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  • Le réveil des dieux - Fabrice Colin

     

    "Au soir du 23 mars 1888, soit douze ans jour pour jour après l'invasion du Japon par l'armée de sa Majesté britannique, un cataclysme d'une ampleur inimaginable s'abat en quelques secondes sur la cité de Tokyo. Cette nuit-là, six mille habitants périssent engloutis. Ils auraient pu être dix millions. Voici l'histoire du jeune garçon grâce à qui le pire a été évité. Il avait trois jours pour retrouver son père : trois jours pour comprendre le monde et faire la paix avec son enfance. En vérité, il allait sauver la ville. Son nom était Errol Steel."

    Uchronie de fantasy (enfin selon moi du moins, d'autres diraient que ça flirte avec le steampunk... ou avec encore d'autres trucs obscurs), Japon, kamis, sauvetage in extremis du monde (enfin, de Tokyo, mais nous arrêtons-nous à ce genre de détail?), ce roman de Fabrice Colin avait tout pour me plaire. C'est donc avec un certain enthousiasme et des attentes dues à ma bonne opinion de ce monsieur que je me suis lancée dans la lecture des aventures d'Errol Steel.

    Résultat? Et bien, le moins qu'on puisse dire c'est que Fabrice Colin surfe sur la vague japonisante mais avec un talent certain: le Tokyo de 1888, qui devrait être celui de l'ère Meiji est un mélange entre Japon traditionnel, colonie britannique, technologies inhabituelles et magie. On y trouve pêle-mêle des anté-mages, hommes dont les capacités ont été modifiées par l'antelium, un mystérieux métal, des trams, des engins volants, des automates plus que perfectionnés, des sorciers, des esprits et j'en oublie. Le tout donne un univers qui sans être d'une folle originalité, éveille l'intérêt et donne envie de creuser l'envers d'un décor parfait pour les aventures de ce jeune anglais dont le destin est de sauver Tokyo des menées d'un complot qui réunit aussi bien des anglais que des japonais. C'est d'ailleurs là qu'intervient mon bémol quand au roman: le principe de départ est intéressant. Ce n'est pas un japonais qui est destiné à sauver Tokyo, mais un jeune anglais qui ne parle quasi pas un mot de japonais. Errol ne fait pas partie, à priori des gentils dans un histoire qui veut aussi amener ses lecteurs à réflechir sur la colonisation et la résistance à la colonisation, la manipulation politique et quelques autres choses. Or, alors qu'il est le fils de l'ennemi, c'est lui qui est choisit. Et qui va en quelque sorte, en se battant avec des japonais pour sauver la ville , devenir le produit de la cohabitation de deux cultures. Amenant par la même occasion des japonais plutôt enclins à se battre contre tout ce qui britannique à revoir leur position. Tolérance donc et critique de la colonisation. Mais la manière d'amener la chose est un peu tirée par les cheveux. S'ajoute à cela des rebondissements qui peuvent parfois paraître un brin artificiels et un rythme un peu hâché. Dommage.

    Ceci étant dit, Le réveil des dieux est un roman qui se lit d'une traite, prenant et agréable à lire avec un beau panel de personnages plutôt bien croqués, de relations familiales et amicales complexes! Il plaira sans aucun doute aux ados! Pour ma part, malgré une légère déception, j'ai passé un bon moment! C'est du bon roman d'aventure!

    Colin, Fabrice, Le réveil des dieux, Hachette, 2006, 3.5/5

  • Memory Park

    Poldavie, 2022. Trois ans après le génocide qui a touché la population d'origine ukrainienne, le gouvernement lance une campagne d'effacement de la mémoire des survivants. Pour la paix de la société poldave et le bien de tous. Mais certains ne veulent pas perdre leur mémoire. Pavel Soutine est de ceux-là. Ce qu'il sait va faire de lui la cible privilégiée des services gouvernementaux.

    J'ai finalement assez souvent l'occasion de hurler mon amour pour les littératures de l'imaginaire mon intime conviction que les romans qui relèvent de ces genres sont parmi ceux qui parlent le mieux du monde qui nous entoure et de ses enjeux. Memory Park ne déroge pas à la règle, Fabrice Colon offrant à ses lecteurs un texte percutant et intelligent sur les enjeux de la mémoire collective et les mouvements nationalistes qui s'éveillent de temps à autre à la violence.

