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Chiff' - Page 162

  • Manga mon amour

    Où la nouvelle question existentielle de ma môman : « mais qu’est-ce que tu trouve à ces machins ??!! »
    Voilà le premier volet de mes commentaires sur un genre qui me passionne depuis peu ! Le manga. Et comme quand je tombe dans une marmite ce n’est que rarement à mi-corps, c’est une rubrique qui risque de prendre rapidement de l’ampleur : entre anime, séries, one-shots et autres, il y a de quoi faire ! Laissez-moi tout d’abord vous donner un lien qui a bien aidé la totale béotienne que j’étais en la matière il y a encore six mois : http://fr.wikipedia.org/wiki/Manga
    Après lecture, si vous n’étiez pas connaisseurs, vous me comprendrez donc si je vous dit que je me consacre aussi bien au shôjo qu’au shônen, seinen, josei, et même parfois au yaoi et au yuri qui sont des genres où l’on trouve des petites merveilles ! Je posterai au fur et à mesure de mes lectures et de mes découvertes mes commentaires, qui ne reflètent guère que le plaisir que j’aurai pris à lire telle ou telle oeuvre !
     
     

  • De l'importance de l'eau chaude

    Aujourd’hui, j’ai pris une douche… Non, je vous rassure, je ne fais pas partie des gens qui considèrent que prendre une douche par mois est le maximum que l’on puisse faire sans mettre sa santé en danger. C’est juste que depuis lundi matin, le chauffe-eau de l’appartement que je partage en colocation était en panne.
    Le drame s’est noué lundi matin, alors que j’étreignais encore mentalement mon oreiller. Mon corps, lui, se dirigeait vers le panier d’oranges quand, soudain, mon œil a été attiré par une lueur rouge fort peu habituelle. Le chauffe-eau essayait de me parler. Mais sans colocataire ni mode d’emploi, je me trouvais dans l’incapacité la plus totale de comprendre ce qu’il tentait de me dire. Ce que je lui signifiais en l’éteignant. Grand bien m’en a pris puisque apparemment, le message était l’équivalent de « fatal error » pour un ordinateur. J’avoue avoir la faiblesse de penser que je suis trop jeune pour mourir, et que trépasser victime de l’explosion d’une chaudière est un tantinet couillon.
    Depuis, j’ai découvert que le mohair est vraiment une matière sympa, même si elle gratte, et que l’on peut très bien se doucher avec moins de six litre d’eau sans s’ébouillanter (même en grelottant) et à l’aide d’une casserole.
    Heureusement, la diabolique machine est revenue à la vie. C’est donc d’un œil amoureux que je contemple la petite flamme bleue qui danse dans la lucarne et que j’entend l’eau qui gargouille dans les tuyaux..

  • Une existence tranquille

    Une œuvre qui laisse un goût étrange dans la bouche. L’écriture est très neutre, et contraste avec la dureté des propos que tient Mâ, la narratrice. Son père, K. (sic.) écrivain célèbre (re-sic.) est parti en résidence dans une université californienne, accompagnée de sa mère. Ils l’ont laissée seule avec le benjamin de la famille qui prépare son entrée à l’université et, surtout, l’aîné, Eoyore, handicapé mental. C’est le récit de leur vie au cours de l’absence des parents que fait Mâ. Et à travers ses réflexions sur les événements de la vie quotidienne, ses lectures et travaux universitaires, transparaît la dureté de rapports familiaux marqués par le handicap et par le comportement torturé du père. L’existence tranquille qui donne son titre au roman est loin de l’être.
    Les thèmes abordés par le roman extrêmement variés et intéressants : foi et religion, regard de la société sur le handicap, processus de création, relation de l’écrivain à son entourage et la société qui l’entoure, l'amour fraternel. Les réflexions menées par les personnages sont parfois passionnantes au point que j’en viens à m’intéresser au cinéma de Tarkovski qui me laissait totalement indifférente.
    Mais je serais bien en peine de dire si j’ai réellement aimé ce roman alors même que je ne l’ai pas lâché. Passionnant mais pas agréable ! Je l’ai trouvé d’autant plus terrifiant qu’Oé s’est inspiré de sa propre situation familiale pour l’écrire. Et qu’il donne de lui-même une image rien moins que sympathique. Il joue tout au long du livre sur des mises en abymes, et se dévoile sans trop donner l'air de le faire. C'est en tout cas l'impression que j'ai. Je ne sais pas si c'est le cas dans d'autres de ses romans.  La lecture des interviews qu’il a données à la presse et les renseignements existants sur sa vie et son œuvre confirment cet ancrage à la limite de l’autobiographique.
    Un roman étrange donc, mais qui donne malgré tout envie de découvrir d’autres œuvres de ce grand monsieur de la littérature japonaise.
     
    « Personne ne donnera sa vie pour toi, ne t’imagine pas que cela puisse arriver. Tout le monde te gâte sous prétexte que tu es un enfant intelligent, mais ne t’imagine pas trouver quelqu’un pour accorder plus de valeur à ta vie qu’à la sienne. Tu tomberais là dans la pire déchéance que puisse connaître un être humain. », paroles d’un père à son enfant…
     
    Kenzaburô Oé, Une existence tranquille, Paris : Gallimard : 1985. 285 p. (Du monde entier). ISBN : 2070730468.

