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  • Jane par-ci, Jane par-là

    Biens chers lecteurs égarés du côté de mon antre,

    Je me dois de vous faire, ce jour, une confession qui me coute, mais que l'amour de la vérité m'impose. Je suis atrocement fleur bleue. Oui, moi, qui reste stoïque (ou presque) devant les pires manifestations de violence  (intelligente) à l'écran, moi qui ai été terrassée par une crise de fou rire au cours de La cité des anges, moi donc, je suis fleur bleue. J’adore les histoires d’amour, surtout quand elles se finissent mal.

    Ces prémisses étant établies, vous ne serez plus étonnés par ce qui va suivre. D'autant que ceux qui me connaissent un peu savent mon amour immodéré de Jane Austen et de son oeuvre. Jane Austen et ses héroïnes, Jane Austen et ses personnages masculins (Darcy *soupire*), Jane Austen et son art incomparable de l'ironie, son regard d'entomologiste sur la société bourgeoise et aristocratique de son temps.
    Malgré, ou à cause de cet amour, me voici aujourd'hui devant vous pour vous dire que oui, quoi qu'en disent les critiques, Becoming Jane est un très bon film.



    Attention, cet avis ne va pas sans arguments solidement étayés, totalement objectifs et imparables.
    - Joe Anderson qui joue le rôle d'un des frères de Jane Austen est absolument à croquer. D'ailleurs la diabolique cousine des Austen ne s'y trompe pas. Une femme de goût.
    - Les soupirants transis de Jane (à l'exception d'un) ne manquent certes pas de charme.
    - Les tasses à thé sont absolument ravissantes.
    - Il y a McGonagall déguisée et sans baguette magique.
    - On ne voit pas les looonnggues jambes d'Anne Hattaway, lesquelles sont soigneusement planquées sous sa jupe.
     
    Ceci étant dit, passons au subjectif. Jane Austen est un écrivains dont nous savons très peu de choses hormis ses dates de naissance et de mort et quelques unes des circonstances de sa vie : le nom des ses frères et sœurs, son célibat, le moment où ses romans ont été écrits et publiés, la profession de son père par exemple, sa brève histoire d’amour avec Tom Lefroy. Sa sœur Cassandra ayant à sa demande brûlé toute sa correspondance à sa mort, le mystère plane qui permet toutes les extrapolations et les inventions.
    Les scénaristes se sortent remarquablement bien de l’exercice qui consiste à inventer la vie de Jane Austen en s’inspirant du peu qui est connu et de son œuvre. Il dresse un beau portrait de jeune femme découvrant l’amour dans une société où il est mal vu d’être femme, intelligente et de surcroît, pauvre.
    On retrouve un peu de tous les personnages de Jane Austen, et un peu de tous ses romans. Je ne détaillerais pas, on ne sait jamais qui pourrait avoir l’idée saugrenue de filer le voir, mais d’Orgueil et Préjugé à Northanger Abbey en passant par Lady Susan et Raison et Sentiments, tout y passe ! Jane elle-même a un petit côté d’Elisabeth Bennet mâtiné de Marianne Dashwood et de Lydia Benett ! Et c’est enthousiasmant.
    Le film revient sur un certain nombre d’aspects de la vie en société à cette époque : le statut des femmes, la dépendance financière des hommes en attente d’héritages, le rôle de la bienséance et le poids des regards.
     
    Comme en plus de tout cela les acteurs sont excellents, les costumes très réussis et les scènes de bal et de thé proches de la perfection, je ne peux que vous pousser à ne pas bouder votre plaisir. Les austeniens (à part peut-être les intégristes) apprécieront les références, les non –austeniens la belle histoire d’amour contrariée. Tout le monde devrait se retrouver sur les éléments sus-énumérés. Même si, effectivement, le tout reste de facture classique, mieux vaut parfois un film classique réussi qu’un film original et raté. Ceci, mes chers, sera le mot de la fin !!
     
     
     

  • This is not a love song




    Vincent a une femme et deux filles. Il a réussi sa vie professionnelle et familiale en Angleterre. Poussé par sa femme qui décide de partir une semaine sans lui chez ses parents, il va revenir à contrecœur dans la ville où il a vécu son enfance, son adolescence et le début de sa vie d’adulte. Un pèlerinage de sept jours à la rencontre d’un passé tenace qu’il aimerait oublier. Un pèlerinage qui ne va pas le laisser indemne. Etienne, son ami d’alors, son alter-ego s’est volatilisé. Et les révélations de Céline, sa belle-sœur ne vont soulever des voiles qui auraient peut-être gagné à rester baissés.

     

    Je ne pourrais pas comparer This is not a love song à d’autres œuvres de l’auteur que j’aborde pour la première fois. Pas de commentaires donc sur une rupture dans l’écriture qui est soulignée dans un certain nombre d’articles qui ont été faits sur ce roman. Je me contenterais de dire que j’ai apprécié le découpage des chapitres, les phrases courtes, hachées qui permettent de suivre au plus près les pensées de Vincent, les chocs successifs qu’il subit au cours de son séjour chez ses parents.

    Ce style est au service d’une histoire dure, violente. Vincent est un personnage qu’on aimerait antipathique. Son arrogance de self-made-man, son regard cynique sur sa famille et la petite ville de province dont il est originaire, l’autosatisfaction dont il fait preuve ne font que cacher ses faiblesses, ses fêlures.  Vincent n’est pas pire que n’importe qui.

    This is not a love song pose des questions fondamentales sur l’individualisme, l’égoïsme notamment, l’amitié, l’amour filial et fraternel, l’amour tout court. Difficile de ne pas se sentir concerné. Vincent a laissé filer le temps, persuadé que ce qui était resterait tel quel. Il s’aperçoit en revenant, que sous la surface, sous ce et ceux qu’il croyait connaître se cachent des inconnus. Rien n’est immuable. Il a fuit quand cela devenait nécessaire pour sa survie, aidé en cela par Susan, sa femme. Mais la fuite ne peut être que la solution de facilité. Elle n’efface pas la réalité, et surtout, se pose au retour une question : est-on responsable de ce que deviennent ceux que l’on a abandonné derrière soi ?

    Cela donne une histoire crue, violente, une description des petites médiocrités quotidiennes parfois difficile à supporter. J’ai apprécié l’absence de happy end. Pas de rédemption réelle pour les personnages ; Ils se quittent sans que rien ne soit résolu. La médiocrité reste quand les bonnes intentions sont passées.

    Par contre, j’ai trouvé parfois pesantes les révélations de Céline, et l’utilisation faite de la stérilité du couple qu’elle forme avec le frère de Vincent. A vouloir trop frôler le glauque, Jean-Philippe Blondel en vient à friser le sordide et le mélodramatique.



    Anne, Clarabel, Incoldblog, Caroline ont aimé.
    Emeraude aussi. Et Tamara.
    Laure a un avis plus mitigé.
    J'ai dû oublier du monde! Signalez-vous!

     


     

     

    Jean-Philippe Blondel, This is not a love song, Robert Laffont, 2007, 211 p.