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  • Le sommeil des poissons - Véronique Ovaldé

    Tout en haut du mont Tonnerre, dans un drôle de village peuplé de femmes, l'une d'entre elles, la mano triste, attend patiemment dans sa maison à courant d'air, luttant contre la maladie grise qui la saisit à chaque saison des pluies. Jusqu'au jour où débarque au village le grand Jo et Bikiti son managé et où la vie soudain dérape.

    Première rencontre avec Véronique Ovaldé et me voilà devant vous perplexe. Parce que ce n'est pas vraiment un roman. Mais ce n'est pas non plus un conte pour adulte puisque c'est ainsi qu'il est aussi définit. C'est une sorte d'entre deux, un récit oral mis par écrit avec toutes les inflexions de la voix du conteur, un de ces récits qui met en garde contre la folie, contre l'amour qui dévore et le manque d'amour qui ronge. Véronique Ovaldé met en scène un univers qu'on imagine tropical, mais fait voyager son lecteur du désert de sable au désert de glace avant de l'emmener dans un pays de boue et d'insecte. Dans ce cadre étrange, elle distord la réalité, la plie à la folie et aux faiblesses de ses personnages, y met de la sorcellerie pour parler du manque d'amour et des extrêmités où il conduit. L'ogresse de cette histoire est femme et femme vide, tellement vide qu'elle est prête à tout pour se remplir d'un homme, d'un enfant, et enfin éloigner la tristesse des jours. Jusqu'à commettre l'irréparable.

    C'est un conte dans le sens où le récit explore les peurs des adultes et les dangers de la vie. Mais l'écriture, très travaillée, nuit pour moi à la force des thèmes. On a l'impression que l'auteur se laisse emporter par l'exotisme de son décor et par ses personnages. Certains mots inventés, certaines expressions, certaines tournures de phrases m'ont gênée, fatiguée, agacée même. Tout comme l'aspect très oral de la narration. Ce fut donc pour moi une lecture en demi-teinte, marquée par quelques beaux passages, par une atmosphère, mais un brin longuette.

    Dommage, mais la première rencontre ne pouvant pas toujours être la bonne, je continuerai ma découverte de Véronique Ovaldé!

    Je lis a aimé.

    Ovaldé, Véronique, Le sommeil des poissons, Points, 2000, 2.5/5

  • La vague - Todd Strasser et Stefani Kampmann

                                                                                                                       

    Fin des années 60 dans un lycée américain. Ron Jones, enseignant d'histoire est incapable de répondre aux questions de ses élèves sur ce qui a pu mener la population allemande à ne pas se révolter contre le pouvoir nazi. Il met donc en place une expérience de discipline stricte qui va le mener bien plus loin que ce qu'il pouvait imaginer. La Vague, mouvement créé presque comme un jeu de rôle acquière une vie propre et va ébranler le lycée.

    J'avoue ne pas avoir vu le film adapté du roman de Todd Strasser, mais lorsque j'ai vu passer le roman graphique adapté du roman que je n'avais pas plus lu, je me suis dit que ce serait un très bon moyen de découvrir cette histoire vraie et pour le moins édifiante. Ce fut une bonne pioche. Le récit de cette expérience hors du commun laisse sans voix. Qui ne s'est pas demandé en étudiant la Seconde guerre mondiale ce qui pouvait expliquer l'aveuglement des alliés comme des populations européennes à l'extermination des juifs et aux camps de concentrations, qui ne s'est pas demandé ce qui avait bien pu transformer des gens ordinaires en bourreaux? Bien sûr, pour ceux qui ont approfondi la question, il y a quelques pistes de réflexion, quelques débuts de réponse: crise sociale et économique, peur de la répression, antisémitisme latent, réaction face à des transformations perçues comme vecteurs de décadence, fascination du pouvoir... Mais ce qu'a fait Ron Jones a été plus loin. Sans réelle préméditation, il a mis en place les conditions d'une expérience grandeur nature d'installation d'un régime fasciste. C'est fascinant de voir de quelle manière les adolescents dont il a la charge sont fascinés par la discipline qu'il propose alors même qu'ils étaient plutôt évaporés auparavant. C'est fascinant de voir de quelle manière le mouvement se propage jusqu'à induire des modes de comportement et de pensée fascistes. C'est fascinant et profondément effrayant. Soudainement, des adolescents viscéralement individualistes entrent dans un mouvement totalitaire. Tout y est: la perte d'indépendance de l'individu, la fin de toute pensée indépendante face à la pression du groupe, les attitudes agressives face à tout ce qui est extérieur et face à tous ceux qui mettent en danger le groupe, perte de tout esprit critique... Les ressorts de cette rupture sont exposés sans fioriture et sans tentative d'explication. Il n'y en a sans doute pas. Le plus intéressant reste sans doute que ce n'est pas seulement la manière dont les adolescents basculent qui est présentée, mais aussi la fascination que le pouvoir qu'il vient d'acquiérir exerce sur un professeur que rien ne portait à devenir un dictateur.

