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histoires de famille

  • Vacances, vacances

     

    Parfois, parfois, il m'arrive de prendre des vacances. Et entre autres destinations, de retrourner vers les cieux meilleurs sous lesquels réside ma petite famille. Je vous en avais déjà parlé, mais c'est pour moi un puit sans fond d'inspiration et de franche rigolade.
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    Tout projet de vacances dans ces lieux enchanteurs commence par l'élaboration d'un SAL (sac à lire) objet de dialogues de ce genre:

    • Chiffonnette: « j'arrive mercredi vers 13h »

    • Maman Chiffon: «tu ne te charges pas trop hein? Pas la peine de prendre des livres!! »

    • Chiffonnette: «... j'en ai juste pris cinq ou six! »

    • Maman Chiffon: « pas la peine y'a plein de livres à la maison » (véridique, les murs vont s'écrouler un de ces quatre matins)

    Dialogue constructif s'il en est qui ne m'empêche bien évidemment pas de partir la fleur au fusil et l'épaule démise par le poids de toute cette culture que je transbahute à travers la France histoire de ne pas faire du mal à mes petits nerfs fragiles. On ne sait jamais: le train peut rester bloqué par un troupeau de chèvres rétif, le gel peut s'abattre sur la France, la RATP nous faire une grève, et je peux tout simplement terminer mon stock en cours de route, ce qui serait absolument insupportable!

    Bref!

    Me voilà donc arrivée vers les cieux meilleurs, soupirant après la chaise longue au fond de la forêt vierge qui sert de jardin à la maisonnée! Et rigolant d'avance aux aventures inénarrables de Mademoiselle Chiffon la troisième!

    Il faut vous imaginer un toons sautillant, chantant faux sous sa douche le matin et se vernissant les ongles de couleurs aussi discrètes que du orange et du bleu turquoise! Un toons capable de vous raconter de la première à la dernière scène Dracula de Coppola d'un air béat (c'est trooooop bien Dracula)! Un toons qui refuse de quitter ses converses! Un toons qui est une LCA en puissance! Ce qui est d'ailleurs l'objet de ce billet même si ça ne se voit pas!

    Jugez plutôt: figurez-vous que le toons a été interdit de bibliothèque par Maman Chiffon. Parce que le toons lit trop. Il lit au point de lire en marchant, de lire en voiture et de se transformer en endive. Il lit au point de ne presque plus prendre le temps d'écouter le Donjon de Naheulbeuk! Au point de ne plus rien faire de ses dix jolis petits doigts!

    Dont acte: interdiction de mettre les pieds à la bibliothèque! Au grand dam de Chiffonnette elle-même qui a pensé immédiatement au taux de rotation et aux statistiques de la bibliothèque! C'est vrai quoi, il y a de quoi provoquer une chute dramatique des chiffres!

    Ceci dit, la punition n'est pas trop dure dans l'absolu quand on voit l'état des bibliothèques familiales! Avec ce qu'il y a là, même un LCA pourrait survivre quelques temps! Ce que n'a pas enregistré le cerveau paniqué du toons! Et le tome deux des aventures de Tara Duncan alors (série jugée sympathique encore qu'un peu trop légère)!!! Et le tome trois de La stratégie Ender alors!!!!!! Impossible de survivre sans cela!! Quelques supplications et hurlements plus tard, la situation reste en l'état!

    Ni une, ni deux, le toons a élaboré une stratégie digne des meilleurs espions de la Guerre Froide. Profitant d'un moment d'inattention de Maman Chiffon trop plongée dans son roman pour suivre d'un oeil suspicieux les mouvements d'une demoiselle Chiffon à l'expression de conspirateur, cette dernière en profite pour récupérer sa carte de bibliothèque dans le sac dévolu à cette fonction! Carte qu'elle confie à une copine chargée de lui ramener les romans mentionnés ci-dessus! Une fois les objets de sa convoitise récupérés, la carte réintégre le sac et la demoiselle Chiffon disparait d'un air innocent dans un antre ou un archéologue ne retrouverait pas sa momie, sous prétexte de faire quelques sujets de Brevet! Et révéle d'un air fiérot à sa grande soeur le moyen qu'elle avait trouvé pour contourner l'interdit!

