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  • Tag un jour, tag toujours

    Je ne sais pas pourquoi j'ai imaginé deux secondes échapper à la déferlante des Petits riens! Prendre la couleur passe-muraille n'a servi à rien, La Nymphette et Tamara m'ont débusquée et taguée!

    Biiiiieeeeen! La règle est la suivante:

    Ecrire le lien de la personne qui nous a tagué ;
    Préciser le règlement sur son blog ;
    Mentionner six choses sans importance sur soi ;
    Taguer six autres personnes en mettant leur lien ;
    Prévenir ces personnes sur leur blog respectif (en imaginant qu'il reste encore des gens qui n'aient pas été atteints)!

    Ceci étant, voici six révélations fracassantes et indispensables sur l'occupante de ce terrier! Des choses qui vont radicalement changer le regard que vous portiez sur elle!

    1) Je suis infichue de me vernir les ongles de pied sans déraper sur les doigts dudit pied et sans décaper la table basse où il repose au diluant. Ben oui, quiche un jour, quiche toujours!

    2) Ca fait deux ans que j'essaie sans succès d'acheter un manteau rouge. Difficile moi? Meuh non, ce sont les boutiques qui font preuve de méchanceté avec moi!

    3) J'aime cuisiner, certes, mais surtout, surtout, dépiauter, émincer, éplucher me calme des nerfs assez chatouilleux! Mieux vaut se venger sur des oranges non traitées pour faire de la confiture que sur son entourage, telle est ma philosophie!

    4) Je tricote, je fais des trous, je détricote et je retricote. Le principe est le même que pour la cuisine!

    5) J'ai les cheveux qui rebiquent! Ils vivent leur vie, moi la mienne et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes capillaires. Pour eux en tout cas, moi ça dépend des jours!

    6) En cas de baisse de forme, un pamplemousse, Prodigy à fond dans les écouteurs et ça repart (un moment)!

    Puisque c'est comme ça, je dis "C'est toi le chat" à
    Flo, Caro[line], Katell, Goelen, Kalistina et Stéphanie. Ben oui, il me fallait des victimes!

  • Chasse et solitude

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    Un homme, trois femmes, trois lettres, un drame.
     
    Cela suffit pour résumer Un fusil de chasse, mais pas la richesse de son contenu. Comme dans Le maître du thé, Yasushi Inoué utilise un procédé détourné pour introduire son histoire, comme si, finalement, il n’en était pas l’auteur. Il dit ainsi avoir un jour reçu d’un homme touché par un des poèmes les trois lettres qui ont scellé son existence.
     
    La première, de la main de la fille de sa maîtresse dit la douleur de cette jeune femme qui découvre derrière sa mère la femme amoureuse. Elle ne comprend pas cette liaison qui a détruit, pense-t-elle, sa mère. Elle ne comprend plus cette mère qui devient humaine et faillible. A la souffrance de la perte, s’ajoute la souffrance de perdre l’image de la mère et aussi celle de celui qu’elle pensait être son oncle et qui était l’amant. Un monde qui s’effondre finalement. La relation amoureuse qu’elle décrit d’après le journal intime de sa mère est atroce.
    Pourtant, alors qu’on pensait avoir compris les tenants et aboutissants de cette histoire, la seconde lettre, de la main de la femme légitime change la donne. Elle dit la découverte de l’adultère, les années de mensonge, la douleur, la vengeance et finalement, la lassitude. Elle dit que derrière les apparences se cachent bien des choses. Midori puisque c’est son prénom a vu ses illusions et ses espoirs de jeune mariée brisés, détruits en un instant. Sa fuite dans les plaisirs et dans un adultère vengeur ne lui a rien apporté d’autre que de la douleur, de la tristesse. Comment se remettre lorsque l’époux vous trompe avec votre propre cousine ?
    S’ajoute alors la dernière lettre, de la main de la maîtresse. Une lettre qui dit l’amour fou, le bonheur, aux antipodes de ce que racontait la première lettre. Elle dit aussi l’angoisse, la peine et la décision du suicide.
     
