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  • La citation du jeudi: Un immense asile de fou

    "Sir Isaac Newton, de mémoire philosophique tardive et de renommée immortelle, a établi qu'une loi universelle de la nature veut que les objets perdus soient inexorablement attirés par les lieux où l'on s'attendrait le moins à les trouver. Les objets, ma cousine joliment éloignée, sont d'une perversité naturelle et innée. De fait, il paraît vraisemblable, pour cette raison, qu'ils soient du genre féminin, bien qu'en français, seule la moitié d'entre eux le soient."

     

    immense-asile-de-fous-207x300.jpgPrésentation de l'éditeur: La Grande-Bretagne est vraiment un immense asile de fous... Nous, les Anglais, avons une conception très souple de la normalité. Sous certains aspects nous sommes rigides et formels, mais nous croyons au droit à l'excentricité, à condition qu'elle soit de taille. Nous ne sommes pas très tolérants envers les petites. Malheur à vous si vous tenez mal votre couteau, mais tout va bien si vous portez un pagne autour des reins et si vous vivez dans un arbre... En route donc pour un village du Surrey, très semblable à celui où Louis de Bernières a passé son enfance, à la rencontre de certains de ses habitants, disons, un peu particuliers. Voici Mrs Mac, qui sort se promener en tenant son mari par le bras, paie leurs deux tickets dans le bus, prend le thé avec lui. L'ennui, c'est qu'il est mort depuis longtemps, mais personne ne s'étonne de l'étrange balade. Voici le colonel en retraite qui perd la mémoire au point d'oublier de mettre son pantalon quand il va faire ses courses. Mais le policier du village est très courtois. Voici John et Alan, les deux jardiniers qui, à l'heure de la pause, aiment bien bavarder avec la jolie Sylvie, qui travaille à l'écurie. Tous trois n'hésitent jamais à confier leurs soucis ou leurs joies à George, toujours présent. Sauf que George est une araignée qui tisse sa toile dans la serre. Voici des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux, des enfants, dont les histoires vont nous faire rire, mais aussi, souvent, nous serrer le coeur.

     

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  • Les hommes sirènes - Fabienne Juhel

    9782812601453FS.gifAntoine a quarante ans, une femme, un petit garçon et un caillou au coeur. Un Défense de déposer des ordures sur une palissade au hasard d'une rue et il abandonne tout derrière lui pour aller voir la mer, et essayer de se réconcilier avec lui-même.

    Les hommes sirènes est un roman qui distille une petite musique insidieuse, comme un conte de fée cauchemardesque où les ogres et les bonnes fées ne sont que trop réels et dissimulés sous l'apparence presque toujours innocente de gens bien comme il faut. Pourtant, tout commence dans un univers familier: un bar, une maison, une famille, une ville de province qu'on devine un peu grise, en tout cas tranquille. On voit se dessiner une histoire somme toute banale de quadragénaire un peu perdu qui abandonne tout avec l'option enfant adopté. Je dois d'ailleurs l'avouer, au départ, la quatrième de couverture m'avait un peu échaudée: adoption, rescapés de camps de la mort, homme en décalage... Rien de bien alléchant si ce n'est la plume de Fabienne Juhel, qui m'a immédiatement séduite et m'a poussée à poursuivre ma lecture.

    Or, très vite, le roman surprend et déstabilise. Dès qu'Antoine revient sur son enfance en fait. Enfant indien adopté, ou faut-il dire acheté, par un frère et une soeur ayant survécu aux expérimentations médicales nazies, il grandit dans une atmosphère étrange, malsaine, malgré l'apparent bonheur que peuvent amener richesse, confort et éducation. Mais dans la maison aux 113 fenêtres, c'est une violence sourde qui règne, malgré la présence d'Eugénie la cuisinière dévote et du rebouteux, étrange vieil homme vivant dans une cahute au fond des bois, impuissants à compenser totalement  une éducation menée par deux "parents" qui ne connaissent pas l'amour, les sentiments et qui façonnent l'enfant pour accomplir une tâche qu'on ne fait longtemps que deviner. Le drame d'Antoine, on le découvre au fil des pages, de son errance vers la mer et des rencontres faites sur la route, qui petit à petit vont le révéler à lui-même, lui permettre de réunir les pièces de son identité et d'accepter ses actes.

    On est pris dans les rets d'un récit où les moments de grâce, les petits bonheurs, l'espoir alternent avec l'horreur et la violence, ou la beauté, la poésie de la langue sortent renforcés de leur confrontation avec ce que l'humain a de plus sombre. Avec toujours, cette part de rêve, d'onirisme parfois qui donne le sentiment par moment de lire un conte où les loups ne sont pas toujours ce que l'on croit. Magistral donc, et très fortement conseillé.

    Clara, Pascale en parlent.

    Les hommes sirènes faisait partie de la sélection du Prix Landerneau.

    Juhel, Fabienne, Les hommes sirènes, Ed. du Rouergue, 304 p. 4.5/5