Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 3

  • Le château de Hurle

    Lorsque Sophie, l'ainée de trois soeurs, croise le chemin de la Sorcière du désert, c'est pour elle le début d'une aventure qui va l'amener à investir le château du terrifiant magicien Hurle, à terroriser quelques araignées, apprivoiser un démon du feu, le tout, pour le meilleur et pour le pire.

    C'est un article sur les femmes en fantasy publié sur le site Elbakin qui m'a fait me souvenir que le superbe desin animé de Miyazaki, Le château ambulant est une adaptation de ce classique de la littérature de jeunesse anglo-saxonnes. C'est peu de dire qu'aussitôt pensé, aussitôt fait, je me suis procuré l'objet de ma convoitise!

    Les aventures rocambolesques de Sophie sont rondement menées, haletantes parfois, portées par des personnages plus ambivalents qu'il n'y paraît au premier abord. Ils ne sont pas méchants, ou gentils, mais un peu perdus, un peu lâches, un peu courageux, un peu soupes au lait. Il y a bien sûr la méchante sorcière qui provoque tous les rebondissements, mais même elle finalement, est surtout une victime. Diane Wyne Jones amène petit à petit à regarder au delà des apparences: c'est ce que symbolise le personnage de Sophie, transformée en vieille femme par vengeance. Cette transformation va l'obliger à mieux regarder autour d'elle et en elle, à se méfier de ce que disent les convenances et les traditions.

    Diane Wyne Jones parvient à emprisonner gentiment son lecteur dans son château qui ressemble à une cheminée et qui court dans les collines, poursuivi par un épouvantail enchanté, porte ouverte sur des univers parallèles. On voit avec plaisir les héros sauter d'un port de pêche à une capitale en passant par un jardin enchanté, le pays de Galles,... enfiler des bottes de sept lieux, papoter avec un crâne qui claque des dents.

    L'avis de Lilly, celui d'ActuSF.

     Et pour la route, un extrait de ce merveilleux dessin-animé, tellement magique que ça en devient indécent.

  • L'appel de la lune

    Mercy Thompson est mécanicienne spécialisée dans les vieilles guimbardes allemandes. Pas banal? Et vous ne savez pas tout! Non contente de mettre les mains dans le cambouis, elle sort ses griffes au sens propre quand elle se transforme en coyote et au sens figuré quand son si sexy voisin, chef de meute, loup-garou de son état commence à lui taper sur les nerfs. Or, des raisons de s'énerver, Mercy en a: de mystérieux tueurs viennent mettre sa vie déjà pas si tranquille que ça sans dessus dessous, la contraignant à faire appel à la meute qui l'a élevée...

    Le moins que l'on puisse dire c'est que Patricia Briggs sait y faire! En deux temps trois mouvements, elle campe un décor et des personnages plutôt sympathiques dans leur genre. Mercy Thompson rappelle un peu les personnages de Laurel K. Hamilton, ou de Kelley Armstrong: fière, indépendante, têtue comme une mule et abonnée aux embrouilles en tout genre. Ce n'est pas qu'elle cherche les ennuis d'ailleurs, Mercy. Mais quand on est une changeuse, les choses sont un brin compliquées. Et quand on est une changeuse élevée par des loups-garous, amie avec un fae parmi les plus puissants, copine avec un vampire et objet de la convoitise d'un certain nombre de mâles sexys pas franchement humains, c'est pire!  J'ai vraiment aimé cette héroïne peps, drôle, et énervée. Mais le gros plus de ce qui pourrait être un nouveau roman de bit-lit, c'est l'univers dans lequel Mercy évolue, assez complexe dans son genre. même si elle ne renouvelle pas le genre. Le fonctionnement des meutes de loups-garous, des essaims de vampires, le destin des faes, la migration de toutes ces créatures magiques vers le Nouveau Monde, ses conséquences sur les créatures magiques autochtones, c'est tout une structure sociale magique qui se dessine et qui promet de se développer dans les tomes qui suivent.

    Ceci étant dit, le plus gros atout à mon sens (hem) réside dans les personnages masculins: certes, Zee ne fiat pas grand effet, mais que dire d'Adam, de Samuel, et même de Stefan le vampire? A part qu'ils sont... Sexy? Moui, je crois qu'on peut dire ça! Leurs interactions un brin, voire totalement machos avec une Mercy décidée à ne pas s'en laisser conter mettent de l'ambiance dans une intrigue qui sans être ennuyeuse, ne casse tout de même pas trois pattes à un canard.

