Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 3

  • Abracadabra

     

    « Je suis tombé amoureux de deux personnes en même temps, un vendredi matin, dans un bus Air France. »
    L’amour tombe sans crier garde sur Nicolas. Ingrid l’ornithologue et Raoul son petit garçon. Un amour sans nuage jusqu’à ce qu’Ingrid quitte Nicolas parce qu’elle l’aime… Commence alors une longue dérive qui va voir intervenir une fée caissière exilée, un enfant rêveur, un photographe crétin, des jeunes gens à moto et des grands-mères marâtres.
     
    C’est une jolie histoire que l’Education d’une fée. Beaucoup moins mièvre que ce à quoi on pourrait s’attendre ! Bien sûr le point de départ de l’histoire, un couple qui se déchire n’est pas original, mais les personnages et la touche d’humour de l’auteur font toute la différence avec les romans à l’eau de rose.
    Nicolas est un homme enfant. Il n’a jamais accepté de quitter le monde du rêve, du merveilleux, du jeu. D’ailleurs c’est son métier d’en inventer, des jeux. Il refuse la laideur et la méchanceté du monde. Avec Ingrid et Raoul, il a trouvé son havre, sa bulle de bonheur parfait. Et ce qu’il leur apporte, l’amour d’un homme pour Ingrid, l’amour d’un père pour Raoul est énorme. Quand à eux, avec leur capacité au rêve, à l’enthousiasme, au décalage, ils sont en accord avec lui.
    C’est pour cela que quand le dérèglement de ce petit univers s’amorce, c’est l’incompréhension qui prédomine. Une incompréhension à laquelle Nicolas va réussir à faire face grâce à César, jeune irakienne à la poursuite de son rêve. Ce que veut César après avoir survécu au pire, c’est étudier sur les bancs de la Sorbonne, se dégager d’un quotidien de caissière glauque, agité par un petit ami en prison et ses copains qui la surveillent de près.
    Deux solitudes se rencontrent et trouvent l’une en l’autre la force de s’en sortir. Le face à face de Nicolas et César est ce qui fait tout le charme du roman. Le drame amoureux face au drame tout court. Le petit courage d’un homme occidental qui n’a jamais souffert que d’amour face à la vraie dignité d’une femme qui a vu le pire et vit pour s’en souvenir.
    Les problèmes de couple de Nicolas et Ingrid peuvent sembler répétitifs à la longue, la fin arriver un peu rapidement et être un peu tirée par les cheveux. Mais avec César, un petit vent frais souffle sur les pages. C’est elle la fée, celle qui redonne l’espoir, qui sauve le petit Raoul de la séparation de ses parents. Elle introduit avec son réalisme un peu de merveilleux dans la vie d’un homme qui en perdait le sens et dans la vie d’un enfant qui avait peur. Ce qui ne l’empêche pas de dire des choses si vraie et si dures sur une France qui n’est plus un rêve.
    L’alternance des chapitres, des points de vue de Nicolas et César permet d’alléger le propos, de mettre en regard deux visions du monde et de la vie. C’est ce qui fait en grande partie le charme du roman.
     
    Merci à Stéphanie de me l’avoir prêté !
     
    Les avis de Stéphanie herself, Fashion, Caroline


    Didier Van Cauwelaert, L'éducation d'une fée, Livre de poche, 2002
  • Ciel ma PAL!!!

    Bien bien bien bien bien... Le temps de la confession est arrivé! Après étude approfondie de la place sur mes étagères, de mes pulsions de LCA, de mon boulot, du sens du vent, du cri de la mouette et de la manière dont le carré de chocoat s'est cassé, j'ai pris une grande décision.  Celle de me lancer dans un challenge ABC pour l'année 2008!
    Sachant que j'ai de quoi tenir trois ou quatre challenges pour certaines lettres, ce n'est pas du luxe! La situation n'a que trop duré mesdames et messieurs! Il faut agir!
    Bref, voilà la liste sur laquelle je m'engage pour l'année: en noir les titres effectivement sur ma PAL (que je changerai pour un autre titre sur PAL en cas d'urgence irrationnelle), en rouge les lettres pour lesquelles je n'avais rien mais qui sont sur LAL, et en bleu, les lettres pour lesquelles je n'avais vraiment vraiment rien (pas étonnant)! Je changerai certains si je trouve plus alléchant!
     
