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  • Une araignée qui se balançait, lalalala...

    J'ai laissé des traces de ma folle passion pour Neil Gaiman un peu partout, donc nulle surprise si je dis que son dernier roman m'a fait tout aussi follement plaisir. On y retrouve les mêmes thèmes qua dans American Gods, le même type d'histoire. Big Charlie est comme tout le monde. Il travaille, il mange, il dort, il est fiancé. Sauf que, petit détail, son vieux papa est un dieu. Oui, Anansi, le dieu araigné qui raconte des histoires et qui fait des blagues à tout le monde, le dieu qui lui a fait honte toute son enfance et son adolescence avec son sens de l'humour pour le moins particulier. Et voilà t'y pas que le paternel décède! Et que Big Charlie se découvre un frère, Mygal, qui à priori a hérité de tout le bazar magique de la famille. C'est le début de la fin qui commence pour notre malheureux héros. Fantômes, dieux et demi-dieux, oiseaux et araignées, psychopathes et policiers vont d'entremêler dans un joyeux foutoir.

    On suit Charlie à travers une succession de situations et d'évènements tragico-comiques en oscillant entre fou rire, compassion et jubilation. Ce que j'aime particulièrement est la capacité de Neil Gaiman à faire passer des aphorismes, des idées à travers des phrases qui à première vue n'ont rien d'inoubliable. Sous l'aspect désopilant du texte et de l'histoire se cache aussi une réflexion assez intéressante sur la violence, la place de l'imaginaire dans la nature humaine, les relations familiales et l'hérédité. Attention, le tout reste léger. Ne pas chercher trop de philosophie dans l'ensemble, on ne l'y trouverait pas! On y découvre cependant certains aspects de la culture du sud des Etats-Unis et les personnages savoureux font le reste. Dédicace spéciale à Maeve qui balade son aura de fantôme et sa vengeance à travers le monde entier, et au voisinage pour le moins agité des locataires du cimetière qui m'a fait penser à Tim Burton. Neil Gaiman s'est amusé en l'écrivant, et ça se sent!

    "Bon, songea-t-elle, la mort c'est sans doute comme tout le reste dans la vie: on en comprend une partie au fur et à mesure, et on invente le reste."

    Neil Gaiman, Anansi Boys, Le diable Vauvert, 2006, 490 p.

  • Crumble aux fruits rouges

    J’ai toujours les papilles qui frétillent malgré l’absence de nouvelles sur le front culinaire. J’ai récemment expérimenté dans ma tite cuisine. Dont acte : le crumble aux fruits rouges, inspiré fortement du crumble aux fruits rouges de La popote des potes (Crumbles & tatins, Hachette pratique), puisque comme d’habitude, il me manquait une partie des ingrédients demandés ! N’empêche que le résultat était fort sympathique !
    Ingrédientons tous en cœur pour approximativement six personnes (je suis très approximative) :
    -          un sachet de mélange de fruits rouges surgelés de chez Picard (un ami à moi, vous connaissez ?) à laisser un peu décongeler avant usage ;
    -          une moitié de sachet de griottes dénoyautées et surgelées de chez le même copain. Même remarque que pour les fruits rouges ;
    -          quelques fraises (pas surgelées celles-ci) ;
    -          un sachet de sucre roux
    -          environ 30 g de sucre
    -          une chouilla de beurre pour le moule
    -          un peu de pastis
    -          un peu de menthe.
     
    Dégainez une casserole, chauffez vivement et balancez les fruits rouges, les griottes et le sucre vanillé avé le pastis et la menthe. Faire cuire environ trois minutes, ôter du feu, ajouter le sucre et touiller délicatement (la purée c’est bon, mais c’est moins joli).
    Attention gentes dames et gents damoiseaux, il y a du jus si tout se passe bien ! Filtrer à la passoire, toujours délicatement et récupérer l’espèce de sirop sans en flanquer partout sur les vêtements. Dur de faire partir les tâches après. Ceci fait, mettre les fruits avec un peu de sirop tout rouge dans le moule beurré.
     
    Deuxième étape, la pâte. J’espère que vous avez plus le sens des proportions que moi !
    -          125 g de beurre ;
    -          90 g de farine ;
    -          90 g de poudre d’amande ;
    -          100 g de sucre
    -          de la cannelle comme vous aimez (pour moi 3 pincées c’est comme pas de cannelle, faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvage, non mais !) ;
    -          2 pincées de sel.
     
    Pas besoin de vous faire un dessin : on mélange le tout. Si la consistance est sableuse et que vous pouvez faire des grumeaux avec, c’est bon. Etalez sur les fruits.
     
