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  • Les trois lumières - L'Antartique - Claire Keegan

    antarctique.jpgtrois-lumieres-claire-keegan-291457-1.jpgUn recueil de nouvelles, un court roman, et à chaque page le même enchantement. Claire Keegan est une orfèvre au talent immense.

    Il est impressionnant de voir avec quelle économie de moyen, avec quelle sensibilité elle capte les moments cruciaux où une vie bascule. Dans Les trois lumières, c'est le moment où une enfant découvre qu'une autre vie est possible que celle que lui offrent un père indifférent et une mère débordée par sa famille nombreuse. Par petites touches, elle brosse la confrontation avec un autre univers, la prise de conscience des failles des adultes, de ces failles qui parfois font aimer plus fort.

    Quant à L'Antartique, chaque nouvelle est un bijou, et je ne peux pas affirmer en avoir aimé une plus qu'une autre. Que le récit tourne autour d'une femme qui se brûle les ailes pour avoir voulu qu'un souffle d'aventure traverse sa vie, d'un père qui a perdu son enfant, de la folie d'une mère, d'une vieille fille, c'est toujours le même enchantement, la même plume tout en finesse qui décrypte avec justesse les rapports humains, déploie une atmosphère, une intrigue par petites touches subtiles et fait se cotôyer toute la palette des sentiments et des désespoirs jusqu'à rendre le résultat criant de vérité, parfois dur à couper le souffle mais...juste parfait.

    Deux coups de coeur coup sur coup.

    355330-0.jpgA noter L'Antartique sort en poche chez 10/18 le 15 septembre.

    D'une berge à l'autre, Cathulu, Cuné, Lucie qui donne tout plein de liens...

    Keegan, Claire, Les trois lumières, Sabine Wespieser, 2011, 108p., 5/5

    Keegan, Calire, L'Antartique, Sabine Wespieser, 2010, 251p., 5/5

  • Les chroniques des féals - Mathieu Gaborit

    chronique-feals-bragelonne.jpgBien des légendes courent sur cette Tour Ecarlate qui domine un petit village au coeur de l'Empire de Grif', mais aucune n'approche la réalité de cette guilde qui au sein de ces murs comme dans d'autres tours consacre ses forces aux Phénix. C'est là que Januel a trouvé refuge. Jusqu'au jour où son talent lui vaut d'être choisi pour faire renaître le Phénix de l'empereur et le met au centre d'une guerre sans merci contre la Charogne, royaume des morts qui veut rien moins que conquérir le monde des vivants...

    Les chroniques des féals font partie de ces romans de fantasy qui me donnent envie de bougonner. Oui, bougonner (j'ai un doctorat en bougonnage et un master en soupir) . Parce qu'ils fourmillent de très bonnes choses, de belles trouvailles, de grands moments, mais malheureusement aussi de faiblesses qui les empêchent d'être de vrais bijoux du genre. La trame est certes classique, mais comment reprocher cela à Mathieu Gaborit quand 95% du temps, le lecteur se retrouve face à une jeune garçon/jeune fille aux talents hors du commun propulsés dans une ou des quêtes qui les dépassent un tantinet ? Ce n'est pas là-dessus que se portera l'expression de mon (très relatif) mécontentement. Je dirais même que l'auteur se tire avec les honneurs et un scénario qui ne manque pas d'originalité de l'exercice, mêlant zombies, créatures légendaires et magie en une histoire qui recèle quelques morceaux de bravoure, voire de la poésie. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé les chemins que s'ouvrent les morts et leur royaume. Mais... On voit les ficelles et la narration, même de plus en plus maîtrisée est heurtée. Des éléments se dévoilent à des moments peu opportuns sonnant par là même artificiels, certains rebondissements semblent tomber du ciel... Quant à la naïveté du personnage principal, elle donne envie de hurler jusqu'à ce qu'on comprenne le pourquoi du comment et il ne laisse guère de place aux autres. Ceci dit, je râle, mais j'ai lu les 597 pages de l'intégrale avec plaisir et... il faut bien dire que le grand âge m'atteignant, je suis un chouilla pénible, voire pénible patentée! Aucune raison, donc, de se priver d'une tranche d'aventure!

    Elbakin en parle.

