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La princesse de Montpensier - Mme de la Fayette

883948.jpg" Pendant que la guerre civile déchirait la France sous le règne de Charles IX, l’amour ne laissait pas de trouver sa place parmi tant de désordres, et d’en causer beaucoup dans son empire. La fille unique du marquis de Mézière, héritière très-considérable, et par ses grands biens, et par l’illustre maison d’Anjou, dont elle était descendue, était promise au duc du Maine, cadet du duc de Guise, que l’on a depuis appelé le Balafré. L’extrême jeunesse de cette grande héritière retardait son mariage, et cependant le duc de Guise, qui la voyait souvent, et qui voyait en elle les commencements d’une grande beauté, en devint amoureux, et en fut aimé. Ils cachèrent leur amour avec beaucoup de soin. Le duc de Guise, qui n’avait pas encore autant d’ambition qu’il en a eu depuis, souhaitait ardemment de l’épouser ; mais la crainte du cardinal de Lorraine, qui lui tenait lieu de père, l’empêchait de se déclarer. Les choses étaient en cet état, lorsque la maison de Bourbon, qui ne pouvait voir qu’avec envie l’élévation de celle de Guise, s’apercevant de l’avantage qu’elle recevrait de ce mariage, se résolut de le lui ôter et d’en profiter elle-même, en faisant épouser cette  héritière au jeune prince de Montpensier."

Pour moi, La princesse de Clèves est sans conteste un des plus beaux romans d'amour malheureux qui soit. Bon, force m'est d'admettre avec Aurore que tout cela peut apparaître limite comme de la science-fiction (je t'aime, moi aussi, nous nous aimons, mais non ce n'est pas possible, soyons tous malheureux en coeur, et plus si affinités si tant est que la morale approuve le plus, mais ceci est un autre problème), mais au final, ce n'est guère qu'un raison de plus d'aimer ce texte. Tout ça pour dire que malgré mon amour pour la plume de Mme de La Fayette, les aléas de la vie m'avaient toujours tenue éloignée du reste de son oeuvre et cela aurait pu durer encore longtemps s'il n'y avait pas un dieu pour les LCA, lequel a permis qu'à la faveur de la sortie d'un film que je n'ai pas vu (une crise de tétanie, ma dernière expérience en matière de film en costume français ayant été... en fait il n'y a pas de mots pour ça), La princesse de Montpensier soit mise à l'honneur. Ce qui m'a servi de pense-bête.

Je ne vais pas résumer l'intrigue, l'incipit en tête de cet article, fait le tour du problème. Une fois de plus, c'est d'amour dont il est question, amour passion, amour malheureux, amour secret, amour qui, évidemment, n'amène que drames et déchirements. Autour de la belle princesse de Montpensier, les hommes se pressent. Son époux tout d'abord, Henri de Guise ensuite, mais aussi Henri d'Anjou, et le comte de Chabannes, ami intime du prince de Montpensier. Elle a épousé le premier, aime le second, tente de tenir à distance l'amour du dernier et aurait sans doute pu se tirer à son avantage de cet imbroglio si la passion ne l'avait pas conduite à l'imprudence, et à la mort. D'une certaine manière, elle est le reflet inversé de ce que sera quelques années plus la princesse de Clèves: celle qui cède et en meurt face à celle que ses principes amènent à la mort. Deux destins d'une infinie tristesse qui racontent ce qu'est une femme au 17e siècle: enjeu de luttes amoureuses et de prestige, objet de passion, en tout cas jamais, ou rarement maîtresse de son destin. Une imprudence, et c'est la fin quand ceux qui ont provoqué la perte continuent leur chemin sans presque plus y penser. C'est en tout cas la morale de ce court texte qui présente la passion amoureuse sous des auspices tragiques et s'attache à décrypter de manière magistrale le jeu des sentiments.

La Fayette, Madame de, La princesse de Montpensier, Pocket, 2010, 83p., 4/5

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Commentaires

  • Ton billet est parfait. Tu me donnes envie, tu écris bien, c'est intelligent, non exempt d'humour, sans un gramme de prétention. Je veux être toi :))

  • Je t'avoue que je cherche encore la morale de cette nouvelle, mais tes dernières phrases l'éclairent d'un jour nouveau. :)

  • Je n'ai pas du tout aimé ce roman... mais alors là pas du tout du tout du tout... ceci dit je tenterai bien La Princesse de Clèves :)

  • Un bien beau billet qui me donne envie de relire cette auteur que j'avais tant aimée quand j'étais jeune...

  • @ Cuné: oui, mais je n'aime pas le chocolat blanc (ce qui est une abominafreuserie, je sais, mais j'espère que tu me pardonneras cette horrible faute de goût)! ;-))
    @ @ Estellecalim: pour moi, c'est vraiment le statut féminin et le sentiment amoureux qui sont au coeur de cette oeuvre... Avec ce constat amer que ce que les hommes peuvent se permettre, les femmes ne le peuvent pas, et paient au prix fort leurs transgressions.
    @ Ankya: j'avais vu! Mais La Princesse de Clèves, quelle merveille! Il faut que tu essaie!
    @ Liliba: j'en ai eu envie de relire La Princesse de Clèves!

  • super billet, tu me donnes envie lire la princesse de Montpensier ET de relire la princesse de Clève comme ça d'un coup :-)

  • Ah oui, quel billet! Bon, je vais lire La princesse de Clèves. Qui est dans ma pile. Parce que je suis over sage!

  • @ Yueyin: victoire donc! :-) Mais c'est tellement, tellement beau! :-)
    @ Karine:): la PAL va baisser! Yes! :-))

  • un indispensable, certainement! moi ce film m'a donnée envie de le relire

  • un indispensable, certainement! moi ce film m'a donnée envie de le relire

  • J'ai eu la chance de gagner un exemplaire du livre qui comprend le scénario du film et la nouvelle de MMe de Lafayette. J'ai lu celle-ci et moi, qui n'avais jamais lu cette dame précedemment, eh bien, j'ai plutôt aimé cette histoire, ses personnages, jeunes et en prois aux affres de l'amour.

  • @ Yv: il faut que tu lises La princesse de Clèves alors! C'est une pure merveille! :-)

  • Slt 'tout le monde!
    Je passais par hasard sur ce site et donc j'ai eu envie de vous éclairer sur cette morale que vous n'avez pas trouver.En réalité il s'agit d'une œuvre édifiante, a titre d'exemple pour les jeune fille de cette époque, visant a les éduquer et a leurs inculquer la notion de vertu.Dans ce roman la Princesse ne la suis pas, et court a sa perte;(idem pour la Princesse de Tendes: c'est pathétique)et dans la princesse de Clèves, c'est l'inverse qui se produit.La Fayette c'est inspiré de sa propre vie, il doit y avoir une visée autobiographique.

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