    A comme Akutagawa, Ryunosuke, Rashomon et autres contes ou Altenberg, Peter, Esquisses et nouvelles esquisses viennoises
    B comme Bernanos, Sous le soleil de Satan (10 ans qu’il traîne celui-ci)
    C comme Calvino, Italo, Le sentier des nids d’araignée (parce qu’il n’y a pas de raison que je ne le finisse pas !) ou comme Cheng, François, L’éternité n’est pas de trop
    D comme Diara, Ousmane, Vieux lézard (parce que sinon c’est Dostoïevski, et là, je n’ai pas le courage)
    E comme Eco, Umberto, Comment voyager avec un saumon (histoire de rire un peu)
    F comme Ferney, Alice, Grâce et dénuement ou Findley, Thimoty, Nos adieux
    G comme Gibbons, Kaye, En mon dernier après-midi
    H comme Haase, Hella S., Les seigneurs du thé (depuis le temps que j’en entends parler)
    I comme Inoué, Yasushi, Le maître du thé (une vieille histoire d’abandon, la SPL va me poursuivre)
    L comme Lewisohn, Ludwig, Le destin de Mr Crump suivi de Crime passionnel (deux en un parce que j’aime me faire du mal)
    M comme Murakami, Haruki   , La course au mouton sauvage
    N comme Nabokov, Lolita
    O comme O’Brien, Edna, Tu ne tueras point
    P comme Pratchett, Terry, Le grand livre des gnomes
    Q comme   Quignard Pascal, Tous les matins du monde
    R comme Roy, Gabrielle, La petite poule d’eau
    S comme Stendhal, La chartreuse de Parme
    T comme Tolkien, Contes et légendes inachevés (parce que JRR)
    U comme Udall Brady, Le destin miraculeux d’Edgar Mint
    V comme Vercors, Zoo, ou l’assassin philanthrope
    W comme, Waters, Sarah, Caresser le velours
    X comme Xenakis, Françoise, Maman je ne veux pas être empereur
    Y comme Yourcenar, Marguerite, Nouvelles orientales
    Z comme Zaraluki Pedro La cantinière avait du chic
     
    Comme on dit ailleurs "semper fi" camarade et que le Grand manitou soit avec toi!

  • Cochon d'allemand

     20070827artusromerpochette.jpg
    Voilà un roman qui a fait couler beaucoup d’encre et qui me laisse un sentiment mitigé.
     
    Knud est né en1960 dans la petite ville de Nykobing Falster, de mère allemande et de père danois. Une filiation qui lui vaut d’être le « cochon d’allemand » dans un monde où la Seconde guerre mondiale a laissé des plaies profondes et où même un enfant doit payer.
     