    L’idée c’est de préchauffer le four à 180° avant d’enfourner le plat pendant une demi-heure. Enfin, si vous ne débranchez pas bêtement le four comme moi, parce qu’alors, ça prend plus de temps, forcément.
    Servez tiède accompagné du sirop tout rouge de la cuisson doucement réchauffé. J’ai dans l’idée qu’avec une boule de glace à la vanille ça ne doit pas être mauvais non plus !
     
     

  • Cari Poulet

    LA spécialité familiale ! Suis-je magnanime tout de même de vous la donner. C’est que j’ai du me dépatouiller toute seule moi en regardant papa couper, trancher, touiller et faire sauter et en copitant dans des bouquins pour compléter ! M’enfin, y’a pas de raison que tout le monde galère.Attention, c'est la version zoreille du cari! Je n'ai jamais mis les pieds à la Réunion! Ne venez pas me faire un procès!
    Avant toute chose sachez qu’il n’y a PAS de proportions. Tout est affaire de goût. Le sens du vent, le cri de la mouette, le vol du coléoptère ont également une influence. L’avantage, c’est qu’on ne mange jamais le même cari. Autre avertissement : vous en avez pour 3 bonnes heures, mais à l’arrivée de quoi nourrir un régiment. Testé et approuvé par des tablées d’ingénieurs mesdames, c’est vous dire !
     
    Première étape, le plat lui-même pour toujours approximativement 6 personnes (certaines choses ne changent pas, mon approximativeté par exemple, et je me fiche que ce mot n’existe pas) :
    -          un escalope de poulet par tête de pipe, voire deux si les appétits sont féroces, plus quelques pilons. Si vous êtes d’humeur à dépiauter un vrai poulet entier, allez-y, ne vous gênez pas, je regarde ;
    -          un demi kilo d’oignons émincés surgelés du copain Picard, ça prend moins de temps que d’éplucher et émincer (veni, vidi et ai pleuré toutes le larmes de mon corps ; les oignons ont gagné plus de fois que je ne veux me le rappeler) ;
    -          une tête d’ail et plus si affinité
    -          un mélange piment-combava (se trouve dans les bonnes épiceries exotiques) ou alors du VRAI piment (pas les machins moulus du supermarché mais faites gaffe à vos muqueuses, c’est virulent c’est petites bêtes là). Le combava, je n’ai plus jamais réussi à en trouver dans notre douce France ;
    -          un morceau de gingembre
    -          du curcuma
    -          environ un demi kilo de tomates : si vous n’êtes pas d’humeur, des tomates entières en boite font l’affaire. Sinon, à vos couteaux.
     
    Faites dorer le poulet à part sauf si vous avez une grannnnnnde marmite. L’idéal est de le faire revenir dans la marmite après avoir fait dorer les oignons, l’ail, le curcuma et le gingembre émincé dans de l’huile. C’est vous qui voyez. Quand tout est dans la marmite, rajoutez les tomates, mouillez à hauteur et laissez mijoter.
     
    Je vous entends d’ici : « Mais c’est pas si long !!!! » Mais ce n’est pas fini !!!
     
    Pour la suite, deux boîtes de haricots rouges. Personnellement, je les fais réchauffer avec une pointe de gingembre pour la route. Et une casserole de riz (j’utilise du thaï, vous faites ce que vous voulez).
    Et enfin, les rougails, ces joies petites sauces qui se mangent avec. Mes préférées :
    -          le rougail mangue : une mangue verte, ou deux, ou trois (ça dépend si vous aimez la mangue. Moi oui), un ou deux oignons, gingembre, huile, sel et piment (je conseille de mettre le piment à part, à moins que vous ne soyez créole ou habitué à vous arracher la bouche). On émince le tout, on mélange dans un joli bol et on met à table avec une cuillère pour le service.
    -          le rougail tomate : même principe avec des tomates ;
    -          le rougail avocat : un conseil, mûrs les avocats, sinon c’est la galère. Toujours le même principe. J’y ajoute un filet de citron vert ou jaune ça dépend de ce que j’ai sous la main et de mon humeur.
    -          le rougail aubergine : faire griller l’aubergine au four, ôter la pulpe et la ménager avec les mêmes ingrédients que précédemment.
     
    On met le tout à table, on met un peu de tout dans les assiettes et je pense que vous maîtrisez la suite !
    ps: cousine Elisabeth qui est vraie réunionnaise a une vraie recette! Je vais aller voir puisqu'elle m'invite (miam) et j'améliore la mienne! Mais même si c'est comme la chicorée pour le café, ça reste bon, promis!

