Edmond Dantès a 19 ans et l'avenir lui appartient: une femme qu'il aime et qu'il va épouser, un navire dont il va devenir capitaine, un vieux père aimant aux besoins duquel il va enfin pouvoir subvenir. Mais c'est sans compter la jalousie, la peur et la haine de trois hommes qui vont ruiner sa vie en l'enterrant vivant au château d'If. Evadé après quatorze années, riche à millions, il fomente une terrible vengeance.
Dieu que les ficelles sont énormes! On voit venir les coupables à un petit millier de kilomètres et c'est à se demander comment leur entourage ne les démasque pas immédiatement tellement ils pâlissent et blêmissent, et verdissent, et se pâment. C'est outré du début à la fin, et c'est tellement bon qu'on ne voudrait pas que ça finisse. Tous les extrêmes des passions humaines sont réunis et s'affrontent sur un petit millier de pages jusqu'à ce que, personne n'en doute, la vengeance soit accomplie. Amours désespérées, haines violentes, angoisses, vaillance, amour filial, transports divers et variés, tout y passe! Les personnages sont merveilleux, de Dantès lui-même, monolithe dans lequel des failles apparaissent petit à petit à ses persécuteurs méprisables mais tellement humains, en passant par la jeune génération qui ignore les crimes de ses pères. Tout le talent de Dumas, grand raconteur d'histoire devant l'éternel se trouve là, dans son art du rebondissement, des personnages, dans ses longueurs aussi, et dans la peinture de l'époque, des grandes passions politiques qui l'ont secouée. La grande histoire et les évolutions des moeurs transparaissent à travers les destinées particulières et frappantes de quelques personnages. On y trouve les oppositions entre bonapartistes et royalistes, l'essor de la grande bourgeoisie d'argent, l'aristocratie d'Empire, une étude de la justice, etc. Le meilleur, à mon sens, reste que tout improbable que puisse apparaître le récit, il s'inspire, chose que m'a apprise le riche dossier critique complétant l'édition empruntée à la médiathèque, d'une anecdote relatée par un archiviste, Peuchet, dont il avait utilisé les écrits pour écrire ses Crimes célèbres, anecdote presque plus improbable encore que ce qu'en a tiré Dumas, c'est peu de le dire!
Bref, j'ai rencontré Edmond, il était temps! J'ai fréli, j'ai bovarysé, je me suis indigné, et bien marrée aussi. J'en ressors ravie au point de me replonger avec délectation dans Les trois mousquetaires! Autant dire qu'Alexandre et moi, c'est une affaire qui roule.
Dumas, Alexandre, Le comte de Monte-Cristo, tout plein d'éditions, choisissez votre camp, moi c'était Omnibus.
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Commentaires
Ah oui, elles sont énormes, ces ficelles! Mais on se laisse prendre! Mais bon, le comte, il est à moi hein! ;))
@ Karine:): on partage? ;-)
J'adore ce roman, c'est celui que je préfère parmi tous les Dumas ! L'intensité de la vengeance, l'engrenage qu'elle entraîne, les victimes coupables et innocentes, pathétiques ou nobles, le personnage ambigu du Comte...J'ai frémis et vécu cette histoire, malgré les grosses ficelles que tu soulignes ! Les rebondissements et les personnages de Dumas marchent vraiment pour moi, c'est un des seuls auteurs français du XIXème siècle que j'apprécie (avec certains romans de Hugo et Jules Verne).
« L’écriture est ton échappatoire, c’est ce qui te permet de souffler, de t’évader. » me dit-il. "Sortir de la réalité."" Fuir."
Non ! L’écriture c’est précisément la réalité et la confrontation. Le seul instant où exister s'incarne en quelque chose. C’est le seul moment ou l’entité et permise. Le souffle du vivant est ressenti à l’instant même ou les premières phrases s’alignent. Ca y est! Les traits se succèdent sur la page, les lettres formés, semblable à des dessins, des instructions maritimes.
L’écriture est matérielle, imposante ! Elle s’inscrit dans ce qui est. C’est une sculpture de plus, que l’homme ajoute, et unie.
On échappe à rien avec l’écriture, finit, attrapé, on a l’air bien fin maintenant avec toutes ces lettres !
Rien n’est plus réel que l’écriture, rien n’est plus encré dans le vivant. Entrée en scène, existence par et pour les autres, ultime tentative de sauvetage ! Orgueil poussé !
www.claquer.blogspot.com
Ahhhh Dumas père ! Que du bonheur !
J'ai "Vingt ans" qui m'attend dans ma PAL... il faut vraiment que je l'ouvre bientôt et il faudrait bien que je lise Le Comte de Monte-Cristo un jour dis donc !
Il attend toujours sagement sur ma PAL, ma vie est difficile !
Mais ouiiii il est parfait cet Edmond.... que de bons souvenirs....
@ Jainafx: à mon avis, les grosses ficelles font partie du plaisir quand on lit Dumas! :-)
@ Kikine: je relis tout doucement Les trois mousquetaires, j'ai bien l'intention de poursuivre!
@ Stephie: oh que oui!Mais Edmond quand même! :-)
@ Blueverbana: je vais chérir cette lecture pour bien des années!
J'ai lu les trois mousquetaires il y a moins d'un an. J'avais imaginé que ce serait un peu daté mais en fait je ne me suis pas ennuyée une seconde. Comme quoi, des fois ça vaut le coup de s'intéresser aux classiques.
@ Angelina: je ne peux que suivre ce raisonnement! :-)