    Gaborit, Mathieu, Les chroniques des féals, Bragelonne, 2006, 597p., 3/5

  • Une amazone en Orient. Du Caucase à Persépolis 1881-1882 - Jane Dieulafoy

    Jane_Dieulafoy_photo.jpgJ'ai déjà du, si ma mémoire ne me joue pas des tours, avouer mon amour de la plume de dame Agatha, son art de l'intrigue, ses oeuvres de jeunesses... Et sa vie aux côtés de son second époux, Max Mallowan, qu'elle accompagnera sur les chantiers de fouilles (lisez le merveilleux La romancière et l'archéologue si ce n'est pas déjà fait, hop, hop!). Mais trève de bavardage, si Agatha Christie est une amazone et si elle a bien vadrouillé en Orient, ce n'est pas d'elle dont il est question ici mais de la non moins merveilleuse, et bien moins connue Jane Dieulafoy. En voilà une de femme extraordinaire! Romancière, archéologue, photographe, journaliste, elle aura suivi son époux sur les champs de bataille comme sur les routes et les fouilles et gardera toute sa vie l'habitude de se vêtir en homme.

    C'est un de ses périples avec son époux qu'elle raconte dans un journal réédité chez Libretto: un voyage à cheval sur les routes d'Orient, cheveux courts et vêtements d'homme, pour répertorier les monuments et les mosquées, une plongée dans la société perse au cours de laquelle elle va braver la chaleur, le froid, l'inconfort, la maladie, les foules en furies et les bandits, voire même ces fameux andérouns qui cristalliseront tellement de fantasmes occidentaux. Avec humour, autodérision, elle note au fil des étapes ses découvertes, les avanies du voyage oscillant entre drôlerie et tragique, soutenue en cela par son grand sens de l'observation et par une ouverture d'esprit peu commune. A travers elle on effectue une plongée en Perse, qui, si elle n'est pas toujours exempte de préjugés, permet de découvrir le monde oriental de la fin du 19e siècle. Car rien n'est épargné, de la crasse, des maladies, de la misère comme de la richesse, des corruptions 9782752904485.jpgpolitiques, religieuses, de la violence comme de la beauté des paysages, des accueils chaleureux, des merveilles architecturales. Ce journal est infiniment riche, mêlant l'aventure à des analyses historiques, sociologiques, politiques. Le plus intéressant à mon sens dans tout cela reste de pouvoir découvrir la voix d'une femme qui, si elle brise certaines règles et fait preuve d'une indépendance certaine reste attachée à des valeurs et des préjugés qui la font réagir parfois étrangement à l'univers perse et lui font avaler d'autres choses sans qu'elle se montre plus choquée que cela. Je suis curieuse de découvrir la suite de son journal!

    Alors bien sûr, il y a des passages un peu fastidieux. Et puis j'aurais adoré voir plus d'illustrations. Mais faire connaissance avec Jane Dieulafoy vaut le détour, quitte à sauter quelques entrées pour ceux que l'architecture des mosquées et des Sassanides ne fascinerait pas!

    Dieulafoy, Jane, Une amazone en Orient. Du Caucase à Persépolis 1881-1882, 2010, 400p., 3.5/5

     

  • Miss Mackenzie - Anthony Trollope

    2768434849.jpgMargaret Mackenzie a toujours vécu dans l'ombre de ses frères, jeune fille puis jeune femme invisible jusqu'à ce qu'à trente-cinq ans, elle hérite soudainement d'une petite fortune. Et que tout aussi soudainement, les prétendants se bousculent au portillon...

    Ce que j'aime particulièrement avec les auteurs britanniques, c'est leur humour, leur art des personnages et des situations, la manière dont ils parviennent à fasciner avec des riens, leur capacité à parler avec légéreté des choses les plus graves. Anthony Trollope ne déroge, en ce qui me concerne, pas à la règle puisque je n'ai pas pu lâcher le récit des aventures somme toute banales de cette attachante vieille fille qu'est Margaret. Il faut dire que l'auteur n'y va pas avec le dos de la cuillère et soumet sa malheureuse mais courageuse héroïne à bien des épreuves. Et c'est drôle, vraiment drôle quand par petites touches, il met en lumière les ridicules des uns et des autres, les ressorts des râtés amoureux, les mesquineries que dissimule tant bien que mal la bienséance. On plaint Margaret, mais en même temps, le récit de ses démêlés amoureux et financiers est tellement savoureux, la finesse de la psychologie des personnages est telle qu'on ne voudrait pas qu'il en aille autrement malgré les aspects sombres de la période victorienne qui affleurent sous l'humour et qui tempèrent le rire. J'ai pris grand plaisir à découvrir la fable de la Brebis et du Lion, à pénétrer dans les salons de la meilleure société comme chez les notaires et les boutiquiers et je compte bien poursuivre sur ma lancée. Ca tombe bien, Quelle époque! vient de sortir en poche. Ca tombe bien, je n'avais rien à lire...

    Rory en parle.

    Trollope, Anthony, Miss Mackenzie, LGF, 2010, 510p., 5/5