  • D'un siècle à l'autre

    Je me répète, je sais. J'en ai déjà parlé, je sais aussi! Twentieth century boys est du grand manga.

    En 1969, une bande de gamins comme les autres joue à sauver le monde et à inventer des histoires de super-héros. A la fin du 20e siècle aucun n'a réalisé les rêves de son enfance. Mais leur petite vie tranquille va être bouleversée par les agissements d'un mystérieux personnage qui ne veut rien de moins que provoquer la fin du monde en suivant un scénario qu'ils ont inventé... Difficile de résumer le scénario de ce seinen riche en détails et en rebondissements. Il est resté rivé à mes mains. Plus le scénario avance et plus les choses se compliquent. Et jamais elles ne vont dans le sens où l'on pense qu'elles vont aller. Nouveaus personnages, retour d'anciens, changments de points de vue, rebondissements... J'ai l'impression de me retrouver de nouveau plongée dans Les 10 petits nègres. Vous voyez ce que je veux dire? Le fait de tout avoir sous le nez et de ne rien voir venir? C'est la même chose! Ma machoire s'est fracassée sur mon bureau à la fin du 12e tome et je ne l'ai pas encore ramassée! Incroyable. Je file de ce pas à la bibliothèque récupérer la suite. Et si elle n'y est pas... Je dynamite la section!

    20th century boys, Naoki Urasawa, t.1 à 12, Panini Manga

  • De nuit et de feu

    Au commencement était La Sève et le Givre, au commencement de ma découverte de l’œuvre de Léa Silhol en tout cas. J’en garde un souvenir fort, celui d’avoir été happée, gardée et changée par cette écriture, par cette histoire si vieille, déjà si racontée et pourtant nouvelle.
     
    « Trois fois les Parques ont parlé, et en accord avec leurs prophéties de ruine, Finstern, Roi de la Cour unseelie de Dorcha, doit mourir. Sauf si... Comme une dernière chance, ou un danger supplémentaire, des puissances contraires mettent au monde Angharad, née du printemps et de l'hiver, de l'élan et de la mort. Elle peut contrecarrer le destin de Finstern, ou le précipiter, et s'avance sur l'échiquier en Reine Blanche, porteuse du pouvoir de trancher entre des myriades d'intérêts divergents. Mais sans savoir quel est son destin, ni le prix qu'elle devrait payer pour écarter Finstern du sien. Au cœur des affrontements entre les fées d'Ombre et de Lumière, les Fatalités et les anciens dieux, Angharad cherche une voie qui lui soit propre, chacune de ses décisions engageant à la fois l'équilibre de la Féerie, et des Terres de Mortalité... » (présentation de l’éditeur)
     
    Ce n’est pas à une simple romance qu’invite Léa Silhol, mais à une chanson de geste traversée par un souffle qui n’est qu’à elle. Dans son roman, l’amour rime avec souffrance, fuite, affrontement, guerre. Rien de tranquille ou de doux. Un romantisme à l’état pur, une poésie brute, loin de l’eau de rose que j’exècre. J’ai aimé ces personnages rigides, entiers, et pourtant non exempts de failles. J’ai aimé ces cours d’Ombre et de Lumière, ces rites et ces peurs ancestrales. J’ai aimé cette dialectique du choix et du renoncement, de la liberté et de la soumission. Et j’ai aimé, par-dessus tout cet art de faire revivre des légendes, des mythes, des contes, et toute une tradition.
    La plume de cet auteur est tout bonnement fabuleuse, et je pèse mes mots. Ciselée comme au couteau, brillante, précise. Je ne m’en lasse pas et ce n’est pas faute de lire et relire ses phrases !
    Ce n’est pas pour rien qu’elle est nommée la Tisseuse. Car c’est bien une toile qu’elle tisse par petits bouts, qu’elle créée à partir de matériaux existants, les transformant à sa guise au gré de son talent. C’est ce que me souffle la suite de La Sève et le Givre.
    La Glace et la Nuit, opus 1 – Nigredo confirme tout le bien que je pense et dit de cet auteur.
     
