Groenland-Village-Inuit-1.jpg

    Au début du mois de juin, une rencontre avait été organisée avec Jorn Riel. J'y suis allée le coeur battant de rencontrer ce grand monsieur. J'ai découvert au fond d'un café branché un homme calme, attentif, rêveur et charmant. Dommage que l'absence de traductrice ait rendu le dialogue plus difficile, plus heurté. Mais ce fut une belle rencontre, une manière de découvrir la vie et l'oeuvre de cet écrivain hors du commun, un moment superbe à l'écouter parler de son expérience au Groenland: 20 ans d'une vie dans le Grand Nord à croiser les grandes expéditions scientifiques, à découvrir la culture inuit, à vivre avec les chasseurs, jusqu'à ne plus pouvoir supporter le Danemark. En l'écoutant, j'ai découvert à quel point ses écrits étaient imprégnés de son expérience et cela me les a rendu plus précieux encore.

    Il n'y a pas de fin aux racontars a-t-il dit, il pourrait en écrire encore et toujours, raconter des morceaux de ces journées passées avec ces gens qui étaient devenus des bons amis et qui sont encore présents pour lui, aussi vivant qu'autrefois. Le Grand Nord n'est jamais sorti de son esprit, malgré son départ, les voyages et son installation en Malaisie. Il écrira un jour ses mémoires. J'ai été heureuse de l'entendre. Parce qu'une vie pareille vaut toutes les histoires et les romans, j'attendrai ces mémoires avec impatience et l'espoir de recroiser un jour la route de monsieur Riel.

    Bien d'autres choses ont été dites encore au cours de cette rencontre. Je m'arrête là. Les racontars sont partis vers mon père qui m'a un jour fait découvrir ces histoires, comme bien d'autres avant.

    Vanessa parle aussi de cette rencontre.

    Tamara, Lounima, Lily, parlent de ces racontars. Elles ne sont pas les seules, à vous de vous promener au gré des liens. Je vous recommande les interviews de Jorn Riel au passage, elle valent le détour!


    Riel, Jorn, Le naufrage de la Vesle Mari et autres racontars, Gaïa, 2009, 250p. 5/5

     

     

  • Comité pour la réhabilitation du jeudi, ou La citation du Jeudi

    guillemet2.gifVous ne trouvez pas que c'est injuste vous? Non mais vraiment quoi! charte-guillemet.gifPauvre jeudi! Coincé entre le jour des enfants et le sacro-saint vendredi que tout le monde attend avec impatience, escamoté au profit du dimanche, c'est le jour maudit, le jour oublié. On ne se préoccupe même pas de l'insulter comme le lundi! Et bien moi, je propose de réhabiliter le jeudi, de le marquer, de lui faire des papouilles pour lui dire que non, il n'est pas tout seul comme ça au milieu de la semaine!
    Alors voilà, le jeudi, ça va être citation. Celle tirée de la lecture en cours, une de celles qu'on note précieusement dans un petit carnet, qu'on garde dans un coin de sa tête parce qu'elle fait du bien, qu'elle fait sourire ou pleurer, une de celles qu'on aurait aimer mettre dans un billet, une oubliée et retrouvée, celle que vous aimez et que vous avez envie de partager.
    Qui en est? Une citation tous les jeudi, ou un jeudi sur deux, ou un jeudi sur trois, ou le mardi pourquoi pas, ou une fois de temps en temps, as you like it!
    Le jeudi c'est citation.gif

     