  • Le dit de Frontier, t.1, Musiques de la frontière

                                                      Comment faire passer l'émotion qui m'a serré le ventre le jour où j'ai lu les premières pages de ce livre pêché au hasard de mes errances dans les rayonnages d'une bibliothèque municipale...La première chose qui m'a frappée c'est la richesse de l'écriture, de la voix de l'écrivain. Une voix qui fait immédiatement et irrémédiablement basculer dans un autre monde où la poésie et la violence se mêlent. Une voix qui ressemble un peu à une toile d'araignée, tant il est difficile de s'en libérer.
    Il est difficile pour moi de donner un résumé de ce recueil de nouvelles qui lui rende justice.
    Je peux donner la présentation de l'éditeur, qui a fait ce qu'il a pu le malheureux : "Début des années 2000... des enfants "différents" apparaissent dans des familles humaines. Doués de physiques et de pouvoirs étonnants, ils sont très vite assimilés aux changelings, les enfants-fées, et soupçonnés d'avoir été laissés en substitut des véritables enfants mortels. Commence alors une cabale sans précédent, aboutissant à l'abandon en masse de ces enfants dans des Centres, prisons et mouroirs gérés d'une poigne de fer. De cette génération perdue, et sous l'égide d'un chef charismatique, Shade, émergera une rébellion qui amènera ces enfants devenus grands à hanter nos cités, à mettre le feu dans les rues. À travers guerres des gangs et courses éperdues, sacrifices et actes de fraternité, suivez les destins de Shade et Ash, Fallen et Jay Hunter et Gift, d'une vie délivrée de ses chaînes vers un havre promis, une cité mythique au bord du monde. La ville-fée de Frontier, où les arbres poussent dans les maisons et la magie régit le quotidien ».
    Le recueil commence par une nouvelle bouleversante, "Runaway Train", qui conte l'histoire d'un amour fraternel fou. Need, jeune humaine décide d'emmener son changeling de frère vers Frontier, la ville de ceux qui ont pris pour eux le nom de fays
    Ce sont les thèmes de l?amour, de l?amour fraternel, de l'amitié, de la confiance qui vont irriguer les 12 nouvelles du recueil. Sans pour autant sombrer le moins du monde dans la mièvrerie, piège dans lequel il est si facile de tomber, dès lors que l'on raconte des histoires où l?amour, la loyauté, vécue et exprimée est présente. Car la violence est bien présente dans l?univers de Léa Silhol : violence physique, violence morale, violence d?un monde qui perçoit ce qui est différent comme menaçant, sauvagerie. En cela, Musique de la Frontière donne une description très réaliste, et très pessimiste de notre monde. D'un monde qui a presque oublié ce que la solidarité et l'amour veulent dire.
    Les personnages même sont un choc. Figure de l'altérité, ils sont aussi une sorte de portrait de ce que l?humanité devrait être. J'avoue être tombée amoureuse d?eux, les uns après les autres.
    La construction même du recueil participe de l'émerveillement. De nouvelles en nouvelles, de personnages en personnages, des liens et une chronologie se créent, et l'univers de Léa Silhol se tisse progressivement sous nos yeux. Ce qui est intéressant, c'est que cet univers ne se limite par au Dit de Frontier. L'ensemble de l'oeuvre de l?auteur est lié. Et elle y fait montre d?une remarquable maîtrise de la littérature féerique et fantastique, d'une connaissance profonde des mythes et du folklore celtes, voire d'Europe. Une filiation qu'elle revendique apparemment puisqu'on peut lire dans un article (Fées et Fantasy, un mariage heureux ?) : « C'est une littérature difficile, qui laisse peu de place à l?improvisation, mais incite à se plonger dans une tradition immémoriale de créateurs de codes, de celle qu'ont suivi des générations de concepteurs de mythes et de contes avant nous ».
     
    Pour finir, une citation de Voix de sèves, la nouvelle la plus longue, et une des plus belles du recueil par la synthèse qu?elle fait de tout ce qui la précède : « Et je comprends maintenant ce que disait Ash lorsqu'il parlait de l'Hozro, de ce qu'il nomme la beauté. Cette harmonie, cet éblouissement, cette paix qui monte vers le ciel avec des voix de sève, la voix des livres nés d?arbres vivants, sans que rien n?ait été retranché ou dépensé pour nous donner cet indispensable « plus », cet incalculable apport à nos vies, toutes les choses qu'ils peuvent nous dire de l'intérieur et de l'extérieur, de nous-même et du monde [...] Je l'ai trouvé ici, mais c'est partout. Si tant est qu'on se donne le mal d'aller au bout de quelque chose, et d'aller au bout de soi-même. Et je souhaite pour toi l'harmonie et l'éblouissement, la grâce et la paix, la Beauté dans laquelle on marche comme si le seul fait d?avancer était un accomplissement en soi. »
     
     
    Léa Silhol, Le Dit de Frontier, Tome 1 : Musiques de la frontière. Montpellier: L'Oxymore: 2004. 314 p. (Moirages). ISBN-10: 2913939473