    Bref, c'est facile à lire, amusant, il y a des beaux messieurs, des aventures et quelques beignes. Parfait sous la couette par un jour de grand froid! On se laisse faire avec grand plaisir par cette héroïne haute en couleur, qu'à titre personnel, j'ai hâte de retrouver dans la suite de ses aventures (qui va gagner d'Adam, de Samuel ou de Stefan, telle est la question fondamentale)!

    Fashion l'a trouvé sympathique, Vladerkan a bien aimé, Stéphane Pons de Yozone aussi. Isil est moins enthousiaste.

     

    Patricia Briggs, L'appel de la lune, Mercy Thompson t. 1, Milady, 2008 3,5/5

  • L'ivresse des sens

    Ricky et G-Man sont amis, amants et partagent, outre la même maison, un amour dévorant de la cuisine. Las de travailler pour d'autres, ils se décident à ouvrir leur propre restaurant. Le concept: l'alcool. Parfait pour leur Nouvelle-Orléans, toute de démesure et d'ébriété. Mais malgré l'aide du célèbre cuisinier Lenny Duveteaux, cela ne va pas se faire sans moult difficultés et rebondissements.

     

    Ce n'est pas vraiment un secret, je suis gourmande. Rien d'étonnant donc à ce que la mention d'une aventure culinaire sur une quatrième de couverture attire mon attention. Et rien d'étonnant à ce que j'ai salivé pendant toute la durée de ma lecture, quand on considère le talent de Poppy Z. Brite. D'elle, je ne connaissais jusqu'alors que les histoires de vampires sombres, extrêmement violentes, trash parfois, éreintantes pour le lecteur en même temps que fascinantes. Voilà que je découvre une autre facette de son oeuvre, dans laquelle elle se livre à une incroyable débauche de senteurs et de goûts. Le moins qu'on puisse dire, c'est que Poppy Z. Brite a l'écriture sensuelle! La Nouvelle-Orléans devient sous sa plume un décor poisseux, sulfureux, sombre et étouffant, parfait pour le roman noir simple et efficace qu'elle offre à ses lecteurs. On y découvre les bars, les traditions de carnaval et des fêtes des saints, les beaux quartiers et les ghettos. Mais Alcool n'est pas seulement le récit des aventures de deux cuisiniers débrouillards et abonnés aux ennuis. L'auteur offre à travers les aventures de ses deux héros une découverte passionnante de l'univers des cuisines, de la création d'un restaurant et de nouveaux plats. La lire avec l'estomac vide relève de l'impossible. Rien que pour vous en donner une idée, un extrait du menu d'inauguration: roulés de prosciutto aux figues marinées au calvados et sa crème au bleu et au calvados, salade de crudités, noix de macadamia Mandrego et vinaigrette à l'eau-de-vie de noix, filet de sébaste en croûte de pécan nappé de beurre blanc au rhum... Et il n'y a rien de lourd ou d'indigeste dans tout ça! Il faut dire que les deux héros et leur entourage sont particulièrement frappés et attachants du même coup: un peu malfrats sur les bords, illuminés parfois (créer un dessert avec un masque mortuaire de Napoléon en chocolat et une glace au camembert... mais quelle idée), joyeux et bordéliques, corrompus par une tomate mûre à point, capables de faire un cours sur l'origine des olives, ils ont tous une épaisseur qui en fait des vieux copains.

    Qui plus est, Poppy Z. Brite fabrique une bien jolie histoire d'amour avec ses deux cuistots: un vieux couple, avec ses hauts, ses bas, des habitudes parfois attendrissantes, parfois hilarantes. On a envie de les suivre, de savoir ce qu'ils vont devenir. On frémit à leurs disputes et sourit à leurs réconciliations.

    Bref, c'est fin, c'est goutû, ça s'avale sans faim aucune et avec un plaisir certain!

    La critique du Cafard Cosmique, l'avis de Nicolas G, d'Amanda, de Cuné, des échos sur Critique Libre.

     

    Poppy Z. Brite, Alcool, Au Diable Vauvert, 2008, 4/5