    « Nykobing Falster est une ville si petite qu’elle se termine avant même d’avoir commencé. Quand on est dedans, on ne peut pas en sortir, et quand on est dehors, on ne peut pas y entrer. Dans les deux cas, on se retrouve du mauvais côté [..]. C’est à cet endroit que je naquis en 1960, et c’était la façon la plus sûre de ne pas exister du tout. »
    Voilà qui résume parfaitement la situation de Knud et son histoire. Sans jamais une plainte ou un jugement, l’auteur raconte l’enfance qui a été la sienne, pleine de douleur et de solitude, dans une petite ville de province poisseuse, grise et froide.
    L’école est un purgatoire, les rues sont dangereuses, les habitants adultes comme enfants indifférents au mieux, hostiles et violents au pire. Les moments qui devraient être significatifs de bonheur pour un enfant ne sont que douleur pour lui. La première neige, les anniversaires, les fêtes d’école. Chacun de ces événements est une épreuve à surmonter. Un moment où sa mère et lui-même sont en butte aux vexations et aux humiliations.
    Elle est l’allemande, la nazie, la personnification d’un ennemi qu’ils n’ont pas eu le courage de combattre et dont ils se vengent sur qui ne peut se défendre. Le pire est sans doute que leur haine envers cette femme est d’autant plus injustifiée qu’elle a tenté de résister au nazisme et a fait preuve d’un courage exemplaire. C’est ce qui marque le plus son fils d’ailleurs, la souffrance de cette mère qu’on cherche à atteindre quand on l’agresse lui. Son amour inconditionnel lui dicte d’ailleurs bien des mensonges et des omissions. Tout plutôt que de lui révéler une vérité qui pourrait la détruire. Bien sûr sa mère n’est pas dupe. Elle se tient droite et fière malgré tout, comme pour dire à son fils qu’il est possible de résister. C’est un magnifique portrait de femme qui se dessine au fil des années qui s’écoulent : on la voit d’abord à travers les yeux de l’enfant, puis de l’adolescent, et enfin de l’adulte qui peut comprendre la complexité de la personnalité de celle qui lui a donné le jour, la colère et la haine dont elle est pleine et dont elle ne peut se défaire, au point qu’elle meurt dans une douleur atroce.
    C’est aussi le beau portrait d’un enfant qui a réussi à devenir un homme malgré tout, et qui symboliquement, à la dernière page, jette la grenade de son ressentiment et de sa colère, pour enfin se libérer de ce qui a tué sa mère.
     
    Heureusement, Knud Romer ne s’arrête pas à ces seuls moments. Il retrace aussi l’histoire d’une famille pas comme les autre: une famille de tanneurs danois dont un des descendants s’engage dans les entreprises les plus loufoques et risquées d’un côté, une famille de nobles allemands rigides et fiers de l’autres. On sourit parfois, on pourrait même rire si tous n’étaient pas aussi pitoyables. Partout et toujours, le bonheur se heurte à l’échec, aux tensions familiales, au manque d’amour, aux blessures physiques et morales. La grand-mère allemande si belle transformée en spectre vivant par la bombe qui l’a brûlée sans la tuée, un grand-père danois mort d’avoir eu raison trop tôt, l’oncle Helmut marié à un dragon froid et sans cœur, un père névrotique… Tout ce monde compte pour l’enfant qu’il était sans que cela l’empêche de porter un regard critique et parfois féroce sur eux. Sur sa propre cellule familiale aussi d’ailleurs, puisque les descriptions des fêtes et des moments passés ensemble sont tempérées par la conscience de la solitude complète de ces trois êtres et du huis clos sans échappatoire qui est le leur.
    En tout cas, le regard de l’adulte sur l’enfant et ses petites histoires apporte un peu de légèreté. Il n’hésite pas à raconter que son amour de la lecture lui vient de son envie de découvrir quelle est cette mystérieuse sexualité.
     
    En bilan… Un beau texte, mais desservi par la confusion temporelle et spatiale. On passe du coq à l’âne, d’un personnage à l’autre, d’une période à une autre de telle manière qu’il est souvent difficile de savoir de quel personnage ou de quel moment il est question. Cela rend la lecture moins fluide et agréable.
    Mais le fond est tel qu’il est difficile de ne pas se laisser prendre par cette lecture. On en ressort avec l’envie de garder un peu près de soi Knudchen et sa maman.
     Merci à Fashion de me l’avoir prêté !
     

    Les avis de Lily, Fashion, Malice, Incoldblog, Bernard, Cathe, Pascal, Amy. J'ai du oublier du monde, mes excuses par avance!

    Knud Romer, Cochon d’allemand, Les allusifs, 2007, 186 p.

     

  • Neverland

    Aujourd'hui, une partie de la bande des parisiennes s'est délocalisée en pays lointain. Et oui mesdames et messieurs! Nous avons dans notre infini courage osé franchir la frontière du périphérique pour nous diriger vers la librairie de La mousmée! Une fort jolie librairie, dévalisée par les indigènes locaux mais bien pourvue en livres, figurines et autres produits! 
    Les débats ont été intenses sur la rouquinitude, les biscuits, la plus jolie carte postale! Bref une rencontre réussie!



    DSCN6629.JPG

    Avec de gauche à droite Fashion Victim, Amy, Tamara, Stéphanie, Emeraude, Caroline, Amanda, moi-même et Lamousmée!