  • The Bell Jar - Sylvia Plath

    belljar.jpgTout semble sourire à Esther Greenwood: jeune, jolie, brillante étudiante, elle passe une partie de son été à New-York après avoir gagné un concours de poésie organisé par un magazine. Une chance unique qui lui permet de cotoyer le monde dans lequel elle aspire à entrer. Mais les apparences sont trompeuses: dans cet univers mondain auquel elle n'est pas habituée, la jeune femme commence doucement à perdre pied. Jusqu'à sombrer dans une dépression profonde.
    Il y a des romans qui font mal et qui font peur. The Bell Jar est de ceux-là. Parce qu'il sonne terriblement juste, terriblement vrai. Sans doute parce que dans cette unique oeuvre romanesque, Sylvia Plath a mis beaucoup de son expérience: mort précoce du père, dépression, tentatives de suicide, internement, électrochocs, son héroïne traverses le mêmes épreuves que celles qu'elle même a traversé. Mais à mon sens ce n'est pas cet aspect autobiographique qui est pour moi le plus important, même si c'est ce qui a provoqué polémique et procès à l'époque de la publication et de la mort de Sylvia Plath.
    The Bell Jar est un roman riche, dense, qui raconte un passage à l'âge adulte, qui parle de la condition féminine dans les années 1950 aux Etats-Unis, qui explore les méandres du traitement des maladies psychologiques et mentales. C'est un récit d'une rare finesse psychologique et d'une précision étonnante dont on ne sort pas indemne.
    Dès le début de son récit, Esther apparaît en décalage avec le monde qui l'entoure: incapable de s'amuser avec autant d'insouciance que les jeunes femmes qu'elle cotoie, incapable d'être dupe de la frivolité du milieu dans lequel elle baigne, incapable de se sentir en phase avec son entourage.
    Petit à petit, Esther sombre sans que personne ne s'en rendre compte, déchirée entre ses aspirations littéraires, la nécessité de trouver un emploi et le modèle féminin auquel elle est censée se conformer et qui la terrifie. Il y a des pages terribles sur l'univers des femmes au foyer, les enfants à élever, le mari à servir, le métier utile à trouver en attendant de devenir une bonne petite femme soumise à son époux et à son destin de mère. Tout cela Esther n'en veut pas: pas de mari, pas d'enfants pour elle. Mais elle n'est pas pour autant capable de faire face à l'alternative.
    « Je me sentais comme un cheval de course dans un monde dépourvu d’hippodromes, ou un champion de football universitaire parachuté à Wall Street dans un costume d’homme d’affaires, ses jours de gloire réduits à une petite coupe en or posée sur sa cheminée avec une date gravée dessus, comme sur une pierre tombale. Je voyais ma vie se ramifier devant mes yeux comme le figuier de l’histoire. Au bout de chaque branche, comme une grosse figue violacée, fleurissait un avenir merveilleux. Une figue représentait un mari, un foyer heureux avec des enfants, une autre figue était une poétesse célèbre, une autre un brillant professeur et encore une autre Ee Gee, la rédactrice en chef célèbre, toujours une autre l’Europe, l’Afrique, l’Amérique du Sud, une autre figue représentait Constantin, Socrate, Attila, un tas d’autres amants aux noms étranges et aux professions extraordinaires, il y avait encore une figue championne olympique et bien d’autres figues au-dessus que je ne distinguais même pas. Je me voyais assise sur la fourche d’un figuier, mourant de faim, simplement parce que je ne parvenais pas à choisir quelle figue j’allais manger. Je les voulais toutes, seulement en choisir une signifiait perdre toutes les autres, et assise là, incapable de me décider, les figues commençaient à pourrir, à noircir et une à une elles éclataient entre mes pieds sur le sol. »
    Perdue, angoissée, confrontée à une mère qui ne la comprend pas, un fiancé qui voit en elle une future épouse parfaite et dont les parents l'adore, Esther étouffe.  C'est le début d'une descente aux enfers qu'on ne présageait pas vraiment même si elle était là, présente, possible. Après tout, tout le monde a des moments de spleen, de désespoir même. Mais quand certains continuent à avancer vaille que vaille, d'autres, comme Esther, perdent la bataille. Le malaise augmente, la tentation du suicide fait son apparition et Esther bascule totalement.
    C'est là que le roman devient proprement terrifiant. Difficile de ne pas se reconnaître en Esther., en tant que femme, et en tant qu'être humain. Les aspirations contradictoires d'Esther, la peur devant les choix à faire, sont universelles. Et ce n'est pas un problème spécifiquement féminin.
    Or, insidieusement, sans raisons réelles, son spleen et ses peurs se transforment en dépression et en tentatives de suicide, ses fragilités deviennent telles qu'elle ne peut que s'effondrer.
    « L’idée que je pourrais bien me tuer a germé dans mon cerveau le plus calmement du monde, comme un arbre ou une fleur. »
    On encaisse alors sa quête du meilleur moyen de mettre fin à ses jours, ses tentatives de suicide, sa vision déformée du monde qui l'entoure, le poid qui pèse sur elle, l'incompréhension qui l'entoure, son premier traitement par électrochoc (une ironie marquante d'ailleurs dans cette description quand on pense que le récit se déroule à l'époque de l'éxecution des époux Rosenberg), son internement.

    "Névrosée ! ah ! ah ! ah !.... J‘ai laissé échapper un rire plein de dédain : « Si c’est être névrosée que de vouloir au même moment deux choses qui s’excluent mutuellement, alors je suis névrosée jusqu’à l’os. Je naviguerai toute ma vie entre deux choses qui s’excluent mutuellement…"

    On vit avec elle la découverte des hôpitaux psychiatriques, la rencontre avec une psychiatre capable de l'entendre et de l'amener lentement vers une guérison qui ne sera jamais acquise. Sylvia Plath décrit la douleur psychologique, la douleur physique sans jamais sombrer dans le sensationnel, le voyeurisme. Le lecteur accompagne Esther, entre dans sa psychée, parfois dans ses sensations. Et en sort épuisé avec la conviction que l'histoire d'Esther pourrait devenir la sienne. La vulnérabilité qui la détruit, la possibilité de perdre confiance en soi et en ses capacités sont en chacun de nous.
    Pour la petite histoire, j'ai lu The Bell Jar en anglais: si j'ai parfois eu du mal à comprendre certaines choses, j'ai été embraquée par le style limpide, fluide de Plath, par la poésie de sa langue
    « Pour celui qui se trouve sous la cloche de verre, vide et figé comme un bébé mort, le monde lui-même n’est qu’un mauvais rêve. »
    Lilly a aimé, Pimpi en garde un souvenir plus mitigé. Tout est une fois de plus de la faute d'Ofelia, et d'Erzie, mais elle garde son billet pour elle toute seule!
    Plath, Sylvia, The Bell Jar, Faber and Faber, 2005, 234p., 5/5