    Sa Poldavie, petit état récemment indépendant d'Europe de l'Est est totalement crédible. On retrouve au fil des pages tout ce qui a hanté les pages des journaux dans les années 90 et au début des années 2000: les revendications indépendantistes, les mouvements de population, les crispations identitaires, les tensions ethniques et religieuses, les affrontements, l'impuissance des grandes puissances... Et surtout, le cheminement lent et terrifiant qui mène des hommes à exterminer leurs semblables au nom de valeurs dévoyées et faussées. J'ai été, faut-il le dire, impressionnée par la qualité de la trame et du paysage politique imaginés par Fabrice Colin.

    Ce cadre, et les événements qui se sont déroulés en 2019, le lecteur les découvre au fil des souvenirs d'un adolescent, Pavel, un des rares survivants de la vague de violence qui a déferlée sur la Poldavie, et de sa lutte contre le "devoir d'oublier" prôné par le gouvernement poldave trois ans après que des camps d'extermination aient fait leur réapparition. Le devoir d'oublier, comme pendant au devoir de mémoire. Les aventures de Pavel posent une question fondamentale: peut-on faire oublier le pire au nom du bien collectif, peut-on purement et simplement effacer ce qui dérange pour éviter d'y faire face et de risquer la réprobation des générations futures? Le message est fort, complexe, d'autant plus complexe que Fabrice Colin n'y apporte pas de réponse toute faite et évite soigneusement tout sentimentalisme ou sensationnalisme morbide. Pavel oscille entre l'envie d'oublier, la colère, la volonté de rapporter au monde ce qui s'est passé. Seule certitude, la nécessité du témoignage. Questions et amorce de réponse sont distillé au fil des aventures vécues par Pavel et son entourage, aventures qui ne m'ont pas toujours convaincue, mais permettent de maintenir un suspense efficace.

    La construction assez ambitieuse du texte avec de constants aller-retour du présent au passé, les thèmes abordés, les personnages complexes, tout concourt à faire de Memory Park un roman pour adolescent intéressant et passionnant, non pas essentiel, mais utile pour soulever sous un angle nouveau les questions du devoir de mémoire, du génocide, de la manipulation. et rappeler que l'histoire se répète trop souvent.

    Colin, Fabrice, Memory Park, Mango, coll. Autremonde,  2007, 4/5

  • Camelot

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    Enfermés pour l’été à l’institut Saint James, Nathan, Eric, Mathieu et David travaillent à obtenir leur diplôme de fin d’étude. Ils forment une petite bande solidaire. L’arrivée d’Arthur va changer la donne. Charismatique, fascinant, il va recréer avec eux, la confrérie des chevaliers de la Table ronde.
     
    Je ne connais pas grand-chose aux romans de pensionnat, je n’ai qu’un très vague souvenir de Les disparus de Saint Agil, mais j’ai été séduite par le dernier roman de Fabrice Colin. Dans un univers clos, assez malsain par l’absence de mixité, l’enfermement, il introduit de la tension, un suspens, une atmosphère étrange. En réutilisant le mythe arthurien, il amène par petites touches l’étrangeté, le fantastique, perdant son lecteur dans une foule d’interrogations. On suit ces cinq adolescents jusqu’à une chute surprenante qui marque leur entrée dans le monde adulte.
    «  J’étais jeune. On ne réfléchit pas quand on est jeune, on ne passe pas son temps à peser le pour et le contre. On se laisse porter par le courant. C’est une forme de sagesse qui en vaut une autre. »
    Et qui ne résiste pas à la rencontre avec le monde des adultes et la folie.
    Avec la fougue, l’inconscience de l’adolescence, à cause du besoin de reconnaissance et d’amitié, ils se heurtent à une réalité trouble à mille lieues des rêves de chevalerie, de justice qui étaient les leurs.
     
    Du rythme, du mystère, de l’aventure, bref, un excellent roman jeunesse !
     
    L’avis de Fashion, de Clarabel et de Lily 

    Ps: en plus l'auteur est bel homme!
     
    Fabrice Colin, Camelot, Seuil, 200 p., 2007