    C'était sans compter avec le fait que Maman Chiffon fréquente elle aussi la bibliothèque et que Chiffonnette avait bien envie d'aller à la bibliothèque. Après tout, ce n'est pas comme si elle allait y travailler tous les jours, n'est-ce pas? Du coup, les voilà toutes les deux à la bibliothèque. Maman Chiffon dégaine alors deux cartes de prêt, dont celle de mademoiselle Chiffon! Drame!! Voilà la conspiration découverte!! Et une Chiffonnette contrainte de dévoiler l'affaire à maman Chiffon entre deux ricanements et sous le regard effaré de la personne chargée de passer les documents à l'emprunt:

    • Maman Chiffon s'exclamant: « La peste!!!! »

    • Chiffonnette: « il faut la comprendre la pauvre enfant, interdite de bibliothèque!!! »

    Air réprobateur de la personne chargée de passer les documents à l'emprunt... C'est vrai quoi, pauvre adolescente spoliée! Et l'état de la lecture en France alors!!

    • Chiffonnette à la personne chargée etc.: « Oui, elle lit trop!! »

    Air totalement abasourdi de la pauvre dame bien peu accoutumée à entendre de pareilles choses!

     

    Enfin tout est bien qui se finit bien pour mademoiselle Chiffon qui a échappé à toute mesure de rétorsion grâce à sa jolie petite bouille et qui continue de sautiller en chantonnant... Vous voulez un extrait? Le voilà:

    «Si maman si, si maman si

    Maman, si tu voyais ma vie

    Je veux un Darcy

    Si maman si

    Et puis un Edward aussi... »

    Sans commentaire de la part d'une grande soeur encore écroulée de rire!

  • Labyrinthes familiaux

    Une fois de plus Heri m'a coiffée sur le poteau mis ça ne va pas m'empêcher de dire ce que je pense de ce roman!

    C'était bien, c'était beau, c'était émouvant et tout et tout. Une vraie belle découverte. Dès l'instant de sa conception, Ruby Lennox raconte sa vie et celle de sa banale famille anglaise. Sauf qu'aucune famille n'est banale et que toutes cachent plus ou moins bien leurs drames, leurs souffrances et leurs déchirures.

    Kate Atkinson entremêle avec une grande habileté passé et présent. Elle raconte la vie comme elle vient avec ses successions de mariages, d'enterrements, de naissances, de rentrées scolaires et de vacances, de fuites et de retrouvailles. Les choses prennent sens chapitres après chapitres, des liens se révèlent entre des personnages qu'à priori rien ne rapproche. C'est fascinant de voir l'histoire de cette famille prendre forme à travers les vies des femmes de la famille. Une bonne centaine d'années d'histoire d'Angleterre et d'Europe, deux guerres mondiales et les transformations de la société par une accumulation de petits épisodes.

    Et s'il n'y avait que ça! La voix de Ruby, toute en clairevoyance, en humour et en amertume distille le rire et les larmes. Son regard sur ce qui l'entoure est absolument sans concession. De la voix de l'enfant à celle de l'adolescente puis de l'adulte, on ne perd jamais ce regard chargé d'une souffrance qui s'ignore. Elle n'épargne rien du poids des bonnes manières et des coutumes d'une classe moyenne qui se veut respectable et qui n'en reste pas moins pitoyablement vulgaire et étroite. Aucune petitesse, aucun ridicule ne lui échappe. Et on rit alors que ces vies qui s'égrennent sont somme toute d'une tristesse insondable.

    J'ai envie de poursuivre ma découverte de cet auteur.

    La belle critique de Kalistina, celle de Cuné, celle de Heri

    Kate Atkinson, Dans les coulisses du musée, Ed. de Fallois, 1996, 348 p.