A travers le destin de 4 générations de femmes, ce sont toutes les conséquences du bombardement du 6 août 1945 sur les populations civiles qui sont contées. La mort par l’exposition aux rayons à plus ou moins brève échéance, le poids du silence que la société fait peser sur ceux qui ont été victime, le rejet et la peur encore présents 60 ans après. Le dessin, très fin, très clair, tout en délicatesse est au service de l’histoire d’une même famille d’ hibakusha (victimes de la bombe). J’ai eu le cœur serré, les tripes de plus en plus nouées au fil des pages, jusqu’à finalement être presque au bord des larmes. Presque rien n’est montré ni décrit du drame, mais pourtant, les trois nouvelles qui composent ce volume touchent au-delà des mots. La première est particulièrement terrible. Elle raconte la mort lente de ceux qui étaient à Hiroshima ce jour-là. J’ai vu peu de choses plus frappantes que ces cases blanches qui montrent la maladie et la souffrance alors que l’espoir d’un avenir et d’une vie meilleure était enfin présent. Le pays des cerisiers m’a rappelé Le tombeau des lucioles en fait.
« Cette année, c’est le cinquantième anniversaire de la mort de ma grande sœur, celle qui vécut le plus longtemps. Alors je suis allé voir des personnes qui la connaissaient et nous avons parlé de cette époque-là. Et je crois que tu lui ressembles en fait. Il faut que tu sois heureuse dans la vie Nanami. Sinon ma sœur sera bien triste. »
Fumiyo Kouno, Le pays des cerisiers (Yunagi no machi sakura no kuni), Kana (Dargaud), 2006.