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De fleuves en paturages

 
 
 
 
 
 
 
 
La jeune Lucy Honeychurch part à la découverte de l’Italie. Mais comme toute jeune fille de bonne famille à l’aube du 20e siècle, elle le fait accompagnée de sa vieille fille de cousine Charlotte. A Florence, le hasard et les déboires touristiques veulent que leurs chambres qui devaient avoir vue sur l’Arno donnent sur la cour. En violation de toutes les convenances et bonnes manières, les Emerson pères et fils proposent de les échanger avec les leurs qui bénéficient de la vue attendue. De fil en aiguille et malgré les efforts de la zélée Charlotte, Georges Emerson et Lucy se rapprochent. Et ce n’est pas leur départ qui va changer quoi que ce soit… C’est une Lucy fiancée à un redoutable jeune homme de bonne famille qui va retrouver les Emerson installés dans le même village que sa famille. Et comme l’amour ne va pas sans obstacles, nos deux jeunes héros auront bien des obstacles à surmonter, des chausse-trappes tendues par leur entourage à leurs propres incohérences et peurs.
 
 
Moi qui me disais que ce roman serait facile à résumer, et bien j’avais tout faux ! Il est bien difficile de donner un aperçu fidèle de ces romans où il ne se passe rien et tant de choses à la fois ! Quoi qu’il en soit, Avec vue sur l’Arno est un nouvel exemple de cet art anglais du thé et de la littérature. Au départ rien de nouveau, voire même un brin d’ennui. C’est que ces aventures d’anglaises perdues à ce qu’elles considèrent comme les dernières terres civilisées ne paraissent pas fascinantes. Tout juste drôles. Et pourtant, dès l’apparition de l’irrévérencieux révérend Beebe, dès les premières velléités d’indépendances de Lucy, dès les premières remarques acides et si polies, on est séduit. La narration poursuit son petit bonhomme de chemin sans se presser et recèle bien des richesses. Sous les aspects faciles se cachent une foule de petites remarques qui en apprennent beaucoup sur la nature humaine. Lucy et sa crise d’adolescence, sa soif de liberté étouffée par les bonnes manières ; Georges et son mal du siècle ; M. Beebe, son faux dédain des convenances et son attitude ambiguë vis-à-vis de ses paroissiens comme du mariage ; Charlotte et ses souffrances cachées, ses atermoiements de vieille fille… Tout cela est très moderne. J’ai fini par m’attacher à chacun de ces personnages qu’on laisse au seuil d’une nouvelle évolution à la dernière page du roman. C’est une jolie histoire sur la nécessité de se connaître et de s’accepter, d’accepter ses besoins. C’est aussi une jolie histoire sur la liberté. Et une critique sympathiquement virulente des convenances sociales. Très anglais et fort agréable, parfois lyrique et même romantique, et surtout, délicieusement caustique malgré quelques longueurs un peu pénibles.
 
 
« Le lecteur n’aura pas la moindre difficulté à conclure : elle aime le jeune Emerson. Mais à la place de Lucy le lecteur aurait eu des difficultés. La vie se raconte aisément – vivre déconcerte davantage. Les « nerfs » ou tout autre expression banale, masquant et désignant à la fois nos désirs personnels sont alors les bienvenus. Lucy aimait Cecil ; Georges la rendait nerveuse ; le lecteur sera-t-il assez bon pour l’inviter à intervertir les termes ? »
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
L'avis de Lilly, celui de Papillon.
 
 
 
 
 
E. M. Forster, Avec vue sur l’Arno, 10/18, 2006, 284 p.

Commentaires

  • L'adaptation de James Ivory est aussi très réussie et les acteurs sont très justes!

  • Arghhhhh! Ne me tente pas, je vais finir par filer à la Fnac!! C'est affreux!

  • Ah oui, il faut absolument que tu voies le film, car quoique j'adore le roman, qui fait partie de ma bibliothèque idéale, j'ai trouvé l'adaptation ciné encore supérieure (et ça, ça ne m'arrive presque jamais). Toutes les petites longueurs, justement, disparaissent. Et le réalisateur a gardé les petits encadrés qui présentent les chapitres, et le film est très fidèle au livre.

  • Supérieure??? ^o^ Bon, il est temps que je fasse une descente à la fnac. Après tout j'ai déjà failli cet après-midi à L'arbre à lettre alors une fois de plus ou de moins, ça ne se varra (presque) pas! Ce que tu en dis est tellement alléchant que je ne crois pas que je vais résister!

  • J'aime faire le petit démon tentateur!
    Tu feras un billet sur ton blog quand tu auras vu le film?

  • Il y a des chances que je fasse un billet! Et comme la nuit porte conseil, je vais aller regarder le catalogue des bib parisiennes. C'est bien le diable si je ne trouve pas!

  • Rien à voir avec le livre, mais juste pour répondre à ta question (ce que j'ai oublié de faire tout à l'heure, et je m'en excuse), non, je ne vis pas en Provence. Mais j'y ai vécu quelques années, et j'y suis retournée une semaine il y a peu. D'où la photo... et il y en a d'autres que j'avais posté il y a déjà quelque temps. Si c'est pas indiscret, tu poses la question parce que tu y es, en Provence ?

  • Depuis que j'ai lu Maurice, je sais que tous les Forster sont d'office sur ma liste et depuis qu'on m'a parlé d'un coffret ivory-forster ... je souffre les affres de la tentation...

  • Non, mais parce que j'ai vécu longtemps dans le sud, et que du coup, je m'y sens encore un peu chez moi!!

  • Je vois ce que tu veux dire... Et en plus je suis en mission Gibert Joseph ce matin... Ma que va-t'il se passer???? Comme d'habitude, un drame! Je vais essayer de ne pas craquer!

  • Un peu comme moi alors. Ca marque d'habiter dans le Sud :o). Bises, InF

  • Ca, quand on voit le temps nordique!! A bientôt!

  • Dans le film il y a HBC ( Helena Bonham Carter) (L'équivalant de Colin quoi) :-)

  • Miam!Je l'ai trouvé à la bib, je vais pouvoir le regarder ce we!

  • Si tu n'as pas lu Maurice, je ne peux que te le conseiller vivement, je l'ai trouvé extrêmement fluide, très agréable à lire.

  • En fait, c'est une de mes notes de lecture en retard!! Je l'ai vraiment beaucuop aîmé. Comme tu le dis si bien, fluide, agréable à lire. Et d'une grande intelligence pour ajouter au tout! Quand à Avec vue sur l'Arno et son adaptation, c'est un tel plaisir que j'en ai acheté le livre et compte bien le garder pour relectures ultérieures! La seule chose qui m'ait empêchée d'acheter le film était son prix totalement indécent! Mais je guette comme la panthère sa proix et je suis décidée à l'avoir un de ces quatre!

  • Ah tiens, Forster fait partie de mon challenge abécédaire 2008. Je compte d'ailleurs sur vos suggestions car je cherche des auteur(e)s "oublié(e)s", peu connu(e)s... et par définition, s'ils/elles sont peu connu(e)s, leurs noms ne me viennent pas forcément à l'esprit voire je ne les connais pas...  La liste prévisionnelle est ici : http://ceciledequoide9.blogspot.com/2007/10/bonjour-les-livrophages-bonjour-les.html

  • Je vais faire tourner mes neurones! Elles sont un peu de mal en ce moment, mais je vais faire mon maximum!

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