    « Le vent a soufflé sur le Royaume... En Hiver, la Reine des Neiges déchiffre la Trame du Temps et voit venir les jours derniers, la fin de tous les Chants. Elle confie à l'un des membres les plus inattendus de la Cour Froide une mission capitale, porteuse de tous ses espoirs : retrouver Angharad, Dame de la Sève et du Givre, qui a quitté les Dix-Neuf Royaumes depuis deux cents années mortelles. La retrouver, la ramener, telle est la mission de Kelis, le barde incertain qui connaît si peu le monde. Un acte désespéré, dont tout dépend. Et Kelis, fou blanc, s'avance sur l'échiquier de sa souveraine, sans se douter qu'il va entraîner, à chacun de ses pas, le plus grand changement qu'ait connu la Féerie. S'avance, tandis que le temps coule comme de l'eau... À travers les pièges des fiefs d'Ombre. Les envoûtements de Nicnevin. Les chasses unseelie et les jeux de Lumière. Les plans des Monarques des Trois Clartés. Les alliances avec les dieux étrangers. Les épées élevées des Nishven et l'art antique des filidh. Les routes à créer et les héritages à accepter. Sur les pas d'Angharad et Finstern, jusque dans leur volontaire exil. Vers la fracture des Cours, la guerre contre la Mortalité, et vers la promesse de la plus périlleuse des Cours. Vers l'espoir de Seuil. C'est dans la conquête des passages et des clefs, et sous l'égide des anciens Trésors des Tuatha de Danann, que commence à se tisser le deuxième chant majeur du monde de Vertigen. » (présentation de l’éditeur)
     
    On passe d’un roman à un autre par une transition tout bonnement époustouflante. Dès les premières page, je me suis sentie tomber, passer la frontière entre le monde réel et celui des faes. Le talent est toujours là. De nouveaux personnages sont introduits, les caractères de ceux que nous connaissions déjà sont approfondis. Des liens se tissent avec Musiques de la Frontières, et d’autres nouvelles encore. Très franchement, j’ai le cerveau en ébullition. C’est fascinant de voir ce monde, cet univers en train de se construire. Et de constater que la construction de ce monde offre, outre la magie, des réflexions, des échos avec le monde "réel".
    La Glace et la Nuit est sans doute plus abordable que La Sève et le Givre. Par son écriture. Plus d’action, des personnages plus abordables aussi. Même Angahrad et Finstern, par leur amour vécu dans le quotidien comme le combat nous deviennent plus proches. Pas plus humains, car cela n’est guère possible de ce côté du miroir, mais plus proches. J’ai eu du mal à les quitter, eux, et aussi Kelis le Fili et Elzeriad, et Echaion, et les autres.Quand aux rebondissements de l’histoire, j’en ai eu le souffle coupé !
    Je ne repartirai pas dans une antienne consistant à comparer la dame à Tolkien. Mieux, moins bien, meilleur, etc. Ce serait lui faire injure, et faire injure à deux œuvres très différentes. Mais dans mon cœur, elles sont très, très, très proches, par le bonheur et le plaisir qu’elles m’ont apporté, par la magie qu’elles ont infusé dans mon quotidien. C'est tout dire.
    Certains disent que ces deux œuvres peuvent se lire indépendamment. Sans doute. Mais pour apprécier réellement La Glace et la Nuit, il faut avoir savouré La Sève et le Givre.
     
    Pour terminer avec ces mots qui ne peuvent que médiocrement traduire mon enchantement, ces quelques lignes à savourer :
    « Entre les Cours, entre les certitudes, de ce que le Peuple nomme Le Royaume, il y a des zones franches, des zones mortes, tissées de promesses, d’annonciations, et d’hypothèses. Des Interstices. Se tenir là, c’est être suspendu éternellement dans l’espace bref du passage. C’est contempler à l’infini ses propres choix. Se tenir là, comme à présent je m’y tiens. Le conte de la Dame de la Sève et du Givre et du Seigneur de la Haute Nuit est aussi long que le monde. Avec le monde il naquit, et si la création devait s’engloutir, je le crois, même, capable d’y survivre. De perpétuer le Chant après que toutes les voix se soient éteintes. Au-delà de la chair périssable, les piliers de notre univers demeurent : la main des Saisons est lourde sur l’écorce des sphères ; la Nuit a été, avant même l’avènement de la lumière. Pour ce chant, il y a eu avant moi des bardes. Il y aura après moi des bardes. Il y a eu, il y a, il y aura toujours, un Fili pour le poursuivre. »
     
    Miss Meor parle aussi et Sneed également . Pour la Sève et le Givre en des terres qui me sont plus familières, chez Lhisbei et Chimère.
    Pour le site officiel de la Tisseuse, le chemin est le suivant: http://www.unseelie.net/
     
    La Sève et le Givre, Léa Silhol, l'Oxymore, coll. Moirages, 2002, 281 p.
    La Glace et la Nuit, t. 1 Nigredo, Léa Silhol, Les moutons électriques, 2007, 372 p.