    L'après-midi s'est poursuivie chez Stéphanie avec moults boissons et gâteaux (les biscuits de Stéphanie étaient fabuleux), des échanges de livres, de DVD et autres nourritures spiritu
    elles!

    Je n'arrivais pas à publier cet article au complet! Imaginez ma rage! 

    J'espère que nous aurons l'occasion de remettre le couvert avec d'autres bloggueuses! Vous trouverez des comptes-rendus de cette après-midi ailleurs dans le Terrier: chez
    Fashion, Caro[line] par exemple! Cherchez après l'étoile à droite pour les autres récits! Après tout, les jeux pimentent la vie!

  • Chagrin

     

    9782070769179.gif


    Cher monsieur Pennac,

     

    Cette lettre est l’expression de mon grand amour pour votre travail et d’une déception.

    L’expression de mon grand amour… C’est un terme un peu grandiloquent, certes. Vous n’êtes pas à l’origine de mon amour des livres et de la lecture. J’ai subi les assauts du bovarysme, lu jusqu’à oublier le monde extérieur, tenté de repousser l’heure de dormir à l’aide d’une lampe de poche bien avant que de lire Comme un roman. Mais, vous avez été, monsieur Pennac, à l’origine de mes premiers émois de lectrice adolescente. C’est à vous que je dois mes premières nuits blanches passées sous ma couette, étouffant de rire à force de ne pas rire. Vos Malaussène et leur petit monde sont d’ailleurs restés de vieux compagnons.

    C’est à vous que je dois d’avoir cessé de lire jusqu’à la lie, d’avoir pris le temps et le plaisir de picorer au gré des pages, d’avoir cessé de culpabiliser en lisant la dernière page de mon roman. A vous aussi que je dois, et à votre frère, d’avoir lu Guerre et paix. Je n’ai jamais oublié cette jeune femme tombant amoureuse d’un homme et en épousant un troisième. Au point d’avoir promené la Pléiade empruntée à la bibliothèque six semaine de sacs en sacs.

    Tout ceci pour vous dire que j’ai toujours attendu avec impatience et plaisir une nouvelle de vos œuvres.

    Et pourtant, je n’ai pas retrouvé la magie avec Chagrin d’école. Il m’est difficile de l’avouer. Et j'ai bien du mal à expliquer cela clairement.

     J’ai retrouvé votre plume, le bonheur de vos expressions, de vos coups de gueule, de votre verve.

    J’ai aimé recroiser le chemin de votre frère, de vos parents.

    Votre réflexion sur le rôle de l’école, de l’enseignant, de l’amour dans la relation pédagogique, ancrée dans l’expérience de toute une vie m’a donné à penser. J’aurais aimé vous avoir pour professeur, vous qui avez su lier intimement le jeu et le savoir.

     

    Mais tout cela avec le goût d’une petite musique déjà entendue. Et un léger ennui, parfois la sensation d’une certaine facilité. Peut-être parce que j’ai eu la sensation de lire un développement de Comme un roman. Peut-être parce que j’attendais, soit un réel retour sur votre enfance, soit un essai creusant un peu plus la réflexion sur l’école d’aujourd’hui, les échecs scolaires, la dégageant de l’expérience, la votre, qui en est le départ.

    Ce n’est bien sûr qu’un simple ressenti qui n’augure pas de la qualité de votre œuvre, d’ailleurs couronnée par de bien hautes instances et aimée sans réserve par bien d’autres que moi. Et qui n’est pas une remise en cause inintelligente du poids de ce que vous avez accompli. Quand vous parlez d’élèves en difficulté, je me garderais bien de venir jouer la mouche du coche inexpérimentée.

     

    Vous avez le don, monsieur Pennac d’aborder avec intelligence, humour, sérieux et légèreté les problèmes les plus graves. J’aimerais, un jour, croiser votre route pour simplement vous écouter parler de tout cela. Et de vos bonheurs de lecteur, tellement communicatifs.

     

     Sans rancune monsieur Pennac, et avec l’espoir, de vous retrouver bientôt.

    Daniel Pennac, Chagrin d'école, Gallimard, 2007