    Dépassé par les événements, par ses propres réactions face à cette expérience, l'enseignant y met un terme de telle manière que la leçon a du s'imprimer de manière durable dans les souvenirs de ses élèves.

     Le roman graphique est servi à la fois par ce scénario passionnant et par un trait qui très rond et dynamique qui donne corps au récit et en rend les personnages attachants et presque réels. J'ai apprécié cette lecture. Le roman par contre, pêche par un style très, très faible, entre le style journalistique et un roman jeunesse un peu simplet. Dommage.

    Reste que l'un et l'autre sont à découvrir, même s'ils ne brillent pas par la finesse de leur analyse. C'est un peu rapide, le tout reste en surface, mais c'est une manière de découvrir originale et percutante d'aborder le thème du fascisme et celui du nazisme et de décortiquer les ressorts de ces systèmes politiques. La réponse par l'exemple à la traditionnelle question de savoir si l'histoire est appelée à se répéter.

    Sylvie l'a lu!

  • Le gang des LIT, le retour!

    On vous a manqué? Mah ouuuuiiiiii!! Comment ça non? Ben punition! Deuxième édition! Et toc!

     Et à télécharger ici. Si ça ne marche pas, criez dans les commentaires!


    podcast

    Au sommaire cette fois-ci:

    Rentrée littéraire     00.54
    Anna Tinti, Le bon larron,Gallimard par Amanda
     
    Mauvais genres: les littératures de l'imaginaire  6.14  
    Joëlle Winterbert,  La créode, Le Bélial par Chiffonnette
                               Le créateur chimérique Gallimard Folio par Chiffonnette  

    Cours de récré: du côté de la littérature jeunesse   12.04
    Stephenie Meyer Twilight, La série du désir interdit Hachette Black Moon par Stephanie
    Scott Westerfeld, V-Virus, A-Apocalypse Milan Macadam par Stephanie
    Melissa de la Cruz, Les vampires de Manhattan, Albin Michel Wiz par Stephanie
    True Blood, la série télé par Stephanie
    Li-Cam Lemashtu Griffe d'encre par Stephanie
     
    Ils n'auraient peut-être pas dû:  les adaptations ciné 18.00
    Bright Star et John Keats par Stéphanie
    A christmas carol par Fashion
     
    Voyage 27.17 
    Copenhague, la bibliothèque royale du Danemark Le diamant noir, Karen Blixen et sa maison par Stephanie
     
    Avec des bulles 32.34
    Rabaté Le petit rien tout neuf au ventre jaune Futuropolis par Chiffonnette
    Ayroles, Masbou, De cape et de crocs vol. 9 Revers de Fortune, Delcourt par Fashion
    Arleston, Tarqui, Lanfeust Odyssey, Soleil par Fashion
    Van Hamme, Sterne, De Spiegeleer, Blake et Mortimer vol.19 La malédiction des trente deniers, Blake et Mortimer par Fashion
    Buchet, Morvan, Sillage vol.12 Zone franche Delcourt par Fashion
     
    Beaux-Livres  41.00
    Gallice, Hudelot, Le Mao, Ed. du Rouergue par Chiffonnette
    Mazzoleni, Pétard, Motown, soul & glamour, Le serpent à plume par Stéphanie
     
    46.51 Blogoboule
     

  • Booooooks!

     

    Elles sont de retour et elles n'ont peur de rien (la preuve)! Et oui, cette année encore, 50 valeureux participants vont pouvoir s'affronter en se colletant à de démoniaques énigmes! 

    Books, 3e édition, c'est le 3 juillet 2010 à Paris!

     
    Les modalités d'inscription sont les suivantes : le jeu est ouvert à tous les participants des années précédentes, tous ceux qui ont un blog de lecture et tous ceux que nous connaissons. Chaque inscrit peut venir avec une, et une seule personne de son choix. Le tout dans la limite de 50 places!

    Date limite d'inscription 15 mai! Il suffit d'envoyer un mail à booksandthecity@droledeclub.com en précisant vos nom, prénom, adresse mail, pseudo et éventuellement blog, ainsi et le nom de la personne qui vous accompagnera le cas échéant

    . Comme chaque année, une participation forfaitaire de 8 euros est demandée. Elle servira à couvrir les frais d'impression (photos et marque-pages) et la dotation des prix (fort conséquente comme les participants des années précédentes pourront le confirmer). Toute l'organisation est bien évidemment assurée bénévolement par les Glamourous Organisatrices, Amanda, Fashion, Emeraude, Stéphanie et moi-même.
     
