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van cauwelaert

  • Abracadabra

     

    « Je suis tombé amoureux de deux personnes en même temps, un vendredi matin, dans un bus Air France. »
    L’amour tombe sans crier garde sur Nicolas. Ingrid l’ornithologue et Raoul son petit garçon. Un amour sans nuage jusqu’à ce qu’Ingrid quitte Nicolas parce qu’elle l’aime… Commence alors une longue dérive qui va voir intervenir une fée caissière exilée, un enfant rêveur, un photographe crétin, des jeunes gens à moto et des grands-mères marâtres.
     
    C’est une jolie histoire que l’Education d’une fée. Beaucoup moins mièvre que ce à quoi on pourrait s’attendre ! Bien sûr le point de départ de l’histoire, un couple qui se déchire n’est pas original, mais les personnages et la touche d’humour de l’auteur font toute la différence avec les romans à l’eau de rose.
    Nicolas est un homme enfant. Il n’a jamais accepté de quitter le monde du rêve, du merveilleux, du jeu. D’ailleurs c’est son métier d’en inventer, des jeux. Il refuse la laideur et la méchanceté du monde. Avec Ingrid et Raoul, il a trouvé son havre, sa bulle de bonheur parfait. Et ce qu’il leur apporte, l’amour d’un homme pour Ingrid, l’amour d’un père pour Raoul est énorme. Quand à eux, avec leur capacité au rêve, à l’enthousiasme, au décalage, ils sont en accord avec lui.
    C’est pour cela que quand le dérèglement de ce petit univers s’amorce, c’est l’incompréhension qui prédomine. Une incompréhension à laquelle Nicolas va réussir à faire face grâce à César, jeune irakienne à la poursuite de son rêve. Ce que veut César après avoir survécu au pire, c’est étudier sur les bancs de la Sorbonne, se dégager d’un quotidien de caissière glauque, agité par un petit ami en prison et ses copains qui la surveillent de près.
    Deux solitudes se rencontrent et trouvent l’une en l’autre la force de s’en sortir. Le face à face de Nicolas et César est ce qui fait tout le charme du roman. Le drame amoureux face au drame tout court. Le petit courage d’un homme occidental qui n’a jamais souffert que d’amour face à la vraie dignité d’une femme qui a vu le pire et vit pour s’en souvenir.
    Les problèmes de couple de Nicolas et Ingrid peuvent sembler répétitifs à la longue, la fin arriver un peu rapidement et être un peu tirée par les cheveux. Mais avec César, un petit vent frais souffle sur les pages. C’est elle la fée, celle qui redonne l’espoir, qui sauve le petit Raoul de la séparation de ses parents. Elle introduit avec son réalisme un peu de merveilleux dans la vie d’un homme qui en perdait le sens et dans la vie d’un enfant qui avait peur. Ce qui ne l’empêche pas de dire des choses si vraie et si dures sur une France qui n’est plus un rêve.
    L’alternance des chapitres, des points de vue de Nicolas et César permet d’alléger le propos, de mettre en regard deux visions du monde et de la vie. C’est ce qui fait en grande partie le charme du roman.
     
    Merci à Stéphanie de me l’avoir prêté !
     
    Les avis de Stéphanie herself, Fashion, Caroline


    Didier Van Cauwelaert, L'éducation d'une fée, Livre de poche, 2002