    Court, cette presque nouvelle n’en a pas moins une force énorme. Yasushi Inoué fait entendre tout à tour les voix si différentes de trois femmes. Trois aspects de l’amour finalement, trois déceptions, trois vengeances, trois douleurs. Ce qu’il dit, au-delà de l’histoire d’amour, c’est que l’on ne connaît jamais réellement ceux qui nous sont proches. Chacune des femmes qui s’expriment apparaît différente de ce qu’elle semblait être décrite par les autres. L’homme, lui, montre trois visages presque antagonistes.
    Sous le style froid, distant perce la passion. Tout ceci est très caractéristique de la culture japonaise : la sensualité, la force des sentiments sous une apparence de flegme et d’indifférence. La sobriété de l’écriture renforce encore l’impact de ce drame.
     
    Une belle lecture.
     

    Yasushi Inoué, Le fusil de chasse, Stock, 1985, 91 p.
  • Antigone

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    « C’est beau Antigone. C’est elle et ce sont eux. C’est la beauté de notre mère, non pas comme elle était, mais dans leurs regards. Etéocle qui sait qu’il est fasciné, presque aveuglé, et Polynice qui l’est aussi mais qui, enfermé dans sa gloire, l’ignore. C’est aussi tellement toi, Antigone, cette confiance intarissable dans l’action de la vérité, dont on ne sait si elle est magnifique ou seulement idiote. Crois-tu que l’on peut, sans délirer, espérer comme tu le fais ? Est-ce que tu penses que les jumeaux te comprendront et que même s’ils te comprennent, cela les fera sortir de leurs passions ? J’ai peur de l’esprit d’incendie que je vois dans notre famille. Moi aussi, souvent, je suis folle. Je voulais te dire : Pars, pars vite avec Hémon et je me suis rétractée. Je me rétracte encore en te disant : Ne pars pas, ne m’abandonne pas à Thèbes pour la deuxième fois. Va à la catastrophe avec nous puisque c’est ce que veut ton courage. »
     
    Ainsi parle Ismène à sa sœur Antigone revenue de la longue errance dans laquelle son père, Œdipe, l’avait entraînée. Ainsi parle Ismène à sa sœur Antigone qui espère encore, follement, désespérément, gagner la paix entre ses deux frères qui se battent pour la couronne de Thèbes.
    Et c’est beau, incroyablement beau et profond. J’ai du mal à trouver mes mots pour parler de ce roman. Je connaissais l’Antigone d’Anouilh, l’Antigone des chœurs antiques, mais rien qui m’ait préparé à rencontrer l’Antigone d’Henry Bauchau.
    On retrouve chez elle l’intransigeance, le courage, la force des autres Antigone. Mais on trouve, surtout, une femme pétrie de doutes, de souffrances. Une femme qui se bat non pas pour que les corps de ses frères soient enterrés, mais pour que la paix et la vie gagnent, que les morts soient respectés.
    Cette Antigone là a mendié sur les routes pour son père Œdipe, elle a sculpté, elle a pris les armes, elle a soigné et guéri parfois, elle a nourri ceux qu’elle pouvait nourrir. Elle a pleuré et hurlé sa souffrance de voir ses deux frères se déchirer ainsi et mener leur cité à sa perte. Elle a aussi galopé à perdre haleine, chanté et danser jusqu’à entrer en transe.
    C’est un personnage touchant, profondément humain parce que jamais monolithique.
    Et cela, on le retrouve pour tous les protagonistes de cette si vieille histoire. Un Œdipe et une Jocaste amants et parents aussi bien que roi et reine, perdus dans l’horreur de cet inceste qu’ils ont commis ; des frères jumeaux trop aimé pour l’un et mal aimé pour l’autre qui se disputent encore et toujours l’amour de leur mère ; Ismène, belle et sage, qui aime et hait à la fois cette fratrie qui menace son bonheur et celui de la famille qu’elle a construite, Hémon, Créon, etc.
    Tous ceux qui entourent Antigone, amis ou ennemis ont leur voix. Bauchau fait de ses personnages autre chose que des mythes.
    Finalement, Antigone, c’est l’histoire d’une famille frappée par le destin, l’histoire de l’amour et de la haine, de la guerre et de la paix. La vie qui va à la mort parce qu’il le faut pour rester fidèle à soi même, quitte à survivre un temps pour que tout continue, quitte à mourir tout de suite pour que cela continue.
     