    Vous en êtes?
     

  • Les soeurs Eden et le maître des loups - Lyn Gardner

    Il était une fois trois soeurs vivant dans une maison pleine de courants d'air et de poussière. La première, Aurore, était aussi belle que bonne ménagère, la seconde, Alice, aussi aventurière que la première prudente, la troisième, Nico, son don n'était pas des moindres. Mais quand les hurlements des loups se font entendre au loin et que le danger se rapproche avec la silhouette de l'Eterminateur, que peuvent-elles faire? Et qu'est-ce que cette vieille flûte confiée par leur mère à Alice sur son lit de mort peut-elle bien avoir de particulier pour que l'Eterminateur veuille la faire sienne?

    Les âmes chagrines diraient que Lyn Gardner s'est gentiment contentée de mélanger quelques contes de fée au aventures un brin convenue de trois têtes blondes. Elles ont tort. Les soeurs Eden et le maîtres des loups est un petit bijou réjouissant et brillant qui transporte dans le monde étrange, merveilleux et terrifiant des contes de fée. Un peu comme John Connolly avec Le livre des choses perdues, Lyn Gardner se promène dans les contes, connus ou moins connus et les utilise pour créer son propre univers et raconter une histoire aux personnages attachants et aux rebondissements incessants. Mais ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit! Là où John Connolly écrit un conte propre à terrifier petits et grands, dense et intense, Lyn Gardner offre une histoire drôle, haletante et cache sous les aventures de ses trois héroïnes une sacrée finesse psychologique!

    Evidemment, les rôles des trois soeurs sont clairement définis, mais par petites touches, elles se révèlent plus complexes que ce à quoi on pouvait s'attendre. Alice n'est pas seulement la plus courageuse des trois, elle est aussi celle qui doute le plus et qui a tellement, tellement peur d'être abandonnée. Aurore sous ses dehors de jeune fille sage et de ménagère coriace cache aussi des surprise et un sens pratique étonnant. Quand à Nico, elle est bien plus que ce que le bébé qu'elle paraît être. Et il en va de même pour les personnages secondaires: la Mère Crochue par exemple, et C'est la grande leçon de ce joli conte de pas-si-fée:  les gens ne sont jamais ce que nous croyons qu'il sont, et il faut être bien idiot pour le juger sur les apparences! Car ils révèlent bien souvent des profondeurs et des capacités cachées, en bien ou en mal!

    Là est la grande leçon reçue par Alice, personnage principal de toutes ces aventures: au cours d'un long voyage initiatique, elle va apprendre la complexité du monde et passer ainsi de l'enfance à un autre statut. Pas encore celui d'adulte, mais celui d'une personne consciente du monde qui l'entoure, de ses dangers et de ses beautés. Consciente, aussi, et surtout, de qui elle est, de ses forces et de ses limites.  En faisant grandir son héroïne, Lyn Gardner aborde des thèmes connus dans les contes de fée mais toujours d'une manière légèrement différente: l'abandon des parents n'est plus celui du Petit Poucet par exemple, mais celui de parents incapables de dépasser leur égoïsme et leur amour, le maître des loups est assoiffé de pouvoir mais non sans raisons qui expliquent son comportement et le mal qu'il fait autour de lui... Sans avoir l'air d'y toucher, Lyn Gardner parle de l'amour fraternel, de la place que chacun occupe dans une fratrie et des conséquences que cela peut avoir, elle parle de maternité et de paternité. Elle aborde en filigrane les thèmes graves de la dictature et de la quête de pouvoir sans oublier de rappeler au passage que les méchants le sont rarement sans raison. C'est extrêmement riche. Mais tout en restant drôle et débordant de tendresse et de chaleur, et d'un amour des contes de fée qui jamais ne se transforme en plagiat. J'ai adoré croiser au détour des chapitres des personnages et des décors bien connu. J'ai adoré deviner qui était qui et à quel conte Lyn Gardner pouvait bien faire référence: de Rapunzel au Petit Poucet en passant par Le joueur de flûte, Hansel et Gretel, La belle au bois dormant, La reine des neiges, on en rencontre de ces merveilleux contes. J'en suis sortie avec l'envie de me replonger dans ces histoires qui m'ont fait frémir!

    Il semblerait que l'auteur travaille à un deuxième tome: s'il est aussi bien troussé et aussi joliment illustré, ce sera un cadeau de moi à moi que je me ferai avec jubilation avant de plonger aussi vite que possible dans le petit monde d'Alice, Aurore et Nico!

     

     L'avis de Loula, de Lael, Emmyne, ...

    Gardner, Lyn, Les soeurs Eden et le maître des loups,  Tourbillon, 2009, 5/5