    Le style de Bauchau très simple participe pleinement au fait que le lecteur est happé : phrases courtes, heurtées, qui suivent les sentiments et les paroles, les actes et les actions. C’est lumineux. Il fallait cette simplicité pour que s’impose pleinement le drame, que l’on prenne conscience de la fatalité qui mène Antigone à sa perte.
    C’est un roman dont toutes les phrases sont précieuses, dont tous les personnages sont précieux. Un roman que je vais garder précieusement pour le relire et en explorer la richesse. Il aurait fallu que je parle de la symbolique, du rôle que Bauchau donne à l’art, et de bien d’autres choses encore. Mais ce n’est pas le plus important. Le plus important est, et reste, la beauté qui empreint chacune de ces pages.
     
    «  Le fil de lumière qui passait entre la pierre et les parois de la grotte s’est éteint et le bruit des voix à disparu. J’entre en solitude et j’ai peur. Je ne verrai plus personne, moi, l’infatigable marcheuse, après tant d’amitiés sur la route, je ne parlerai à plus personne. Comment le croire ? J’ai souvent pensé à la mort, à la solitude jamais. Trop occupée des autres, entraînée par la vie, c’est sans préparation et sans forces que j’y entre. »
     
    Henry Bauchau, Antigone, Actes Sud, 1999, 355 p.
  • Vague à l'âme

     

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    Ce recueil réunit quatre nouvelles de la mangaka Mari Okazaki dont j’avais entendu parler à plusieurs reprises. C’est donc presque naturellement (hum) que mise en présence du-dit recueil, ma main s’est tendue et emparée de l’objet de ma convoitise !
     
    Quatre nouvelles donc qui tournent toutes autour d’histoires d’amour plus ou moins heureuses, vues du regard féminin.
    Dans la première, Les vacances de l’été 1996, quatre femmes se retrouvent dans une maison autour du souvenir d’un jeune homme dont on ne sait pas s’il est vivant ou mort. L’occasion d’évoquer des modes de relations, des modes de vie féminins très différents.
    Dans la seconde, Conte allégorique de la salle de bain, un jeune homme qui vient de rompre est transformé en pingouin et hébergé par son ancienne petite amie dans une baignoire.
    La troisième, Conte de fée estival voit l’intervention d’une fée dans la vie d’un couple au bord de la rupture.
    Pierrot ou le tonnerre d’applaudissements tourne autour d’une prise d’otage et d’un suicide amoureux.
     
    A chaque fois très oniriques, ces nouvelles ont pour base l’inconscient féminin, les désirs rentrés, les attentes et les douleurs des jeunes filles et des femmes japonaises. Avec délicatesse, avec finesse, des thèmes difficiles sont abordés : mort de l’être aimé, entrée dans l’âge adulte, rejet amoureux, sexualité, liberté, etc.
    Les personnages, perdus, trouvent à travers des rencontres, la force de grandir, d’évoluer. Elles apprennent à dépasser leur solitude, à exister à travers le regard des autres, et c’est doux. Chargé de souffrance, mais doux.
    Le dessin, facile d’accès comparé à d’autres mangas est malheureusement accompagné de textes qui partent un peu dans tous les sens, rendant difficile de suivre le fil des pensées et des actions. Cela n’enlève toutefois rien au plaisir de repartir à la découverte des josei, ces mangas destinés aux femmes.

    Mari Okazaki, Vague à l’âme, Delcourt, 2006, 224 p.